Moins de fonctionnaires ?

La règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite a été un échec retentissant

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Moins de fonctionnaires ?

Publié le 4 janvier 2011
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Nicolas Sarkozy en avait fait un de ses thèmes majeurs de campagne en 2007 :

« Je fais mien l’objectif de ne pas remplacer le départ à la retraite d’un fonctionnaire sur deux. La moitié de la productivité ainsi gagnée doit servir à réduire les déficits, l’autre à augmenter le pouvoir d’achat des fonctionnaires ». Entretien avec Le Monde, 23 janvier 2007.

Il chiffrait alors à 500 millions d’euros par an les économies réalisées. Et notre Président ne manque pas une occasion de rappeler qu’il a tenu sa promesse et atteint son objectif, comme lors de son discours du 16 novembre dernier.

Las, la Cour des comptes vient de lancer un pavé dans la mare en révélant que la réalité était plus nuancée. Le magazine économique Challenges estime l’économie finale à 70 millions, soit sept fois moins qu’annoncé. Comment expliquer cet écart ? Nicolas Sarkozy aurait-il confondu les euros et les francs ?

Tout d’abord, le taux de non-remplacement a été de 41 % en 2009 et Bercy évalue l’économie brute à 860 millions d’euros, la moitié, soit 430 millions, devant être redistribuée. Mais la Cour révèle que certains ministères ont gonflé les chiffres et évalue l’économie réelle à 800 millions. L’économie nette retombe ainsi à 370 millions.

Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux a également entraîné 300 millions de nouvelles dépenses En effet, les primes de mobilité, indemnités de départ volontaire octroyées aux salariés victimes d’une restructuration et indemnités de chômage ont coûté 160 millions d’euros, auxquels il faut ajouter 140 millions pour les heures supplémentaires.

Et l’on obtient bien les 70 millions, à comparer avec une masse salariale de la fonction publique d’État (FPE) de 74 milliards d’euros, soit 0,1 % du total.

Mais la FPE, ici seule concernée, ne représente qu’une part minoritaire de l’ensemble des fonctions publiques, qui comprend aussi les fonctions publiques territoriale (FPT) et hospitalière (FPH). Pour avoir une vue globale, il faudrait donc connaître l’évolution de ces dernières. Cela tombe plutôt bien, puisque ce jeudi 23 décembre, la DGAFP (Direction générale de l’administration et de la fonction publique) présentait justement son rapport annuel sur les effectifs.

Malheureusement la DGAFP nous brosse un paysage au 31 décembre… 2008, soit un décalage de deux ans ! On ne peut que regretter la faiblesse de l’outil de mesure.

S’il est donc difficile d’appréhender la dynamique, on peut néanmoins mesurer le poids de la fonction publique : 20,1 % soit un emploi sur cinq. Et les quatre autres catégories citées ci-dessus on atteint 26,2 %, soit plus d’un emploi sur quatre ! Ce qui nous place loin devant nos voisins européens, comme l’a signalé l’IFRAP.

La Cour avait déjà remis en cause il y a un an l’application de la règle sans distinction, qui bénéficiait aux ministères ayant gardé le plus de marge de manoeuvre. « On récompense donc les mauvais élèves, ceux qui, au fond de la classe et depuis très longtemps, résistent aux efforts de productivité », déplorait Philippe Séguin.

Et pour la situation à fin 2008, la Cour des comptes avait calculé que la croissance des effectifs de la FPT et de la FPH faisait plus que compenser la légère diminution de celle de la FPE.

En conclusion, il apparaît clairement que la règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite a été un échec retentissant dans sa réalisation. Tout d’abord son application s’est faite dans discernement. Ensuite, les baisse d’effectifs dans la FPE ont été plus que compensées par des augmentations dans les deux autres fonctions publiques : il n’y a donc pas économie mais simple transfert de charge. Enfin, ces économies fictives réalisées ont été redistribuées massivement vers les fonctionnaires, les finances publiques de l’État ne bénéficiant que d’un reliquat négligeable.

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  • Sans oublier que le fonctionnaire partant à la retraite est payé par … l’Etat et touche presque entièrement son dernier salaire pour sa pension. L’économie est donc quasi nulle.

  • Attention au dernier graphique, c’est en base 100… A priori on ne peut pas dire si les hausses des uns compensent les baisses des autres…

    Il aurait mieux valu un graphique avec le nombre de personnels ou les dépenses salariales de chaque fonction.

  • A priori si puisque d’ordinaire l’Etat emploie un nouveau fonctionnaire derrière, ici ce n’est normalement pas le cas une fois sur deux, il y a bien donc à priori toujours un salaire en moins à payer.

  • Pour me répondre à moi même le précédent tableau donne un ordre de grandeur et permet de constater que FPH + FPT > FPE et donc qu’au vue de leur hausse de FPH et FPT, la baisse de FPE parait bien avoir été largement compensée…

  • Voila où nous mènent les hommes politiques se targuant de « pragmatisme.
    Notamment ceux de droite qui n’ont aucune connaissance du libéralisme.
    Ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux est une fausse bonne idée, une idée d’étatiste.
    Il eut mieux vallu expliquer aux Français que l’état devait simplement assumer ses taches régaliennes (police-armée-justice-diplomatie) et licencier tous les fonctionnaires des autres ministères.
    Economie d’impôts forcemment supérieures aux indemnités chômage, et sutout centaines de milliards d’impôts non prélevés et laissés aux Français. Voilà qui serait une vraie mesure de relance.

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