Afrique du Sud : la compagnie aérienne nationale agonise

Le gouvernement sud-africain ne peut plus se permettre de renflouer sa compagnie aérienne nationale, ni les contribuables sud-africains d’ailleurs.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Afrique du Sud : la compagnie aérienne nationale agonise

Publié le 15 septembre 2016
- A +

Par Jannie Rossouw.
Un article de Libre Afrique

Afrique du Sud : la compagnie aérienne nationale agonise
By: Christopher GrinerCC BY 2.0

L’Afrique du Sud a besoin de se rendre à l’évidence : le temps où les compagnies aériennes nationales étaient une source de fierté est révolu. Certains transporteurs nationaux, comme South African Airways (SAA), s’illustrent par leur mauvaise gestion. Ils doivent être liquidés pour préserver la fierté de la nation.

Partout dans le monde, la représentation des compagnies aériennes nationales comme un symbole des États-nations est sur le déclin. Les entrepreneurs privés ont envahi le marché et le succès de quelques transporteurs nationaux, comme Ethiopian Airlines, Emirates et Singapore Airlines s’explique par des conditions particulières. À quelques exceptions près, la situation dans les pays en développement est telle qu’ils ne peuvent plus supporter le fardeau financier de compagnies aériennes nationales. L’Afrique du Sud, qui fait face à des difficultés économiques, est un exemple typique. L’agence internationale Standard and Poor’s a d’ailleurs averti que, compte tenu de la fragilité des entreprises publiques, dont la SAA, le pays a manqué de justesse d’être rétrogradé à une position défavorable.

Si la SAA est actuellement maintenue à flot, c’est grâce aux garanties financières fournies par le gouvernement, soit un montant de 14 milliards de rands (environ 870 M€) qui pèsent sur les contribuables. Ce n’est pas la première fois que la compagnie est en difficulté mais, maintenue sous perfusion de fonds publics, elle est toujours là et empêche une concurrence saine de s’installer.

Une concurrence déloyale

La compagnie aérienne a encore une fois fait la Une de l’actualité pour son implication dans la disparition de Nationwide Airlines, l’un de ses rares concurrents sur les lignes intérieures. Cette situation n’est pas du tout à l’avantage des clients.

La Nationwide a été liquidée puisqu’elle ne pouvait pas rivaliser avec la SAA. Le tribunal Gauteng High Court South a jugé que l’abus de position dominante sur le marché de la SAA entre 2001 à 2006 a contribué à cette liquidation. En conséquence, il a condamné la SAA, le 9 août 2016, à payer à Nationwide Airlines une amende de 104 millions rands (6,5 M€). Si l’intérêt est ajouté aux dommages-intérêts, le montant peut doubler pour atteindre 200 millions rands (12,4 M€). Apparemment la SAA n’a pas l’argent pour payer cette amende. Cela est évident du fait que, même avant le procès, elle avait demandé au gouvernement une garantie supplémentaire de 5 milliards rands (310,5 M€).

Il n’y a pas de doute que la SAA va faire appel de la décision du tribunal. Après tout, lorsque les contribuables soutiennent des entreprises défaillantes telles que la SAA, faire appel est toujours une option facile. C’est coûteux, mais ce sont les autres qui payent.

Une compagnie mal gérée

Cette compagnie aérienne nationale de l’Afrique du Sud est dans un tel état de précarité qu’elle a retardé 4 fois la publication de ses états financiers au cours des 10 derniers mois. Aucune raison convaincante n’a été avancée. Le défaut de publication de ces documents dans les délais est en partie le reflet de l’incompétence de la direction, ayant conduit la compagnie aérienne vers la déroute au cours des dernières années. Elle a d’ailleurs connu, au cours des 10 dernières années, une instabilité du leadership sans précédent avec des changements fréquents au conseil d’administration et au poste de chef de la direction.

Le détenteur actuel du mandat de président du conseil, Dudu Myeni, a atteint à nouveau un niveau de gouvernance scandaleuse. Il est clair que Myeni n’est pas qualifiée pour le poste de présidence du conseil d’administration de la SAA et a gardé son poste uniquement en raison de sa relation étroite avec le président Jacob Zuma.

Les citoyens ordinaires sont les grands perdants

Les clients sont les grands perdants dans tout cela. Beaucoup sont aussi des contribuables, et ce sont leurs contributions fiscales durement gagnées qui fournissent des garanties à la SAA, lui donnant ainsi le pouvoir d’évincer de manière déloyale les concurrents. Tout cela augmente le coût des billets d’avion au détriment du même groupe de personnes qui financent la SAA par l’impôt. C’est terriblement frustrant pour les usagers et la seule voie acceptable serait un retrait du gouvernement sud-africain dans la SAA, si toutefois quelqu’un était intéressé à la reprendre.

Mais la SAA n’a manifestement aucune valeur. Le simple fait qu’elle soit maintenue grâce à une garantie de 14 milliards rands et qu’elle ait demandé une rallonge de 5 milliards rands le confirme. Le gouvernement sud-africain ne peut plus se permettre de renflouer sa compagnie aérienne nationale, ni les contribuables sud-africains d’ailleurs.

Sur le web

Voir les commentaires (4)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • Afrique du sud: Trop de corruption, beaucoup trop de cprrution et beaucoup trop de tolérance vis à vis des despotes en place. Ca va bien tant que Mandela est président (M’beki fait une fin) mais Zuma, ca va pas du tout du tout du tout. Le système de copinage corruption est mis en avant à la tête de l’Etat. Autant dire que trouver une dircteur des achats non orrompu en AS est compliqué. Tout le monde croque…

    • Zuma … sans commentaires, par contre les compagnies nationales, ça ne va pas toujours mieux dans les pays « mieux gérés », Swiss Air, Sabena …

      Comment faire quand une « entreprise » a déjà bercée au communisme depuis le berceau et qu’elle doit affronter la concurrence et sortir des jupons de l’Etat !

  • On a connu pareil avec la Sabena, et une compagnie européenne nationale bien connue vit aussi ses derniers moments, entre deux grèves …

    L’Etat et le contribuable n’ont rien à faire dans ce secteur (ni tant d’autres ! )

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

En Afrique du Sud, dans la ville d'Ogies, située près de Johannesburg, se trouve une réserve de pétrole brut longtemps oubliée, appartenant à l'État sud-africain. Six à huit millions de barils y sont encore enfouis sous terre, dans une ancienne mine à charbon, après avoir été stockés par le régime de l'apartheid à la fin des années 1960. Cette réserve pourrait rapporter environ 500 millions de dollars américains à l’État. S’il arrivait à remettre la main dessus…

 

Retour sur l'affaire d'Ogies

Le South Africa’s Strategic Fue... Poursuivre la lecture

Cet été 2023, le traitement médiatique de l’Afrique par la presse française et internationale aura été marqué par deux actualités détonantes. Les présidents du Niger et du Gabon ont été renversés par des juntes militaires à l’occasion de deux coups d’Etat perpétrés respectivement le 26 juillet et le 30 août, offrant aux yeux du monde le spectacle d’un continent fragilisé, en plein décrochage sécuritaire. Dans le même temps, d’autres signaux moins sensationnels mais tout aussi signifiants mettaient en lumière un autre visage de l’Afrique bien ... Poursuivre la lecture

Par Oihab Allal-Chérif.

 

Le Salon du Bourget ouvre ses portes pour une semaine à partir du 19 juin alors que le marché de l’aéronautique est à la fois en pleine reprise et en pleine mutation. L’annulation de l’édition 2021 du Salon en raison de la pandémie mondiale avait été symptomatique de la crise que le secteur a traversée. Il paraissait stable et résilient mais la pandémie a dévoilé certaines de ses faiblesses et l’a poussé à se remettre profondément en question.

Plus de trois ans après le premier confinement, ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles