La fin de la Liberté en Occident ?

Comment trois événements, en apparence sans grand rapport les uns avec les autres, marquent dans les faits la fin de l’idée de la Liberté héritée du XVIIIe.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Patriot act by Dirk Gently(CC BY-NC-ND 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La fin de la Liberté en Occident ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 13 mai 2018
- A +

Par Martin Giraud.

L’Occident moderne, c’est une idée simple, formalisée au XVIIIe siècle, mais dont les prémices sont bien plus anciennes (droit romain, christianisme, Habeas Corpus…) : celle qu’il existe des droits individuels fondamentaux antérieurs et supérieurs à toute institution humaine.

Si l’on reprend la Déclaration de 1789, ils sont formulés précisément en ces termes : « la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression ». Si l’on prend la Déclaration d’indépendance américaine, on trouve : « la vie, la liberté et la recherche du bonheur ».

Peu importe la formulation, l’essentiel est cette idée, nouvelle, que la liberté individuelle et ses corollaires (propriété de soi et des choses acquises légitimement, absence d’oppression…) sont une valeur supérieure devant guider le reste. Aussi bien dans les traditions européennes qu’américaines, a toujours prévalu l’idée que les bornes mises à la liberté individuelle se devaient d’être sérieusement justifiées. La liberté devait prévaloir « par défaut », et celle-ci constituait sa propre justification.

Mais ce temps est révolu, et personnellement je situerais le « début de la fin » à la chute du Mur de Berlin en 1989. Paradoxe suprême, c’est au moment où ont chuté les dictatures communistes de l’Est que nous avons nous-mêmes commencé à mettre fin à nos propres principes. Comme symboles de ce déclin, je retiendrai trois grands événements en Occident durant la décennie qui a suivi la chute du Mur :

  • Le traité de Maastricht (1993)
  • La montée en puissance idéologique des « nouvelles gauches » (Rocard puis Jospin en France, Clinton aux États-Unis, Blair au Royaume-Uni …)
  • Le 11 septembre 2001.

Ces différents événements, en apparence sans grand rapport les uns avec les autres, marquent dans les faits la fin de l’idée de la Liberté héritée du XVIIIe.

La fin de la liberté avec le traité de Maastricht

Concernant le traité de Maastricht, il suffit de s’en référer au discours prophétique de Philippe Séguin en 1992 à l’Assemblée nationale, dont je laisse le lecteur prendre connaissance. Pour la première fois dans l’Histoire, les nations européennes choisissent de renoncer, volontairement, à leur capacité à se gouverner elles-mêmes.

C’est absolument inédit, et cela fait mécaniquement s’effondrer tout l’édifice sur lequel était fondé le « contrat social » depuis la mise en place des démocraties libérales, à savoir, essentiellement, la possibilité pour les citoyens de se débarrasser de ceux qui prennent des décisions contraires à leurs intérêts (étant entendu que les vraies décisions seront désormais prises au sein d’organes supranationaux non élus, par des individus impossibles à virer et qui ne représentent qu’eux-mêmes).

Les nouvelles gauches et la fin de la liberté

Concernant les nouvelles gauches, auxquelles les anciens partis de droite se sont empressés de se rallier idéologiquement (aboutissant 30 ans après à la synthèse ultime : Macron), le principe est simple : l’épouvantail communiste et le danger du bloc soviétique ayant disparu, il devenait possible de pousser beaucoup plus fortement l’agenda « progressiste ».

Celui-ci repose essentiellement sur deux piliers : la fin des nations souveraines et indépendantes d’une part (poussé à son paroxysme, c’est le fantasme du gouvernement mondial unique), et « l’ingénierie sociale » comme but de gouvernement d’autre part.

On nommera ici ingénierie sociale le fait d’administrer l’État et le fonctionnement de l’ensemble de la société, qui deviennent de ce fait le résultat de décisions politiques et bureaucratiques, et non le résultat naturel des décisions, talents ou volontés individuelles de chacun, ce qui est la définition même de la Liberté.

L’ingénierie sociale se caractérise donc par l’idée que la société doit découler de la politique et non l’inverse, et c’est un des principes qui unit tous les totalitarismes, qu’ils soient durs, façon Georges Orwell, ou mous, façon Aldous Huxley.

Tant qu’existaient les fameuses Démocraties Populaires, exemples vivants des catastrophes induites par une mise en application de ces deux piliers, cet agenda était difficile à vendre. Une fois celles-ci disparues, la mémoire collective étant ce qu’elle est, il devenait plus facile de faire avancer ces idées, particulièrement en les maquillant, ô paradoxe suprême, en libéralisme.

Bien entendu, ce dernier a été complètement perverti : la Liberté n’est plus l’absence de violence ou de contrainte subie à un niveau individuel (définition de Hayek datant du XXe siècle1, applicable néanmoins aux textes fondateurs évoqués au début), mais la fin des différences de condition, d’idées, de bien-être, etc (hormis bien sûr celles sous contrôle de l’État). Ce programme étant finalement le même que celui du marxisme par des moyens différents, on comprend pourquoi il a fallu attendre la chute du Mur de Berlin pour qu’il puisse être repackagé et vendu en Occident à des électeurs ayant la mémoire courte.

Le 11 septembre et la fin de la résistance anglo-saxonne

Enfin, dernier clou dans le cercueil, le 11 septembre 2001 a permis de saper considérablement le principal bastion de résistance, à savoir les pays anglo-saxons et leur chef de file, les États-Unis.

En effet, les Anglo-saxons, avec leur protestantisme, leur Common Law et leur vieille tradition juridique, sont naturellement plus résistants à ce genre d’idées. Il a fallu les attentats du 11 septembre 2001 pour arriver à faire passer, de manière étonnamment facile, des attaques sans précédent contre les principes fondamentaux de Liberté.

Le fameux Patriot Act, et les lois qui ont suivi, ont ouvert une brèche qui peut-être ne sera jamais refermée. Non pas tant au travers du strict contenu de ces lois, qu’au travers de la légitimité nouvelle qu’elles ont donné à une intrusion étatique forcenée dans tous les domaines, particulièrement ceux des finances, de la propriété et de la vie privées.

Toutes choses qui jusque-là auraient constitué une transgression inacceptable, bénéficient désormais d’une présomption en légitimité, par le seul fait qu’elles donnent à l’État plus de pouvoir « pour votre sécurité », puis par extension, « pour votre bien-être », faisant ainsi tomber le dernier rempart contre l’agenda progressiste et son idée centrale d’un État ayant pour rôle l’ingénierie de la société.

De la situation antérieure dans laquelle la liberté était le Bien suprême, n’ayant pas à se justifier mais étant elle-même la justification, nous sommes donc passés en l’espace d’à peine une décennie à une situation dans laquelle la liberté est devenue suspecte, et sa restriction la norme. Là où auparavant, la « charge de la preuve » incombait à celui qui voulait réduire la liberté, elle incombe désormais à celui qui veut la préserver. Il est frappant de constater qu’il ne s’agit ni plus ni moins que d’un changement de civilisation, et que celui-ci semble passer totalement inaperçu dans le débat public.

Cette situation est très grave, car historiquement, c’est la Liberté qui a été à la source de la réussite éclatante de l’Occident moderne. En remettant en cause celle-ci, tout comme l’Empire Romain a laissé tomber les principes républicains pour se transformer peu à peu en une tyrannie s’écroulant sous son propre poids2, nous scions littéralement la branche sur laquelle nous sommes assis. Si aucun soubresaut populaire ne vient renverser durablement la vapeur, nous nous dirigeons sans aucun doute vers un destin similaire.

  1. Dans son ouvrage The Constitution of Liberty, 1960 .
  2. Voir l’excellent ouvrage de Philippe Fabry, Rome, du libéralisme au socialisme : Leçon antique pour notre temps, Éditions JC Godefroy, 2014.
Voir les commentaires (36)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (36)
  • « On nommera ici ingénierie sociale le fait d’administrer l’État et le fonctionnement de l’ensemble de la société, qui deviennent de ce fait le résultat de décisions politiques et bureaucratiques, et non le résultat naturel des décisions, talents ou volontés individuelles de chacun, ce qui est la définition même de la Liberté. »
    M’enfin ! On dirait que l’auteur découvre la lune ou l’eau courante.
    Car il en a toujours été ainsi, notamment en France. Que ce soit sur le nucléaire, la sécurité routière, la dette… toutes ces décisions relèvent de politiques et de bureaucrates, et certainement pas de l’initiative d’individus dont on demande leur avis, une fois tous les 5 ou 7 ans… sans rarement en tenir compte ensuite !

    • Certes, la France a été précurseur, De Gaulle prenant dans son premier gouvernement un traître à la Patrie patenté, un certain Maurice Thorez, pour ne pas le nommer. Depuis, l’agenda marxiste n’a eu de cesse d’avancer à petits pas en France… Jusqu’à recevoir l’ultime onction, sa mise en place officielle au niveau européen.

      • Je ne sais pas vraiment d’où vous parlez, mais votre contrée me semble bien étrange, pour qualifier de marxiste la politique européenne, que le premier quidam venu, doté seulement d’un peu de sympathie pour la gauche, qualifiera d’emblée d’ultra-libérale…

        • @Jean Roule Du cable
          Bonsoir,
          Il n’y a plus rien de libéral dans la politique européenne.

        • Le président « de droite » de la Commission qui va rendre éloge à Marx, joli symbole de « politique ultra-libérale » (ou turbo-, comme dirait l’autre…)
          Non, mais sérieux, est-ce que vous voyez encore des choses qui se décident à Bruxelles en dehors des réglementations hyper-bureaucratiques sorties par les armées de fonctionnaires, européens, bien sûr ? S’il y a quelque chose que la France a exporté avec succès dans l’UE, c’est bien la bureaucratisation à outrance.

          • @ durru
            Informez-vous un peu!
            L’Union Européenne se comporte de façon autrement plus démocratique que ses pays membres!
            Ce que la France ne semble pas avaler!
            Hors « traités » communs, tous signés à l’unanimité par les pays membres, chaque « directive » requière la majorité au parlement européen et l’accord de de l’exécutif de chaque pays membres, à la suite de quoi, les parlements nationaux sont invités à ratifier les termes du texte. Alors et alors seulement, la directive sera approuvée!
            En France, vos présidents-monarques ont tous bien conservés leurs domaines réservés dans les affaires étrangères et comme chef des armées, lesquelles sont présentes sur 13 spots dans le monde pour défendre les intérêts « particuliers »! Voyez-vous l’Allemagne, ce pays dont la France se prétend « co-leader européen », en faire autant???

            Heureusement, l’Union Européenne comporte des pays plus pragmatiques que la France grandiloquente qui tente d’étendre son régime fiscal à l’ensemble de l’U.E. dans un but assez clair qui n’a pas l’air de tenter beaucoup ses pays partenaires!
            « Bizarre… J’ai dit bizarre? Comme c’est étrange! »

            • Renseignez-vous, vous-même. Par exemple sur la manière d’imposer les quotas de migrants à l’ensemble des pays membres, avec moult menaces financières à la clé. Et pourtant, un petit noyau d’irréductibles (petit, mais à priori assez grand pour respecter les critères « démocratiques » dont vous parlez) s’était constitué pour s’opposer à ce qu’ils considéraient une pure aberration.
              Mais, parce qu’il y a toujours un « mais »… Leur plan bien construit a été détruit à la dernière minute par une basse manoeuvre qui, si elle a été « légale », n’avait strictement rien de légitime. Le vote sur ce sujet au niveau européen a eu lieu après les élections en Pologne, mais avant la nomination du nouveau gouvernement polonais. La nouvelle majorité a confirmé la position précédemment annoncée par le pays, de rejet de ces quotas obligatoires. Mais ceux qui ont voté lors de la réunion ont été les représentants de l’ancien gouvernement, collègues de parti avec M. Tusk, président de l’un des nombreux « CE » de l’UE. Et ils ont soudain changé d’avis, juste avant le vote, laissant leurs anciens partenaires bouche bée (et les pantalons sur les chevilles…)
              Déjà le fait d’organiser la réunion UE dans de telles conditions a été plus que limite, mais les méthodes employées pour arriver à leurs fins, comment dire… Ce n’est qu’un exemple sur la « démocratie » purement de façade au niveau d’organismes avec un fonctionnement à priori démocratique.
              Sinon, j’aimerais bien avoir un seul exemple de fonctionnaire bruxellois qui a eu des soucis avec la loi pour une décision nocive pour les citoyens de l’Union. Un seul exemple, un seul. Pour montrer qu’il y a un semblant de responsabilité au niveau des organismes de décision de l’UE.

    • Merci pour votre commentaire. Certes, la France a une tradition assez ancrée dans ce que je nomme « l’ingénierie sociale », mais d’une part cela a quand même beaucoup varié historiquement (la Belle Epoque ou même le Second Empire étaient bien plus libéraux qu’aujourd’hui), et d’autre part mon article concerne avant tout l’Occident dans son ensemble et pas spécialement la France. Et là il me parait clair qu’entre, par exemple, les Etats-Unis de Reagan et ceux d’aujourd’hui, il y a eu un basculement majeur en terme de philosophie politique..

      • PS : cela m’amuse toujours autant de voir un libéral vitupérer contre le progressisme, qui est en réalité une invention libérale. Certes dévoyée par quelques totalitarismes passagers… Ce qui n’est à mon sens pas suffisant pour renier sa véritable origine et ses véritables enjeux, dont la plus grande autonomie de l’individu n’est pas le moindre.

        • Tout dépend de comment vous définissez le progressisme contemporain. J’en donne pour ma part une définition claire dans mon texte, et elle n’est certainement pas libérale.

          Je suis néanmoins d’accord que ses origines sont effectivement libérales, mais de la même façon que Chesterton parle « de valeurs chrétiennes devenues folles », le « progressisme » du XX-XXIe siècle correspond, en ce qui me concerne, à une dégénérescence de principes sains au départ.

  • Merci à CONTREPOINTS et à Bruno Spagnoli pour cette réflexion sur la liberté.
    Comme cela est écrit, les totalitarismes sont fondés sur l’ingénierie sociale qui se caractérise par l’idée que la société doit découler de la politique et non l’inverse.
    Voilà clairement affirmée la différence entre un régime totalitariste et un régime libertaire.
    Nous sommes donc passés à une « situation dans laquelle la liberté est devenue suspecte et sa restriction la norme ».

  • La gauche compte bien la supprimer. Il vous faut être formaté comme elle, penser, dire et faire la même chose qu’elle. Elle a toujours été liberticide!

    • Le socialisme implique toujours l’esclavage.

      Une fois au pouvoir, la première décision de Lénine fut d’interdire la presse et d’annuler les élections de la constituante. Trente mois plus tard, il y avait déjà 9 millions de morts.

  • C’est pas Eric Zemmour qui va dire le contraire.

    • Merci pour votre commentaire. Personnellement, je n’en suis pas si sûr. Sur la partie concernant Maastricht ou les nouvelles gauches, probablement que oui. Mais sur l’idéal de liberté du XVIIIe, et leurs corollaires, les fameux « droits naturels », sans doute beaucoup moins. Eric Zemmour n’a jamais caché son anti-libéralisme, son mépris de l’Etat de Droit, et sa fascination pour les figures autoritaires telles que Napoléon. Cela ne l’empêche pas d’être probablement un des essayistes et journalistes les plus intéressants aujourd’hui en France, et surtout pratiquement le seul ayant la culture historique nécessaire pour mettre les choses en perspective (le niveau moyen dans ce domaine étant véritablement pathétique de nos jours)

      • Tout a fait d ‘accord, ma remarque s’appliquait au fait qu’il est condamné pour dire des choses qui ne me paraissent ni inexacte ni délictueuse. Et ça , ça me pose problème gravement.

  • Merci pour cet article Bruno.

  • Les personnes qui « dirigent » l’Union européenne sont soit :
    – des personnes désignées par… des représentants nationaux élus,
    – des eurodéputés élus.

    Sans oublier qu’in fine les parlements nationaux ont des marges de manœuvre parfois écrasantes.

    L’UE est loin d’être parfaite, elle souffre de nombreux défaut… mais aujourd’hui, au niveau des libertés, on lui doit bien plus que les gouvernements français successifs !

    • Oui, de même que si on regarde la Constitution de l’URSS, c’était on ne peut plus démocratique : « Tout le pouvoir en URSS appartient aux travailleurs de la ville et de la campagne en la personne des soviets de députés des travailleurs.  » (article 3). Le soviet suprême était effectivement élu par le Peuple, et détenait l’exclusivité du pouvoir législatif. Un conseil des ministres issu de cette assemblée détenait le pouvoir exécutif et était responsable devant les Soviets, etc etc. Tout ça était merveilleux sur le papier.

      En pratique, évidemment, l’URSS était une tyrannie monstrueuse. Et pourtant la légalité était globalement respectée, du moins dans les formes. Il ne suffit donc pas que des personnes soient « désignées par les représentants élus » ou que d’autres soient même directement élues pour faire une démocratie ou pour réaliser la Liberté dans les faits.

      Enfin, non, je ne pense pas que la France d’aujourd’hui soit plus libre qu’elle ne l’était avant le développement de l’UE dans sa forme supranationale actuelle. Même sous Mitterrand elle était plus libre, puisqu’il y avait moins de dépenses publiques et moins de fiscalité, moins de réglementations et moins d’intrusions ou de surveillances de l’Etat dans les affaires privées (exemple : l’argent liquide était très largement employé et permettait d’échapper aux excès fiscaux si l’Etat chargeait trop la barque), etc. Et surtout, le pays était encore pleinement souverain, et dans l’esprit du libéralisme classique c’est la condition sine qua non de la Liberté et de l’existence d’une Constitution (voir DDHC).

      • Bonjour la mauvaise foi. En URSS, l’ami, il n’y avait qu’un seul parti autorisé, donc pas d’opposition, pas d’alternative.

        Tu vois la limite de ta comparaison avec l’UE ?

        Depuis quand les dépenses publiques françaises sont le fait ou la responsabilité de l’UE ? Pourquoi trouve-t-on en UE des membres qui ont réduit le fardeau fiscal et réduit l’endettement ?

        Indice : parce que ce n’est pas du ressort de l’UE de voter le budget, de financer des politiques clientélistes coûteuses ni d’esquiver les réformes structurelles.

        Bien au contraire, l’UE est dans les faits un acteur positif pour mener ces réformes structurelles. Si elles échouent, c’est parce qu’à la base elles ne sont pas engagées par les responsables français.

        Ca suffit de faire de l’UE le bouc-émissaire de toutes les turpitudes et échecs franco-français.

        Tant que les Français ne seront pas assez lucides pour se regarder dans le miroir et admettre qu’ils sont responsables de leurs échecs, plutôt que de sans cesse accuser l’UE, l’étranger ou encore le méchant marché, on ne s’en sortira jamais.

        • Parce que hormis des technocrates « sociaux-démocrates », on a le choix d’une alternative en Europe ? Juncker lui même le dit : « il n’y a pas de vote possible contre les traités européens ». Ce qui signifie en gros : la politique de l’UE ne saurait changer en fonction d’un vote, quel qu’il soit.

          Pour le reste, je n’ai jamais parlé des échecs de la France ni imputé ces derniers à l’UE, ce n’est pas le sujet. Ce que je dis, c’est :

          1) les nations européennes ont perdu leurs souverainetés dans nombre de domaines fondamentaux (monétaire, immigration, etc)

          2) l’UE n’a rien de démocratique et ne saurait l’être, étant entendu qu’il n’existe pas de « peuple » européen prêt à vivre sous un même gouvernement ou un même parlement (toute institution « européenne » cherchant à singer ces derniers étant donc par nature illégitime et non avenue)

          • @ BrunoJ
            Il y a une sérieuse erreur de logique dans votre commentaire: si la France avait participé dès le début à la fondation européenne du début jusqu’à l’U.E. actuelle, c’est la France qui l’a décidé, donc des Français!
            À « Bruxelles », les « technocrates français », sont en nombre proportionnel et ni au Parlement européen, ni au Conseil des chefs d’états et de gouvernement, ni dans aucune instance européenne, la France n’a été grugée et votre parlement a tout ratifié des directives!

            Donc accuser « Bruxelles » de ce que les Français y font ou n’y font pas est plutôt comique!

            Si vous vous étiez informé, vous sauriez que l’U.E. est autrement plus démocratique que la France!!! C’est une évidence! Et il y a 44 000 fonctionnaires U.E. pour « Bruxelles »-U.E. et 73 000 à Paris (la ville), alors???

            Qui interdit à la France d’organiser un frexit, si ce n’est votre président et le fait que ce pays n’a plus un kopeck à risquer dans l’aventure?

            • @mikylux
              Il y a une différence (que vous avez visiblement du mal à remarquer) entre « des Français » et « les Français ».
              Quant aux 44k fonctionnaires UE, j’aimerais bien savoir de quoi on parle. Les assistants des parlementaires y sont comptés ? Les traducteurs ? Les divers services d’intendance, style réseau informatique ? Etc, etc.

  • Assez d’accord avec l’article, sauf pour Maastricht qui d’ailleurs est peu développé : le parlement est élu et il vote, les chefs d’Etat sont tous démocratiquement élus… En pratique c’est la liberté de circulation et d’échanger dans tout l’espace européen. En fait je pense même que pour certains pays Maastricht peut freiner voire empêcher l’ingénierie sociale. Sans le marché unique nous, lecteurs français de contrepoints.org, serions peut être déjà citoyens de la République Populaire Française, ou bien de la République Bolivarienne de France, c’est au choix…

    • @trèsméchantulutralibéral
      Bonjour,
      « En pratique c’est la liberté de circulation et d’échanger dans tout l’espace européen. »
      En principe oui,, c’est ainsi qu’a été promue le concept « d’Europe ». En pratique, il n’y a qu’à aller faire un tour en Espagne et déclarer à la douane quelques paquets de cigarettes, achetés bien moins cher qu’en France, pour vérifier que ce concept est nul et non avenu.
      « le parlement est élu et il vote, les chefs d’Etat sont tous démocratiquement élus… »
      Les députés français ont voté le traité, et ont signé « un blanc-seing », pour reprendre les mots de Philippe Séguin en violant l’esprit même de la DDHC de 1789.
      L’Europe est « gérée » entre gouvernements. Nous élisons des chefs d’Etat pour s’occuper du pays, pas de l’Europe. De plus, les chefs d’Etat et les gouvernements n’ont aucune légitmité pour légiférer sur quoique ce soit : ils sont membres de l’Exécutif.
      Nous sommes déjà en République Populaire Socialo-Communiste de France.

      • C’est bien à la douane Française que je dois déclarer mes cigarettes ? Au passage, comme je suis aussi attaché à la DDHC je ne le fais pas, pour résister à l’oppression… Quant à Séguin, je suis un peu jeune pour connaître son parcours politique, mais d’après sa page wikipédia il fut un gaulliste social, ce qui pour moi et la plupart des libéraux, le décrédibilise beaucoup. Bref si la France appliquait la DDHC avant 1992, j’aurais été d’accord avec vous.

        • @trèsméchantultralibéral
          Bonsoir,
          Vous déclarez vos cigarettes achetées en Espagne à la douane si celle-ci vous intercepte et fouine. Sachez qu’elle peut vous cueillir à plus de 200km de la frontière espagnole.
          Quant à Philippe Séguin j’ai été surpris de sa clairvoyance dans le discours qu’il a prononcé en 1992, ainsi que de ses référénces à la DDHC de 1789 alors que celle à laquelle se réfère l’U.E est celle de 1946. Son appartenance politique « sociale » n’enlève rien au fait qu’il avait vu juste.
          Son paragraphe sur la « souveraineté nationale » m’a aussi surpris. Ce qu’il en a conclu, est que sans souveraineté nationale, la France, et d’autres pays de l’Union, serait un vassal de l’entité supra étatique. Sans souveraineté nationale, le peuple de France ne vaut pas mieux que les serfs du Moyen-Age ou que le Tiers-Etat de l’Ancien Régime. En un quart de siècle, c’est un nouveau Tiers-Etat que nous sommes devenus ; cette portion largement majoritaire du Peuple qui fait vivre grand-train à une toute petite minorité. Le Clergé étant le gouvernement en place, et les aristocrates/nobles les parlementaires.

          • @ STF
            Bon, la douane: la France taxe les cigarettes par des accises supérieures aux taxes espagnoles: si vous dépassez la quantité tolérée, c’est de la fraude (les frontaliers français venant travailler dans mon pays, eux, y trouvent leur compte!).

            Ph.Séguin, bien sympathique, était un gaulliste et Ch.De Gaulle était pour une Europe des Nations et contre une Europe fédérale! N.Sarkozi a inversé ce choix: il a été élu en France par des Français!

            Oui! Mieux vaut la version de 1946 des droits de l’homme plutôt que celle de 1789 qui n’a pas bien survécu à la « Commune »! La version qui fait autorité, maintenant, est celle des Nations Unies!

            L’U.E. ou « Bruxelles » n’est pas supra-étatique, mais c’est l’essence de ce que les pays membres ont voulu, ensemble, lui confier à travers les nationaux envoyés! (Si les Français ne comprennent rien à l’Europe, c’est de la faute des politiciens français qui l’ont prise pour responsable de leur bêtise! C’est tout! Sinon, essayez le frexit!). Donc non, l’U.E. n’est pas du tout la féodalité! C’est la paix depuis 1945! Et si ça ne vous plait plus, partez mais n’en dégoûtez pas les autres qui s’y trouvent bien!

  • Article synthétique intéressant, même si je ne partage que moyennement le 3e point.
    Je pense que c’est le corollaire NÉCESSAIRE de la liberté, La RESPONSABILITÉ et les moyens de la supporter qui ont été massivement détruites dans nos institutions et ça ne datte pas de 2001.
    Vous donnez l’exemple de la finance, je le reprendrais donc, avec la création des banques centrales au 19e notamment, et le privilège de responsabilité limitée.

    • Merci Patrick pour votre commentaire. Concernant le 3e point, je pense surtout aux atteintes diverses mises en place aux libertés civiles fondamentales après le 11 septembre : détentions arbitraires, saisies arbitraires, surveillance généralisée, « compliance » fiscale et déclarative délirante (en gros, l’Etat espionne de très près tout ce que vous possédez ou faites, bien plus qu’auparavant), et plus largement le fait que toute intrusion supplémentaire de l’Etat passe désormais comme une lettre à la poste, alors qu’avant 2001, ça aurait été un casus belli dans l’opinion.

      Effectivement, 2001 n’est pas en soi un événement, c’est un changement de « Zeitgeist ». Avant, on défendait encore des principes forts (je parle surtout des US), après, on a carrément renoncé à les défendre, et l’Etat s’est retrouvé avec la main bien plus libre qu’avant.

  • Si vous admettez que le Mur de Berlin n’est jamais tombé, mais a été simplement déplacé à l’ouest sur les rives de l’atlantiques, alors, vous comprendrez le sens de l’Histoire de ces trente dernières années et vous verrez que la commission européenne n’est qu’une copie conforme du PolitBuro.

    Nous n’avons pas fini d’en baver.

    • Vision radicale et quelque peu exagérée 😉 Mais je comprends l’idée… il est vrai qu’il existe des similitudes frappantes entre l’UE et l’URSS :

      – pseudo-parlement « fantôme » qui ne fait que jouer les chambres d’enregistrement
      – véritable pouvoir « législativo-exécutif » (donc, pas de séparation des pouvoirs, bien sûr) détenu par des technocrates se cooptant entre eux et n’ayant aucune responsabilité devant ce pseudo-parlement
      – éclatement de l’exécutif entre des organes « élus » mais n’exerçant pas réellement le pouvoir et des organes non élus qui le détiennent en réalité (en URSS, il y avait le Politburo qui détenait le vrai pouvoir, et le conseil des ministres et autres praesidium qui servaient à épater la galerie…)
      – jusque dans certains termes : Commission, Commissaires…

      Mais bon, on va encore dire que j’exagère…

      • @ BrunoJ
        Vous n’avez toujours rien compris: le pouvoir exécutif, c’est le conseil des chefs d’état et de gouvernement réunis qui lutte aussi contre l’influence grandissante du parlement européen et veut conserver le vote à l’unanimité du conseil qui paralyse!
        Là est le problème européen que la France à l’exécutif national fort (Ch.de Gaulle), à la justice nationale , sous contrôle; au vote majoritaire dans des circonscriptions régulièrement redessinées, ne peut comprendre!
        L’U.E. est bien plus démocratique que la France, plus représentative et respectée dans le monde que la seule France toute seule en géopolitique!

        • Le problème est dans le passage des responsabilités des uns vers les autres.
          Une fois, c’est le Conseil. La prochaine fois, c’est la Commission. La troisième, c’est le Parlement. Il n’y a jamais un responsable pour quoi que ce soit. Regardez, par exemple, les négociations TAFTA et la manière dont chacun se défaussait sur les autres quant aux responsabilités possibles. C’était une piètre comédie.

    • @ Yvan
      C’est l’avis d’un Français, en France mais pas forcément du tout ailleurs! La France n’est pas l’Europe, malgré votre point de vue!

      • Bah, les Britanniques ont été globalement bien plus sévères… Et ce n’est qu’un exemple, tellement concret que même vous ne pouvez l’ignorer.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don