Populisme : le nouveau voleur dans la maison vide

Peut-on vraiment ranger dans le même casier la victoire de Trump, le Brexit, le référendum italien sur la réforme de la Constitution et les élections présidentielles autrichiennes ?

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Populisme : le nouveau voleur dans la maison vide

Publié le 10 décembre 2016
- A +

Par Guy Sorman.

Populisme : le nouveau voleur dans la maison vide
By: Marc NozellCC BY 2.0

Les commentateurs qui, souvent, pensent tous ensemble la même chose et se lisent les uns les autres par-delà les frontières, dénoncent tous, ces temps-ci, l’irrésistible ascension du « populisme ». La comparaison avec les années 1930 leur vient trop vite sous la plume et chacun laisse présager un affrontement du type guerre civile qui annulerait soixante-dix ans de paix en Europe et de coopération internationale.

Mais la prophétie est un genre littéraire aléatoire, surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir ; l’avenir, de surcroît, ressemble rarement au passé. Et à force de jouer les Cassandre, on oublie les circonstances particulières qui, autant que les généralisations grandioses, expliquent des populismes et pas le populisme. Peut-on vraiment ranger dans le même casier la victoire de Trump, le Brexit, le référendum italien sur la réforme de la Constitution et les élections présidentielles autrichiennes ?

Dans tous ces cas, il est vrai, l’hostilité à l’immigration et à la mondialisation aura cimenté l’union des Droites dites populistes. Il est vrai aussi, pour reprendre une observation de José Ortega y Gasset en 1929 (La révolte des masses), que ces populistes « n’essaient pas de donner des raisons, ou d’expliquer qu’ils ont raison, mais sont seulement résolus à imposer leurs opinions ; ils réclament le droit d’avoir tort, de ne pas être rationnel, la raison de la déraison ».

Le populiste, homme nouveau

Le philosophe ajoutait que cet « homme nouveau », le populiste, n’appartient à aucune classe sociale particulière, rejetant par là tout déterminisme de type marxiste. Il y a du vrai chez Ortega y Gasset, aujourd’hui encore, mais, me semble-t-il, avec des nuances essentielles selon les pays.

Ainsi le vote britannique : en grande partie, il s’explique par la protestation des oubliés de la mondialisation contre ses bénéficiaires. Les populistes des Midlands aimeraient bien partager les profits de la prospérité britannique plus qu’ils ne proposent un nouveau modèle économique. Les Autrichiens ? Ceux qui ont soutenu le candidat du mal nommé Parti de la Liberté, protestaient contre la corruption des deux partis socialiste et démocrate chrétien, complices qui se répartissent le pouvoir depuis un demi-siècle. Le succès de Trump ? Il coïncide avec celui du Brexit, l’Amérique du milieu, désindustrialisée, s’insurgeant contre l’Amérique prospère et mondialisée, tout comme l’Angleterre du milieu contre Londres, métropole financière et cosmopolite. Mais les populistes américains restent minoritaires : 40% des Américains n’ont pas voté, considérant que le Président a peu d’influence sur leur existence, et l’on sait que Hillary Clinton a nettement dépassé le score de Trump, élu grâce à la complexité du système fédéral.

Ne pas sombrer dans l’excès

Prétendre que les Etats-Unis sont devenus « populistes », que la démocratie et la Constitution y sont menacées, est très excessif. Comme l’a dit Jon Stewart, journaliste sarcastique, « c’est toujours le même pays ». En Italie ? L’échec du référendum constitutionnel voulu par Matteo Renzi est avant tout l’échec de Renzi, devenu quelque peu mégalomane : les Italiens se méfient des « hommes forts », ils ne veulent pas un nouveau Berlusconi et certainement pas un Mussolini bis.

Et en France, l’échec du Front national aux élections de 2017 paraît plus que certain depuis qu’un candidat libéral et conservateur, François Fillon, est devenu le champion de la droite : l’adversaire le plus dangereux pour le populisme n’est-il pas le libéralisme, partisan de la société ouverte, plutôt que le socialisme ?

Ce qui m’incite à souligner une distinction fondamentale entre le populisme des années 30 et ce qui, en ce moment, en tient lieu. Le fascisme de naguère fut une réponse au communisme : deux populismes s’affrontaient, l’un et l’autre répondant justement à la définition de l’Homme nouveau par Ortega y Gasset ; aucun des deux ne serait parvenu à mobiliser les masses s’il n’avait pu se définir par contraste avec un ennemi.

Faiblesse des rationalistes

Rien de tel aujourd’hui, bien au contraire : la progression, indéniable, des nouveaux populismes en Europe comme en Amérique du Nord s’explique par la faiblesse des adversaires. Les rationalistes, de droite et de gauche, qui sont favorables à l’Europe, aux échanges culturels et économiques internationaux, ne disent pas grand chose, comme s’ils n’avaient rien à dire. Ils tolèrent sans trop réagir que les fausses nouvelles soient abondamment diffusées comme vraies par les réseaux a-sociaux de type Facebook, sans sanction légale.

Les néo-populistes nous font entrer dans l’ère de la post-vérité, où l’opinion l’emporte sur les faits sans que les rationalistes ne bougent. Les néo-populistes laissent croire que le référendum est la forme ultime de la démocratie, alors qu’elle est un dévoiement de celle-ci ; la démocratie authentique fut historiquement et sagement fondée sur la représentation parlementaire et l’équilibre des pouvoirs pour se garder des emportements démagogiques.

Il faudrait s’en souvenir et y revenir. Le néo-populiste est un voleur dans une maison vide ; je tiens donc les tenants de la société ouverte de droite et de gauche, pour coupables aussi longtemps qu’ils resteront à ce point trop discrets.

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  • Pourquoi les »rationalistes » s’exposeraient ils à la vindicte alors qu’il leur suffit de contrôler?
    Les populistes n’ont aucun pouvoir. Leurs promesses s’écrasent sur la réalité.
    Seul change le mode de contrôle social: mou ou dur.

  • Guy Sorman est brillant et a raison quand il pointe la réaction des peuples occidentaux à l’immigration et la mondialisation. Mais je crois qu’il commet une erreur, commune en sociologie, sur l’analyse du populisme
    Au fond, les losers, les « petits blancs », la campagne, contre la ville dynamique expliqueraient Trump et le Brexit. (rien à voir en Italie où les jeunes ont viré Renzi)
    Cette idée que des des groupes sociaux particuliers font la différence parce la victoire en démocratie est serrée (53/47%) est de mon point de vue fausse. Il n’est pas vrai que ce sont les losers etc. qui donne l’apport de quelques % qui fait gagner le populiste au cas d’espèce.
    Car il y a des noirs américains, des hispaniques qui votent Trump, tandis que des classes aisées votaient Clinton.
    Les quelques pour-cent qui font la différence sont à rechercher partout, dans tous les groupes et les catégories. Cette année, à leur marge, tous les divers électorats se sont légèrement défié de Clinton la bourgeoise de Washington et tout aussi légèrement, ont été séduits par la détermination de Trump.
    Ce léger glissement fait la différence, la bascule, en démocratie.
    Oui, Trump le milliardaire bling-bling, avec ses gros mots, ses provocations, ses promesses irréalistes, a séduit l’Amérique.
    Non, Clinton, avec ses programmes sociaux et sa défense des minorités en tête de gondole de son programme, n’a pas récupéré la majorité des votes en provenance du peuple.

  • Un peu ras le bol d’entendre ce mot populiste vide de sens à tout bout de champ, mot à la fois méprisant et xénophobe, comme si seule une catégorie de gens ont le droit de réfléchir et de savoir ce qui est bon pour les autres, souvent d’ailleurs ceux qui vivent confortablement….
    Le monde serait bien meilleur s’il était gouverné par les peuples du monde !
    Comment ne pas être scandalisé de voir des boites qui gagne beaucoup d’argent fermer leurs usines en Europe pour aller en ouvrir dans des pays ou il y exploite la misère ? Et laissez des familles entières qui les ont enrichis par leur travail dans la misère…
    Comment ne pas être écoeuré du sort des enfants d’Afrique ?
    Comment ne pas être révolté de ne pas pouvoir vivre avec son salaire et ne plus bientôt pouvoir se loger.
    L’enfer est déja là pour presque la moitié de la planète, elle n’est ni la faute de Trump ou des populistes….
    Ces gens sont des résistants à la dictature actuelle sauvage des marchés sans foi ni loi au mépris de toute humanité.
    Ce ne sont pas eux qui sont à mépriser, ce sont ceux qui ferment les yeux sur cette situation et sur ces drames humains.
    Avec une pensée pour les salariés de Philips France dont on ferme 2 usines cette année…

    • « Comment ne pas être scandalisé de voir des boites qui gagne beaucoup d’argent fermer leurs usines en Europe pour aller en ouvrir dans des pays ou il y exploite la misère ? »
      Ce qui fait inexorablement augmenter le niveau de vie dans ces même pays. Quel paradoxe 😉

      « Comment ne pas être révolté de ne pas pouvoir vivre avec son salaire et ne plus bientôt pouvoir se loger. »
      Fixed : Comment ne pas être révolté de se faire taxer + de 50% de son salaire par l’état.

      • Faites grèves, manifestez, sensibilisez le peuple…
        Je pense qu’il y a des dizaines de millions de personnes qui seraient contents de vivre avec les 50℅ qu’il vous reste.

    •  » Ces gens sont des résistants à la dictature actuelle sauvage des marchés sans foi ni loi au mépris de toute humanité.  »

      C’est bien cela le populisme faire croire à des gens comme vous que tout ce qui tourne de travers ou supposé comme tel dans nos sociétés est toujours de la fautes des autres qui ne plaisent pas idéologiquement. Entre autres la dictature des marchés ( terme qui n’ a pas de sens ) sans foi ni loi qui nuirait à l’humanité.

      Le pire c’est qu’en utilisant internet avec votre smartphone ou votre ordinateur que vous avez achetez dans un commerce vous contribuez à ce marché que vous dénoncez en le qualifiant de sans foi ni loi.

       » Le monde serait bien meilleur s’il était gouverné par les peuples du monde !  »

      Vous en savez quoi? Si votre souhait et que les peuples aient la mainmise sur l’économie mondiale vous n’allez pas être déçus de l’égoïsme collectif dont vous serez probablement une des premières victimes.

       » Comment ne pas être scandalisé de voir des boites qui gagne beaucoup d’argent fermer leurs usines en Europe pour aller en ouvrir dans des pays ou il y exploite la misère ?  »

      Il n’y rien de scandaleux qu’une industrie décide d’aller investir là où bon lui semble. On ne sait pas avec vous si c’est la délocalisation le scandale ou si c’est le pays où les industries vont investir? Trouvez-vous toujours scandaleux quand une entreprise française va investir en Suisse là où les salaires sont parmi les plus élevés dans le monde? Vous omettez aussi de dire que beaucoup d’entreprises investissent en Europe notamment américaines quand d’autre autres la quitte. C’est aussi ça le populisme omettre certaines vérités qui ne collent pas avec l’idéologue populiste

      http://www.lesechos.fr/12/02/2014/LesEchos/21625-121-ECH_les-grands-investisseurs-americains-a-l-assaut-de-l-europe.htm

       » laissez des familles entières qui les ont enrichis par leur travail dans la misère…  »

      Beaucoup d’entre elles retrouvent un job. Peut-être moins facilement en France. Mais la France n’est pas toute l’Europe. Les délocalisations touchent aussi la Suisse qui a un chômage bas au alentour de 3,5%. Parce que les investissement en Suisse compense largement les pertes d’emplois due aux délocalisations.

       » Comment ne pas être écoeuré du sort des enfants d’Afrique ?  »

      Victimes surtout de la corruption des élites locales. Mais la misère a aussi bien reculé en Afrique depuis qu’elle a pris en marche le train du commerce mondiale. Vous restez collé sur des clichés tiers-mondistes des années 70.

       » Comment ne pas être révolté de ne pas pouvoir vivre avec son salaire et ne plus bientôt pouvoir se loger.  »

      Ce n’est pas le marché que vous haïssez le problème; mais celui qui fait les poches des travailleurs à chaque fin du moi sans parler du rester comme toutes les taxes. C’est à dire l’état en vous laissant souvent un revenu disponibles qui vous ne suffit pas pour vivre décemment.

      D.J

    • Pour compléter Chk et D.J, les emplois créés à l’étranger par les entreprises délocalisées sont probablement autant d’immigrants économique qui ne viennent pas chez nous au petit bonheur la chance concurrencer les travailleurs nationaux et gonfler les chiffres du chômage. C’est vrai, ce n’est pas simple.

  • Un premier point important : un soi-disant libéral veut sanctionner des individus qui font circuler de fausses nouvelles sur les réseaux sociaux .. Et la liberté d’expression ? Et l’ignominie des gauchistes ou des socialistes (Ségolène Royal) qui célèbrent les avancées en matière de santé publique à Cuba alors que l’hôpital moyen est un cloaque où l’on doit payer en noir pour être soigné…

    Et surtout, populisme pour ne pas utiliser le terme démagogue Parce que dans ce cas, la gauche apparaîtrait comme démagogique par essence

    Manifestement Guy Sorman est en faveur du despotisme éclairé, étant bien entendu qu’il conseillerait alors le Prince. Il n’est en tout cas pas un libéral en estimant que l’immense majorité des etres humains peuvent être rationnels quand les intellectuels ne les polluent pas avec des doctrines stupides …

  • Si j’ai bien compris quand le peuple vote de façon différente des élites nous sommes en face de populismes. Quand le peuple vote de la même façon de ses élites c’est la démocratie. Un peu simpliste, visiblement la rationalité n’appartient pas à ceux qui pensent en être les dépositaires.

    • Les Rationalistes ne sont à l’évidence pas rationnels.

    •  » Si j’ai bien compris quand le peuple vote de façon différente des élites nous sommes en face de populismes. Quand le peuple vote de la même façon de ses élites c’est la démocratie. Un peu simpliste, visiblement la rationalité n’appartient pas à ceux qui pensent en être les dépositaires.  »

      Non le populisme peut importe le résultat du vote c’est de faire voter le peuple sur des peurs le plus souvent irraisonnées en s’attaquant le plus souvent à des bouc-émissaires. ( immigration, mondialisation ou libéralisme appelé de façon négatives néolibéralisme).

      Mais votre remarque que la démocratie c’est selon le résultat du vote n’est pas fausse non plus. En Suisse par ex. les socialistes quand ils perdent en votation, c’est pour eux la victoire du fric en rapport avec l’argent investi par la droite dans la campagne de votation. Et quand ils gagnent malgré l’argent investit par la droite c’est la victoire de la démocratie ou du peuple. C’est juste une façon de prendre les électeurs pour des cons qui auraient une incapacité ou une capacité de discernement selon les résultats de la votation.

      D.J

      • Qu’appelle t’on peur irrationnelle et qui juge de la rationalité de ces peurs ? Pour moi les opposants au Brexit ont uniquement joué sur des peurs irrationnelles (catastrophe économique post sortie de l’UE). Par contre que l’UE par sa gouvernance complexe et opaque s’éloigne du standard démocratique, est-ce là un argument rationnel ou pas ? On pourrait en discuter des heures. Ce que je veux simplement dire c’est qu’actuellement le débat public vire rapidement à jeter l’anathème sur la personne qui ne pense pas comme vous. Il me semble alors que le mot « populisme » n’est qu’un outil de plus pour discréditer l’autre. Pour nous retrouver, je déplore comme vous et l’auteur une absence de débats dans l’espace médiatique permettant d’aborder sereinement la complexité des politiques publiques et de leurs effets. Cela permettait d’éviter les écueils de la sensiblerie ou de la xénophobie.

        • @ Pythéas,

           » Qu’appelle t’on peur irrationnelle et qui juge de la rationalité de ces peurs ?  »

          C’est sur quoi les populistes cherchent à drainer leur électorat. Et les peurs irrationnelles sur le dos de bouc émissaires bien ciblés; les populistes en trouvent des tas. Les immigrés, les réfugiés, les musulmans avec le fameux grand remplacement qui est surtout du grand n’importe quoi, le commerce mondialisé, le libéralisme etc… Avec les populistes il y a toujours un fautifs immaginaire bien ciblé. Un temps ce fut les juifs ou les franc-maçon la sourcve de sproblèmes de société.

          Dans les années 90 nous avons vécu le populisme des verts avec les périls écologiques imaginaires qui allaient nous tomber dessus. Mort des forêts ou le trou dans la couche d’ozone étaient les périls les plus populaires. Les verts faisaient des percées un peu partout dans les élections pour ensuite décliner fautes de catastrophes tant annoncées. Il y aussi actuellement les populismes de gauche comme en Grèce ou en Espagne avec Podemos reprenant les vieux clichés altermondialistes antilibérales. Là aussi ces populismes surfent sur des périls imaginaires telles les mesures d’austérités, le libéralisme ou le commerce mondiale.

           » Il me semble alors que le mot « populisme » n’est qu’un outil de plus pour discréditer l’autre.  »

          C’est pas faux, comme c’est pas faux de reconnaître que la montée des idées populistes ( les vrais ) en occident sont biens réelles.

           » Par contre que l’UE par sa gouvernance complexe et opaque s’éloigne du standard démocratique, est-ce là un argument rationnel ou pas ?  »

          Quand des dirigeants de partis politiques comme Marine Le Pen veulent faire sortir la France de l’UE qu’elle juge ultralibérale ( tout comme la politique de Hollande ) en rajoutant souvent  » aux mains du grand patronat  » il y a de quoi se poser des questions. Et c’est bien là un cas de peur irrationnelle et populiste. Irrationelle parce que l’UE n’est pas ultralibérale et de loin et populiste parce que c’est flatter l’opinion publique à des fins électorales en désignant un coupable imaginaire.

          @ XC,

           » autant d’immigrants économique qui ne viennent pas chez nous au petit bonheur la chance concurrencer les travailleurs nationaux et gonfler les chiffres du chômage.  »

          On peut prendre le cas de Genève. Ces 10 dernières années le taux de travailleurs frontaliers déjà nombreux a augmenté alors que le taux d’emploi a aussi augmenté avec une baisse du chômage.

          D.J

        • Le problème est bien qu’on présente la démocratie comme un rivage à atteindre plutôt que comme un moyen.

          Le problème n’est pas le détenteur du pouvoir mais bien le pouvoir en lui même.

  • article intéressant qui apporte un point de vue original mais sur le référendum regardez plutôt l’exemple suisse

  • « Mais la prophétie est un genre littéraire aléatoire, surtout lorsqu’il s’agit de l’avenir ; l’avenir, de surcroît, ressemble rarement au passé. »

    J’ai abondé dans votre sens Guy Sorman. J’aurais rajouté à votre saillie « l’avenir, de surcroît, ressemble rarement au passé » … « et encore moins aux prévisions des sondeurs et autres observateurs patentés bien que les théories des cycles économiques (et naturels) nous permettent de faire des prévisions assez objectives et opérantes, comme de prévoir que le business des vêtements chauds marchera en hiver et celui des maillots de bains en été. Sinon il n’y aurait ni R&D, ni visionnaires, ni prévisionnistes, ni prospectivistes. »

    Par ailleurs, le système bancaire lui-même fait des prévisions pour faire fonctionner la machine du crédit qui est sa principale ressource. Il y a donc un certain « crédit » à prévoir un futur simple sans que tout le monde se fasse avoir par un avenir ne correspondant pas aux attentes. Les banquiers savent à qui prêter, le nombre de prêts arrivant à échéance étant dominant sur le marché prédictif fait que la machine économique prévoit habilement des choses dans l’avenir qui se réalisent constamment. Cela s’appelle faire des projets, et ceux-ci sont par essence projetés dans un avenir quasiment réel qui a toutes les chances de se réaliser parce que la société humaine, par ses prouesses organisationnelles, sait aussi créer avec quasi certitude son avenir. Mais il y a des paramètres apparemment incontrôlables : le climat, la météo, la démographie, les migrations, les crises économiques, les cataclysmes stellaires, la virologie et la bactériologie, les épidémies et les famines (domaines d’études qui souvent s’auto corrèlent)…

  • Je voulais aussi ajouter qu’il n’y aurait pas de type social « populiste » s’il n’y avait pas antérieurement le type social « oligarque ». Le populiste ne l’est que parce que l’oligarque confisque petit à petit au citoyen le droit d’exister par ses propres moyens, à celui qui va devenir « populiste » par réaction. Le populiste n’existe pas par essence, car il ne se lève as le matin en se disant « je suis populiste ». Il se lève le matin en se disant « je n’ai plus rien à manger » et « je ne peux plus trouver du travail pour assurer ma subsistance ». Par contre « l’oligarque sait, lui, qu’il agit pour confisquer tous les moyens de subsistance aux peuples en augmentant sa surface financière perpétuellement, en réduisant finalement le peuple en esclave de ses desiderata. L’oligarchie est présente dans toutes les options macro économiques, du dirigisme à l’ultra libéralisme. Je crois que la condition seulement nécessaire à l’apparition du populisme est cette fonction confiscatoire du minimum de subsistance, car même les socialistes se font une spécialité de spolier la ressource économique pour ensuite la redistribuer en communicant sur la charité « qu’elles seules, selon leurs dires, sont capables de générer ». Tels des pompiers pyromanes : « je mets le feu à la brousse… pinpon pinpon, regardez, tel Zorro j’arrive, je vais tout réparer ».

  • « et l’on sait que Hillary Clinton a nettement dépassé le score de Trump, élu grâce à la complexité du système fédéral. »
    Non, le systeme en question n’est pas complexe.
    On oublie juste, avec nos références française, que l’élection concernait celle du Président de la fédération, il est donc élu par les représentants des États. Et pas par les citoyens-électeurs.
    En ce sens, chercher à dire que Clinton a dépassé le score de Trump est factuel si on compte le nombr de voix, mais constitue une erreur grossière de m compréhension du principe fédéral américain.
    Thomas Jefferson, quand il a établi les bases de ce systeme électoral fédéral, a bien cherché, justement, à ce que les États les plus peuplés ne puissent pas compter exagérément plus que les États ruraux.
    Ainsi donc, on ne peut trouver de systeme plus juste pour élire un Président de fédération.
    Râler comme nous la faisons en France en disant que normalement c’est Hillary qui devrait être élue en janvier n’y change rien…

    • +1000
      Cela devient lassant.

    •  » En ce sens, chercher à dire que Clinton a dépassé le score de Trump est factuel si on compte le nombr de voix, mais constitue une erreur grossière de m compréhension du principe fédéral américain  »

      Ce n’est pas ce que l’auteur veut dire. Clinton en ayant près de 2 millions de voix de plus que Trump rend caduque le fameux vote populiste et protestataire contre l’etablishement et les élites. Et le système électoral américain pour la présidentielle est bien complexe si l’on le compare avec les systèmes en Europe. L’auteur ne dit pas que le système fédéral est complexe qu’il voulait dire que c’est un système qui n’est pas juste.

      D.J

      • Alors pourquoi ne l’a-t-il pas dit ❓

        Vous voulez un système parfait, comme les soviétiques et les chinois l’avaient fait ❓

      • @DJ: rend caduque le fameux vote protestataire…
        Faux, s’il s’avère que l’essentiel des voix en plus pour Clinton ne vient que d’un seul état, la Californie.
        Sans cet état, Trump aurait réalisé une majorité par voix indéniable.
        La Californie semble avoir vote plus contre l’Etat fédéral défendu par Trump que pour Clinton. Forte abstention et volonté indépendantiste existant avant l’éré Trump font qu’il vaut mieux se méfier de ce fort avantage qui ne se retrouve pas dans le reste des autres états.
        En tout cas, cela justifie le système électoral fédéraliste. Imaginez une élection aux voix , et un état californien devenant l’Etat dans l’Etat ! Avec une clinton délirante a l’extérieur: les usa auraient éclate en grandes zones…

    • Évidemment, cette erreur d’analyse est terriblement obsolète, car s’il n’y avait que le nombre d’électeurs, seuls les états de NY et CA décideraient aux USA de l’élection. Comme ils sont démocrates, la présidence reviendrait toujours aux démocrates. C’est factuel malgré les swing states. Mais on pourrait aussi retrouver les mêmes disparités territoriales en France, car les grandes métropoles réunissent désormais la majorité des habitants de la France. C’est une catastrophe organisationnelle car la France avait fait sa richesse sur sa géographie agronomique. La guerre 14-18 (circa 2 millions de morts dont une majorité de ruraux) a complètement chamboulé cette démographie. Il faut arrêter de surpeupler les villes de France, car désertifier les zones rurales, c’est comme se mettre à terme sous le joug de l’agronomie chinoise, qui bientôt, avec ses progrès et ses économies d’échelle ajoutés à sa main d’œuvre à bas coût, nourrira la planète avec ses 500 millions d’agriculteurs. C’est un scandale quand on sait que la France était la première zone agricole européenne avec la Pologne. Que seraient de même les USA sans leur middle west, qui, fort peu peuplé certes, fait manger tout le monde ? Ces analyses détestables, sont comme toujours le fait d’urbains bien contents d’avoir chaque matin la pitance qui tombe dans leurs assiettes comme par miracle. Il faudrait leur rappeler que la nourriture ne se fabrique pas dans les supermarchés… D’autant plus qu’il va falloir urgemment réorganiser la surface habitable, car la situation des grandes villes devient étouffante à plus d’un titre. Aucun film d’anticipation n’échappe à cette progression urbaine devenue délirante. Les citadins comprendront bien vite, en cas de pénurie alimentaire, que celui qui a le pouvoir est celui qui nourrit et celui qui domine la démographie. C’est une tradition rurale quand la tendance citadine est malthusienne et nihiliste, par raison car l’espace y est limité, en boites empilées. Qui veut vivre en clapiers ? A nouveau s’opposent deux projets de société en très forte ambivalence de toute évidence, « naturaliste » face « culturel », le rat des villes et le rat des champs. Notre époque n’a rien inventé, elle recycle les vieilles oppositions humaines, le populisme actuel généralisé n’en est que le dernier artefact. On voit en ce moment que le modèle nourricier et nataliste traditionnel, rural, reprend du poil de la bête face au modèle citadin basé sur les nouvelles technologies… qui seraient ramenées au néant en cas de blackout électrique qui nous pend au nez comme celui-ci au milieu d’une figure. Et pour cause : on ne mange pas des « tablettes » pleines de composants électroniques… Enfin il n’y a rien d’étonnant de voir la résurgence de ce modèle ancestral après les dérives progressistes tous azimuts constatées sur tous les plans dans les sociétés mondiales, en France depuis 40 ans. Le progressisme, le modèle socialiste malthusien nihiliste des villes, a du plomb dans l’aile, et c’est rien de le dire… Pourquoi ? Primo parce qu’une démographie galopante venant de l’extérieur nous met face à nos errances anti-natalistes, risquant à terme de nous éliminer comme peuples. Deusio, parce que les gens en ont marre d’une société qui marche sur la tête. Ils préfèrent une société qui a les pieds sur terre, les pieds en bas et la tête en haut. De la même manière que l’astronaute aime vivre ses délires spatiaux, mais n’aime rien tant que de revenir fouler le plancher des vaches.

  • « les Italiens se méfient des « hommes forts », ils ne veulent pas un nouveau Berlusconi et certainement pas un Mussolini bis »
    Pour avoir eu l’occasion de parler de Mussolini avec des italiens un peu âgés, il semble qu’il reste encore pas mal de nostalgie le concernant. Il semble bien perçu comme dictateur, mais le souvenir des améliorations structurelles qu’il a apportées au pays reste bien réel.
    D’ailleurs on trouve facilement dans les boutiques de souvenir de petites statuettes à son effigie, bien en évidence…
    Pas forcément compréhensible pour nous français…

    •  » Pour avoir eu l’occasion de parler de Mussolini avec des italiens un peu âgés, il semble qu’il reste encore pas mal de nostalgie le concernant. Il semble bien perçu comme dictateur, mais le souvenir des améliorations structurelles qu’il a apportées au pays reste bien réel.  »

      Comme il y a des nostalgiques de Staline en Russie. Faut se méfier de ces souvenirs qui sont surtout des souvenirs sélectifs en oubliant le reste de ce que sont les dictatures totalitaires. Comme certains qui nous disent que Hitler avait fait des choses bien comme les autoroutes.

      D.J

      • On est bien d’accord, mais je doute qu’on trouve beaucoup de buste d’Hittler ou de Staline dans un grand nombre de boutiques de souvenirs aujourd’hui. Alors que pour Mussolini, c’est bien le cas. Et c’est bien ce qui avait suscité mon interrogation…

  • Les rationalistes, de droite et de gauche, qui sont favorables à l’Europe, aux échanges culturels et économiques internationaux, ne disent pas grand chose, comme s’ils n’avaient rien à dire.

    Ils n’existent plus vraiment parce que ce sont tous des étatistes à un degré ou un autre, et que ce genre de politique ne peut qu’échouer à cause des incohérences économiques.
    Citez moi donc un seul pays libéral en Europe, dans l’UE ❗

    •  » Citez moi donc un seul pays libéral en Europe, dans l’UE ❗  »

      Il n’y a pas de pays dans l’UE où le libéralisme est totalement présent. Mais il n’y a pas non plus de pays de l’UE où il y aurait une absence totale de libéralisme. Il y a bien des pays plus libéraux que d’autres à des degrés divers. Mais ce qui doit inquiéter, c’est un recule des libertés qui se constate un peu partout même en Suisse. Donc il est juste de dire que les dirigeants sont des étatistes à un degrés ou un autre. On en retrouvent même dans des partis dit libéraux.

      D.J

      • Mais il n’y a pas non plus de pays de l’UE où il y aurait une absence totale de libéralisme.

        La France n’est pas libérale pour sous, jacobine jusqu’au noir des ongles…
        Tant que l’on se contente de cultiver des vaches cela peut suffire. Aujourd’hui, non.
        La Hollande, peut-être l’Irlande sont les plus libéraux.
        L’Allemagne ❓ Non avec son salaire minimum, son interventionnisme heureusement léger sur le logement.
        La tentation « d’agir » reste grande, les pots cassés étant payés plus tard, la mise en relation n’étant pas faite entre les comptes publics se dégradants par après et les « actions » des politiciens étatistes.

        Le populiste n’est pas celui que l’on croit. Ce terme mal utilisé absout les pratiques malhonnêtes des politiciens au pouvoir.
        En réalité, il y a bien plus de politiciens populistes à droite ET à gauche.

  • Suffrage indirect:
    C’était le cas en France pour l’élection présidentielle jusqu’en 1962.
    C’est encore le cas pour l’élection des sénateurs, avec la particularité que nous avons des « grands électeurs » (serions-nous des petits ?)
    Et encore chez nous, l’élection des conseillers régionaux, certes directe, mais par scrutin de liste, qui fait que par exemple le FN qui recueille le plus grand nombre de voix ne ramasse finalement que des miettes.
    Quant aux USA, ils ont leur propre système indirect, et par Etat.
    Là-bas pas ou peu de contestation, car on considère qu’il est juste que les territoires moins peuplés soient quelque peu avantagés, sans quoi les grands Etats peuplés et plus riches gagneraient à tous les coups.
    Ce qui explique que le gagnant de la majorité des délégués n’ait pas nécessairement recueilli la majorité des voix au plan national.
    Cela s’est déjà produit, sans que les grandes âmes européennes s’en émeuvent.
    Mais quand un « populiste » gagne, cela n’est pas démocratique, même si cela arrive dans une grande démocratie…

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