Revenir sur la prohibition de la drogue

Aboutir à une politique respectueuse de nos exigences sanitaires, de l’ordre public et des libertés individuelles

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Revenir sur la prohibition de la drogue

Publié le 29 novembre 2010
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Cette question n’est pas celle d’un libéral (donc supposé illuminé) comme le prix Nobel de Littérature, Mario Vargas Llosa (qui a tout de même concouru à la présidence de la République du Pérou), mais celle de hauts dignitaires sud américains comme César Gaviria (Colombie), Ernesto Zedillo (Mexique) et Fernando Henrique Cardoso (Brésil). En France, un ancien ministre de l’Intérieur, Daniel Vaillant a osé dire il y un an dans notre pays d’arrière garde qu’il recommandait qu’on tente « le pari de la réglementation du cannabis pour faire baisser sa consommation« , ajoutant : « On peut imaginer un contrôle des approvisionnements extérieurs et une production en France. Tout se ferait dans la transparence et la règle comme pour le tabac et l’alcool. Pas de produits frelatés, pas d’économie souterraine et une vente en des endroits précis et contrôlés interdits aux mineurs de moins de 16 ans« . Cette proposition systématiquement rejetée par la droite fait de moins en moins sourire. Elle devient même chaque année plus sérieuse, crédible… et légitime.

The Financial Times, The Economist, Slate et d’autres journaux très sérieux publient les tribunes de grandes personnalités qui mettent leur crédibilité en danger sur cette question sensible. Le tabou tombe progressivement. Certes, le referendum californien a rejeté, de  peu et pour le moment, la légalisation du cannabis pourtant appelé de ses vœux par le gouverneur Arnold Schwartzenegger (jusqu’au 3 janvier 2011). Récemment, la mort d’un adolescent de 16 ans et les balles reçues par un enfant de 11 ans ont ravivé ce débat. Si notre pays reste loin derrière le Mexique et son sinistre score de 28 000 morts dû aux règlements de compte entre trafiquants, nous voyons une violence meurtrière croître chaque année à cause du même fléau : le business illicite de la drogue. La prohibition d’un produit de consommation de plus en plus courante a engendré une économie parallèle particulièrement innovante et robuste, malheureusement fondée sur la fraude et la violence. Là où les produits échangés pourraient rapporter des taxes consistantes à l’État français et subir des contrôles de qualité, nous payons au prix fort la chasse aux trafiquants, tant sur le plan financier qu’humain.

L’éternel débat de savoir si fumer du haschisch relève d’une question de liberté individuelle ou de santé publique reste bloqué par la politique hygiéniste des gouvernements successifs, de droite comme de gauche. Comment libéraliser les drogues sous prétexte de laisser les individus choisir et assumer leurs risques alors qu’ils mènent depuis des décennies une guerre infantilisante contre la cigarette (dont la consommation remonte depuis plusieurs années), contre l’alcool, le jeu et tout ce qui pervertit l’âme et nuit au corps ? Pourtant, les responsables de cette logique étroitement répressive devraient mettre en balance les risques déjà largement réels présentés par les drogues face aux victimes des guerres des gangs, et aux risques sanitaires de consommateurs qui ne savent pas ce qu’ils fument, sniffent, avalent ou s’injectent. La question ne concerne pas seulement le cannabis, produit de plus en plus terroir dont la production se relocalise en France et gagne des parts de marché dans la rude concurrence agricole internationale (et ce, sans un kopeck d’aide de la PAC), mais aussi la cocaïne, hélas de plus en plus prisée à l’ouest (c’est la deuxième drogue la plus consommée) comme l’analyse l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT), notamment par l’emblème de l’ouest parisien (et non, pas en Seine Saint Denis).

La cocaïne a  tristement gagné une image glamour avec la multiplication des cas de consommation par des stars du show-business et de secteurs économiques plutôt porteurs. Si Delarue a été pris la schnouffe dans le pif, c’est que le PAF reste la voie royale du rail. Derrière ces anecdotes people (qui choisissent de mettre en danger leur santé comme ils l’entendent, leur espérance de vie reste néanmoins supérieure à celle d’un ouvrier), il y a tous ces drames qui tuent chaque année des dizaines d’innocents victimes de balles perdues des règlements de compte, la mise en jeu de la vie de policiers à qui nous pourrions confier d’autres missions socialement plus performantes. L’argent de la fiscalité sur ces drogues pourrait financer la prévention et les centres de désintoxication. Le débat avance, mais il avance malheureusement  lentement, dans le sang et les larmes.

Combien de Lenny nous faudra-t-il pour aboutir à une politique intelligente, c’est-à- dire respectueuse de nos exigences sanitaires, de l’ordre public et des libertés individuelles ?

Article repris du blog d’Aurélien Véron.

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  • "Si Delarue a été pris la schnouffe dans le pif, c’est que le PAF reste la voie royale du rail"

    Très bon.

    Sinon je suis favorable à la légalisation des drogues (dures comme douces), mais je ne vois pas en quoi les rentrées fiscales devraient financer la prévention et les centres de désintoxication.

  • J'aime bien le contenu mais l'auteur devrait soigner la forme de son article…

  • Très bon article!

    Il faut en effet revoir totalement la legislation sur les drogues afin de limiter les risques pour les usagers et réduire la consommation mondiale.

    De nombreuses personnalités Nord Américaines aussi soutiennent ce discours, en particulier le Juge Jim Gray qui recommande la légalisation de toutes les drogues empruntant un discours hélas trop peu courant dans l'hexagone. http://grainesdecannabis.wordpress.com/2010/05/18

  • Un mélimélo de références : Vargas Llosa (que vient-il faire dans le débat sur la légalisation),d'anciens présidents (dont certains sont poursuivis pour corruption comme Ernesto Zedillo ancien président du Mexique), des "personnalités" du show biz cela constitue t-il une argumentation cohérente ?

  • LE CANABIS EVOLUE

    Le taux de THC, principe actif du canabis, est dix fois plus élevé dans les productions actuelles que dans le "chanvre indien" des seventies. Ce changement du produit n'est-il pas de nature à remettre en cause la qualification de "drogue douce" ?

    On constate par exemple des phénomènes de dépendance qui étaient absents avec un dosage inférieur.

  • "Un ramassis de drogués incultes sera toujours plus facile à contrôler par le pouvoir central qu'un peuple éduqué et conscient de la nécessité de défendre sa liberté et son humanité ! "

    Tu décris les drogués comme des personnes sans intelligence et sans morale.
    Personne n'a tort personne n'a raison.

    NOUS VOULONS TOUS LA PAIX ! ARRETONS DE NOUS BATTRE ENTRE NOUS !
    BATTONS NOUS ENSEMBLE POUR CONSERVER NOS LIBERTES ET NOTRE HUMANITE !

    • Hurler ne donnera pas de poids supplémentaire à ton argumentaire.
      Le simple fait de consommer est immoral, le consommateur ne pouvant ignorer que par son acte, qu'il contribue à financer les barons de la drogue. La liberté ne peut être immorale.
      Quant à vouloir transformer l'Etat en dealer monopolistique, c'est l'exemple type de la (mauvaise) solution collectiviste.

  • Boire de l'alcool (ou consommer du tabac) serait donc un acte moral ? Pas de doute, on s'égare entre ce qui est moral et ce qui est légal.
    L'Etat n'enrichit pas les trafiquants (joli sophisme). Au contraire, ces derniers prospèrent d'autant plus que l'Etat est faible et néglige ses missions régaliennes. Ils trouveront toujours un moyen de tricher, légalisation ou pas.
    Démagogie, confusion des valeurs que tout cela.

  • A vous lire, plus aucun doute : la légalisation, c'est le nivellement par le bas !

    • Un collectiviste honteux qui dénonce le collectivisme, c'est pas banal.

      • Ca nivelle sec, ici ! Mais vers le bas, malheureusement…
        Déformation des propos (incapacité à comprendre ?), incompréhension des concepts fondamentaux, absence de mise en perspective, autisme dialectique, perte du sens des mots donc des valeurs humaines…
        Plus aucun doute, l'EdNat a été d'une rare efficacité sur certaines de ses victimes !

  • Bel éloge de la culture de mort. Epatant !

  • Les commentaires sont fermés.

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