Aujourd’hui, l’État a consommé toutes ses ressources

Les administrations centrales de l’UE épuisent au global leurs ressources le 30 novembre, 31 jours avant la fin de l’année. C’est 6 jours plus tard que dans l’édition précédente de l’étude.

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Aujourd’hui, l’État a consommé toutes ses ressources

Publié le 9 novembre 2016
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Un communiqué de l’Institut économique Molinari.

By: daniellehelmCC BY 2.0

Grâce à des données d’Eurostat, l’Institut économique Molinari a calculé le jour où les États de l’Union européenne (UE) ont dépensé toutes leurs recettes annuelles.

La 2ème édition de cette étude montre que :

  • L’administration centrale française a dépensé l’intégralité de ses ressources le 9 novembre, 53 jours avant la fin de l’année. La situation ne s’améliore pas d’une année sur l’autre.
  • Les États centraux de l’UE épuisent en moyenne leurs ressources le 30 novembre, 31 jours avant la fin de l’année. C’est 6 jours plus tard que l’année d’avant, ce qui représente une amélioration significative. L’écart se creuse entre la France et l’UE. Il est maintenant de 22 jours contre 16 jours l’année précédente.
  • L’administration centrale française, avec 53 jours de dépenses financées par la dette est parmi les 3 pays présentant les plus grands déséquilibres au sein l’UE avec la Grèce (64 jours) et le Portugal (54 jours).

Calendrier des jours où les administrations centrales de l’UE ont dépensé toutes leurs recettes

tab-molinariLes administrations centrales, principale source des déficits publics dans l’UE

Parmi les 28 administrations centrales de l’UE, 2 étaient en situation excédentaire l’an passé. Il s’agit de l’Allemagne, avec un excédent équivalent à 10 jours de dépenses, et de la Suède, avec un excédent de 3 jours de dépenses. Leurs recettes de l’année leur ont permis de financer toutes les dépenses de l’année, et de se désendetter.

Les 26 autres administrations centrales dépensaient la totalité de leurs recettes avant la fin de l’année.

Les administrations centrales de l’UE épuisent au global leurs ressources le 30 novembre, 31 jours avant la fin de l’année. C’est 6 jours plus tard que dans l’édition précédente de l’étude.

Au niveau de l’UE, les administrations centrales expliquent l’essentiel des dérapages des comptes publics. Les administrations de sécurité sociale sont moins déséquilibrées que les États centraux et les administrations locales sont désormais équilibrées. Toutes administrations confondues, les différents pays de l’UE avaient consommé la totalité de leurs recettes publiques 18 jours avant la fin de l’année. C’est 5 jours plus tard que l’année d’avant.

La situation de l’administration centrale française est très dégradée

Depuis 1980, tous les exercices ont été déséquilibrés. Au-delà des chocs liés aux à-coups conjoncturels, la situation s’est détériorée. En moyenne, « le jour où toutes les ressources sont consommées » a avancé de 1,5 jour par an depuis 1980.

Par rapport au reste de l’UE, la situation française se dégrade. L’État et ses ODAC sont systématiquement dans la dernière partie du classement. Ils sont 21ème en moyenne à 20 ans et 26ème sur 28 pays l’an passé.

Même sur la période récente, marquée par une hausse significative des prélèvements obligatoires, la situation ne s’améliore pas par rapport aux autres pays de l’UE. En 2015, l’écart entre la France et la moyenne de l’UE a continué de s’élargir. L’administration centrale française avait consommé toutes ses ressources 53 jours avant la fin de l’année. C’est 22 jours plus tôt que le reste de l’Union européenne. Cela constitue l’écart le plus important depuis 15 ans.

L’administration centrale n’est pas la seule à ne pas équilibrer ses comptes en France

C’est aussi le cas des administrations de sécurité sociale, qui consomment leurs recettes 3 jours avant la fin de l’année. En dépit de la multitude des réformes encadrant la progression des dépenses de santé et durcissant le fonctionnement des régimes de retraite par répartition, les comptes restent dans le rouge et n’ont toujours pas retrouvé le niveau de déficit moyen constaté sur les 20 dernières années, avec un budget consommé en moyenne 2 jours avant la fin de l’année.

La situation des administrations locales s’est en revanche améliorée sur le long terme. Alors que sur les 20 dernières années, elles avaient consommé leur budget 3 jours avant la fin de l’année, elles étaient excédentaires l’an passé de 1 jour.

Au global la situation française, toutes administrations publiques confondues, s’améliore en réel mais se dégrade par rapport au reste de l’UE. Les administrations publiques avaient consommé leurs recettes 22 jours avant la fin de l’année en 2015, soit une amélioration par rapport à ce que l’on constate sur 20 ans. Pour autant, cette amélioration est plus lente que dans le reste de l’UE. Alors que les administrations publiques françaises étaient parmi les plus vertueuses en moyenne sur 20 ans, elles étaient l’an passé parmi les plus déficitaires.

Un déséquilibre durable en dépit d’une augmentation significative des recettes publiques

L’étude montre que la persistance de déficits publics n’est pas due à une baisse des recettes publiques. Rapportées au PIB, les recettes publiques augmentent significativement en France depuis des décennies. Elles sont passées de 43,2 % du PIB en 1978 à 53,5 % en 2015, ce qui représente une hausse de 10,3 points.

La persistance de déficits est due à une augmentation encore plus rapide des dépenses publiques. Elles sont passées de 44,9 % du PIB en 1978 à 57 % en 2015, ce qui représente une hausse de 12,1 points.

Pendant la période récente, la France a eu un comportement atypique par rapport au reste de l’UE. Depuis 2013, les dépenses publiques françaises ont continué de croître, alors qu’elles diminuent dans l’UE. En 2015, les dépenses publiques françaises représentaient 57 % du PIB, soit 0,2 % de plus que le précédent record de 2009. La situation était différente dans l’UE où elles ont diminué de 2,8 par rapport à 2009.

Citation de Cécile Philippe, directrice de l’Institut économique Molinari (IEM) et co-auteur :

« En France, l’État vit à crédit 53 jours par an. C’est bien plus que dans la quasi-totalité des pays de l’Union européenne. Seuls les Grecs et les Portugais font pire, avec 64 et 54 jours financés à crédit.

La situation ne s’améliore pas significativement d’une année sur l’autre, contrairement à ce que l’on constate dans le reste de l’UE.

Or, la variable d’ajustement ne peut résider dans l’augmentation perpétuelle de la dette. L’expérience montre en effet que le développement durable des dettes est une source de risques pour les contribuables, les générations futures comme les détenteurs de dette publique. »

Citation de Nicolas Marques, co-auteur :

« La France a une fiscalité aussi rigoureuse que celle des pays du Nord les plus socialisés, tout en ayant des déficits aussi lourds que dans les pays du Sud en crise.

Nous vivons en plein paradoxe. Nous sommes arrivés à un niveau de pression fiscale inégalé, ce qui limite les chances d’une reprise durable et d’une résorption significative du chômage. Dans le même temps nous constatons, année après année, la persistance de déficits significatifs. »

L’étude intitulée « Le jour où les États de l’Union européenne ont dépensé toutes leurs recettes annuelles » est disponible sur le site de l’Institut Molinari.

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