Anatomie de l’État (5)

L’État préfère largement se protéger lui-même plutôt que ses sujets

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Anatomie de l’État (5)

Publié le 16 octobre 2010
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Traduction de l’opuscule de Murray Rothard, Anatomy of the State.

Anatomie de l’État (1) – Ce que l’État n’est pas
Anatomie de l’État (2) – Ce qu’est l’État
Anatomie de l’État (3) – Comment l’État se maintient
Anatomie de l’État (4) – Comment l’État transcende ses limites

Ce dont l’État a peur

Ce que l’État craint par-dessus tout, naturellement, est n’importe quelle menace fondamentale contre sa propre puissance et son existence. La mort d’un État peut surgir de deux manières principales : (a) par la conquête par un autre État, ou (b) par le renversement révolutionnaire diligenté par ses propres sujets – en bref, par guerre ou par révolution. La guerre et la révolution, qui constituent les deux menaces de base, suscitent invariablement chez les hommes de l’État leurs efforts maximums ainsi qu’une propagande maximale. Comme indiqué ci-dessus, n’importe quelle manière doit toujours être employée pour mobiliser le peuple afin qu’il vienne en défense de l’État, dans la croyance que le peuple se défend lui-même. L’erreur de cette idée devient évidente quand la conscription est utilisée contre ceux qui refusent de « se défendre » eux-mêmes, et qui sont donc forcés de rejoindre la bande militaire de l’État. Rien à ajouter, car aucune « défense » ne leur est autorisée contre cet acte de leur « propre » État.

Dans la guerre, la puissance d’État est poussée à son point ultime, et, par les slogans de la « défense » et de l’ « urgence », elle peut imposer une tyrannie sur le peuple, telle qu’elle pourrait entraîner une résistance ouverte en temps de paix. La guerre fournit ainsi beaucoup d’avantages à un État, et en effet chaque guerre moderne a apporté comme legs aux peuples faisant la guerre, un poids sans cesse accru de l’État sur la société. La guerre, d’ailleurs, fournit à l’État des occasions tentantes de conquérir des terres sur lesquelles il peut exercer son monopole de la force. Randolph Bourne avait certainement raison lorsqu’il écrivait que « la guerre est la santé de l’état », mais à n’importe quel État particulier une guerre peut signifier ou bien la santé ou bien les pires dommages [1].

Nous pouvons évaluer l’hypothèse selon laquelle l’État préfère largement se protéger lui-même plutôt que ses sujets en nous demandant : quelle catégorie des crimes l’État poursuit-il et punit-il le plus intensément – ceux contre les citoyens privés ou ceux contre lui-même ? Les crimes les plus graves, dans le langage de l’État, ne sont presque jamais des invasions de particulier ou de la propriété, mais des dangers liés à son propre contentement, par exemple, la trahison, la désertion d’un soldat, le fait de ne pas se faire recenser, la subversion et la conspiration subversive, l’assassinat des hommes de l’État et des crimes économiques contre l’État tels que la contrefaçon, ou l’évasion de l’impôt sur le revenu. Ou vous pouvez aussi comparer le degré d’ardeur consacrée à poursuivre l’homme qui assaille un policier, à l’attention que l’État prête à l’attaque d’un citoyen ordinaire. Cependant, curieusement, la priorité ouvertement assignée par l’État à sa propre défense contre le peuple frappe peu de personnes, qui pourtant devraient comprendre la contradiction qu’il présente avec sa raison d’être présumée [2].

Notes :

[1] Nous avons vu qu’il est essentiel que l’État ait l’appui des intellectuels, et ceci inclut l’appui contre ses deux principales menaces. Ainsi, sur le rôle des intellectuels américains dans l’entrée de l’Amérique dans la Première guerre mondiale, voir Randolph Bourne, « The War and the Intellectuals, » in The History of a Literary Radical and Other Papers, New York, S.A. Russell, 1956, p. 205–22. Comme le dit Bourne, un dispositif communément utilisé par les intellectuels dans le soutien conquérant des actions d’État, est de circonscrire dans les limites des politiques de l’État basique n’importe quelle discussion, et de décourager toute critique fondamentale ou totale de ce cadre de base.

[2] Comme le dit Mencken, dans son style inimitable : « Ce gang [« les exploiteurs constituant le gouvernement »] est bien immunisé contre la punition. Ses pires extorsions, même lorsqu’elles sont dirigées vers un bénéfice privé, ne sont pas punies par nos lois. Depuis les premiers jours de la République, moins de quelques douzaines de ses membres ont été accusés, et seuls quelques obscurs lampistes ont été mis en prison. Le nombre d’hommes emprisonnés à Atlanta et Leavenworth pour s’être révoltés contre les extorsions du gouvernement est toujours dix fois plus grand que le nombre de fonctionnaires du gouvernement condamnés pour avoir opprimé les contribuables à leur propre profit. », Mencken, A Mencken Chrestomathy, p. 147–48.

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