John Locke ou la résistance à l’oppression (vidéo)

Corentin de Salle nous explique l’importance de l’enseignement du philosophe John Locke pour comprendre la résistance à l’oppression et son importance pour la liberté.

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John Locke ou la résistance à l’oppression (vidéo)

Publié le 30 septembre 2017
- A +

Par Ferghane Azihari.
Un cours de l’école de la liberté

Le libéralisme constitue dans l’histoire de l’humanité une rupture philosophique et politique sans précédent. Tandis que l’arbitraire a toujours été la norme dans les sociétés humaines, un philosophe britannique du nom de John Locke ose redéfinir les rapports entre le pouvoir politique et l’individu, en plaidant pour la subordination du premier aux intérêts du second.

Il s’agit là d’une démarche littéralement révolutionnaire puisque la publication du Traité du gouvernement civil en 1690 vient justifier la Glorieuse révolution britannique et l’adoption du Bill of Rights un siècle avant la révolution française.

Les bases de notre civilisation

C’est tout l’intérêt du cours de Corentin de Salle que de rappeler les origines d’un droit fondamental qui pose les bases de notre civilisation : le droit de résistance à l’oppression. L’influence de John Locke sur le développement de notre culture juridique ne doit pas être sous-estimée. La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 ne consacre-t-elle d’ailleurs pas en son article 2 ce fameux droit de résistance ?

Ce droit est justifié au nom de la finalité même des associations politiques : la conversation de la liberté et de la propriété. On rejoint ici l’idée ultérieurement développée par Frédéric Bastiat qui, dans son pamphlet La Loi, décrit l’association politique comme une organisation d’auto-défense pour garantir la sécurité d’individus libres.

La tâche de l’association politique

L’association politique succède en effet à l’état de nature où règne l’insécurité permanente. L’intérêt de l’association politique réside donc dans la possibilité pour chacun d’augmenter sa sécurité, c’est-à-dire la capacité effective à jouir de ses droits indépendamment de toute interférence criminelle.

Or si la légitimité d’un gouvernement est subordonnée à sa capacité à garantir cette sécurité, il s’ensuit nécessairement qu’il peut être destitué et remplacé s’il faillit à sa mission en raison de son laxisme ou, au contraire, de son autoritarisme.

Une véritable révolution

Ainsi que le met en avant Corentin de Salle, « cette théorie de la résistance à l’oppression est en réalité une théorie de la révolution ». Les implications de la résistance à l’oppression peuvent aller au-delà même d’une simple destitution ou d’un simple changement de régime comme ce fut le cas sous la Révolution française. La Révolution américaine a quant à elle débouché sur une solution encore plus radicale : la sécession.

Concevoir le contrat social comme un simple moyen d’organiser la résistance à l’oppression implique des conséquences importantes sur l’organisation du pouvoir politique. C’est de cette conception que provient par exemple l’idée d’un État minimum, c’est-à-dire cantonné dans les fonctions destinées à réprimer les violations des droits individuels : police, justice et armée.

Le monopole de la violence légale ne saurait donc aller au-delà de ces trois simples prérogatives sous peine d’anéantir l’intérêt de vivre en société. L’originalité de l’apport de Locke tient donc à ce que le droit de résistance à l’oppression est érigé en principe constitutionnel au même titre que la séparation des pouvoirs.

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  • c’est l’ heure de la sortie … De toute façon ce qui a toujours manqué à ce peuple qui aime tant les bannières c’est de la mémoire….

  • « C’est de cette conception que provient par exemple l’idée d’un État minimum, c’est-à-dire cantonné dans les fonctions destinées à réprimer les violations des droits individuels : police, justice et armée. »
    Il est quelque peu paradoxal que l’on confie uniquement à ces trois pouvoirs le soin de nous garantir la résistance à l’oppression. Car ce sont justement ces trois pouvoirs qui de tout temps, ont toujours été à l’origine de la répression/oppression des peuples. C’est un peu comme si l’on confiait les clés du coffre-fort à un cambrioleur.
    La difficulté de cette notion de « résistance à l’oppression », placé en 4ème position dans la liste de nos droits est qu’elle ne peut être réellement comprise si on la sort de son contexte, qui était celui de la lutte contre les exactions de l’Ancien régime.
    Ce qui montre bien que la véritable source potentielle de « l’oppression » est… le Pouvoir en place ! Comment croire un instant que c’est la police, la justice et l’armée de ce Pouvoir qui peuvent nous protéger de leurs propres excès ?
    L’Etat minimal ne peut nous garantir ce 4ème droit que s’il met en place, en son sein, et au sein de la société, ses propres contre-pouvoirs (législatifs, syndicaux, informationnels…). L’Etat minimal ne peut donc absolument pas se réduire à ces trois pouvoirs.
    C’est en cela que cette vision extrêmement réductrice du libéralisme est un non-sens absolu.

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