Les Haïtiens souffrent aussi parce qu’ils ne sont pas libres [Replay]

Après le passage de l’ouragan Matthew, redécouvrez pourquoi les pays les plus libres s’en sortent mieux après une catastrophe naturelle.

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Les Haïtiens souffrent aussi parce qu’ils ne sont pas libres [Replay]

Publié le 9 octobre 2016
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Par Michel Kelly-Gagnon.

Les Haïtiens souffrent parce qu’ils ne sont pas libres
Haïti By: Colin CrowleyCC BY 2.0

Beaucoup de médias nous ont rappelé en janvier dernier le terrible séisme qui a frappé Haïti le 12 janvier 2010. D’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter, ce tremblement de terre qui a frappé près de la capitale de Port-au-Prince a fait au moins 200 000 morts, des centaines de milliers de blessés et un million et demi de personnes déplacées. Malgré l’aide internationale qui a suivi cette tragédie, cinq ans plus tard, la reconstruction n’est pas encore achevée.

Une catastrophe qui n’est pas que naturelle

Il n’y a aucun doute que ce terrible séisme fut une catastrophe, mais il ne faut pas penser que cette catastrophe a été uniquement naturelle. Car s’il y a eu tant de morts et de blessés, et si la reconstruction tarde tant, ce n’est pas dû uniquement à l’intensité du choc. Au-delà de la force de la nature, cette tragédie a des causes économiques et politiques. Ce qui a rendu ce sinistre si tragique c’est la pauvreté des Haïtiens – qui elle-même découle en grande partie du manque de liberté économique dans ce pays.

Les gens très pauvres n’ont pas les moyens de se préparer contre les risques futurs, par exemple en construisant des immeubles plus solides. Quand un tremblement de terre frappe, les logements, les écoles et les lieux de travail s’écroulent. Les infrastructures et les hôpitaux aussi, ce qui rend les opérations de secours et le traitement des blessés plus difficiles. La reconstruction prend aussi beaucoup plus de temps.

Haïti est très pauvre. Son PIB par habitant, mesuré en parité de pouvoir d’achat, était de seulement 1243 dollars en 2012. Par comparaison, le PIB par habitant de son voisin, la République dominicaine, était de 9646 dollars. Celui du Canada était de 42 734 dollars.

Pourquoi la République dominicaine est-elle tellement plus riche qu’Haïti ? Ils partagent une même île, après tout, et leurs populations sont de la même grandeur, avec environ 10 millions d’habitants chacun.

La liberté économique compte pour le bien-être des habitants

Il existe certes plusieurs raisons de cet écart de richesse, mais l’une des plus importantes, c’est l’écart de liberté économique qui existe entre ces deux pays. Selon l’édition 2014 de l’Index of Economic Freedom publié par la Heritage Foundation et le Wall Street Journal, Haïti reçoit une note de 48,9 sur 100 en termes de liberté économique et se place en 156e position parmi les pays du monde. La République dominicaine, pour sa part, s’en sort mieux avec une note de 61,3 et un classement en 80e position.

La République dominicaine est loin d’être un modèle de liberté, mais la situation y est bien moins pire qu’à Haïti : un peu plus de protection pour la propriété privée ; un peu moins de corruption ; un peu plus de facilité à créer et faire fonctionner une petite entreprise. Il y a aussi un peu plus de libre-échange avec les autres pays. Surtout, les investissements sont plus libres en République dominicaine, ce qui contribue au fait qu’elle reçoit environ 20 fois plus d’investissements directs étrangers, soit 3,6 milliards de dollars en 2012 contre seulement 179 millions pour Haïti.

Quand on pense à la richesse, on a tendance à penser aux voitures de luxe, aux manoirs et au caviar. Mais la richesse, ce sont aussi des habitations simples mais bien construites, des hôpitaux qui restent debout, des opérations de secours efficaces.

Si le tremblement de terre du 12 janvier 2010 avait eu lieu 300 km à l’est, près de Saint-Domingue au lieu de Port-au-Prince, cette tragédie aurait fait beaucoup moins de morts, et la reconstruction se serait terminée beaucoup plus rapidement. Tout cela, grâce à une plus grande liberté économique, et donc une plus grande richesse.


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  • Certes, mais que faire?

  • alexis, vous êtes sur un cit libéral, qui essaye, en autres choses, de démontrer que la liberté est efficace par rapport aux tentatives de planifications pour le développement, c’est une démarche intellectuel qui recherche la vérité.

  • Excellent article.
    L’absence des libertés économiques en Haïti est effectivement une des raisons de la vulnérabilité de ce pays aux catastrophes naturelles, le séisme de janvier 2010 et le récent passage de l’ouragan Matthew, parmi tant d’autres.
    La comparaison avec la République Dominicaine voisine permet aussi de comparer utilement les deux parties de la même île. Ce sont deux bonnes pistes d’analyse.
    Il y en a cependant d’autres causes aussi surtout lorsque l’on sait, pour ne rester que sur l’histoire récente des deux pays, qu’en 1960, ils avaient le même PIB par habitant. Haïti a ensuite subi la dictature des Duvaliers jusqu’en 1986 lorsque Jean-Claude Duvalier a été renversé. Depuis lors, malgré la Constitution de 1987, une constitution pourtant de type libérale guarantissant les droits politiques et économiques pour tous, l’état est resté entre les mains d’une petite élite politique et économique qui a activement empêché le développement politique –mise en place d’institutions solides, stables, et efficaces au service de tous et guarantissant les libertés pour tous–, mais qui a aussi entravé le développement économique en promouvant et protégeant le pouvoir économique de cette petite minorité. Il suffit de voir qui a actuellement accès aux prêts bancaires dans le système bancaire formel pour bien comprendre le problème.
    Mais une autre cause de cet échec de développement est l’absence de leadership politique avec tant de professionnels.d’intellectuels, et de jeunes ou moins jeunes forcés à l’exil ou à chercher d’autres opportunités écoomiques ailleurs pendant la dictature des Duvaliers et ensuite pendant les régimes populistes qui ont suivi, de gauche comme de droite. On peut comparer par exemple le leadership de Joaquim Balaguer en République Dominicaine, autoritaire certes, mais qui a su, comme en Corée du Sud, promouvoir les libertés économiques avant la mise en place et la consolidation des institutions démocratiques.
    A tout ceci s’ajoute l’impact négatif de l’aide internationale, en lieu et place d’investissement productifs, comme le dit si bien l’article au sujet des niveaux d’investissements, soit 30 milliards de dollars d’aide dans les 30 dernières années selon les chiffres de l’Ambassadeur Ricardo Seitenfus, ancien représentant spécial de l’Organisation des Etats Américains en Haïti au moment du séisme de janvier 2010. Selon les chiffres de l’OCDE, 12 milliards de dollars ont été déboursés depuis mars 2010, dont une bonne partie remise à la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), co-présidée par le gouvernement haïtien et les Nations Unies, et pour laquelle il n’y a pas de rapport publié jusqu’à nos jours sur l’utilisation de ses fonds.
    Entre temps, la transition démocratique vieille de 30 ans sans une seule élection libre, ouverte, et transparente ou la mise en place de vraies institutions, et l’aide internationale qui continue comme si de rien d’était avec un état toujours dysfonctionnel aux mains d’une classe politique et d’une élite économique en faillite morale et en décalage total par rapport aux citoyens, et une société civile faible et desorganisée, tous supplantés dans de nombreux pans de la vie quotidienne par les ONG internationales. Comme le dit aussi si bien aussi l’article, la catastrophe n’est pas seulement naturelle, elle est aussi institutionnelle et humaine par l’absence d’une autre vision du développement basée sur les libertés économiques et politiques pour tous les haïtiens et toutes les haïtiennes. Il ne faut pas se voiler la face, le pays est en échec. A quand le réveil face à cette réalité? Ce sont les haïtiens et haïtiennes qui doivent décider de leur avenir et agir en conséquence.

  •  » redécouvrez pourquoi les pays les plus libres s’en sortent mieux après une catastrophe naturelle. »
    « Si le tremblement de terre du 12 janvier 2010 avait eu lieu 300 km à l’est, près de Saint-Domingue au lieu de Port-au-Prince, cette tragédie aurait fait beaucoup moins de morts »

    Quand je dis que contreinfo se fait le chantre d’article douteux, sans fondement théorique.
    Ou sont les stats pour appuyer ces thèses douteuses?
    Où sont les sources?

  • Les commentaires sont fermés.

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