Que penser de la dernière affaire Vanneste ?

Christian Vanneste a déclenché une polémique suite à de nouveaux propos sur l’homosexualité. Quelque chose de choquant d’un point de vue libéral ?

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Que penser de la dernière affaire Vanneste ?

Publié le 17 février 2012
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Christian Vanneste a déclenché une polémique suite à de nouveaux propos sur l’homosexualité. Quelque chose de choquant d’un point de vue libéral ?

Par Nicolas Rannou.

Le député Christian Vanneste fait à nouveau l’affiche pour des propos sur l’homosexualité.

Si l’affaire a démarré en fanfare, il n’est pas à exclure qu’elle se dégonfle très rapidement. Les propos, qui sont quasiment exacts sur le fond et n’apparaissent pas avoir été prononcés à des fins polémiques, ont déclenché l’ire de l’UMP et de quantités de politiques. De fait on peut reprocher à Vanneste l’erreur politique, mais est-elle bien réelle ? Pour conclure, une petite leçon de tolérance n’apparait pas inutile mais sans doute pas dans le sens voulu par M. Copé et Mme Morano.

 

Des propos choquants ?

Il y a deux questions à se poser au sujet des propos polémiques de Vanneste :

  1. Ce qu’il dit est-il vrai ?
  2. Y avait-il une volonté polémique ?

Christian Vanneste a déclaré :
« C’est l’habitude de déformer systématiquement les chiffres. […] Il y a la fameuse légende de la déportation des homosexuels. Il faut être très clair là aussi. Manifestement Himmler avait un compte personnel à régler avec les homosexuels. En Allemagne il y a eu une répression des homosexuels et la déportation qui a conduit à peu près à 30 000 déportés, et il n’y en a pas eu ailleurs. Et notamment en dehors des trois départements annexés, il n’y a pas eu de déportation homosexuelle en France.
On peut même dire si on veut être méchant, et monsieur Buisson l’a été lorsqu’il a parlé de la sexualité sous l’occupation, on peut rappeler, que lorsqu’un certain nombre d’intellectuels français vont présenter leurs hommages à monsieur Goebbels, il y en a quand même la moitié qui sont homosexuels. […] Et notamment avec à leur tête le ministre de Pétain, M. Abel Bonnard dont tout le monde savait qu’il était homosexuel et que les résistants appelaient, d’une façon que l’on peut trouver drôle ou pas suivant les cas, la gestapette.

Donc voyez il faut relativiser tout ça. Ils ont un art consommé de déformer la réalité, de vous faire prendre leurs vessies pour les lanternes et donc d’acquérir une opinion favorable. Tout cela est faux et demande à être pensé avec beaucoup plus de réalisme, de respect des personnes bien sur, il ne s’agit pas de condamner des personnes. »

Pour connaître la réalité des déportations de personnes homosexuelles en France lors de la Deuxième Guerre mondiale en raison de leur homosexualité, on a cet article du journal Le Figaro ou un autre de L’Express.

On a également l’article de l’historien Mickaël Bertrand, posté sur son blog antérieurement à la polémique.

Il en ressort que depuis 2001, on estimait à 210 le nombre de Français déportés car homosexuels lors de la Seconde Guerre mondiale ; puis qu’en 2007 ce chiffre a été réduit à 62. Sur ces 62, la plupart sont arrêtés en territoire allemand, sachant que l’Alsace et la Moselle sont alors ré-annexés, ce à l’exception de 7 ou 8 d’entre eux. Le nombre de morts s’élève à 13 minimum.

Il semble qu’il reste des archives à dépouiller, pourtant le chiffre de 62 est donné sans cette réserve.

Sept ou huit déportés du territoire français pour homosexualité ce n’est pas rien, mais pour comparaison, en Allemagne, selon wikipédia, l’arrestation de 100 000 personnes pour homosexualité, dont de 10 000 à 15 000 sont déportées en camp de concentration où la mortalité de cette population aurait été de 60 %.

En un mot Vanneste a raison sur le fond. On passera sur le doublement du nombre d’homosexuels déportés en Allemagne.

Il faut maintenant s’attarder sur le problème de la volonté polémique. Vanneste a-t-il voulu faire un coup médiatique ?

Les propos ont été tenus dans une interview vidéo du site Liberté politique, qui est un site conservateur. L’entretien mis en ligne le 10 février 2012 a pour sujet la famille et sans surprise Vanneste s’exprime sur l’homosexualité. Ses propos s’inscrivent dans une argumentation critiquant, ironie remarquable, la sur-représentation des homosexuels dans les métiers de la communication et le biais de représentation de la réalité qu’il implique. Si les propos sont fermes et à contre-courant ils n’ont pas de visée polémique.

Reste le procès d’intention : à défaut de pouvoir réfuter Vanneste, ses adversaires lui reprochent ses intentions ou ses fréquentations comme cela s’est fait sur lemonde.fr. Si prisé comme témoignage d’esprit critique, en réalité l’argumentation du soupçon signale la faillite de l’argumentation rationnelle et le repli sur un registre dans lequel le débat n’est plus possible.

 

Une faute politique ?

Il semble bien que le buzz soit parti de l’UMP – et pas de Vanneste – avec au premier rang François Copé et Nadine Morano, qui ont en commun des bévues à faire oublier.

De là à penser que Vanneste sert de victime expiatoire, on peut l’imaginer mais on s’abstiendra de le tenir pour acquis. À gauche, on a aussi dénoncé Vanneste mais apparemment on est resté dans le registre du convenu.

À la décharge de l’UMP, il faut bien voir que nous sommes en campagne et il revient donc aux membres d’un parti d’éviter de prêter le flanc à la critique ou d’accroche à la caricature. En ce sens, on peut reprocher à Vanneste d’avoir commis une faute politique.

Reste qu’on peut objecter que, étant donné les difficultés de l’UMP, il est rationnel de parier sur sa défaite. Surtout, le désir de la droite de plaire à tout le monde est précisément ce qui l’a rendue impopulaire : en fait d’ouverture, la droite a paru molle et faible à son électorat sans séduire la gauche. Vouloir exclure un député pour des propos choquants superficiellement, sur-réagir à la polémique, voilà une attitude qui se place bien dans la trame défaitiste de la droite.

On peut aussi reprocher à Vanneste que cette citation serait la goutte d’eau qui fait déborder le vase et effectivement, même si les citations polémiques s’étalent ponctuellement sur plusieurs années. On peut craindre que le conflit avec les associations homosexuelles ne fasse virer le député à l’aigreur ce qui serait dommage de la part de ce professeur de philosophie, un des rares hommes politiques à montrer une véritable indépendance d’esprit, contre le courant et le parti. On lui reproche un défaut de tolérance ? Un rappel sur ce qu’est la tolérance s’impose.

 

Rappel sur la tolérance

D’abord qu’est-ce que la tolérance ? On dirait bien que la tolérance a disparu du débat ou plutôt qu’elle a été vidée de son contenu.

La tolérance c’est vivre avec l’autre tel qu’il est, quoiqu’on désapprouve ce qu’il pense, ce qu’il croit, ou ce qu’il fait. Il est curieux d’avoir à rappeler que la tolérance n’a de sens qu’envers ce qu’on désapprouve.

Si une personne désapprouve l’homosexualité, elle peut être tolérante ou non, si elle approuve l’homosexualité, elle n’est ni tolérante, ni intolérante : sa tolérance n’a pas d’objet.

Ensuite la tolérance, ce n’est pas seulement dire « non à l’homophobie », qui évoque un peu le fameux « pas de liberté pour les ennemis de la liberté », la tolérance c’est tout à la fois admettre que des personnes désapprouvent l’homosexualité et admettre que des personnes soient homosexuelles.

Lorsque Christian Vanneste critique l’homosexualité en prenant garde d’ajouter qu’il ne vise pas les personnes, il n’est pas intolérant. Lorsqu’une association d’homosexuels de l’UMP (Gaylib) demande son exclusion pour avoir dit ce qu’il pense, argumentant sa pensée, il y a intolérance. C’est pour cela que, dans cette affaire, il faut soutenir Vanneste : parce qu’on ne punit pas la vérité et parce que la tolérance ne consiste pas à interdire ceux qui pensent autrement.

La véritable tolérance doit s’exprimer contre l’hubris de notre propre raison, accepter de vivre avec des idées que notre raison rejette, accepter la division entre ce que nous pensons et ce que nous faisons, critiquer les idées mais non les personnes. La fausse tolérance c’est celle qui refuse le pouvoir de critiquer, de juger et qui impose d’accepter toutes les idées.

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  • Sur la première affaire Vanneste, on peut recomander la lecture des passages que Philippe Nemo y consacre dans « La Régression Intellectuelle de la France ».

  • très bel article, merci.

  • Je crois que ces propos seraient passés inaperçus s’ils n’avaient pas été prononcés par quelqu’un qui prétend régenter la vie des autres en dictant qui a le droit d’élever des enfants et de signer un contrat de mariage.

    « Il faut le dire : il y a trop de grands hommes dans le monde ; il y a trop de législateurs, organisateurs, instituteurs de sociétés, conducteurs de peuples, pères des nations, etc. Trop de gens se placent au dessus de l’humanité pour la régenter, trop de gens font métier de s’occuper d’elle. » Bastiat.

  • mauvais article. Conclure que vaneste n’est pas intolérant… c tous à fait bidon!

  • « Sept ou huit déportés du territoire français pour homosexualité ce n’est pas rien, mais […] En un mot Vanneste a raison sur le fond. »
    « On passera sur le doublement du nombre d’homosexuels déportés en Allemagne. » ‘
    Pourquoi ? Vanneste a tort, parce que 7 ou 8 c’est sans doute infiniment moins de déportés homosexuels qu’en Allemagne (dont Vanneste minimise aussi le nombre, à défaut de pouvoir le nier, celui-là), mais je doute que quiconque aurait apprécié d’en être.

    Ce qu’il a dit n’est certes pas un crime ou du moins, ne devrait pas l’être. Le délit de pensée incorrecte permet justement à ce genre d’individus de raconter des âneries, pour mieux se faire victimes de la censure, de la « bien-pensance » ou autres délires paranos de médias vendus à certains lobbies.

    Mais ce ne sont certainement pas des propos anodins non plus, et c’est un peu vite jeter le bébé avec l’eau du bain de prétendre que ce député n’a pas exprimé son opinion ainsi, publiquement, sans chercher à créer la polémique… il n’en est tout de même pas à son coup d’essai.

    C’est aussi bien vite lui prêter de la tolérance, sur une simple déclaration précautionneuse selon laquelle il ne viserait personne.
    Ben voyons.
    Ce n’est pas comme si l’homosexualité n’existait qu’en tant que caractéristique d’un individu, après tout… c’est une donnée ésotérique, la critiquer ne vise à critiquer personne. C’est un peu comme si un raciste venait critiquer l’infériorité d’une couleur de peau par rapport à une autre, toujours sans viser personne évidemment.
    Ce n’est pas comme si la couleur de peau n’était qu’une caractéristique individuelle, après tout.

    Je suppose aussi que lorsqu’il évoque ceux (qui ?) qui « ont un art consommé de déformer la réalité, de vous faire prendre leurs vessies pour les lanternes et donc d’acquérir une opinion favorable », il ne vise toujours personne. Après tout, il l’assure dans la phrase suivante, hein.

    Plus sérieusement, ce n’est pas Vanneste qu’il faut soutenir, à moins d’être sincèrement d’accord avec lui. Ce qui n’a rien à voir avec le libéralisme, mais bien plutôt avec la morale individuelle, les croyances et préjugés, les convictions intimes, etc.

    C’est uniquement sa liberté d’expression que les libéraux devraient défendre, à défaut de partager ses convictions. Pas lui.

    • Avant de condamner quelqu’un pour ses opinions, encore faut-il en prendre connaissance attentivement cher Tyron. Cela me semble le minimum. Une forme d’hygiène mentale même.

      Vanneste ne dit pas qu’il n’y a pas eu d’homosexuels déportés, il dit qu’il n’y a pas eu de déportation homosexuelle sur le territoire français. Et, en cela, il ne fait que répéter les conclusions des derniers travaux d’historiens sur le sujet.

      • En cela il a tort, puisque les dernières conclusions soutiennent précisément le contraire.

        Ce n’est pas parce qu’il y aurait « seulement » eu 7 déportés pour motif d’homosexualité en zone occupée qu’il n’y a pas eu de déportation du tout !

        • Malencontreusement, ces dernières conclusions disent très exactement l’inverse de ce que vous soutenez.

          Je ne veux même pas parler du fait que sur vos sept déportés, la plupart ne l’ont pas été sous le seul motif d’homosexualité, et même aucun d’entre eux puisque l’homosexualité a été un (parmi d’autres le plus souvent) motif d’arrestation, non de déportation.

          Je veux parler de la nuance entre « homosexuels déportés » ou « déportés homosexuels » et le terme de « déportation homosexuelle ». Nuance que vous ne saisissez peut-être pas mais qui explique par ailleurs les propos de Klarsfeld.

          Après, bien entendu, on peut se foutre des mots et de ce qu’ils signifient ou recouvrent.

    • « Plus sérieusement, ce n’est pas Vanneste qu’il faut soutenir, à moins d’être sincèrement d’accord avec lui. »

      On n’a pas à « être d’accord » avec l’histoire.

      Vanneste est peut être un sale homophobe, je n’en sais strictement rien mais si il l’est il suffit de l’attaquer sur ses propos homophobes. En l’occurrence il ne fait que relater la vérité historique et oui, très certainement il faut défendre cela jusqu’au bout surtout en ce moment.

      En France on ne peut plus rien dire sans que les « heures sombres » ou autre chantage ne viennent polluer le débat. La presse est classé 44eme par RSF et tout les dossiers et débats importants sont relégués dans le néant au motif des divers chantages mémoriel ou communautaristes.

      « ce n’est pas Vanneste qu’il faut soutenir »

      Qui alors ? Les communautés qui dès qu’on ose toucher à leurs engrammes et leurs mythes historiques usent de terrorisme intellectuel pour faire taire les gens ?

      C’est surtout la liberté qui est en danger dans ce pays.

      • L’historien des temps futurs pourra s’amuser à faire un recensement exhaustif des « dérapages » divers qui ont enflés en polémiques burlesques ces 10 dernières années: affaire Renaud Camus, Guéant, Vanneste, Lacheté (Villepin), Zemmour en veux en voilà. Même Laurent Blanc. Ce qui me frappe, c’est que la fréquence de « débats » insignifiants a littéralement explosé, on est presque arrivé à un rythme mensuel voire hebdmadaire.

        Jetez un coup d’oeil là dessus Ilmryn vous allez rire : http://blogs.lesinrocks.com/billetdur/2011/03/14/cher-eric-zemmour/

      • Mais je suis bien d’accord avec vous : on n’a pas à « être d’accord » avec l’histoire.

        C’est bien ce que n’a pas l’air d’avoir compris celui qui la nie, en l’occurrence monsieur Vanneste.

    • Si vous vous sentez de contester le travaux des historiens cités plus haut Xavier, libre à vous. Ce n’est pas à moi qu’il vous faudrait poser ces questions.

      En revanche, je vois mal en quoi consiste cet « amalgame entretenu par l’imaginaire de la militance communautaire homosexuelle » ?

      Les militants communautaires homosexuels n’ont jamais « imaginé » la déportation pour homosexualité et le seul « amalgame » dont ils se seraient rendus coupables, c’est de n’avoir pas distingué les déportés homosexuels selon leur nationalité.

      La vérité historique, c’est que des homosexuels ont effectivement été déportés en raison de leur orientation sexuelle, nulle « légende » ou manipulation là-dedans !

      Ce que M. Vanneste reconnaît lui-même d’ailleurs, sans s’empêcher de le minimiser.

      • « Ce que M. Vanneste reconnaît lui-même d’ailleurs, sans s’empêcher de le minimiser. »

        Voilà. Pas de négation, pas de crime, faux procès.

      • Peut-être que si vous aviez lu ces travaux d’historiens, vous sauriez de quoi Xavier parle.

        Avant les travaux du début des années 2000, la communauté homosexuelle militante chiffrait à « plusieurs milliers d’individus » le nombre de déportés pour motif d’homosexualité.

        Et, il y a quelques années, un téléfilm français, inspiré par le militantisme homosexuel, a cependant tranquillement continué à faire l’amalgame entre la situation allemande et la situation française.

        Aujourd’hui encore il y a considérablement plus de gerbes déposées pour les déportés homosexuels français chaque année qu’il n’y a eu d’homosexuels déportés depuis la France pendant l’occupation.

        Dire dans ces conditions qu’il n’y a pas eu une légende homosexuelle sur ce sujet est au mieux de l’aveuglement, au pire de la mauvaise foi.

        D’où la conclusion de Michaël Bertrand, qui a travaillé comme historien sur ces questions, « Dans le cadre français, le travail historique s’ouvre ainsi sur deux chantiers : celui de la réalité de la déportation et celui de l’histoire de l’investissement mémoriel sur le sujet de la déportation par le mouvement gay. »

        • Et peut-être que si vous connaissiez mieux la « communauté homosexuelle militante » bidou_ilys, vous sauriez que distinguer la nationalité des déportés homosexuels lui importe beaucoup moins qu’à M. Vanneste.

          Des milliers d’individus ont effectivement été déportés pour homosexualité. La plupart des mouvements militants qui l’ont évoqué (et l’évoquent encore) l’ont fait sans autre distinction entre ces déportés que leur orientation sexuelle. Ils n’étaient pas en tort et c’est leur faire un procès d’intentions que de les accuser de tromperie.

          Concernant le téléfilm que vous évoquez d’ailleurs (« Un amour à taire »), ce milieu militant s’est lui-même prêté à la polémique, même à l’époque. Je vous invite à prendre connaissance d’un article à ce sujet : http://www.gayvox.fr/gay/index.php?gays=5&lesbienne=8&rencontre=2576

          Si vous aviez vous-même lu ces historiens, vous y auriez vu leurs objections au chiffrage exact de la déportation homosexuelle, même en se limitant au seul territoire français. Il reste encore plusieurs milliers de dossiers de déportés à étudier et que comme je l’ai déjà indiqué à Xavier, le cas des déportés pour des motifs multiples sont difficiles à démêler et que personne ne peut prétendre lancer de vérités aussi péremptoires que celles de M. Vanneste à ce sujet.

        • @ Tyron

          Lorsque je parlais de plusieurs milliers d’individus, je parlais bien de français déportés depuis la France occupée et de français déportés pour le motif de leur homosexualité. C’est cette histoire là que les associations militantes homosexuelles sur ce sujet ont voulu accréditer pendant longtemps.

          Contrairement à vous je sais lire et le problème du chiffrage, comme je l’ai déjà écrit ici un peu plus haut (ah… misère, à quoi cela sert-il…), n’est que secondaire. Qu’on passe de sept à dix-sept, cela ne change rien au fait même qu’il n’y a pas eu de « déportation homosexuelle » comme il y a eu une « déportation juive » par exemple, mais simplement des homosexuels déportés et, parfois, sans doute, que leur homosexualité a joué là-dedans. Comme des tas d’autres facteurs ont également pu jouer à l’époque. On oublie un peu opportunément que des gens qui n’étaient ni juifs, ni résistants, ni homosexuels, ni quoique ce soit, se sont retrouvés déportés parfois par la simple magie qu’ils n’avaient pas vraiment des amis dans la collaboration.

          Les juifs ont été ciblés. Les homosexuels, non. Ce n’est pas une injure que de dire cela, c’est la stricte réalité. Il n’y a pas eu de « déportation homosexuelle », il y a eu des homosexuels déportés et pour certains le fait d’être homosexuel a probablement joué. Dire qu’il n’y a pas eu de « déportation homosexuelle » comme le fait Vanneste est à l’heure actuelle une banalité.

          Concernant votre lien et le téléfilm, que tous les homosexuels, même militants, n’aient pas trouvé cela formidable, la belle affaire. Les homosexuels ne sont pas des clones que je sache. Ce qui est intéressant n’est pas là. Ce téléfilm démontre qu’il y a la tentative de construction d’une légende de la part de certains homosexuels militants. Avec, d’ailleurs, une certaine réussite puisque vous pouvez interroger autour de vous, beaucoup sont absolument persuadés que des milliers d’homosexuels ont été déporté de la France occupée avec une petite étoile rose, qu’ils ont été persécutés et pourchassés sur le territoire français. D’où la réaction incroyable aux propos de Vanneste d’ailleurs. Certains milieux homosexuels militants ont, habilement il faut le reconnaitre, accrédité cette idée depuis les années 70.

          Il y a la construction d’une légende.

          La question étant de savoir à quelles fins ? Vanneste apporte plus ou moins une réponse à cette question. Il est aujourd’hui, en partie à cause de gens comme vous qui ne reconnaissent pas cette construction légendaire, le seul à apporter des réponses (et peut-être demain les historiens comme l’espère M. Bertrand à la fin de « son » ouvrage collectif).

      • 1) Ce qui est « spécieux », c’est de prétendre que ces 7 déportés ne l’ont pas été en raison de leur homosexualité, alors même qu’ils ont effectivement été arrêtés en zone occupée pour ce motif.

        2) Il est tout aussi « spécieux » d’exclure du même coup de ce macabre décompte tous ces autres déportés qui l’ont été pour de multiples motifs, incluant leur homosexualité (réelle ou présumée).
        Ce n’est pas parce qu’un homosexuel portait un triangle rouge qu’il était uniquement déporté pour ses convictions politiques.

        3) Prétendre que M. Vanneste aurait tenu ces propos en justicier soucieux de véracité historique est une blague.
        C’est faire complètement l’impasse sur son passé de politicien abonné aux sorties douteuses sur l’homosexualité (mention spéciale au « péril nataliste », Himmler n’avait pas fait mieux) conciliant psychiatrie-maison, préjugés, convictions religieuses et désormais, histoire revisitée.

        4) Ce n’est pas parce que j’estime que son discours est spécieux comme vous dites, que je voue M. Vanneste aux gémonies d’un procès. Ses propos sont à mon sens d’autant plus détestables qu’ils sont les instruments d’une politique que j’exècre, mais il a évidemment le droit de les tenir.
        Ce qui est fallacieux, c’est de sous-entendre que du fait même d’être en désaccord avec M. Vanneste, on souhaiterait forcément le faire taire.

  • L’auteur a raison de rappeler l’histoire. Reste qu’ensuite Vanneste nous gratifie d’une belle explication essentialiste sur la nature de l’homosexualité dont le fondement serait le « narcissisme »… Mais les associations gays sont au moins aussi grotesques que Vanneste en l’occurence. Regardez la dernière prestation de Lestrade chez Taddéi, il est complètement ravagé

  • Défenseur d’une totale liberté d’expression, je comprends tout à fait ce qui arrive à Christian Vanneste, pour qui j’ai pourtant de l’estime. Il a fait de ce thème de bataille à contre-courant d’une très large partie de l’opinion une obession inquiétante. A croire qu’il est lui-même homo refoulé. A moins d’avoir un réel problème personnel avec l’homosexualité, on ne revient pas sur la question régulièrement pour faire du buzz très sulfureux. Vanneste, si.

    Cet épisode dérisoire, mais profondément sensible pour la minorité visée, vient s’ajouter à une série de remarques profondément stupides qui ne pouvaient qu’aboutir à son éviction du parti. Même le FN le tacle, alors qu’il aurait pu être un bon client un jour. Bref, c’est au mieux de la connerie de sa part quand on fait carrière en politique, au pire une pathologie.

    Quand il déclare que « l’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité », « un apartheid entre les sexes », que « les couples homosexuels (…) ne sont pas forcément ceux qui boivent le moins et ceux qui consomment le moins de drogues », que « l’opposition outrancière entre pédophilie et homosexualité n’est pas fondée en raison des tendances éphébophiles assez fréquentes dans l’histoire qui ignorent la frontière juridique de l’âge », et qu’« on peut on peut parfaitement l’inhiber ou le rééduquer, on s’expose à finir ailleurs que dans un parti de gouvernement.

    • « A croire qu’il est lui-même homo refoulé ».

      Très bonne psychanalyse de comptoir.

      J’ai toutefois du mal à me convaincre que les libéraux ont eu le président qu’ils méritaient…

    • Sur la soi-disant opposition entre homosexualité et pédophilie je vous renvoie à une certaine feuille de chou militante datée des années 70 intitulée « Tout » où l’on proclamait le droit des homos à se taper des gamins de 15 ans. « Journal » ayant reçu la caution intellectuelle et morale de Jean Sol Partre.
      Avoir un regard critique sur l’homosexualité ne signifie pas que l’on soit homophobe. C’est une position morale tout à fait légitime qui à mon sens est bien plus respectable que la promotion de l’homosexualité faite dans les lycées par l’assoce SOS Homophobie, avec la complicité de l’EdNat, via ce document : http://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/guide_gay_de_la_drague.pdf?q=documents/guide_gay_de_la_drague.pdf
      Que les homosexuels puissent protéger et transmettre leur patrimoine est une chose naturelle et le pacs est fait pour cela et on doit en rester là.

  • Très bon article, merci.

  • « Contrepoints, le nivellement par le haut » indeed.

    Le jour où on ignorera les trolls de la politique, la démocratie ne s’en porteras que mieux.

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