Benjamin Franklin sur la richesse

Obama et d’autres devraient abandonner cette idée que la richesse elle-même serait une maladie nationale pour laquelle nous devrions chercher un remède gouvernemental.

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Benjamin Franklin sur la richesse

Publié le 16 octobre 2010
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La politique anti-luxe remporte souvent un vif succès auprès du public. Mais Franklin soutenait que l’accumulation de richesses est positive, et que le gouvernement ne devrait pas intervenir pour la réglementer.

Il y a 226 ans – le 26 juillet 1784 – Benjamin Franklin se demandait si la société avait besoin « d’un remède au luxe » dans une lettre à son ami et conseiller Benjamin Vaughn. Dans cette lettre [1], Franklin argumentait méthodiquement contre la nécessité d’un tel remède.

La montée en puissance d’un courant qui réclame à cor et à cri une régulation des richesses remet au cœur de l’actualité ces réflexions de Franklin. Considérez en effet le président Obama, murmurant hors caméra ces mots désormais tristement célèbres : « je pense vraiment d’une manière certaine que vous avez fait assez d’argent. » Plusieurs ont soutenu que cette déclaration était emblématique d’une tendance à l’ordre du jour dans l’administration, une tendance anti-richesses et anti-luxe.

 

Les liberals ne sont cependant pas les seuls à s’engager dans cette politique anti-luxe. Toute tendance confondue, on invoque le terme de luxe avec un sens chargé d’inconvenance, d’excessif ou de mauvais. Prenez par exemple la critique récente des conservateurs à propos des vacances d’Obama dans le Massachusetts. Ou la critique, provenant de divers camps politiques du yacht du sénateur John Kerry ou encore de la croisière du directeur général de BP pendant la marée noire du Golfe du Mexique. La diabolisation du luxe plait bien à l’opinion.

La lettre de Franklin s’oppose en partie à de tels sentiments. Le riche injecte un capital et un investissement, crée des emplois et contribue de façon positive à l’économie et à la société. Franklin nous rappelle en quoi la richesse, et même le luxe, sont bons et pourquoi la régulation est dangereuse.

Il écrit :

Je n’ai pas en effet encore réfléchi à un remède au luxe. Je ne suis pas sûr qu’une solution soit possible dans un grand État. Ni que le mal soit en lui-même toujours aussi grand qu’on le croit.

On connaît Franklin, bien sûr, pour son amour de la modération, mais seulement comme une vertu individuelle, et non une vertu imposée par la force de l’État. Le riche peut être imprudent, mal avisé, téméraire, mais cela ne signifie pas que sa richesse a besoin de règlement.

Franklin se demande si le gouvernement devrait intervenir pour contrecarrer cette chose appelée le luxe :

Supposons qu’on comprenne dans la définition du luxe toutes les dépenses inutiles et observons si les lois qui préviennent de telles dépenses peuvent être appliquées dans un grand pays. Si elles peuvent être appliquées, rendraient-elles de façon générale les gens plus heureux ou même plus riches ?

Il répond par la négative, concluant que, en ce qui concerne les dangers du luxe sans limites :

Les lois ne peuvent pas l’empêcher et peut-être même n’est-ce pas un mal pour le public.

Franklin a pensé qu’il y avait peu d’inquiétude à avoir parce que « dans l’ensemble, parmi les hommes, il y a beaucoup plus de travail et de prudence que de paresse et de folie. »

Franklin affirme un peu plus loin, que l’intervention légale contre l’accumulation de richesses détruirait la motivation :

L’espoir de pouvoir un jour acquérir et jouir du luxe n’est-il pas un puissant aiguillon pour le travail et l’industrie ? Le luxe ne peut-il donc pas produire plus qu’il ne consomme, alors même que sans un tel stimulant les hommes seraient naturellement paresseux et indolents ?

En outre, si un homme dépense sottement sa fortune, il provoquera sa propre ruine. La loi n’a pas besoin d’enseigner cette leçon. Selon les mots mêmes de Franklin, « ceux qui aiment faire étalage de leur richesse, dépenseront inconsidérément et se ruineront ». La puissance de l’intérêt personnel et l’instinct de survie créent un effet autorégulateur sur des dépenses luxueuses. Avec le temps, les individus les plus travailleurs, les plus innovateurs et les plus sages, surpasseront et remplaceront le dissipateur idiot.

Finalement, Franklin rappelle à son ami que les dépenses somptuaires signifient que quelqu’un d’autre est payé : « un shilling dépensé bêtement par un fou, peut être pris par un sage qui saura mieux comment il faut en faire usage. Il n’est donc pas perdu. »

L’homme de luxe peut être destructeur pour lui-même, mais en procédant ainsi il construit les vies d’autres personnes qui sont employées dans l’entreprise de création de ces choses inutiles :

Un homme idiot et vain construit une maison fastueuse, la meuble luxueusement, y demeure à grands frais, et se ruine en quelques années. Mais les maçons, les charpentiers, et d’autres artisans honnêtes qu’il a fait travailler, auront pu par cet emploi entretenir et élever leurs familles. Le fermier aura été récompensé des soins qu’il a pris, et la propriété sera passée dans de meilleures mains.

Bien entendu, cet effet collatéral se produit à des degrés divers chaque fois que quelqu’un dépense, qu’il soit pauvre ou riche, et quelle que soit la manière, avec sagesse ou non, dont il dépense.

Étant donné que toutes ces contributions positives existent, et qu’elles peuvent aussi être générées par le luxe, Franklin en concluait :

Nous pouvons donc raisonnablement penser que le luxe de quelques uns… ne causera pas la ruine de l’Amérique.

Obama et d’autres devraient tenir compte de ces mots sages et abandonner cette idée que la richesse elle-même serait une maladie nationale pour laquelle nous devrions chercher un remède gouvernemental.

Donald J. Kochan is an associate professor of law at Chapman University School of Law in Orange.

Traduction par Damien Theillier

[1] Une lettre écrite de France. On peut y voir une grande proximité de pensée avec Voltaire. Voir par exemple Le Mondain (1736), plaidoyer en faveur des arts, du commerce et du luxe. Au contraire, selon Rousseau le luxe, les sciences et les arts promus par les philosophes détruisent la vertu du citoyen et la vertu du sage. (Note du traducteur)

 

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