Le capitalisme et sa philosophie

Un livre online et à télécharger de Jérémie Rosta

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Le capitalisme et sa philosophie

Publié le 19 octobre 2010
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Le capitalisme et sa philosophie

Un livre online et à télécharger de Jérémie Rostan. C’est un livre qui peut sembler ardu mais qui ne décevra pas les amateurs de raisonnements rigoureux. Même si Jérémie est aussi docteur en économie, c’est d’abord en philosophe qu’il expose et justifie le système capitaliste, dont il montre les implications juridiques et éthiques autant qu’économiques.

Avant d’être un système social, le capitalisme est la forme même de la vie humaine. Celle-ci est intrinsèquement individuée, privée. Le capitalisme est donc aussi un système juridique, car le caractère privé de la vie humaine fonde la légitimité de la propriété. Cette analyse permet de décrire ce qu’est un « Monde libre » : une société juste et profitable, parce que dénuée de toute violence légale.

Si ce « Monde libre » constitue un point de référence, il constitue aussi un point de comparaison pour juger le Monde réel. La deuxième partie de l’ouvrage mesure la distance entre les deux Mondes. Elle réside dans la différence entre la régulation spontanée du premier et la réglementation autoritaire du second. L’action publique dérègle non seulement le système des prix des biens, mais aussi des maux, empêchant ainsi la meilleure coordination possible entre toutes les différentes vies individuelles.

La troisième partie du livre déconstruit les idoles au nom desquelles on justifie l’action publique et la violence légale : justice sociale, démocratie, droits de l’homme etc.

Enfin, la conclusion logique de cet ouvrage est la distinction entre politique et politique « négative », ou libérale—une distinction bien différente de l’opposition courante entre politiques « de Gauche » et « de Droite ».

Je signale aussi, pour les anglophones, l’excellent Study guide to Menger’s Principles of Economics, de Jérémie Rostan, publié sur le Mises Institute.

Le capitalisme et sa philosophie

Extrait :

Droit et Anarchie (Première partie, chapitre 2)

Droit d’Accès et Moyens d’Accès

Avec la question de la liberté se pose celle du droit des individus de vivre leur propre vie comme ils le préfèrent, c’est-à-dire d’entreprendre d’accéder à celui qu’ils jugent leur meilleur vécu futur actuellement (immédiatement ou médiatement) accessible.

Plus précisément, le problème du droit se pose dans la mesure où toutes les différentes configurations du Monde préférées par tous les différents individus ne sont pas simultanément accessibles. Dans cette mesure, la question se pose de savoir, parmi les prochains vécus que les différents individus envisagent, auxquels chacun est—ou non en droit d’accéder.

Mais cette incompatibilité n’est pas celle des vécus préférés par les différents individus. On comprend bien pourquoi : tout vécu étant intrinsèquement privé, les vécus de différents individus ne peuvent pas être incompatibles entre eux. Ce qui peut l’être, en revanche, c’est l’accès simultané de différents individus au vécu que chacun d’entre eux préfère ; et cela parce qu’ils impliquent l’emploi des mêmes moyens d’accès.

Le problème du droit simultané de tous les différents individus de vivre leurs propres vies n’est donc pas celui des fins qu’ils visent (des vécus futurs qu’ils préfèrent), mais uniquement des moyens qu’ils emploient pour y accéder, et de la propriété de ces moyens. Et il apparaît clairement, ici, que les concepts de « droit » et de « propriété privée » sont purement et simplement équivalents. Entre plusieurs individus dont l’accès au meilleur vécu futur implique l’emploi d’un même moyen, celui qui est en droit de l’employer, c’est-à-dire de se l’approprier et d’en priver les autres, en est le propriétaire.

Toute la question du droit est donc de savoir qui est légitime propriétaire de quoi.

S’il était toujours possible que tous les différents individus accèdent simultanément au prochain vécu que chacun préfère, c’est-à-dire si les moyens dont ils disposent n’étaient pas insuffisants pour cela (rares), le problème du droit ne se poserait jamais. C’est parce que tel n’est pas le cas que ce problème se pose. Et il est celui de la propriété privée de ces moyens rares, c’est-à-dire de savoir qui est en droit d’employer chacun d’entre eux comme il le préfère—et d’en priver les autres.

L’origine de cette idée se trouve chez l’économiste Carl Menger [1871], qui en déduisait :

Que les hommes sont « naturellement communistes » pour ce qui est de l’emploi de biens abondants. Un bien est abondant, au sens économique du terme, quand le stock disponible en est tel qu’il est plus que suffisant pour satisfaire tous les besoins de tous. Il faut même, en réalité, qu’il existe en telles quantités que les individus concernés ne craignent pas même d’en manquer jamais. Dans ces conditions, un tel stock est public, là encore au sens économique du terme, c’est-à-dire tel que son emploi par un individu ne diminue pas l’emploi que les autres peuvent en faire. Dans un tel cas, explique Menger, il est évident que ces individus n’ont aucun intérêt à définir des droits de propriété sur ce stock ou ses unités. Ils ont même tout intérêt à ne pas le faire, car leur protection impliquerait des coûts inutiles.

Mais, pour la même raison, poursuivait-il les hommes sont tout aussi naturellement capitalistes pour ce qui est de l’emploi des moyens rares, c’est-à-dire tels que le stock n’est pas suffisant pour satisfaire tous les besoins de tous. Ici, ils sont incités à définir des droits de propriété et à les protéger—dès lors, du moins, que cette procédure représente un coût inférieur à la valeur des vécus dont ils s’assurent ainsi l’accès.

Plus même, ajoutait-il, la propriété privée est une nécessité pour ce qui est des stocks rares. Si une autorité prétendument « communiste » monopolisait un tel stock et le distribuait selon les besoins, elle agirait en effet comme son propriétaire privé, puisqu’elle choisirait entre les besoins des membres de la communauté ceux qu’elle juge les plus importants.

Cela implique notamment que le communisme ne peut jamais valoir pour les biens produits, non plus que pour la production des biens, car celles-ci sont nécessairement rares.

En dernière analyse, tous les moyens d’accès à un vécu futur disponibles aux différents individus se réduisent aux propres moyens de chacun d’entre eux. Ceux-ci sont les facultés spéculatives qui leur permettent de concevoir par anticipation différents vécus futurs, et les facultés motrices qui leur permettent d’y accéder immédiatement ou médiatement (de s’en rapprocher). Ces facultés diffèrent selon les différents individus, et leur sont intrinsèquement appropriées. Il n’y a pas, d’une part, les différents individus et, d’autre part, ces différentes facultés dont il resterait à savoir à qui elles appartiennent. Au contraire, ces différentes facultés sont les propres moyens de ces individus—ces différents individus eux-mêmes.

L’intelligence et le travail humain étant le seul moyen de production, le capitalisme, c’est-à-dire la propriété privée des moyens de production, signifie simplement le respect de la liberté humaine, c’est-à-dire de la propriété de soi ; alors que le communisme, la propriété collective des moyens de production, implique un esclavage généralisé.

Le propriétaire d’un moyen est, comme on l’a rappelé, celui qui décide de son emploi ; or c’est bien là ce que chaque individu fait avec ses propres moyens en vivant : il décide constamment des vécus futurs qu’il poursuit. Il s’agit là, on l’a dit, d’un véritable monopole : aucun autre individu ne peut exercer mes facultés à ma place. Tout ce que peut autrui, c’est me proposer des idées qu’il me reste à juger vraies ou fausses, bonnes ou mauvaises, ou me contraindre à me comporter comme si j’avais certaines idées. Mais aucune action de sa part ne peut me faire penser quoi que ce soit. Il ne peut pas non plus me faire agir, mais seulement modifier mes incitations, ou imposer à mon corps le type de mouvement qu’il pourrait obtenir de n’importe quel objet physique.

Le propriétaire d’un moyen est aussi celui qui est en droit d’en priver autrui en l’excluant de son emploi. Les fins en vue desquelles un moyen peut être employé étant exclusives, celui qui décide en vue de quelle fin l’employer décide aussi d’exclure toutes les autres. Certainement, autrui a tout un tas de fin qu’il aimerait poursuivre par le moyen de mes facultés. En poursuivant mes propres fins, j’exclue les siennes ; mais j’en ai le droit, parce que je suis propriétaire de moi-même.

Le communisme, lui, implique que j’ai le devoir de servir autrui dans la mesure de mes capacités et de ses besoins. C’est-à-dire qu’autrui est en droit d’employer mes capacités, donc de me forcer à travailler, pour satisfaire ces besoins. D’une manière générale, selon cette doctrine, les individus sont propriétaires les uns des autres dans la mesure de leurs besoins, et propriétés les uns des autres dans la mesure de leurs capacités. Cela n’est pas, cependant, une autre théorie du droit, mais un des nombreux cache-sexe de la loi du plus fort. En effet, qui détermine les capacités et les besoins de chacun ? L’autorité centrale, et à travers elle ceux qui sont politiquement les plus forts. La doctrine communiste revient à dire : quiconque est en droit de réduire autrui en esclavage s’il parvient à rendre cette violence légale, c’est-à-dire à faire décréter par l’autorité centrale qu’il a plus besoin des capacités d’autrui que ce dernier.

Lorsqu’un homme viole une femme, il s’approprie aussi par la force ce dont il a besoin et dont elle a la capacité. Et cela est illégitime, parce que cette femme est seule propriétaire de son corps. Il ne changerait rien, à cet égard, qu’une autorité centrale planifie les relations sexuelles, arguant que la libre concurrence est très injuste en cette matière, les individus n’ayant pas les mêmes chances de réussite, et leurs résultats étant souvent très inégaux.

Ceux qui défendent le communisme partiel tant tel ou tel domaine (l’éducation, la santé, etc.), voire le communisme complet, affirmant aussi que les relations humaines, telles que l’acte sexuel, importent plus que les relations marchandes, devraient a fortiori intervenir dans les premières. D’un point de vue capitaliste, une femme ne commet évidemment aucune injustice envers son violeur en ayant une vie sexuelle plus riche que lui.

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