Foreclosuregate, dernières nouvelles

Il semblerait que l’escroquerie pourrait encore avoir de nouvelles ramifications

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Foreclosure (crédits Taber Jeff Turner, licence Creative Commons)

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Foreclosuregate, dernières nouvelles

Publié le 22 octobre 2010
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Pas de révélations spectaculaires aujourd’hui, mais quelques liens pour compléter ce que je vous expliquai avant-hier (FGATE VI, l’escroquerie sous-jacente expliquée). Il semblerait que l’escroquerie que je décrivais pourrait encore avoir de nouvelles ramifications !

Je croyais avoir couvert tous les aspects de la fraude dans mon dernier article. Peut être bien que non. Visiblement, la combine était si bonne que certains ont voulu en maximiser le produit immédiat…

De plus en plus fort : des prêts vendus deux fois (ou trois..)

« un système de fraude presse bouton » (suite du précédent)

Dans une déposition enregistrée par un tribunal en juin, Bank Of America –Sans doute au nom de CountryWide, rachetée en 2008– admet avoir revendu le même prêt à plusieurs MBS. Ce qui est évidemment totalement frauduleux.

J’avais mentionné cette éventualité dans un article précédent (FGATE IV), sans trop y croire, tellement ça me paraissait énorme. J’avais tort. L’article fournit les compte rendus d’audience, et des vidéos de professionnels attestant de l’existence de la pratique… Notamment, Bear Stearns aurait sciemment revendu des MBS dont ils savaient qu’ils contenaient des prêts « dupliqués ».

Pendant ce temps, les banques incriminées :

« simple problème technique… nique… nique… »

L’escroquerie, suite : Et si le deal « John Paulson – Goldman Sachs / Abacus » était le business model de toute l’industrie du crédit ?

Chaque jour, un nouveau volet de la fraude surgit : il y a encore des ramifications scabreuses à découvrir. J’ai évoqué la fraude Goldman Sachs/Abacus sur ob’lib’, finalement réglée par une amende « à l’amiable » de 550 millions de dollars, mais visiblement, ce type de montage semblait très fréquent dans l’industrie du crédit. A approfondir, assurément.

Wells Fargo se prépare à faire face à de nombreuses demandes de remboursements…

Allons bon. Wells Fargo, qui a toujours prétendu publiquement que ses faillites étaient « saines », qui est la seule grande banque à ne les avoir pas suspendues, a envoyé une note à ses clients investisseurs et assureurs de RMBS pour leur expliquer la procédure à suivre en cas de demande de remboursement pour cause de « robo-signing »… Extrait :

« If attempts to refute the demand or MI rescission are unsuccessful, Wells Fargo will be obligated to repurchase the loan from the investor or accept the MI rescission. »

Bref, Wells préfère prendre les devants vis à vis de ses clients et reconnait sans combattre, ou presque, que juridiquement, sa position est, disons, instable…

« simple problème technique… nique… nique… »

Des preuves statistiques de la fraude aux estimations

Dans l’épisode VI (celui ou j’explique l’escroquerie aux RMBS), je vous parlais de la pratique répandue de la sur-estimation des maisons offertes en collatéral aux prêts, pour augmenter les commissions perçues par les banques émettrices.

Dès le 19 juin, Gretchen Morgenson, encore elle, publiait un article montrant que, selon une enquête statistique réalisée par une firme spécialisée, Core Logic (je n’ai pas saisi qui est le commanditaire) sur plus de 500 000 créances amenées à des pools de prêts, 5% des estimations de la maison apportées en collatéral étaient sous évaluées, mais 33% étaient surévaluées. L’article cite l’exemple d’un pool dans lequel 50% des prêts échantillonnés (environ 2100 au total) étaient surévalués, la surestimation portant sur en moyenne 58 000$ par maison.

De fait, des investisseurs (deux établissements de la côte ouest, en l’occurrence), estiment que ces résultats montrent que les notices de présentation des obligations vendues par les défenseurs (Deutsche Bank, Credit Suisse, Merrill Lynch, Countrywide and UBS) étaient trompeuses, notamment sur la qualité du collatéral. Ce qui, évidemment, justifie des poursuites.

RMBS : premières estimations du coût des rachats des prêts frelatés

Les banques émettrices des prêts « douteux » pourraient avoir à racheter entre 55 et 120 milliards de dollars, selon JP Morgan. Les autres analyses (Goldman, etc…) tournent autour de 20 à 100 milliards. Important, mais loin des « centaines de milliards » que j’évoquais avant-hier.

Rappelons que les premières estimations du coût de la crise des subprimes portaient sur « 200 milliards de dollars tout au plus », et que JP Morgan n’a sûrement pas intérêt à annoncer une perte potentielle trop élevée.

Les hypothèses de JPM portent sur des taux de poursuites perdantes faibles, de 5 à 10%. Beaucoup d’analystes estiment qu’ils sont très optimistes. Qui vivra verra.

En complément de ma synthèse n° VI (l’escroquerie), voici les points saillants de la déposition de l’ancien dirigeant de Clayton Holdings, cette firme spécialisée dans l’évaluation de la qualité des créances immobilières, devant la FCIC. Point saillant : les agences de notation ont été prévenues, et pourtant, elles ont sans sourciller noté les tranche sénior des MBS frelatées AAA…

Bloomberg : fourchette haute à 220 millions – Le management de Citi a volontairement accepté des monceaux de prêts « sub-standard ».

Bloomberg, citant d’autres experts, estime que la perte liée aux rachats forcés de prêts douteux aux MBS pourrait atteindre 220 milliards en fourchette haute. A l’appui de son estimation plus « raide » que celle de JPM, un témoignage d’un ancien top manager de CitiGroup devant la FCIC le 7 avril, passé inaperçu à l’épqoue, qui a déclaré que « mi 2006, le pourcentage de prêts défectueux rachetés et revendus était de 60%. Il est monté à 80% en 2007« .

60 ?? 80% ?? Quelle folie…

« simple problème technique… nique… nique… »

Vers un nouveau Bailout, cette fois judiciaire ?

De nombreux analystes (l’exemple cité est John Carney de CNBS) estiment probable une nouvelle loi d’exception visant un bailout juridique des banques, juste après les élections de Mid Term. Une fois de plus, la racaille en col blanc pourrait s’en tirer en ne laissant qu’un minimum de plumes. C’est hélas très réaliste…

« Ah, mais c’est qu’il faut sauver les banques, sinon, ce sera le chaos ! »

Mais en ce moment, le système financier, c’est quoi ?

Et si les banques sont sauvées des suites d’une fraude qui est directement à l’origine de la plus grande crise économique depuis 1929, jusqu’où se croiront elles autorisées à aller ? Quel crédit les américains pourront ils apporter à leur justice, à leurs institutions, si une telle loi passe ? Comme je l’ai écrit (épisode V) : qui fait la loi aux USA, le congrès ou les banques ?

Mais John Carney a hélas raison de se montrer pessimiste : il y aura de terribles pressions en faveur d’un bailout judiciaire après les élections de Mid Term.

De la survie des entreprises, et de la nocivité des sauvetages publics

Si l’hypothèse d’un nouveau bailout se matérialise, l’Amérique appauvrira son peuple pour des banques qui ont été incompétentes et ont violé les lois, on eu recours à des sous-traitants malhonnêtes, ont produit des faux en écriture devant les tribunaux, ont pris des risques inconsidérés qui se retournent contre l’économie toute entière… Et tout cela, parce qu’elles ont déjà bénéficié de nombreux bailouts par le passé.

Il faut laisser les banques fautives boire la tasse, et seulement faire en sorte que la liquidation fasse le moins de dommages collatéraux possible. Une petite synthèse des griefs par Barry « Big Picture » Ritholtz.

La somme de toutes les fraudes

Dans la même veine que le précédent : Difficile de s’y retrouver dans le foreclosure gate ? Karl Denninger résume les principales fraudes relatées par la presse depuis le début des années 2000 qui remontent à la surface. Et montre que l’état fédéral a grandement participé au grand festin en protégeant le système au lieu de le combattre.

Conclusion personnelle : Le problème n’est pas la « dé »-régulation, comme on l’entend souvent, mais la « co »-régulation, où le régulateur se laisse « acheter », « capturer » par le régulé. Et la solution n’est pas « plus » de législation, qui ne fait qu’ajouter des occasions de capture du régulateur, mais un recentrage de la législation sur les aspects régaliens et une volonté inflexible des tribunaux de faire respecter cette législation recentrée sans que les amis du pouvoir exécutif ou législatif ne puissent sauver leurs amis du big business au frais du contribuable. Ce qui suppose de leur retirer le pouvoir de le faire, et non d’accroître leurs possibilités « d’interventions ».

That’s All Folks !

—————-

Retrouvez la saga du Foreclosure Gate sur ObjectiEco.com :

(I) Banques US : vers un gigantesque « Foreclosure-Gate » ?

Sur le web.

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