La guerre des devises

La guerre des devises (currency wars), blockbuster de la saison.

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Currency Wars

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La guerre des devises

Publié le 16 octobre 2010
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Currency Wars

Un nouveau « buzzword » fait graduellement son apparition dans les médias économiques : la guerre des devises (currency wars).

Plusieurs pays tentent présentement par tous les moyens de dévaluer leur devise et l’arme la plus redoutable de cette guerre est la presse à billets qui, comme l’Étoile de la Mort, envoie de puissantes décharges d’assouplissement quantitatif qui anéantissent le pouvoir d’achat des devises. En fait, en créant de grandes quantités de nouvelle monnaie, les banques centrales font diminuer la valeur des unités de monnaie existantes.

Pourquoi mener cette guerre?

D’une part, ces pays croient qu’avec un taux de change plus bas, leurs producteurs seront en meilleure position compétitive ce qui pourrait permettre de stimuler les exportations et de relancer l’économie. Tel que je l’ai démontré dans le passé (ici, ici et ici), non seulement ça ne fonctionne pas, mais ça fait aussi beaucoup de tort à l’économie.

D’autre part, en diminuant la valeur de leur devise, ces pays font aussi diminuer la valeur de leur dette relative. Cette création de monnaie génèrera tôt ou tard de l’inflation (les prix vont monter) et cette inflation fera augmenter artificiellement le PIB nominal. De cette façon, les ratios dette / PIB paraîtront plus bas. Ainsi, le pouvoir d’achat des unités monétaires avec lesquelles les dettes étatiques seront remboursées aura grandement diminué. Finalement, l’inflation aura aussi comme impact de gonfler artificiellement les recettes fiscales du gouvernement, ce qui permettra de faire diminuer le ratio déficit / PIB et d’éviter d’avoir à porter un gros coup de sabre-laser dans leurs dépenses.

Qui sont les participants à cette guerre?

Il y a bien sûr l’Empire Galactique : les États-Unis, qui peuvent se permettre de mener cette guerre à fonds la caisse puisque leur monnaie est grandement utilisée comme réserve. L’Étoile de la Mort de cet empire est menée par le redoutable Darth Vador (Ben Bernanke).

La Fédération Commerciale : l’Union Européenne, dont la banque centrale doit composer avec des situations économiques différentes, par exemple entre l’Allemagne et les PIIGS.

La République Galactique : le Royaume-Uni, qui malgré le fait qu’elle ait perdu son hégémonie monétaire au profit de l’Empire Galactique états-unien, n’est pas prête à délaisser son Étoile de la Mort pour autant. Elle ne veut surtout pas joindre la Fédération Commerciale et perdre le contrôle de l’Arme si importante à la survie temporaire de l’État-providence.

La Nouvelle République Galactique : le Japon, qui a nettement sur-utilisé son Étoile de la Mort dans le passé récent (20 dernières années) avec des résultats très décevants. Malgré cela, il persiste encore à le faire, étant médusé par le côté obscur de la force.

Finalement, il y a l’Alliance Rebelle : la Chine, dont l’Étoile de la Mort ne dérougit pas et agit comme bouclier devant celle de l’Empire Galactique. C’est d’ailleurs entre ces deux factions que le combat est le plus intense.

La Confédération des Systèmes Indépendants : le Brésil et le Canada par exemple. Le Canada est bien content de ne pas faire partie des hostilités par crainte du côté obscur de la force et de ses conséquences hyper-inflationnistes, mais le Brésil aimerait bien y prendre part, craignant de subir des dommages collatéraux en raison des tirs fournis des nations belligérantes ou par exemple en voyant son hyperpropulsion économique ralentie par le champs gravitationnel artificiel d’un croiseur impérial.

Il ne faut pas oublier que plusieurs nations ont été corrompues par les Siths (le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale) les maîtres du côté Obscur de la Force, menés par l’infâme Palpatine (Dominic Strauss-Kahn) et son disciple infiltré dans l’Empire Galactique, le compte Dooku (Paul Krugman), sans oublier Darth Sidious (Jean-Claude Trichet).

Ces mégalomanes sans scrupule ne se rendent pas compte de l’absurdité des prescriptions keynésiennes qu’ils mettent en application. Ils tentent de se convaincre qu’en diminuant le pouvoir d’achat de notre monnaie, nous serons plus riches! Tout comme Georges Lucas, ils tentent de nous faire croire que les vitesses supraliminaires sont atteignables. Hélas, le pouvoir de persuasion de la Force est très puissant, surtout sur les esprits faibles, qui ne savent pas voir l’inflation, faute de midi-chloriens. Pendant ce temps, le Jedi-autrichien que je suis crois encore au côté clair de la force : l’épargne et la formation de capital productif, la vraie source d’enrichissement des nations de l’univers…

En terminant, je vous laisse sur un graphique publié dans The Economist qui présente les pays qui interviennent le plus sur leur devise. Lorsqu’un pays crée de la monnaie pour acheter des devises étrangères dans le but de déprécier sa propre devise, on peut s’attendre à voir ses réserves de devises étrangères augmenter. Le graphique de droite présente les réserves de devises étrangères de différents pays en pourcentage de leur masse monétaire. On peut y constater que la Chine est loin d’être le pays le plus « coupable » de manipulation de sa devise.

Le graphique de gauche montre les flux de capitaux étrangers pour trois groupes de pays émergents (Amérique Latine, Asie, Europe de l’Est/Moyen-Orient/Afrique. On peut voir que l’Asie est dominante à cet égard et a donc la plus grande incitation à vouloir manipuler sa devise à la baisse pour contrer l’impact des investissements étrangers.

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Les auteurs : Deniz Unal est économiste, rédactrice en chef du Panorama et coordinatrice des Profils du CEPII - Recherche et expertise sur l'économie mondiale, CEPII. Laurence Nayman est économiste au CEPII.

 

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