Anatomie de l’État (7)

Le pouvoir d’État est la saisie coercitive et parasitaire de la production

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Anatomie de l’État (7)

Publié le 18 octobre 2010
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Traduction de l’opuscule de Murray Rothard, Anatomy of the State.

Anatomie de l’État (1) – Ce que l’État n’est pas
Anatomie de l’État (2) – Ce qu’est l’État
Anatomie de l’État (3) – Comment l’État se maintient
Anatomie de l’État (4) – Comment l’État transcende ses limites
Anatomie de l’État (5) – Ce dont l’État a peur
Anatomie de l’État (6) – Comment les États entrent en relation les uns les autres

L’histoire vue comme une course-poursuite entre le pouvoir d’État et la puissance sociale

Comme les deux formes basiques et mutuellement exclusives d’interrelations entre les hommes sont ou bien la coopération paisible ou bien l’exploitation coercitive, la production ou bien la prédation, ainsi l’histoire de l’Humanité, en particulier l’histoire de son économie, peut être considérée comme un combat entre ces deux principes. D’une part, il y a productivité créatrice, échange paisible et coopération ; de l’autre, dictature coercitive et prédation imposées à ces relations sociales. Albert Jay Nock a nommé avec brio ces forces de contestation : « puissance sociale » et « pouvoir d’État » [1]. La puissance sociale est le pouvoir de l’homme sur la nature, sa transformation coopérative des ressources de la nature et l’aperçu de la loi naturelle, au profit de tous les individus participants. La puissance sociale est le pouvoir sur la nature, et les conditions de vie réalisées par les hommes grâce à l’échange mutuel. Le pouvoir d’État, comme nous avons vu, est la saisie coercitive et parasitaire de cette production – il assèche les fruits de la société au profit de dirigeants non productifs (sinon réellement anti-productifs). Tandis que la puissance sociale touche à la nature, le pouvoir d’État est le pouvoir sur l’homme. Tout au long de l’histoire, les forces productives et créatives de l’homme ont sculpté, maintes et maintes fois, de nouvelles manières de transformer la nature au bénéfice de l’homme. C’était du temps où la puissance sociale a jailli à la face du pouvoir d’État, et où l’empiétement de l’État a considérablement diminué. Mais à chaque fois, après un délai plus ou moins long, l’État a pénétré ces nouveaux secteurs, pour estropier et confisquer la puissance sociale une fois encore [2]. Si la période du 17e au 19e siècle a été, dans beaucoup de pays occidentaux, une phase d’accélération de la puissance sociale, et en corollaire d’amélioration de la liberté, de la paix et du bien-être matériel, le 20e siècle a été principalement un âge dans lequel le pouvoir d’État l’a rattrapé – avec pour conséquence un retour à l’esclavage, à la guerre et à la destruction [3].

En ce siècle, la race humaine fait face, à nouveau, au règne virulent de l’État – de l’État armé à présent des fruits de la puissance créatrice de l’homme, confisqués et perverti au bénéfice des objectifs de l’État. Les derniers siècles étaient des périodes durant lesquelles les hommes ont essayé de créer des limites constitutionnelles ou autres au pouvoir de l’État, pour constater finalement que de telles limites, tout comme tout autre tentative, ont échoué. Des nombreuses formes que les gouvernements ont pris au fil les siècles, de tous les concepts et institutions qui ont été essayés, aucun n’a réussi à maintenir l’État sous contrôle. Le problème de l’État est évidemment très loin d’être réglé. De nouveaux chemins d’enquête doivent peut-être être explorés, si toutefois la solution finale de la question de l’État doit jamais être atteinte [4].

Murray N. Rothbard, Egalitarianism as a Revolt Against Nature and Other Essays, Auburn, Mises Institute, 2000 (1974), pp. 55-88.

Notes :

[1] Sur les concepts de puissance sociale et de pouvoir d’État, voir Albert J. Nock, Our Enemy the State, Caldwell, Idaho, Caxton Printers, 1946. Voir aussi Nock, Memoirs of a Superfluous Man, New York, Harpers, 1943, et Frank Chodorov, The Rise and Fall of Society, New York, Devin-Adair, 1959.

[2] Parmi le flux de l’expansion ou de la contraction, l’État s’assure toujours qu’il possède et maintient certains « postes de commandement » cruciaux de l’économie et de la société. Parmi ces postes se trouvent le monopole de violence, le monopole de la puissance juridique suprême, les canaux de communication et le transport (poste, routes, fleuves, lignes aériennes), qui ont irrigué l’eau des despotismes orientaux, et l’éducation – pour façonner les avis de ses futurs citoyens. Dans l’économie moderne, l’argent est le poste de commandement critique.

[3] Ce processus parasitaire de « rattrapage » a été presque ouvertement proclamé par Karl Marx, qui a concédé que le socialisme doit être établi par la saisie du capital précédemment accumulé par le capitalisme.

[4] Très certainement, un ingrédient indispensable d’une telle solution doit être la lutte contre l’alliance des intellectuels et de l’État, par la création des centres d’enquête et d’éducation intellectuelles, qui seront indépendants du pouvoir d’État. Christopher Dawson note que les grands mouvements intellectuels de la Renaissance et des Lumières ont été réalisés en travaillant en dehors de, et parfois contre, les universités solidement retranchées. Ces académies des idées nouvelles furent établies par des patrons indépendants. Voir Christopher Dawson, The Crisis of Western Education, New York, Sheed and Ward, 1961.

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