Amazon a fait réapparaître la librairie indépendante

Amazon est réputé être un rouleau compresseur. Les petits commerçants ne peuvent pas faire le poids face à Amazon. Pourtant, dans le secteur du livre, on constate aux USA une augmentation du nombre de libraires indépendants.

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Amazon a fait réapparaître la librairie indépendante

Publié le 13 septembre 2018
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Par Vladimir Vodarevski.

Vous voulez organiser l’anniversaire de votre petit dernier : pourquoi ne pas le faire dans une librairie pour enfants ? Certaines organisent des après-midis de jeux pour les bambins.

Vous aimez la Japan Expo ? C’est plus amusant d’y aller en groupe, avec des habitués de votre librairie favorite. Les librairies organisent de plus en plus souvent des événements. Une manière de résister à la déferlante Amazon ? Oui, selon le professeur Ryan Raffaelli, de la Harvard Business School, qui a étudié le phénomène de la résurgence des libraires indépendants aux USA.

 

Disparition en masse de librairies

Aux USA, les librairies indépendantes ont connu une hécatombe. Ainsi, entre 1995 et 2000, leur nombre s’est effondré de 43 %, selon l’American Booksellers Association. La faute à Amazon mais aussi au développement des chaînes comme Borders et Barnes & Nobles.

Mais aujourd’hui, même les chaînes sont en difficulté. Le groupe Borders qui vendait des livres, des CD, des DVD, a fermé en 2011. La chaîne concurrente, Barnes & Noble est au bord de la faillite. Au premier trimestre fiscal 2018, qui clôture en juillet, elle affiche une perte de 17 millions de dollars, et une baisse des ventes de 6,9 %.

Mais un autre mouvement apparaît désormais, qui peut paraître surprenant.

 

La résurgence des libraires indépendants

En effet, depuis quelque temps Amazon semble avoir un effet étonnant sur le monde de la librairie : selon l’American Booksellers Association, entre 2009 et 2015, le nombre de libraires indépendants a augmenté de 35 %, passant de 1651 librairies à 2227.

Comment cette augmentation a-t-elle pu se produire ? L’ogre Amazon n’est-il pas censé détruire le commerce de détail, qui plus est le petit commerce indépendant ? D’autant plus lorsqu’une grande chaîne a disparu, et qu’une autre est en difficulté ?

 

Être proche des clients du quartier

Ryan Raffelli, professeur assistant à la Harvard Business School, a analysé ce regain des libraires indépendants. Il l’explique par trois éléments :

La proximité (ou community)

Elle désigne les liens solides que les libraires tissent avec leur communauté locale. En France, on évoque plutôt le fait de favoriser le commerce de proximité, de quartier. Les libraires indépendants y parviennent en popularisant en même temps l’idée de faire ses achats dans son quartier.

La sélection (ou curation

Ce peut être sélectionner et organiser des données par exemple. L’idée est de fournir une autre expérience que celle des livres dont tout le monde parle. Les libraires sélectionnent des ouvrages qu’ils font découvrir à leur clientèle. Ils utilisent pour cela la connaissance qu’ils ont de cette dernière.

L’événementiel (ou convening

Raffaelli explique que les libraires indépendants rassemblent régulièrement les clients ayant des centres d’intérêts communs autour d’événements, comme des dédicaces de livres, des conférences, des jeux nocturnes, et même des anniversaires.

 

France : les chaînes culturelles en difficulté…

Et en France, quel est l’effet Amazon sur les libraires ?

On remarque les difficultés des grandes chaînes culturelles. Les Virgin ont ainsi disparu. La chaîne Chapitre.com également alors qu’elle était à peine lancée.

Quiconque va à la Fnac peut constater une transformation du modèle. La place accordée au livre a diminué. En remplacement on y trouve des jeux, des jouets. Les magasins ont développé leur offre de produits high tech ou innovants en dehors de l’informatique, du son et de l’image. Fruits du rachat de Darty, des corners de ce dernier apparaissent dans les Fnac.

Quant à la chaîne Cultura, l’espace livre n’y est pas non plus très important. On y trouve également beaucoup de jeux, de loisirs créatifs et même un espace atelier. Et aussi des platines vinyle.

Sous la pression d’internet, les grandes chaînes culturelles diversifient leur offre pour moins dépendre du livre, mais aussi de la musique, concurrencée par internet. Même si dans ce cas il ne s’agit pas d’Amazon.

Cependant, le tableau n’est pas si noir.

 

… mais leur part de marché augmente

Selon les chiffres du ministère de la Culture, la part de marché des grandes surfaces spécialisées dans les ventes de livres a augmenté depuis 2009. Elle était de 21,6 % au cours de la saison 2008-2009, de 25,5 % au cours de la saison 2016-2017.

Selon le syndicat national de l’édition, cette augmentation résulterait de l’augmentation du parc de magasins, notamment à proximité des centres-villes. Ces grandes surfaces bénéficieraient aussi de leur stratégie multi-canal. Notamment du click and collect, qui consiste à commander sur internet et retirer le livre en magasin.

La diminution de la place du livre dans certaines de ces grandes surfaces culturelles est compensée par l’augmentation du nombre de magasins, et leur présence sur internet.

Selon le site data.gouv.fr., est considérée comme une grande surface spécialisée dans le livre une grande surface non alimentaire. Ceci exclut les hypermarchés et les supermarchés ayant un rayon livres important. Le secteur est disparate. Il comprend des libraires historiques qui se sont développés, comme Le Furet du Nord, et des magasins spécialistes dans d’autres domaines, comme la Fnac, avec l’informatique, le son et l’image, et aujourd’hui d’autres produits high tech, ou produits blancs (machines à laver, gazinières), via ses corners Darty.

 

Les librairies résistent

La part de marché des librairies est passée de 24,5 % en 2008-2009, à 22 % en 2016-2017, avec un changement statistique : les kiosques, comme ceux des gares, sont inclus parmi les librairies en 2016-2017, ce qui n’était pas le cas en 2008-2009, ce qui peut se justifier sans doute par le développement du rayon livres des kiosquiers.

Globalement, un mouvement semblable aux USA s’est produit dans les années 1990, avec la montée en puissance des grandes surfaces spécialisées et alimentaires ; puis l’arrivée d’internet fin 1990, début 2000.

Durant cette période 1990-2007, des canaux de ventes ont perdu des parts de marché, ou complètement disparu. En 1994, les Maisons de la presse, librairies-papeteries représentaient une part de marché de 10 %. Elles sont passées à 6,4 % en 2007. Le courtage (vente d’encyclopédies par exemple) a disparu, passant de 11,7 % du marché en 1994, à 0,4 % en 2007. La VPC et les clubs ont aussi baissé, passant de 22,2 % à 16,3 %.

Depuis la fin des années 2000, contrairement aux USA, la France ne connaît pas de résurgence des librairies indépendantes. Il est bien entendu difficile de faire des comparaisons, les marchés étant différents ; de plus nous raisonnons en termes de parts de marché et non en nombre de magasins.

Globalement, le mouvement entamé dans les années 1990 continue. La VPC perd des clients. Les librairies résistent mais voient leur part de marché diminuer. Selon le Syndicat National de l’Édition, les librairies souffrent de la concurrence des vendeurs en ligne, dont l’offre de services ne cesse de s’agrandir (délais de livraison raccourcis, etc.).

Ventilation des ventes par circuit

1994 2004 2008-2009 2016-2017
Librairies tous réseaux
Dont grandes librairies et librairies spécialisées
Maison de la presse, librairies-papeteries
32,2 %
21,5 %
10%
26,9 %
19,1 %
7,2 %
24,5 %
17,4 %
6,7 %
22 %
18,5 %
3,5 %
Grandes surfaces culturelles spécialisées 11,3 % 21,8 % 21,6 % 25,5 %
Grandes surfaces non spécialisées 13,7 % 20,1 % 19,9 % 19 %
Courtage 11,7 % 0,2 % 0,2 %

Ventes par internet / 4,6 % 9,6 % 20 %
VPC et clubs (hors internet) 22,2 % 18 % 15,6 % 9,5 %
Autres (Comités d’entreprises) 5 % 6,5 % 6,9 % 4 %

 

Pour 2008-2009, les kiosques, gares et aéroports sont inclus dans la catégorie « autres », pour 2016-2017 ils sont inclus dans les librairies, dans le sous-groupe comportant les maisons de la presse.

Par ailleurs, le sous-groupe grandes librairies et librairies spécialisées comprend les librairies de grands magasins en 2016-2017, et le courtage est inclus dans le groupe VPC. Pour 1994 et 2004, données extraites du rapport d’Hervé Gaymard sur la Situation du livre, 2009, annexe 5, note statistique. Les chiffres pour 2008-2009 et 2016-2017 proviennent des Chiffres-clés du secteur du livre, publiés par le Ministère de la Culture.

 

Les librairies indépendantes en France

Et les librairies indépendantes ? Dans une interview donnée en 2017 au quotidien Les Échos, Matthieu de Montchalin, président du Syndicat des Libraires, déclare :

« Il n’y a pas de surmortalité [des librairies indépendantes]. Certaines ferment, d’autres ouvrent. Quelques dizaines changent de mains chaque année. Il existe 3000 librairies indépendantes et 500 établissements de presse, papeterie et livres. Ce chiffre est stable depuis quinze ans. Alors qu’à côté, des chaînes ferment, comme Virgin ou Chapitre. »

Il ne semble donc pas y avoir de surmortalité des librairies indépendantes. Même si constamment des établissements ferment, ces fermetures sont compensées par de nouvelles ouvertures. La situation financière d’une librairie indépendante n’est pas facile. Matthieu de Montchalin souligne que la rentabilité est faible, à environ 0,3 % :

« La rentabilité est faible, à environ 0,3 %. Une librairie lambda atteint son point mort financier chaque 27 décembre, à 17 heures ! »

Mais cela ne semble pas lié à Amazon.

Face à internet, il souligne que les librairies indépendantes permettent la réservation en ligne. Il évoque aussi les événements :

« Les libraires organisent des rencontres, participent à des festivals, des salons… L’événementiel, on en fait depuis toujours. Il se passe toujours quelque chose dans une librairie, comme la première Nuit de la Lecture organisée par le ministère de la Culture, le 14 janvier. »

Ce dernier point semble rapprocher les librairies indépendantes de l’évolution de leurs consœurs des USA.

 

Les mêmes principes qu’Amazon

Les librairies indépendantes résistent en France (excepté peut-être les Maisons de la presse), et ont subi une hécatombe moins grande qu’aux USA où l’on peut y constater en revanche une certaine résurgence. Aux USA, les grandes surfaces spécialisées souffrent ; en France, certaines ont fermé, mais leur part de marché augmente.

Amazon n’a donc pas tué les petits commerces de livres. Aux USA, il fait souffrir les grands acteurs, permettant à de plus petits de se faire une place. Ces petits acteurs appliquent finalement les mêmes principes commerciaux qu’Amazon. Il faut attirer le client et le fidéliser, en utilisant la connaissance que l’on a de lui. Les libraires indépendants utilisent les mêmes principes avec d’autres méthodes.

Sur le web

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  • Il n’y a aucun rapport entre le titre de l’article et son contenu. Et si Amazon n’a pas tué les libraires en France comme aux usa, c’est que les prix sont fixes.

    • Par contre aux USA où les prix ne sont pas définis par la loi Amazon n’a pas non plus tué les libraires indépendants, apparemment. Donc votre conclusion est douteuse…
      Je mettrais ça en parallèle avec le marché de la bière (dont les prix ne sont pas fixes). On a assisté dans la 2e moitié du XXe siècle à une concentration énorme du secteur chez quelques gros acteurs (Anheuser-Busch, Carlsberg, Heineken…), qui n’empêche pas aujourd’hui l’émergence de centaines de micro-brasseries locales.

      • Le titre : « Amazon a fait réapparaître la librairie indépendante ». L’article dit que c’est le besoin de proximité avec le libraire qui a fait revenir (un peu) les libraires indépendants aux USA, après l’hécatombe des années 90 2000. Hécatombe qui n’a pas eu lieu en France.
        Amazon n’a rien à voir là dedans.
        Ce qui me fait pensé que la personne qui rédige le titre n’a pas lu l’article.

        • Je ne vois pas les choses comme vous.
          Les petites librairies ont commencé à avoir du plomb dans l’aile avec l’arrivée des gros centres de distribution (FNAC, Virgin, Borders, Barnes & Noble…etc) car elles proposaient presque le même service avec moins de choix et des prix plus élevés. En effet, dans ces gros centres certains vendeurs responsables de rayon offrait un service de conseils clientèle assez proche de ce qui se faisait dans les librairies classiques, les prix plus bas et le choix en plus.
          Puis Amazon est arrivé en proposant des prix plus bas avec encore plus de choix que ces gros centres de distribution de livres, et avec une rapidité de livraison qui enlevait bcp du gain supposé à se déplacer pour avoir son livre tout de suite. Amazon a eu la peau de ces gros centres de ventes ce qui a laissé la place à des librairies indépendantes se positionnant sur des offres des services plus personnalisés avec un relationnel libraire/client plus développé ce qu’Amazon aura du mal à concurrencer (en supposant même qu’il le souhaite).

          • Vous ne devez pas acheté beaucoup de livres et n’avez pas non plus lit l’article.
            Les prix des livres sont les mêmes partout c’est comme les cigarettes, et c’est pour ça que les librairies Française n’ont pas connu le même sort que les américaines à l’arrivé du 2.0.
            Le relationnel et la proximité sont des valeurs ajoutées importantes, sur la culture encore davantage que sur l’agriculture. Mais ça c’est pas non plus un scoop.

            • « Les prix des livres sont les mêmes partout  »
              Dans le monde rêvé de la socialie peut-être.
              Certains prix sont fixés mais pas tous. Expliquez-moi pourquoi sur Amazon, pour de nombreux livres même neufs, il peut y avoir plusieurs propositions à des prix différents (même en tenant compte des frais de transport)? Amazon gère ses propres stocks mais utilise également les ressources de librairies indépendantes avec lesquelles il est en relation. Et d’une librairie à l’autre, il y a des différences.
              Ex: – « La flûte traversière Vol1 (partitions) » : de 25?16E à 31.4E sur Amazon et 28.26E à la Flûte de Pan (librairie musicale indépendante).
              – Discours sur la servitude volontaire (format poche) pour Terminales: 5.9 E à la librairie du coin, de 3.8E à 17E sur Amazon.

              Par ailleurs. si les prix fixes pour certains livres ont été créés pour « sauver » les petites librairies, ils permettent surtout aux grands distributeurs comme Amazon de se faire de plus grosses marges sur certains produits (leurs charges fixes étant plus faibles), le tout aux dépens de l’acheteur comme toujours.

    • Le prix est loin d’être le seul déterminant dans l’achat d’un livre. Personnellement, j’achète un livre parce que je présume que j’aurai plaisir à le lire, et si je dois payer le double pour que ce soit une quasi-certitude, grâce au travail du libraire qui m’en dira bien plus que la 4e de couverture ou le parcours de quelques pages au hasard, je n’hésite pas une seconde. Et, surprise, les gens que je connais sont comme moi !

  • Bonjour
    J’ai tjs bcp lu, mais des livres empruntés aux bibliothèques municipales et autres BU. Depuis qq temps je me fournit dans des boites à livres où je trouve en général mon bonheur, mais il faut faire confiance au hasard.
    Ces boîtes à livres montre qu’une coopération non contrainte peut fonctionner, que la liberté n’est pas qu’être pro-business (le pognon).

  • N’est ce pas aussi parce que Amazon ou Fnac par exemple utilise le réseau des indépendants pour étoffer leur offre, notamment avec l’occasion.

  • Cette situation ne me surprend guère. Il y a deux endroits où j’achète mes livres : sur Amazon et dans la librairie independante de ma ville. En flanant dans ses rayons j’y trouve parfois des pepites (assorties des commentaires du libraire) qui échappent à la fois aux médias mainstream et à tous ceux qui vendent un livre entre deux aspirateurs…

  • De mon coté, les derniers bouquins achetés l’ont été sur Kindle.
    A mon avis, la résurgence des petits libraires est davantage liée à un effet de mode bobo, un peu comme les platines disques.

    Si on a parlé de l’ogre amazon, ce qu’il est, en attaquant tous les domaines de la vente, personne n’a prétendu en revanche que cela se passerai de manière totalement linéaire.

  • Savoureux instant que celui où un internaute reproche aux autres de ne pas lire assez de livres, en faisant une ignoble faute de français tous les deux mots. L’hôpital se moque de la charité. L’analphabète se moque des lettrés.

  • Les commentaires sont fermés.

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