Éducation : que veut François Fillon ?

Quelle est l’ambition du candidat Fillon en matière d’éducation ? Ses propositions face aux nouveaux enjeux éducatifs tiennent-ils la route ?

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Éducation : que veut François Fillon ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 2 décembre 2016
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Par Nelly Guet.

Éducation : que veut François Fillon ?

On ne peut qu’être d’accord avec la priorité que François Fillon a identifiée : FAIRE. Que de temps perdu ! Et l’ancien ministre de l’Éducation nationale est bien placé pour en juger.

La ministre actuelle, confrontée aux résultats préoccupants révélés par les épreuves de TIMSS – mathématiques et sciences évaluées en CM1 et Terminales – où la France est classée respectivement en dernière et avant-dernière position (avant Chypre) a bien tort d’accuser, le 29 novembre 2016, les programmes de 2008, dus selon elle à François Fillon.

L’expérience passée de François Fillon

Pour comprendre ce qui sous-tend le projet Éducation de François Fillon, il est indispensable de tenir compte de son expérience passée.

En 2004, à sa demande, une concertation de grande ampleur tout à fait exemplaire est organisée dans les établissements scolaires, puis donne lieu à La loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école, du 23 avril 2005 devant réformer en profondeur le système éducatif français. Mais François Fillon doit quitter, contre son gré, le ministère de l’Éducation nationale. Gilles de Robien lui succède et met en œuvre cette loi, dite Loi Fillon. Cette formulation permet sans doute de passer sous silence qu’elle est d’inspiration européenne ! Le grand public l’ignore encore.

Le rappel du passé est important car il devrait déterminer l’avenir en 2017. Comme le rappelle François Fillon dans son programme actuel Le socle commun de connaissances, de compétences et d’attitudes, introduit dans la Loi de 2005, présente ce que tout élève doit savoir et maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire.

Il constitue l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen. Un livret personnel de compétences permet de suivre la progression de l’élève et la maîtrise des sept compétences du socle devient nécessaire pour l’obtention du brevet.

Le rôle des compétences-clé

Publiées au Journal officiel de l’Union européenne, le 30 décembre 2006, ces compétences-clé constituent un cadre de référence européen et sont définies comme nécessaires à tout individu pour son épanouissement et son développement personnel, pour une citoyenneté active, pour l’intégration sociale et l’emploi. Le cadre de référence décrit 8 compétences clés :

  • la communication dans la langue maternelle,
  • la communication en langue étrangère,
  • la compétence mathématique et les compétences de base en sciences et technologies,
  • la compétence numérique,
  • l’apprendre à apprendre,
  • les compétences sociales et civiques,
  • l’esprit d’initiative et d’entreprise,
  • la sensibilité et l’expression culturelles.

En France, l’Inspection Générale et/ou Haut Conseil de l’Éducation, décident de supprimer d’emblée l’apprendre à apprendre, de ne conserver que 7 piliers sur les 8 préconisés. Ils transforment aussi l’esprit d’initiative et d’entreprise en initiative et autonomie. Très révélateur ! Entrepreneuriat et entreprise sont alors des termes tabous à l’Éducation nationale.

Gilles de Robien ne cherche pas à détruire l’œuvre de son prédécesseur et présente cette loi comme une révolution copernicienne. Il s’agit, en effet, de faire comprendre à tous, et surtout à l’Inspection Générale, que les choses n’iront plus comme avant : l’enseignement « centré sur l’objet à étudier » doit céder la place à un enseignement « centré sur le sujet qui apprend ». Cette Loi de 2005 prône donc l’interdisciplinarité.

Résistances françaises

Mais, en 2007, le nouveau ministre nommé par Nicolas Sarkozy commence par céder sur bien des points qui constituent l’armature de l’organisation à mettre en place. On ne tarde pas à lire dans un rapport de l’Inspection Générale que ces compétences, dites clé ne s’accordent pas avec la mentalité française ! Le 10 sur 20 en langues vivantes sera donc vite transformé en A2, sans qu’il soit nécessaire de prendre en compte l’évaluation des 5 compétences requises…

On comprend mieux pourquoi les compétences des élèves français en langues étrangères demeurent au plus bas niveau. Certains inspecteurs sont-ils tellement attachés à la notion de programmes qui s’oppose à celle de compétences ou bien sont-ils affiliés à la FSU et mènent-ils, eux aussi, un combat idéologique contre toutes les menaces de réformes ?

En 2012, le ministre socialiste nouvellement nommé s’empresse de mettre en place une énième commission chargée d’élaborer une Refondation de l’école, là aussi pour satisfaire le plaisir insatiable de certains syndicats, et décide d’effacer tout souvenir de la Loi Fillon, d’inspiration européenne.

Nous nous éloignons donc, à grands pas, des pratiques européennes qui font leurs preuves ailleurs et, comme l’indique le diagnostic de François Fillon : « Derrière le modèle d’excellence et d’égalité de l’école de la République, se cache un modèle inégalitaire » : décrochage scolaire (pas seulement dans les banlieues), chômage des jeunes… qu’il explique, à juste titre, entre autres, par « la révolution technologique qui n’a pas délogé les connaissances au profit des compétences », la structure du système éducatif, la prolétarisation mystique des enseignants. En Allemagne, un diplômé en Maths/Sciences peut s’attendre à un salaire moyen de 5000€. Nous embauchons un certifié stagiaire à 1400€ en région parisienne !

Liberté, diversité, autorité

Le programme de François Fillon s’appuie sur 3 axes : Liberté, Diversité, Autorité

Commençons par l’Autorité. « Fondamentaux », « apprentissage », « autonomie »… il va falloir chercher longtemps avant de trouver un programme de candidat à la présidentielle qui ne s’y réfère pas !

Par autorité, François Fillon traduit ce que partout ailleurs – en Europe, en Chine, dans tous les pays où je suis intervenue ces dernières années – on nomme leadership ; or les Français – jusqu’à maintenant – n’aimaient pas le leadership, même au sommet de l’État, comme ils l’ont montré en 2012.

Dans le microcosme de l’Éducation Nationale, encore moins qu’ailleurs ! En revanche on aime les discours sur l’autorité ! Tous lui vouent un pouvoir incantatoire : parents et enseignants nostalgiques de l’école d’hier, soutenus par les litanies de certains journalistes peu informés sur les évolutions des systèmes éducatifs dans le monde, mais très zélés dans leur matraquage médiatique démagogique.

Par leadership, on entend à la fois, décentralisation, responsabilisation des acteurs à tous les niveaux : région, établissement, salle de classe, etc. Employons un mot plus clair : empowerment. Il s’agit pour un président de la République ou pour un ministre de donner le pouvoir d’agir à ceux qui mettront en place les réformes radicales dont la France a besoin.

Radical a ici le sens de la révolution souvent évoquée : passer du top-down de la rue de Grenelle – au bottom-up. La France ne connait pas le bottom up : comment faire accepter par de hauts fonctionnaires devenus partiellement inutiles, l’idée qu’ils doivent accomplir dorénavant des tâches de suivi et d’accompagnement ?

Or ce pouvoir concentré en haut lieu fait cruellement défaut à tous les niveaux de la pyramide, appelée à se transformer depuis des décennies. Pour ce faire, tous les personnels, et notamment les enseignants, doivent être recrutés sur des compétences nouvelles devenues indispensables. François Fillon propose, comme c’est le cas dans les pays voisins, « des stages dans un établissement scolaire dès la première année d’université aux étudiants qui envisagent d’être enseignants… »

J’ajouterais la quantité : pour un tiers de leur temps de formation, pas de saupoudrage, car c’est ensuite en partie sur la base des compétences révélées sur le terrain, qu’ils seront recrutés et tous ne le seront pas, comme en Finlande.

Revaloriser le métier d’enseignant

C’est à ce prix que nous revaloriserons le métier d’enseignant, en le professionnalisant. Leurs compétences relationnelles, elles aussi, doivent être développées, comme c’est le cas par exemple à l’Université de Munich (TUM) où enseignants, médecins et autres professionnels paramédicaux reçoivent une formation commune, spécifique à la relation avec les familles, à la communication, etc. En France, l’oral du Capes de 2014 ressemble à s’y méprendre à l’oral du CAPES de 1974 ! Comment juger des compétences à diriger dans un oral de concours portant sur la discipline enseignée ?

À tous les niveaux de responsabilité, l’on doit remplacer les injonctions non suivies d’effet par un véritable leadership. La liste serait longue, mais François Fillon insiste sur la décentralisation, et il a raison. Pour la 4ème fois, je viens d’être invitée en Chine, aux côtés de 5 autres experts internationaux : après Pékin et Shanghai, nous étions cette fois dans une province reculée du Sud-Ouest de la Chine, à 2000 kms de la capitale, afin de former des chefs d’établissement, car les Chinois mesurent l’urgence d’agir, la vitesse exponentielle des changements de notre temps, pendant qu’en France, d’aucuns prétendent encore devoir « donner du temps au temps », ou se gargarisent des réussites d’un temps révolu.

Pour affirmer les principes de Liberté et Diversité, François Fillon décrit un collège qui permettrait l’approfondissement des savoirs fondamentaux et l’ouverture sur le monde (langues, économie, numérique, environnement). Mais sa volonté de libérer et de diversifier semble aller jusqu’à accorder à tout établissement un réel pouvoir de décision sur l’agencement des heures par rapport aux programmes nationaux, sur la gestion financière, et celle des ressources humaines.

Les parents d’élèves français doivent faire l’effort de comprendre la globalité des changements indispensables et non se concentrer sur les mesures concrètes. Néanmoins il nous semble important de relever la pertinence de certaines mesures mentionnées dans son programme :

  • Une scolarité obligatoire à partir de 5 ans.
  • Une interdisciplinarité au collège favorisée par la bivalence des professeurs, une bivalence différente de celle voulue par les Inspecteurs Généraux d’histoire et géographie si peu favorables à l’Europe et à l’innovation. Ailleurs on peut être spécialiste de maths et de géographie, d’histoire et d’EPS, etc.
  • La fin des 4 mois de vacances avec compensation salariale, mesure qui favorisera l’équité car les vacances scolaires ne sont pas pour tous les élèves des moments d’épanouissement.
  • Davantage de contrôle continu pour le brevet, nécessaire pour poursuivre au lycée, qui devrait attester de la maîtrise du socle commun de connaissances, et le baccalauréat qui devrait être plus solide dans son contenu et plus simple dans son organisation : quatre épreuves, avec un niveau d’exigence accru, passées début juillet.
  • Rétablissement de la note de vie scolaire : les compétences relationnelles font partie des compétences-clé. C’est aux enseignants qu’il revient d’élaborer localement les grilles de compétences civiques et sociales, afin de redonner du sens aux sanctions et aux conseils de discipline. La possibilité pour le chef d’établissement d’exclure un élève est réaffirmée.

Revenir sur les aberrations du quinquennat 2012-2017 signifie l’extension des classes européennes, bilangues, internationales. Là aussi il y a urgence : le monde ne nous attend pas ! Un cerveau multilingue, dès l’enfance ou l’adolescence sera un atout, pas seulement en langues.

François Fillon veut « une politique d’innovation autour du numérique ». Que la France devienne donc un relais essentiel dans « l’Agenda européen des nouvelles compétences clés », un membre actif dans « la Coalition de l’Union Européenne pour les STEM » (Sciences, Technologies, Ingénierie, Mathématiques). « Le Pacte européen pour la jeunesse », les projets de la « Banque Européenne d’Investissement » doivent être connus et appréciés du grand public. Ces projets européens ont vocation, non pas à rester à la marge du système scolaire (deuxième chance, initiatives ponctuelles de certaines régions, etc.) mais à être intégrés dans le système éducatif si l’on veut vraiment que l’avenir des jeunes Français s’améliore.

Des mesures de bon sens

Certaines mesures préconisées par François Fillon rencontrent une hostilité infondée :

  • Les établissements privés ne devraient plus être considérés comme une voie de contournement car le libre choix des familles devrait prévaloir, comme dans de nombreux pays.
  • La présidence des Conseils d’administration n’a pas à être nécessairement confiée au chef d’établissement, à partir du moment où il cesse d’être un simple gestionnaire et où il est, enfin, en charge du management des équipes et du leadership de son établissement, car il ne peut être juge et partie. On peut comprendre que dans sa position actuelle, il craigne de perdre le peu de pouvoir que lui confie l’État.
  • Port de l’uniforme : il pourrait contribuer à permettre aux élèves, comme dans de nombreux pays, d’identifier l’établissement scolaire, non plus comme un lieu de passage obligé, mais comme une organisation où chacun est là pour apprendre, dans laquelle chacun a sa place, un rôle dans une équipe, qui a choisi son projet d’école.

En conclusion, formulons un vœu : que François Fillon aille encore plus loin dans son projet au service des jeunes générations. Fort de la confiance qu’il inspirera aux Européens en s’attaquant enfin aux réformes structurelles dont le pays a besoin, il n’est pas impossible qu’il puisse aussi insuffler en Europe « l’envie de se concentrer sur quatre ou cinq priorités stratégiques ». Souhaitons que dans ces priorités figurent en bonne place l’emploi et la formation.

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  • Dans le socle européen j’aurais ajouté « bases de l’économie ». Être bon en math, en francais, savoir parler l’anglais ou le mandarin, c ‘est bien. Mais entrer au collège, au lycée, sans avoir un minimum de culture économique concrète (histoire de couper court des l’enfance à tout endoctrinement idéologique, quel qu’il soit) me semble indispensable.
    À défaut, on ne fait pas des citoyens à part entière, mais des handicapés sociaux…

    • @ PukuraTane

      L’économie Doit faire partie de « l’esprit d’initiative et d’entreprise ». Il est clair qu’avant d’entreprendre, on calcule les moyens dont on a besoin comparés à ceux dont on dispose, sans espérances idiotes, il est donc indispensable de faire « un tour de table »!

  • il serait encore plus judicieux pour M. Fillon de :
    – laissez faire le port de l’uniforme pour les établissement qui le désire
    – laissez faire …
    – laissez faire …

    et ne pas imposer ni encourager, car c’est en complète contradiction avec la volonté de décentraliser

    • Vous n’allez pas lui demander d’être libéral non plus ?

      • @ Tara Tata

        Il l’est, en grande partie. MAIS diriger et réformer un pays « démocratique » (?) nécessite de gérer le temps, ce qu’il a magnifiquement réussi pour les élections de la primaire!

        Il en est au moment de « lancer » ses idées, la phase « brutale »: il n’est pas idiots au point de croire qu’il va toutes les réaliser: certaines sont plus urgentes que d’autre: elles seront à introduire avec intelligence pour obtenir un peu plus que ce « qu’on » voudra bien lui concéder.

        Il ne cherche évidemment pas un « blocage syndicalo-patisan » de la France: c’est psychologiquement un « secondaire » apte à dompter sa spontanéité, sans donner un « casus belli »: on fait partout, déjà, le procès de ses idées présumées: Il en apprend beaucoup: n’oubliez pas que ce gars était député à 27 ans et qu’il en a 62! Et en course auto comme en escalade, le but premier est de rester vivant!

    • Permettez moi d’être en désaccord avec vos avis. En effet, le port de l’uniforme à un mérite : éviter que des élèves ne soient bouc-émissaires de leurs camarades de classe car leurs parents n’ont pas les moyens ou ne veulent pas dépenser des fortunes dans les vêtements à la mode.

      Et je parle en connaissance de connaissance : j’ai été particulièrement brimé par mes camarades de classe alors que j’étais issu d’un milieu aisé.

      Mes parents cependant refusaient de m’acheter des vêtements marques, ce qui m’a valu d’être le bouc-émissaire idéal pour mes camarades de classe.

      Avec le port de l’uniforme, je n’aurais certainement pas connu un tel harcèlement imbécile de la part de mes bourreaux.

      Sur ce, bonne journée à vous 😉

      • en connaissance de cause…
        Des vêtements de marque…

        Désolé pour les coquilles.

      • Ce n’est parce que c’est une bonne idée qu’il faut l’imposer à tous, vous refaites la l’erreur de tous nos politiciens depuis 50 ans.
        Sur l’exemple de l’uniforme, cela peut bien se passer ou mal se passer en fonction du contexte. L’uniforme crée une rente au fournisseur qui risque d’en profiter, il peut y avoir plein de problème que l’on aurait pas eu sans uniforme.
        Et il y a des parents qui ne veulent pas de ça pour leurs enfants.
        Chaque établissement doit avoir le choix.

        un autre exemple,
        Il pourrait y avoir des écoles pour les filles et d’autres pour les garçons à condition que ce ne soit pas la norme et que d’autres établissement puissent décider d’être mixte…

        L’instruction nationale décide du résultat à atteindre.
        L’établissement a toute autorité pour mettre en place tous les moyens qu’il peut pour atteindre ce résultat.
        Les parents choisissent l’établissement en fonction des possibilités qui leur sont offertes (chèque éducation)
        Les établissement qui ne fonctionnent pas font faillite et disparaissent
        De meilleurs établissements se créent…

        • Je dis cela en partant d’un constat. Après, je sais bien que nous sommes ici sur un site libertarien où certains semblent verser dans une sombre idéologie.

        • Contrairement à ce qui est dit, le chèque éducation ne permet pas aux parents de choisir leur établissement, mais au chef d’établissement de choisir les parents et donc de sélectionner les élèves. Ce n’est pas la même chose…

      • Et bien moi aussi j’étais mal habillé, d’une part par manque de moyen des parents, d’autre part par détachement de ces phénomènes de modes …
        Et alors, j’ai toujours assumé, pas la peine de niveler par le bas.
        Et maintenant que vous êtes « grand », on peut s’acheter une porsche ou bien doit-on rouler en lada pour ne pas vous harceler ?

  • Apprendre à Apprendre : Si il y a bien quelque chose qu’il ne fallait pas retirer c’est bien ça. C’est la plus fondamentale des compétences, celle qu’il faut mettre en haut de la liste.
    Car l’école ne pouvant pas tout nous apprendre, on a ainsi les moyens d’apprendre par nous-même…

    Apprendre à Apprendre, Apprendre à penser (et pas quoi penser), Apprendre à mémoriser, Apprendre à déduire, à douter, se remettre en question, à évoluer…

    Mais si ce que l’on veut c’est laver le cerveau de nos générations futures, cela prend sens!

  • Il faudrait aussi remettre la transmission au coeur de l’enseignement. Les collégiens passent beaucoup de temps en « recherches », « exposés, « dossiers » aux dénominations pompeuses, au détriment de l’acquisition d’une culture structurée suffisante pour comprendre le monde. Il faut bien voir que cela résulte d’une volonté délibérée de mettre l’enseignant au niveau des élèves suivant l’idéologie d’indifférentiation en vogue.
    Il ne faut pas se plaindre ensuite du manque d’autorité des enseignants. Leur autorité n’est pas seulement, ni d’abord , la discipline (du comportement), mais aussi et surtout l’autorité de leur savoir.
    Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas adapter les modes de teansmussion au monde actuel. Les moyens pédagogiques, c’est justement l’affaire des enseignants dont il faudrait arrêter de saborder le métier!

  • Accord avec la responsabilisation à tous niveaux, elle implique la dissolution du corps des inspecteurs de tout ordre et donc de l’inspection générale. Accord aussi avec les stages pour candidats enseignants dès la 1e année et à la bi ou tri valence, Par ailleurs, décentraliser implique que les communes organisent l’enseignement obligatoire. Il faut pour cela que les communes de moins de 3000 habitants fusionnent avec une commune voisine de leur choix. C’est la 1e décision libérale à prendre (de leur choix!!!) et non arbitrairement comme cela a été fait pour les Régions. Celles-ci auront à gérer l’enseignement supérieur non universitaire.
    L’enseignement de la langue maternelle est fondamentale, ainsi que les sciences et technologies. On sait mal que l’enseignement des langues étrangères trouve son origine au sein du Conseil (réunion des chefs d’Etat) tous en quête d’un gadget « européen » . Un panel de linguistes a été consulté et leur avis a été très tiède. L’idée a néanmoins été popularisée par l’ensemble de l’éventail politique européen. On ne mettra pas en avant ici la polémique, ce serait trop long. Pour les libéraux, il devrait être exclu totalement qu’une 2e langue non choisie soit imposée aux enfants.
    Quant au BAC, sa suppression s’impose pour cause d’efficacité zéro.

  • Oui Pukura Tane bien vu. Il est temps que l’économie ne se résume pas  » a l’exploitation des autres » Juste une remarque, les doyens demandent de noter sur 24 voir plus pour avoir suffisamment de diplômés. Résultat, nombreux sont les étudiants qui partent dans les universités hors France. Donc seuls les étudiants ayant des parents suffisamment riches pourront le faire ! bravo pour la soit disant « égalité » De plus le nombre d’élèves par prof est beaucoup plus élévé que dans nos voisins européens; Où est l’erreur?

  • Article très intéressant. L’auteur connait bien son sujet et met le doigt sur de nombreuses causes du décrochement de notre pays dans les comparaisons internationales sur les performances des élèves, et donc du système éducatif.
    Je passe sur un point qui m’a fait sourire : le port de l’uniforme. A laisser à l’initiative des établissements, pourquoi pas.

    Je voudrais introduire ici une cause de dysfonctionnement majeure à on avis. Dans les process industriels, qu’il s’agisse de fabrication physique ou de processus intellectuels (études, services…) on ne peut faire de la qualité sans un contrôle continu, tout au long de la chaine. Cela implique obligatoirement un mécanisme de traitement des items qui ne passent pas le seuil d’acceptation lors du contrôle. On ne montre pas sur une voiture un pare brise cassé, sur un ordinateur un composant qui ne tient pas les caractéristiques, on n’intègre pas dans un logiciel des programmes qui n’ont pas passé les tests de de validation, on ne laisse pas un individu piloter des avions sans la qualification, etc.

    Or dans l’Education Nationale, on fait passer les élèves d’une classe à l’autre, même (dans la plupart des cas) s’ils n’ont pas le niveau requis. Cela résulte à la fois de consignes données par les inspecteurs et de la pression des parents. Les enseignants qui font de la résistance contre cette manière de faire sont mis sous pression par la hiérarchie, les parents, les élèves. La plupart, même s’ils sont profondément convaincus de la nocivité de cette politique, baissent les bras et laissent faire.

    Cette politique est nocive à plus d’un titre :

    – elle habitue les élèves qui n’ont pas la motivation à travailler à se laisser porter par la vague, en en faisant le moins possible
    – lorsqu’ils se retrouvent dans des classes pour lesquels ils n’ont assimilé les prérequis, ils décrochent, sont en situation d’échec, et le plus souvent réagissent en se mettant dans des postures d’opposition au système, perturbant le reste du groupe et l’enseignant,
    – une fois arrivés au niveau des examens (brevet, bac), comme il faut bien aboutir à un pourcentage raisonnable de reçus, on doit baisser le niveau, annuler les questions trop difficiles dans les épreuves, noter sur 24, etc.
    – lorsque les cohortes se retrouvent dans l’enseignement supérieur, les enseignants constatent la nécessité d’épurer d’année en année les programmes, de fermer les yeux sur les handicaps calculatoires en maths, les fautes d’orthographe et de grammaire innombrables…
    – et pour en finir, une fois les cohortes en question dûment diplômées, les entreprises et les administrations en arrivent à sélectionner les candidats à travers des concours ou des épreuves sur des fondamentaux (dictée, calcul…) mises en oeuvre par des prestataires privés.

    Résultat final, un chômage massif chez les jeunes. Beaucoup employeurs qui savent que nombre de diplômés débutants doivent apprendre dans l’entreprise ce qui manque à leur bagage initial préfèrent laisser leurs concurrents effectuer cet investissement.

    Concrètement, il faut

    – soit rétablir les redoublements, à l’ancienne, pour les élèves qui n’ont pas le niveau pour passer dans la classe supérieure. Les enseignants doivent être maitres de ces décisions, sans pression de la hiérarchie ni recours possibles des parents.
    – soit, si on ne veut pas revenir à la situation ancienne (discrimination sociale, traumatisme, etc…) il faut mettre en place des « classes de rattrapage », où des enseignants triés sur le volet et rémunérés en conséquence remettront à niveau les élèves qui en ont besoin afin qu’au terme d’une ou deux années de prise en main, la plupart des enfants en échec retrouvent les cursus normaux. Sans aucun doute si une telle politique est bien conduite, ceux qui resteront en échec au terme de ce processus de « réinsertion » seront probablement des cas relevant d’une prise en charge spécifique par des services médico-sociaux.

    A bon entendeur….bon courage au futur ministre de l’éducation, car je ne doute pas du fait qu’il s’agira d’un membre du gouvernement nommé par M. Fillon 🙂

    • Rétablir les redoublements : la France est l’un des pays qui fait déjà le plus large usage du redoublement. Arrrivés en 3e, la moitié des élèves a déjà redoublé au moins une fois. Les pays qui obtiennent les meilleurs résultats (Finlande) sont précisément ceux dans lesquels les élèves suivent un tronc commun le plus longtemps possible, sans redoublement et sans la frénésie d’évaluation qui accompagne la scolarité en France. Les « bonnes vieilles méthodes » sont assurément davantage vieilles que bonnes.

      • Vincent, je vous invite à aller vivre quelque temps en Finlande, Norvège… et de voir comment fonctionne la pression sociale dans ces pays. Savez vous que si vous buvez de l’alcool dans une soirée et qu’on vous voit ensuite prendre le volant, à coup sur l’un des participants à la soirée téléphonera à la maréchaussée pour qu’on vous intercepte et qu’on vous inflige la sanction que vous méritez ? A l’école, l’enfant qui se fait remarquer par sa fainéantise ou son habitude de perturber le groupe sera désigné par le maître comme un perturbateur et mis à l’écart « social » par les autres enfants. Je vous laisse imaginer la réaction dans une classe française ailleurs que dans un établissement d’excellence si l’enseignant tentait ce genre d’approche : rigolade assurée…

    • Très brièvement : défendre le redoublement systématique repose sur une mentalité que j’évite de qualifier. Sachons que c’est casser un enfant. Cela étant il est nécessaire de mettre en place un système de « passage » comme dans les sociétés primitives puisque seules les épreuves forment la jeunesse et d’ailleurs, aussi, les adultes. Je propose un 1e barrière à 11 ans, une seconde à 16 ans et une troisième à l’entrée dans l’enseignement supérieur universitaire ou autre. Le BAC est à rejeter.

    • Je partage votre point de vue, Jean.
      Quand on construit une maison, on s’assure que les fondations soient solides. Sinon… elle s’écroule!
      Pour moi, la priorité ce n’est pas d’annoncer des réussites spectaculaires aux examens, c’est de faire en sorte que la scolarité soit profitable pour les élèves.
      Qu’on admette enfin que tous les enfants sont différents et n’ont pas les mêmes capacités pour apprendre et qu’on les fassent progresser à leur rythme.
      Je mettrais un maximum de moyens pour les élèves en difficulté, classes réduites et soutien accru . Le problème des effectifs n’est pas important pour les bons élèves, ce qui est important c’est d’évaluer correctement les résultats et d’en tenir compte, y compris par un redoublement si nécessaire pour bien maîtriser les acquis. Ce n’est pas dégradant d’avoir une mauvaise note ou de redoubler si c’est utile pour pouvoir progresser par la suite. Arrêtons de bloquer l’épanouissement des bons sous prétexte qu’il ne faut pas dévaloriser les mauvais. On constate les résultats dans les classements internationaux. N’oublions pas aussi que les enfants d’aujourd’hui seront les adultes de demain et qu’il est primordial de bien les préparer à leur vie future. C’est tout l’avenir de la société française qui est en jeu.

  • Curieuse manière d’écrire un article quelle remplacer chaque mot en français par un terme de globish en prétendant le rendre plus clair !

  • Certificat d’études : port de la blouse, vêtement de l écolier souvent reprisé. A l’ époque on avait le sens de l’économie et de la récupération . Le certificat d’étude était décerné à tout élève méritant qui avait bien appris toutes les matières .Aujourd’hui l’éducation n’ a plus les mêmes valeurs , un bachelier n’est pas tenu d’ écrire correctement sa langue.

    • Dans cette optique, pourquoi ne pas revenir également à la lampe à huile ? A propos du certificat, non, il n’était pas décerné à tout élève méritant. A l’époque de ses meilleurs résultats, seul un élève sur deux se le voyait décerné. Pas forcément plus méritant que les autres.

      • Le certificat d’études avait comme fonction de permettre aux enfants de 11 ans peu portés sur l’abstraction d’avoir un programme qui, sans négliger les fondamentaux (français, calcul), préparait à l’apprentissage d’un métier manuel. La suite logique était l’apprentissage chez un artisan ou dans une entreprise. Sous prétexte qu’il était discriminatoire socialement, on l’a supprimé (collège unique) : grosse erreur. On finira par comprendre qu’il faut faire une sélection à la sortie du CM2 et orienter vers des classes adaptées les enfants qui n’ont pas les aptitudes ou l’envie pour effectuer une scolarité longue. On peut gloser sur la revalorisation des métiers manuels, mais quand on voit qu’un plombier a des revenus bien supérieurs à ceux d’un médecin généraliste… on se dit que ce qui manque c’est juste de la pédagogie pour les enfants et surtout les parents afin de mieux orienter !

  • « L’expérience passée de Fillon » ? Euh, c’est pour rire ? Petit rappel : comme ministre de l’EN de 2004 à 2005, Fillon n’a laissé aucun souvenir, sinon celui d’avoir rétabli les punitions collectives. C’est sans doute cela qu’il appelle « autorité ». Comme chef de gouvernement de 2007 à 2012, là par contre, il en a laissé des souvenirs, est directement responsable des pires mesures jamais prises dans ce domaine : suppression de la formation des enseignants, d’une demi-journée d’école hebdomadaire en primaire, de plusieurs dizaines de milliers de postes.
    Les résultats commencent à apparaître dans les enquêtes internationales : une génération perdue.
    Petit détail à propos de l’uniforme scolaire : non, il n’existe pas dans de nombreux pays ; en Europe, c’est exclusivement l’apanage de la Grande-Bretagne. Ailleurs, on considère que l’habillement des gens n’est pas du ressort d’un parti politique.

  • Cet article ne retranscrit pas le moins du monde la doctrine libérale à propos de l’école.
    Je vais donc devoir la rappeler au moyen de ces trois citations :

    Obliger un homme à payer des impôts pour la propagation d’idées qu’il désapprouve et abhorre est scandaleux et tyrannique. (Thomas Jefferson)

    Tous les monopoles sont détestables, mais le pire de tous, c’est le monopole de l’enseignement. (Frédéric Bastiat)

    Une éducation générale et étatisée n’est qu’un appareil à façonner les gens pour qu’ils soient exactement semblables entre eux ; et le moule utilisé est celui qui plaît aux pouvoirs prépondérants dans le gouvernement, que ce soit un monarque, un clergé, une aristocratie, ou la majorité de la génération en cours, et dans la mesure où l’appareil est efficace et où il est réussi, il établit un despotisme sur les esprits qui, par une pente naturelle, conduit à un despotisme sur les corps. (John Stuart Mill)

    Un système éducatif obligatoire et financé par l’impôt est le modèle complet de l’État totalitaire. (Isabel Paterson)

    Bref, le seul programme politique libéral en matière d’éducation est le programme qui réclame la séparation de l’école et de l’État. C’est vraiment très loin de ce que veut Fillon.

    • « C’est vraiment très loin de ce que veut Fillon. »
      Certes, mais n’est-ce pas encore plus loin de ce que veulent les autres ?

  • Les commentaires sont fermés.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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