Après la Grèce, le Portugal ? La crise de l’euro est toujours là

L’exemple portugais, une nouvelle preuve de la nocivité des politiques imposées par la prétendue communauté internationale. Cette dégradation prévisible vient de ce que l’économie se réduit : les médecins de Molière étaient connus pour tuer le malade grâce à leur médecine.

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Après la Grèce, le Portugal ? La crise de l’euro est toujours là

Publié le 20 mars 2012
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L’exemple portugais, une nouvelle preuve de la nocivité des politiques imposées par la prétendue « communauté internationale ». Cette dégradation prévisible vient de ce que l’économie se réduit : les médecins de Molière étaient connus pour tuer le malade grâce à leur médecine.

Par Michel de Poncins.

Après la Grèce, le Portugal sera-t-il la prochaine victime de l’action conjointe, solidaire et « fraternelle » de l’Europe et du FMI ? La question se pose à la lumière des dernières nouvelles de ce pays. En écrivant, il y a peu, qu’il ne fallait pas aider la Grèce, nous ajoutions que l’Espagne et le Portugal risquaient d’être emportés dans la tourmente et les dernières nouvelles ne sont pas rassurantes.

La Grèce s’est enfoncée dans le malheur parce que, selon la propagande officielle, elle n’avait pas joué le jeu. Le Portugal, selon la même propagande, nous est présenté comme un « bon élève ». Il a obéi en tous points aux injonctions de l’Europe et du FMI. C’est pourquoi il a reçu en mai dernier 78 milliards d’euros d’aide. À la même époque, la dette publique représentait 107 % du PIB. En 2012, on vient d’annoncer que selon les prévisions, elle pourrait monter à 118 %.

C’est l’une des preuves de la nocivité des politiques imposées par la prétendue communauté internationale. En effet cette dégradation prévisible vient pour l’essentiel de ce que l’économie se réduit : les médecins de Molière étaient connus pour tuer le malade grâce à leur médecine.

Vitor Gaspar, le ministre des Finances, est apprécié de ses collègues : par des mesures dures il a réduit le déficit budgétaire de plus d’un tiers. Le résultat est que l’économie s’est contractée de 1,5 % en 2011, avec une tendance vers 3 % en 2012. Les analystes extérieurs calculent que les mesures prises qui conduisent à l’étouffement ne permettront pas de rembourser les dettes, même à long terme.

Début février, un échange entre Vitor Gaspar, ministre des Finances, et son homologue allemand a fuité. Ils prévoyaient carrément qu’une rallonge serait nécessaire. C’est maintenant officiel, Bruxelles envisageant un deuxième sauvetage.

 

Les prévisions de Moody’s

Le mardi 5 juillet 2011 l’agence de notation a abaissé de quatre crans la note de la dette souveraine du Portugal. Cette note signifie que le Portugal, un des pays de la zone euro touché par la crise de la dette, est considéré comme pouvant faire face à ses engagements, mais que l’investissement est considéré comme  spéculatif, donc risqué.

Il était indiqué déjà à l’époque que le Portugal aurait besoin d’un second plan d’assistance financière avant d’être en mesure de se financer lui-même sur les marchés internationaux. Moody’s assortissait sa note d’une perspective négative, ce qui signifie qu’elle envisageait de l’abaisser encore à moyen terme.

Pour justifier cet abaissement, l’agence de notation faisait valoir qu’elle craignait que le Portugal ne parvienne pas à tenir les engagements qu’il avait pris envers l’Union européenne et le Fonds monétaire international, en matière de réduction de son déficit et de stabilisation de la dette.

En échange du prêt de 78 milliards d’euros décidé en mai, le Portugal s’était engagé à mettre en œuvre un exigeant programme de rigueur et de réformes sur trois ans.

Cette nouvelle cure d’austérité devait permettre au pays de ramener son déficit public de 9,1 % du PIB en 2010 à 5,9 % cette année, puis à 3 % en 2013.

Moody’s relevait toutefois le « risque croissant » de voir le Portugal avoir besoin d’un deuxième plan d’aide avant de pouvoir de nouveau emprunter sur les marchés. L’agence de notation pensait que le Portugal pourrait ne pas pouvoir emprunter sur les marchés financiers « à des taux supportables » avant le second semestre 2013, voire plus tard.

Il apparaît bien que l’agence avait vu juste dans ses prévisions, ce que les dernières nouvelles confirment. En clair, et bien que cela ne soit pas dit franchement, cela signifiait que le pouvoir portugais ne faisait pas assez souffrir son peuple pour le soigner vraiment !

 

Résignation et impatience

Aujourd’hui, la différence avec la Grèce est que les Portugais ne se révoltent pas encore : la rue ne s’est pas enflammée. Cela va-t-il durer ? Pour le moment les gens semblent accepter les mesures d’austérité imposées. Il est envisagé une baisse des pensions de vieillesse, une dégradation des salaires, des hausses d’impôt. Les Portugais constatent que, comme ailleurs, la classe politique ne participe nullement aux sacrifices communs.

À qui le prochain tour ? Il est bon de s’interroger. L’Espagne avait une dette publique de 36 % du PIB avant la crise de la dette ; le coefficient devrait passer à 84 % d’ici à 2013. L’Italie se situait à 105 % en 2009, et devrait passer à 126 % en 2013 ; pendant ce temps, les riches Italiens sont connus par les agents immobiliers à Londres pour leur capacité à acheter des biens de grand luxe !

Malgré la propagande, les experts reconnaissent que par leur austérité, les exigences implacables du FMI  empêchent une vraie croissance de s’installer. Ce FMI, sous la direction de DSK, a bâti une méthode d’intervention qui a eu des effets médiocres et parfois désastreux dans beaucoup de pays ayant fait appel à lui. Christine Lagarde a suivi sans barguigner les mauvaises pratiques de DSK !

 

La ruine

La ruine, à la fois pour les pays prétendument aidés et pour l’Europe, est au rendez-vous.

Dans le cas de la Grèce, l’argent est versé dans un trou sans fond. Pour le Portugal et demain pour d’autres, l’argent est déversé sans apporter aucune solution pratique. Pour les pays prêteurs, c’est la ruine par les impôts ou l’endettement nécessaires. Ces pays sont les membres de la CEE, en un premier cercle, et tous les membres du FMI dans un deuxième : c’est donc la terre entière. La dramatique panne de croissance de l’Europe y trouve une partie de ses explications.

Quant à la France, le Premier ministre, François Fillon, a dit il y a longtemps qu’elle était en faillite. Il faut, en outre, observer avec tristesse que, sauf chamailleries de détail, tous les programmes des candidats à l’élection présidentielle se ressemblent par l’organisation programmée de la ruine : impôts et taxes en folie, chasse aux riches, déluge de lois, bureaucraties foisonnantes, aucune mesure de véritables économies, tir sur les entreprises, etc.

Certains lecteurs de ces flashs regrettent qu’il n’est pas toujours proposé de solutions pratiques. En fait, chaque fois que possible, il en est indiqué. Ici, le chemin existe et est à portée de la main. Il faut renoncer totalement au tout-État, ce qui ouvrirait la voie de la richesse pour tous au lieu du partage de la pauvreté. À cette fin, il est absolument nécessaire de libérer les entreprises, seules créatrices de richesses. Les libérer implique de leur enlever le double boulet fiscal et règlementaire que les pouvoirs socialisants leur ont imposé depuis des décennies !

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  • La situation actuelle du Portugal est le résultat inévitable des gouvernements socialistes qui ont précédé l’actuelle majorité de centre-droite.

    Contrairement à ce qui dit Michel de Poncins, la classe politique participe aux sacrifices communs : l’actuel gouvernement réduit la voilure de l’Etat et impose des mesures identiques à celles de Mario Monti en Italie pour redresser les comptes publiques.

    L’actuelle politique du gouvernement portugais va dans le sens du dernier paragraphe du texte de Michel de Poncins :
     » … renoncer totalement au « tout-état », ce qui ouvrirait la voie de la richesse pour tous au lieu du partage de la pauvreté. A cette fin, il est absolument nécessaire de libérer les entreprises, seules créatrices de richesses. Les libérer implique de leur enlever le double boulet fiscal et règlementaire que les pouvoirs socialisants leur ont imposé depuis des décennies ! »

  • Le côté positif c’est que les fonctionnaires ont du renoncer à leurs primes et une partie de leur salaire, mais franchement pour le reste, il y a eu surtout des augmentations d’impôts et des mesurettes portant sur l’Etat-providence portugais.
    La peine de croissance portugaise n’est pas nouvelle mais les mesures du centre-droit n’aident en rien.

  • Heureux de vous voir ici M.de Ponçins !

    Je connais les Portugais : ils ont le sang parfois bouillant, malgré
    une extraordinaire gentillesse ; alors gare …

  • A labolisbiotifool

    Vous dites connaitre les Portugais et qu’ils ont le sang parfois bouillant, malgré
    une extraordinaire gentillesse .

    Bof, bof …

    Je suis portugais (en France depuis 20 ans, après 30 ans pesés au Portugal) et d’après mon expérience, dire que les portugais on le sang parfois bouillant est un cliché : certains l’on mais on ne peut pas généraliser. Je me souviens aussi d’américains qui me disaient que les français sont mal élevés et sales (je n’ai pas constaté que ce soit le cas).

    Le Portugal n’est pas un exemple à suivre en gestion des finances publiques (il l’a été dans les années 1930-60) mais dans l’histoire récente il n’a jamais eu l’agitation qu’il y a en Grèce. Le Portugal a subi certes une pagaille monstrueuse après la révolution d’avril 1974 avec une régression économique et un début de guerre civile et de soviétisation forcée, vite arrêtés grâce aux menaces de l’OTAN et de l’Espagne, mais en dehors de ces années noirs de 1974-75 le pays n’a jamais eu d’émeutes graves.

  • C’est quoi cet article?

    Depuis quand on tient responsable le FMI et la Troika de la panade quand en réalité ce sont les gouvernements grecs, portugais et autres qui ont organisé la grande fuite en avant?

    Depuis quand on critique les politiques d’austérité sur Contrepoints quand on sait que c’est la seule voie acceptable?

  • Il me semble que l’Euro peut justement avoir la vertu d’empêcher le socialisme: La rigueur, c’est la sortie du socialisme.
    Que ce soit douloureux, certes, mais si cela réduit l’État durablement et libère d’autant le secteur marchand, on connaîtra plus de croissance à l’avenir.

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