Jean-Luc Mélenchon, candidat de la récession post-covid

La misère est un terreau fertile pour le populisme, qui pourrait capitaliser sur la « gilet-jaunisation » du pays. Le pari électoral de Jean-Luc Mélenchon pourrait donc être gagnant.

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Meeting Mélenchon Parc des expos (70) By: Blandine Le Cain - CC BY 2.0

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Jean-Luc Mélenchon, candidat de la récession post-covid

Publié le 9 novembre 2020
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Par Frédéric Mas.

Devant les téléspectateurs de TF1 ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon, lider maximo de la France insoumise, a déclaré sa candidature à l’élection présidentielle de 2022.

Alors que la France entière se barricade pour cause de crise sanitaire, Jean-Luc Mélenchon propose sa candidature afin « d’aider à déconfiner les esprits », en précisant toutefois que celle-ci ne sera définitive qu’à condition de rassembler un parrainage de 150 000 signatures sur sa plateforme « Nous sommes pour ».

Depuis une semaine, Jean-Luc Mélenchon donne donc de la voix dans les médias contre la gestion sanitaire du gouvernement Macron, qu’il accuse curieusement de « libéralisme autoritaire ».

Cette contradiction dans les termes est plus révélatrice du programme éclectique de la France insoumise, qui fait feu de tout bois pour incarner la gauche de la gauche, que de la politique professée par le chef de l’exécutif. De l’écologie anticapitaliste à la défense des intérêts particuliers de l’immense classe des fonctionnaires, en passant par quelques rares accents libertaires, LFI se veut le parti attrape-tout de la gauche de la gauche.

Contre le « libéralisme autoritaire » d’Emmanuel Macron

Le seul vrai défenseur des libertés publiques, c’est Mélenchon, nous assure Mélenchon. Si Emmanuel Macron est un « libéral autoritaire », c’est que les libertés ne sont correctement défendues aujourd’hui que par la France insoumise. Le parti collectiviste a publié ce mois-ci un document intitulé « Macron à la dérive autoritaire » qui reprend l’essentiel de son argumentaire sur la nécessité de sortir de l’État d’urgence sanitaire permanent pour revenir à l’État de droit, ou du moins à davantage d’État de droit.

Plusieurs amis de la liberté s’en sont d’ailleurs frottés les yeux : à plusieurs reprises, Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour tonner contre l’autoritarisme de l’exécutif ou encore contre la suspension de l’État de droit et des formes de la démocratie au nom de la pseudo-efficacité bureaucratique.

Le rapport LFI est lui-même un vibrant plaidoyer pour les droits du Parlement et un réquisitoire contre les lois liberticides adoptées depuis 2017 par Emmanuel Macron.

« Du point de vue législatif et réglementaire, le quinquennat d’Emmanuel Macron est probablement le pire concernant les libertés publiques et individuelles. Au total, c’est tout le régime républicain de la liberté qui ressort abîmé de ces trois dernières années. » peut-on lire.

Le socialisme autoritaire du candidat Mélenchon

Seulement, pas de panique, les remèdes aux dérives autocratiques du parti présidentiel proposées par LFI restent les mêmes, c’est-à-dire davantage d’argent public, de nationalisations à tous les étages pour « sauver les services publics », « l’hôpital public », et surtout davantage de contrôle politico-bureaucratique du monde social et économique au nom du progressisme écolo-bolchevique.

Bref, au fantasmagorique « libéralisme autoritaire » de Macron, on oppose le bien réel socialisme autoritaire, dont les recettes sont aussi dangereuses et périmées que l’État d’exception permanent dénoncé à cor et à cris. Ne perdons pas de vue que le modèle actuel du parti de monsieur Mélenchon, c’est la Bolivie, le doux pays du très autoritaire Evo Morales.

LFI a d’ailleurs envoyé quelqu’un pour féliciter son successeur nouvellement élu qui, n’en doutons pas, est un défenseur des libertés publiques aussi sérieux que son alter ego français.

Dans la rhétorique mélenchonienne, le libéralisme ou le néolibéralisme vise essentiellement à masquer la grande proximité des solutions proposées par LFI avec les autres formations politiques autoritaires, dont LREM : il faut plus d’État, un contrôle accru de l’économie par la bureaucratie publique et ses nouveaux féodaux que sont les hauts fonctionnaires, mais pas comme Macron.

Eux, le néolibéralisme leur a lavé la tête. Notre socialisme à nous promet de ne pas l’être, c’est juré, il sera écolo, solidaire et citoyen, comme en Bolivie ou au Venezuela. C’est la nécrose bureaucratique qui est en train de détruire les libertés individuelles au nom de la crise sanitaire, c’est donc par plus de bureaucratie qu’il faut répondre. Logique.

Échecs de la France insoumise

Mélenchon a du mal à incarner le tribun de la plèbe, rôle dévolu à Marine Le Pen. Certains, surtout chez ses « amis » politiques, ne donnent pas cher de la candidature du tribun d’extrême gauche, qui enchaîne les contreperformances électorales et lutte de toute ses forces pour continuer à exister au sein d’un marché politique populiste très compétitif.

Après des élections européennes calamiteuses et des municipales inexistantes, la stratégie politique de Jean-Luc Mélenchon a été jugée pour beaucoup à la fois illisible et opportuniste. Comme nous l’avons vu, ces traits programmatiques sont inchangés. Seulement les circonstances pourraient être favorables à l’émergence d’une candidature socialiste et autoritaire en France.

La gestion bureaucratique de la crise sanitaire est en train de créer une armée de nouveaux pauvres dont la colère pourrait alimenter le socialisme autoritaire, que celui-ci soit défendu par un leader charismatique d’extrême gauche ou d’extrême droite.

Avec un PIB qui dégringole de près de 20 % comparé à l’année précédente, la situation sociale est propice au développement de solutions politiques martiales, collectivistes et antilibérales se nourrissant des conflits sociaux qu’elles entretiennent avec minutie. La misère est un terreau fertile pour le populisme, qui pourrait capitaliser sur la « gilet-jaunisation » du pays. Le pari électoral de Jean-Luc Mélenchon pourrait donc être gagnant.

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  • Sacré Méluche ! Il ne peut pas s’empêcher de servir la soupe à Macron en ajoutant à la division à gauche.

  • « le tribun de la plèbe, rôle dévolu à Marine Le Pen » : ah bon ?

  • En bon communiste il veut instaurer la pénurie et la pauvreté en France, comme il la soutient au Venezuela!

  • « il fait don de sa personne à la France pour atténuer son malheur.. » air connu, et ce quasiment le jour du cinquantenaire de la disparition du Général.
    Pour moi, il restera à jamais celui qui a défilé en 2019 avec des islamistes criant Allahu Akbar (je ne suis pas sur de l’orthographe)

  • La solution? Votez avec vos pieds avant 2022

  • Le socialisme n existe que pour et par la misère(mais rassurez vous misére partagée de façon égalitaire!)Ayn Rand disait »je nai jamais oublié que l objectif inavoué du socialisme municipal ou national etait d augmenter la dépendance.La pauvreté n était pas seulement le sol nourricier du socialisme,elle en était délibérément l effet recherché »

  • « Il faut plus D’État, un contrôle accru de l’économie par la bureaucratie publique… »
    Voilà la rhétorique de crise, pas que mélanchonienne, qui va animer la vie publique dans les prochains mois.
    Une majorité de français, gagnée par le pessimisme face à la crise économique et sanitaire va, inéluctablement, demander plus de biberonnage; Jean Luc Mélanchon, en bon opportuniste, saura certainement en profiter pour conforter son carriérisme politique qui consiste à phagocyter les autres formations de gauche.
    L’avenir de notre pays est bien sombre…

  • à mon avis les français ne vont pas oublier qu’il a fait sa marche contre l’islamophobie et qu’il a tardivement parlé de lutter contre le terrorisme islamiste..mais bon le vote est tellement stupide en France.

  • melenchon est en perte de vitesse depuis la derniere presidentielle et il va se ramasser a moins d un miracle. Il ne peut representer la nouveaute car il fait de l apolitique depuis 1980 (au PS puis pour sa propre boutique). Ses declarations passees vont lui revenir comme des boomerangs (ex son amour pour chavez au venezuela ou son appel aux migrants a Marseille lors de sa premiere campagne presidentielle)
    en plus la gauche de la gauche est desunie et se deteste copieusement (entre vert/trotskyste, melenchoniste) donc multi candidature

    • ce dont je me rappelle le mieux c’est quand ce gros charlot à gueulé : « la république c’est moi  » dans le genre je suis au dessus des autres y’a pas mieux..quelle pauvre merde

  • Même si je suis d’accord avec le fond de l’article, c’est toujours énervant de faire l’amalgame entre l’extrême droite et l’extrême gauche…

    • C’est pourtant les extrêmes qui s’amalgament le mieux, au point qu’ils se confondent, et il n’y a que la gauche qui veut à tout prix faire croire, avec un certain succès, qu’il n’y a d’extrémisme que de droite,

  • Et il n’a aucune chance.
    Je crois que les « sans dents » en ont soupé de « l’égalitarisme républicain multiculturel » ou ils sont systématiquement les cocus de l’histoire.
    Malheureusement ils n’ont accès à aucun pouvoir ni aucun médias et ils se font systématiquement trahir par la fausse droite.
    Donc le Staline de Tanger va piquer quelques pourcents au prince Macron mais probablement pas assez pour qu’on échappe à un deuxième tour bidon le Pen-Macron.
    Comme la résistance est dispersée, que la Le Pen est transparente alors que les étatistes parasites jouent leur survie, Macron va repasser pour 5 ans d’autant plus que les étatistes sentent bien que leur survie n’est en tout cas pas dans plus de socialisme vu qu’il n’y a bientôt plus d’argent et encore moins dans du communisme.
    .
    L’avenir est imprédictible mais l’équilibre des pouvoirs est bien établi, en France, les corporations parasites tiennent tous les pouvoirs et les victimes trop dispersées.

  • Melenchon ca fait peur…. Le covid sera moins dangereux que ce politiques qui a déjà sévi et qui a participé à la dégradation de la France. Comment est il possible de s enrichir comme il l’a fait en ne faisant que de la politique toute sa vie et donc de vivre toute sa vie sur nos impôts?

  • Le seul parti à réhabiliter la politique, c’est le Front National
    Jean_Cul Mechancon

  • Absolument dans la ligne du parti… Même tranche d’âge que les derniers dirigeants de l’URSS (Konstantin Tchernenko, Iouri Andropov, etc.), et copié aujourd’hui pas les Étasuniens… En fait un poste de Secrétaire d’État (perpétuel) aux anciens combattants lui conviendrait mieux avec moins de dégâts prévisibles sur l’économie !
    Quand décide-t-on d’arrêter de laisser la main à des politiciens professionnels qui ne connaissent de la vie que les bancs de divers assemblées ? Quand va-t-on limiter les nombres de mandats pour un même citoyen (2 mandats nationaux maxi ET 2 mandats locaux (région ou département ou ville de plus de 8 000 habitants) pour les mandats locaux vivre dans une commune associée depuis au moins 5 ans pour être maire et plus de dix ans pour les rég. et dépt. (se qui évite les parachutages).
    J’attends d’avoir des dirigeants qui ont déjà réellement bossé dans la vraie vie, qui font des erreurs de communications (Normal ! ce ne sont pas des pro du noyage de poissons, du camouflage de toutes les saloperies laissées sous les tapis de la République)… Enfin c’est un rêve !

  • La contradiction des termes (libéral et autoritaire) manifeste surtout le contresens colporté sur le libéralisme.
    De mon point de vue, ce n’est pas un hasard. Le libéralisme n’est-il pas le vrai ennemi de tout régime autoritaire?
    L’extrême gauche est l’idiot utile de la tyrannie que nous prépare l’oligarchie financière.

  • Les commentaires sont fermés.

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