La véritable voie du retour à la croissance

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La véritable voie du retour à la croissance

Publié le 21 octobre 2010
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Deux années de dépenses publiques (inspirées par Keynes) et de création monétaire (inspirée par les monétaristes) n’ont pas permis de sortir de la crise dans les pays industrialises (à la courte et récente exception de l’Allemagne).

Il n’y a pas de croissance de l’emploi, pas de financement des PME par les banques, alors qu’elles représentent plus de la moitié de l’activité économique. Comme au Japon la dette des états à enflé et cela n’a servi à rien. Le système bancaire a absorbé l’extraordinaire augmentation de monnaie.

Les chiffres publiés par exemple aux États-Unis montrent que le crédit aux entreprises s’effondre et qu’il est remplacé par un financement aux États considéré, à tort, sans risque.

La pensée de Keynes et celle des monétaristes, bien qu’opposées, dominent l’enseignement. Non seulement elles n’ont pas permis de prévoir la crise, elles l’ont engendrée : en dépit d’une période de gigantesque inflation des actifs (actions, maisons, œuvres d’art etc.), les banques centrales n’ont pas hésité à utiliser le terme de «Grande modération » pour qualifier cette époque ! Pourtant les analyses de la grande crise produites par Rueff et par l’école autrichienneMises, Hayek – permettaient d’y voir clair. La tragédie actuelle est aussi une expérimentation à l’échelle mondiale qui doit permettre de séparer le vrai du faux dans la science économique. Les conséquences pratiques de cette falsification seront immenses.

L’aggravation des déficits a conduit à l’austérité, l’inflation des monnaies met celles-ci en péril.

1 — Les plans d’austérité n’éviteront pas l’agonie de l’État providence

La crise signale le commencement de la fin de l’État-providence. Les plans d’austérité ne parviendront pas à le sauver car ils ne traitent pas les causes profondes. L’exemple de la sécurité sociale le démontre.

Depuis longtemps en France, tous les ans une cure d’austérité est censée traiter le déficit du système de soins et de l’assurance-maladie. On augmente les prélèvements et on rationne les soins. Mais rien n’est réglé sur le fond ; l’histoire de plusieurs dizaines d’années passées montre qu’on ne fait que prolonger l’agonie. L’austérité perpétue aussi l’injustice : les riches, la nomenklatura sont a l’abri.

La médecine établit une différence entre traiter seulement les symptômes et soigner la cause. C’est la différence entre austérité et assainissement.

Pour assainir le système il faut traiter la cause : la gestion centralisée par l’État et le financement collectif. Faire la place la plus complète à l’initiative privée, faire confiance aux médecins et aux malades, redevenus responsables et libres de leur choix. Cette voie de liberté et de responsabilité supprimera une bonne part des déficits publics en améliorant la qualité des soins, tout en baissant les coûts. Comme en Suisse, les plus démunis recevraient une indemnité pour s’assurer mais resteraient libres de leurs décisions.

2 – Assainir l’économie

L’augmentation des impôts menace la croissance.

Sans croissance, le poids de la dette augmentera. Sans un vigoureux retour de la croissance il n’y aura pas d’augmentation des recettes fiscales, ni de diminution du chômage. Les recettes de la sécurité sociale et les cotisations pour la retraite continueront, au mieux, de stagner , voire diminueront.

Comment engager une nouvelle croissance ?

II faut abandonner Keynes et le soutien de la demande par la dette pour la théorie de l’offre. Elle a été appliquée en France par Balladur, en Estonie par Mart Laar, en Israël par  Netanyahou, par Reagan aux États-Unis, par Thatcher en Angleterre, mais aussi en Nouvelle-Zélande par le ministre des finances travailliste, Roger Douglas.

Partout elle a restauré la croissance. Elle libère les personnes et les entreprises des règlements inutiles et coûteux, des impôts qui faussent les choix entre épargner et consommer, entre travailler et augmenter le temps de loisir, entre investir et prendre des risques ou non; mais aussi entre fonds propres et endettement. Pour les entreprises et les banques qui les financent, les intérêts de la dette sont une charge déductible du revenu avant impôt. C’est le cas aussi pour le financement de l’immobilier, notamment aux États-Unis où le phénomène a pris une ampleur inégalée. La fiscalité a donc encouragé l’abus de la dette et favorisé le développement de la bulle. Comment sortir de cette incohérence qui, d’un côté, frappe par les impôts et, de l’autre, soulage par la déductibilité fiscale ?

Une voie possible est celle d’une « Flat tax » : un taux d’imposition des revenus constant et suffisamment modéré pour ne pas nécessiter le versement de subventions compensatrices. Cette solution a été mise en œuvre avec succès dans nombre de pays de l’Est, ainsi qu’en Russie. Avec une politique de l’offre, les subventions et les aides de toute nature, aux personnes mais aussi aux entreprises, seraient remises en cause. L’État providence n’est pas plus justifié pour les entreprises que pour les personnes.

C’est donc dans un état d’esprit différent de celui de l’austérité qu’il faut travailler. L’assainissement de l’économie produirait des économies d’un tout autre ordre de grandeur, une baisse des charges sur les salaires, et donc une augmentation du pouvoir d’achat.

Gorbatchev, pendant la Perestroïka, a essayé de corriger les effets de l’économie planifiée sans oser lui substituer une économie de liberté. Il a échoué. Vouloir sauver l’État providence par l’austérité, c’est l’équivalent de la perestroïka pour les états occidentaux.

Les deux questions, de l’Etat providence et du système monétaire international producteur de fausses créances sont liées. Elles l’étaient lors du gonflement de l’Etat-providence ; elles le sont à nouveau dans la perspective d’un retour à la raison.

3 – La réforme inéluctable du système monétaire international

A – le système monétaire actuel est malsain.

Le système monétaire actuel – qui autorise la production indéfinie de monnaie papier par la banque centrale, et de monnaie de crédit par le système bancaire – est malade. Il a provoqué une bulle immobilière. Il a arbitrairement réduit la rémunération de l’épargne réelle. Sans ce système de fausses créances la question de la survie de l’Etat providence aurait été posée bien plutôt.

La dette induit la déflation  des salaires et des prix. Le crédit, subventionné par les banques centrales, s’est porté sur les actions et le financement de la dette publique. Dans les pays industrialisés, le système bancaire est fragilisé par la présence d’un très faible ratio entre les fonds propres et la masse des crédits. La baisse de la valeur de la dette souveraine va menacer la solvabilité des banques. Comme les états n’ont plus les moyens de compenser les pertes des banques cette tâche va incomber aux banques centrales devenues « l’égout collecteur des fausses créances ». Le risque est alors celui d’une défiance généralisée envers les monnaies.

B – Sans réformes monétaires la politique d’assainissement est impossible.

Les populations n’accepteront pas sans réagir le fardeau de l’austérité : pression sur les salaires, licenciements sans perspective de trouver un nouvel emploi, spoliation de l’épargne. Il serait étonnant que ces décisions ne s’accompagnent de conséquences politiques graves, comme celles qui ont jalonné l’histoire de la Grande dépression (1931, en Grande-Bretagne, avec une mutinerie dans la marine; en Allemagne en 1933, avec la double poussée électorale des nazis et des communistes).

L’assainissement exige qu’on arrête de subventionner le crédit, qu’on rémunère normalement l’épargne, et donc qu’on libère l’économie du poids de la dette pour permettre à l’offre de se déployer. La loi de Say – l’offre globale créée une égale demande globale – jouera à plein.  Des offres et des demandes nouvelles, équilibrées, sans subventions, feront une croissance soutenable et réduiront le chômage.

Jacques Rueff l’avait bien compris lors du plan d’assainissement de 1958. La dévaluation avait alors donné de l’oxygène à l’économie et permis d’engager simultanément le pays sur la voie des réformes. Sans une mesure équivalente, le poids de la dette écrasera l’économie. Dans le Financial Times du 23 juin, Martin Wolf rappelle que les plans de réduction de la dette qui ont réussi ont toujours été accompagnés de  » huge exchange rate depreciations ».

C – Pour un Bretton-Woods nouveau et amendé.

Un nouveau Bretton Woods est souhaitable. Mais un Bretton Woods amendé qui corrige le vice fatal du dollar «monnaie de réserve» dénoncée par Rueff. La zone euro pourrait prendre l’initiative.

Pour régler le problème des dettes, une réévaluation de l’or (et donc une dépréciation de toutes les créances) est nécessaire. Les épargnants subiront un dommage, inévitable, mais préférable de toute façon à celui d’une stagnation/spoliation débouchant, à terme, sur l’inflation. Une réévaluation de l’or, qui lui permettrait de couvrir environ 50 % du total des actifs de la Fed, porterait le métal jaune à une valeur très élevée. Les fausses créances détenues par les banques centrales pourraient alors être dépréciées, en sorte que la monnaie émise puisse être remboursée en or. Il deviendrait ainsi possible de recapitaliser enfin les banques.

Pour que la guérison soit durable, les conseils de Jacques Rueff et de Paul Volcker conduisent à édicter des règles simples et compréhensibles, en lieu et place des politiques incompréhensibles des banques centrales et des règles complexes de la BRI à Bâle.

Conseil de Rueff : pour les banques centrales, pas de créances sur les états, donc pas de monétisation de la dette.

Conseil de Volcker : retour à la séparation entre banques d’investissement et banques de dépôt.

Si cela se révèle insuffisant pour limiter la prise de risque, même pour les banques de dépôt, la revue Grant’s émet une autre suggestion : appeler  les dirigeants en comblement de passif. Ils veilleraient alors par eux-mêmes à maintenir en toutes circonstances un niveau de fonds propres suffisant.

La double règle Rueff/Volcker vise à guérir les causes de la maladie ; elle s’oppose aux traitements symptomatiques actuellement si en vogue qui ne résoudront jamais rien (par exemple : plafonner les rémunérations des traders et des dirigeants, taxer les profits des banques, etc.).

4 — Comment sauver l’euro ?

L’euro monnaie unique est menacé. Pourquoi ne pas opter pour  la solution d’un euro adossé à l’or qui serait la monnaie commune de l’Europe ? Est-ce possible ? Est-ce envisageable ? Le Professeur Steve Hanke avait proposé un schéma inspiré du modèle des currency boards. Ce plan avait reçu un accueil favorable de la part d’Otto Poehl.  Chaque pays pourrait conserver sa propre monnaie nationale dont le taux de change serait fixé en euro-or, et qui serait émise en quantités automatiquement réglées par les mouvements de sa balance des paiements. Poehl faisait alors jouer au Deutsche Mark le rôle de l’or . Cela apporterait à chaque pays l’avantage de la souplesse tout en bénéficiant de la stabilité d’une ancre monétaire commune.

Au total, dans cette crise, trois espoirs :

– qu’elle facilite la remise en cause de théories économiques indispensables pour l’action

– que la ruine tragique de l’État providence laisse place a de nouvelles formes de solidarité, faisant davantage confiance a l’autonomie et a la responsabilité.

– qu’un nouvel accord international sur les monnaies mette l’or en garantie du système.

Article repris avec l’aimable autorisation d’Henri Lepage depuis le site de l’Institut Turgot.

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  • Les politiques monétaires ne sont d'inspiration monétariste qu'à moitié. Ce qui est monétariste c'est plutôt de mettre l'accent sur la lutte contre l'inflation. Ce qui est keynésien, c'est de baisser les taux dès que l'économie a un coup de mou. La politique monétaire de la FED, à en juger par ses décisions, est plutôt d'inspiration keynésienne dans les faits. L'exemple de 2003 en est la parfaite illustration. Greenspan n'a jamais appliqué les principes monétaristes.

  • La règle Volcker pose un problème d'efficacité du système bancaire : les banques de dépôts se retrouvent avec beaucoup de liquidités, potentiellement exigibles à court terme tandis que les banques de financement pretent sur le long terme sans ressource stable.

    Le métier de banquier universel consiste justement à gérer ce risque "temps" entre des ressources à court terme et des emplois à long terme. Comment obtenir un système aussi efficace avec la règle Volcker ?

  • Ce sont effectivement les approches erronées du courant néo-keynésien qui domine les politiques étatiques et l’enseignement… Durant ma scolarité pourtant très axée sur économie, je n’ai étudié que les théories fumeuses d’économistes comme Samuelson, Mundell, Hicks… Les esprits aussi brillants que fascinants que Mises, Hayek ou Menger ne sont pratiquement pas cités, il ne faut pas s’étonner que le paradigme dominant reste toujours le même !

  • @ Joe
    Les citoyens ayant conscience de la différence entre les banques de dépot (sans risque) et les banques d’investissement plus risquées, feraient des arbitrages entre les liquidités qu’ils veulent consacrer à la vie courante et à l’épargne plus long terme.
    Ceci responsabiliserait à la fois les banques et les clients.

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