Crise du lait : Lactalis vraiment coupable ?

Pointée du doigt depuis le début de la crise et à plusieurs reprises attaquée par les producteurs, la firme Lactalis fait office de coupable parfait dans une situation pourtant gangrenée à l’origine.

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Crise du lait (CC BY-NC 2.0)

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Crise du lait : Lactalis vraiment coupable ?

Publié le 4 septembre 2016
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Par Aurélien Véron.

Crise du lait (CC BY-NC 2.0) by Indabelle
Crise du lait (CC BY-NC 2.0) by Indabelle

Comment ne pas se sentir solidaire des producteurs de lait pris à la gorge ? Bien cruel celui que la diffusion des images de leur détresse n’émeut pas. Comment ne pas supposer Lactalis coupable d’exploiter la France rurale ? Tout travail mérite salaire, pensons-nous spontanément. Est-ce si simple ? Après tout, la situation de nos agriculteurs diffère peu de celles des secteurs industriels souffrant de la pression d’une concurrence globalisée.

La PAC, le grand piège pour les agriculteurs

Mais contrairement à eux, les producteurs de lait ont vécu jusqu’au bout dans l’illusion qu’il n’y avait pas de marché du lait. Nos agriculteurs se sont laissé piéger par la PAC… et par les ministres de l’Agriculture qui ont tenté d’acheter leurs voix en niant la réalité de l’offre et de la demande. Signer des chèques avec l’argent d’autrui est tellement plus simple que d’affronter la dure réalité pour un politique. Mais pour combien de temps ?

Au salon de l’agriculture, François Hollande a compris que ce grand mensonge n’a plus d’effet calmant. Depuis le 1er avril 2015, il n’y a plus de quotas laitiers. L’Union européenne a cessé de garantir le prix anormalement élevé du lait, et d’acheter les excédents avec l’argent des contribuables européens pour les stocker dans de gigantesques frigos. En principe, car elle continue à acheter du lait, au point d’accumuler à ce jour plus de 350 000 tonnes de lait inutile… qu’elle devra bien écouler un jour sur le marché.

Ce dumping aussi absurde que massif n’est pas tombé par surprise en avril 2015. La fin de l’ère des quotas avait été annoncée depuis 2008 (si ce n’est 2003) sous la pression de partenaires européens qui en avaient assez d’alimenter à prix d’or une profession que ces aides incitaient à ne surtout pas se remettre en question. Pourquoi produire moins, et faire remonter les prix, quand les subventions rentabilisent la surproduction, qui les font baisser ?

Quatre causes de la crise

  • Planification des prix

Au lieu de se préparer à la fin des quotas, les producteurs de lait ont continué jusqu’au bout à travailler sur le fondement planificateur des prix encadrés et des quantités garanties, comme si nous étions en Union Soviétique. Bernés, ils ont même fortement augmenté leur production dès 2014, amplifiant l’excès actuel d’offre. Les Français ne sont pas seuls fautifs, toute l’Europe s’y est mise, entraînant une croissance de 2,25 % des volumes produits selon Eurostat.

  • Baisse de la consommation

Parallèlement à cette explosion de l’offre européenne, la consommation de lait a diminué. Les Français boivent moins de lait. Chaque année, ils baissent leur consommation de 2,5 %. Déclin du petit-déjeuner, montée des déclarations d’allergie au lactose, vieillissement de la population, les raisons de cette baisse constante sont multiples. La promotion du lait n’y fait pas grand-chose. Le consommateur a beau pleurer devant les images d’agriculteurs en difficulté, il ne peut ignorer que la baisse de sa propre consommation de lait est l’une des raisons de cette crise.

  • Baisse des importations

Le recul brutal des importations de lait par la Chine et par la Russie, pour des raisons distinctes, a aussi fait tanguer les cours. Ce n’est pas Lactalis qui va forcer ces pays à reprendre sa consommation antérieure de lait pour l’un, à mettre fin à son embargo sur le lait européen pour l’autre.

Le résultat mécanique de ce déséquilibre croissant entre l’offre et la demande est évident. Même un collégien comprend que le prix d’un bien baisse si l’offre augmente plus vite que la demande sur un marché. Lactalis, simple maillon de transmission entre producteurs et consommateurs de lait, est bien impuissant à peser sur le cours du lait. L’offre devra inéluctablement baisser ou chercher de nouveaux débouchés à l’export pour revenir à un équilibre viable pour les producteurs français.

  • Modèle français empêchant d’être compétitif

Mais ce n’est pas tout, notre modèle les empêche d’être compétitifs dans ce marché mondial. En limitant arbitrairement la taille des exploitations, la France impose un frein dramatique aux investissements productifs et aux effets d’échelle nécessaires dans l’agriculture. Le débat stérile sur la ferme des mille vaches – qui espérait passer de 500 à 800 têtes avec l’avis favorable de l’enquête publique – illustre bien le drame qui se joue dans ce secteur en péril. De jeunes agriculteurs qui souhaitent se regrouper pour améliorer leur productivité sont bloqués et, par conséquent condamnés à faire la manche auprès du gouvernement pour ne pas faire faillite.

L’Allemagne a géré différemment la crise qui s’annonçait

En Allemagne, aucune restriction de ce type. Mieux, au lieu de subventionner chaque litre de lait, masquant artificiellement le prix du marché, l’Allemagne a privilégié l’aide à la surface depuis longtemps, incitant les agriculteurs à se moderniser et à s’orienter vers les productions naturellement rentables. Pour la première puissance laitière d’Europe, le coût par litre de lait produit tombe par conséquent de 50 centimes par litre produit pour une petite exploitation de 30 vaches à 39 centimes pour celles atteignant les 1000 têtes. Sacrée différence ! Sans pouvoir atteindre la taille suffisante, comment investir des sommes considérables dans des outils modernes qui exigent de larges volumes pour être amortis ?

Les jeunes agriculteurs ne manquent ni d’idées, ni d’énergie pour renouveler leur activité et viser les créneaux à plus haute valeur ajoutée, ceux qui misent sur la qualité. Ils n’ont pas besoin d’être soutenus par le ministre de l’Agriculture au travers de subventions prises dans la poche de leurs clients finaux, mais par une vraie liberté d’entreprendre et de se développer. Pour préparer l’agriculture française de demain, innovante et pérenne, permettons-lui de se diversifier, de cibler les productions de qualité plus rentables et d’atteindre une taille critique. Cessons d’accuser à tort des entreprises ou l’Europe, le pouvoir n’a qu’une seule chose à faire : laisser faire les agriculteurs.

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  • Très bon article, merci. C’est bien ce que je pensais.

    350’000 tonnes ? wow !

  • La crétinerie de ceux qui s’opposent à l’installation de fermes type « 1000 vaches » en France est sidérante. Ils n’ont pas l’air de comprendre qu’ils roulent pour les Allemands.
    C’était mon enfoncement de porte ouverte.

  • Il est bien vrai que Lactalis n’est pas coupable, et que les agriculteurs français se trompent de cible. Mais l’auteur de cet article pratique aussi un amalgame injustifié entre les quotas laitier et les subventions. Justement, les quotas avaient été établis pour éviter l’accumulation des excédents!
    En réalité, le monde entier souffre de prix du lait trop bas, la Nouvelle Zélande et l’Allemagne comme la France ou la Chine. Et cela ne va pas durer, parce que, d’ici quelques années, quand une fraction significative des producteurs aura décroché, on peut s’attendre à ce que le prix mondial remonte, bien plus haut qu’avec les quotas… Nous serons bien avancés quand il faudra payer 5€ le petit pot de yaourt….En réalité, comme le disaient les collaborateurs du Président Roosevelt dans les années 30, « le marché ne marche pas en agriculture », parce que la demande est rigide, et les prix trop volatils. Un peu d’analyse économique ne ferait pas de mal aux politiciens du monde entier.

    • les quotas avaient été établis pour éviter l’accumulation des excédents!</

      La plupart des lois qui sont prises pour manipuler les marchés libres finissent immanquablement en eau de boudin.
      Rien de surprenant, c’est aussi pour cette raison que nous sommes libéraux.

      on peut s’attendre à ce que le prix mondial remonte, bien plus haut qu’avec les quotas…

      Les produits libres trouvent un équilibre entre l’offre et la demande et pas le lait ?

      Nous serons bien avancés quand il faudra payer 5€ le petit pot de yaourt…

      Actuellement il y a le prix en magasin, mais aussi le bonus sur la feuille d’impôt.

    • bof .. en fait à la rigueur on peut comprendre des aides à la reconversion , mais qu’est ce que ça veut dire de parler du prix en magasin quand le consommateurs et les contribuables non consommateurs( aie!) payent ailleurs… combien paye t on le pot de yaourt maintenant…??? on ne le sait pas… mais celui qui ne l’achete pas le paye certainement trop cher!!!!!
      Mais il vous suffit de regarder ce qui se passe dans les pays socialistes où en raison de la rigidité de la consommation comme vous dites une planification pourrait être possible

  • Êtes vous vraiment sûr que la solution réside dans la construction de stabulations de 1000 vaches ? J’ai lu dernièrement un article parfaitement sérieux qui décrivait la situation sanitaire et physique de ce bétail , ne voyant jamais le jour ni le pâturage , chaque individu dans un box ne lui donnant aucune faculté de se mouvoir. les conséquences :un développement de maladie osseuses et musculaires (hanches et la prolifération de maladies. Pour y remédier ces animaux sont bourrés de médicaments que nous retrouvons dans les produits laitiers.
    Cet élevage intensif pour produire toujours plus un lait de basse qualité, modèle de concentration capitaliste, dont la rentabilité est totalement soumise aux évolutions des prix des marchés est , de mon humble avis, terriblement dangereuse tant pour la survie des agriculteurs, que pour l’environnement sanitaire et social. Je fréquente depuis des années une région de l’Est de la France, réputée pour son Comté qui bénéficie d’une AOC- AOP . Dans le petit village que je connais depuis des lustres, le lait est dédié dans sa quasi totalité à la production du comté. Des stabulations de 200 vaches ont été construites depuis 3 ans dans la perspective de la disparition des quotas … Malgré la modernité des installations :gains en productivité par exemple la traite automatique a fait gagner plus d’une heure par jour aux éleveurs sans parler de l’évacuation des lisiers aussi toute automatisée, l’amortissement de ces investissements s’avère assez aléatoire .Et nous sommes dans une région privilégiée ! Les vaches sont en stabulation libre. Elles sont au pré depuis le Printemps jusqu’à l’automne et leur lait doit répondre à un cahier des charges très précis zone AOC AOP .

    Alors que dire de ces installations « inhumaines »de fermes de mille vaches . ? les technocrates de Bruxelles tout à leur idéologie « marchés et productivisme  » sont encore une fois dans l’erreur totale. Les agricultures des pays d’Europe sont ,chacune, différentes et essayer de leur apporte une réponse unique dictée seule par des considérations de marchés mondiaux est un faute!

    Je n’ai pas la solution mais mes observations sur le terrain me conduisent à essayer d’imaginer un autre paradigme pour l’agriculture française. Les élevages en batterie de plus en plus gigantesques :volailles- vaches- cochons sont le danger le plus flagrant pour la survie d’une agriculture de qualité. Et je ne suis ni Bisounours, ni ecolo soixantehuitard, ni gauchiste . j’essaie de faire preuve de bon sens . Là aussi l’Europe de Bruxelles est un piège mortifère !!

    • ce n’est pas la question, la question est la fin des politiques des prix artificielles, en gros marché et concurrence… et si les fermes doivent compter 10 ou 10000 vaches là n’est pas le problème du moment qu’elles sont rentables…ce qui devrait être l’affaire des agriculteurs …et des investisseurs ..pas la vôtre..
      et quand on parle de qualité sans préciser laquelle…on est bien avancés..
      si des industriels veulent acheter du lait de vaches nourries à l’herbe, alors il y aura une limitation de la tailles des fermes..
      la premiere qualité d’un lait sinon la seule est d’etre vendable à un prix supérieur à son prix de revient..point barre. Sinon je connais ce baratin…

      • Votre intervention n’ a pas de sens ! Qualité du lait ne signifie rien pour vous ? Etablissements de 1000 ou 10000 vaches ; là aussi, cette remarque ne blesse t elle pas votre intelligence? l’agriculture est un secteur bien trop fragile pour être aussi péremptoire . Et que signifie ce  » je connais ce baratin ». Ce n’est pas ce genre de phrase qui favorisera une meilleure compréhension de la situation… Vraiment ridicule!

        • Pourquoi une ferme de 3000 vaches ne pourrait-elle pas produire un lait de qualité? Expliquez-nous.

        • La qualité du lait est indissociable du prix que l’acheteur est prêt à payer pour cette qualité, elle ne réside pas dans les labels que peuvent exiger des administrations et des associations qui n’achètent pas un litre de lait sur les marchés.

          • résumé coluchien :
             » i’ vendent de la merde, i’ vendent de la merde … mais c’est de vot’ faut’ aussi ! i’ suffirait que vous en achetiez pas pour que ça se vende p’us, hein !  » et « dans consommateur y’a con « 

            • C’est à moi que vous vous adressez ?
              Parce que mon résumé, ce serait « c’est pas parce qu’une copine des fromages et du Président vous vend une vignette d’habilitation par le gouvernement que votre produit vaudrait deux fois plus cher, c’est si le consommateur est bien prêt à payer deux fois plus cher. S’il ne l’est pas, vendez-lui ce qu’il est prêt à payer ou changez de métier. »

        • « J’ai lu dernièrement un article parfaitement sérieux qui décrivait la situation sanitaire et physique de ce bétail … » (dans votre post précédent). Pourriez-vous nous transmettre les références de cet article?

  • La FNSEA qui manifeste contre les résultats de la politique agricole de la FNSEA ….. ça ne manque pas de sel ….

  • Lol…

    Quand on écrit un article sur l’agriculture, encore faut-il y connaître quelque chose…

    Lactalis est un monopole dans certaines régions. Besnier a toujours magouillé pour augmenter artificiellement ses marges, en profitant de cette position monopolistique pour sous-payer ses fournisseurs, arnaquer les consommateurs et faire signer aux producteurs de lait des contrats à la limite de l’illégalité, voire illégaux… Et ne parlons pas des multiples fraudes dont Lactalis a été l’auteur, comme par exemple revendre des camemberts périmés ou faire passer du lait stérilisé UHT pour du lait pasteurisé….plus cher à la vente. Mouarf!

    La FNSEA a toujours été l’idiot utile de ce système. Tant que le marché agricole ressemblera au système communiste avec ses monopoles comme Lactalis, ses SAFER et ses subventions, la France continuera son déclin dans ce domaine alors qu’elle était jadis la première puissance agricole du continent européen.

    • Jadis, 90% de la population vivait à la campagne, et bon nombre était plus ou moins agriculteur.
      Jadis, c’était quand pour vous ?

    • magouiller pour augmenter « artificiellement ses marges »….vous pouvez expliquer ….
      m’enfin…si les lait etait sous payer ça voudrait dire qu’il y aurait une opportunité pour les agriculteurs qui pourraient monter des coop et passer la case lactalis…

      l’auteur ne fait que rappeler que , à cause des manipulation de marchés, des subventions et autres , on est arrivés dans le mur…

      je vous rappelle que dans la majeure partie des fermes de ma région , à vocation laitières, le revenu repose TOTALEMENT sur les aides et subventions…mais amusez vous avec besnier…

      • Magouiller c’est magouiller, ça veut dire ce que ça veut dire: on achète le plus bas possible (sous le coût de production) et on revend le plus cher possible, en trompant si possible le consommateur.

        Rappel des faits (source : wikipedia) :

        « En 2000, le groupe, qui s’appelait alors Besnier, a été condamné pour « fraude sur le lait et publicité mensongère ». La pratique consistait au « mouillage » systématique du lait de consommation « une fraude portant sur 70 % de la production du groupe » en fabriquant, en particulier, du fromage de comté avec du lait non conforme aux spécifications de l’AOC.

        En décembre 2012, Le Canard enchaîné dénonce les pratiques du groupe, l’accusant de vendre du lait stérilisé UHT pour du lait frais pasteurisé, au prix bien plus élevé. Cette fraude est découverte en 2010 lors d’un contrôle d’une laiterie dans l’Ille-et-Vilaine par la répression des fraudes. Le parquet de Rennes n’a cependant pas donné suite à leur rapport en raison d’un vide réglementaire.

        En 2008, Galbani (appartenant à Lactalis depuis 2006) a été accusé de recycler des fromages périmés et de les avoir mis en vente. Cela aurait permis à l’entreprise d’augmenter son chiffre d’affaire de 10 millions d’euros. Lactalis reconnaît « avoir vendu, pendant un an après le rachat de Galbani, des fromages périmés à Tradel » (entreprise qui recycle les fromages périmés). Lactalis nie par contre avoir racheté le fromage à Tradel pour le vendre.

        En mars 2015, l’entreprise est condamnée dans l’affaire dite du « cartel du yaourt », pour entente illicite sur les prix et les appels d’offres pour produits laitiers frais vendus sous marque de distributeur à une amende de 56,1 millions d’euros, par l’autorité française de la concurrence. »

        Bref… Si ça ne s’appelle pas arnaquer les gens… Lactalis est un monopole notamment dans le Grand ouest je dois vous rappeler, donc les producteurs normands et bretons ne peuvent rien face à eux, si ce n’est essayer de négocier… par l’intermédiaire de la FNSEA qui profite du système depuis trop longtemps…

        Donc dire que Besnier est totalement innocent etc… ça me fait bien rire.

        Maintenant bien sûr que les subventions ont également une grande part de responsabilité dans le déclin de l’agriculture, de même que les SAFER et la redistribution des terres. Mais enfin est-ce une raison pour continuer à exonérer Lactalis de toute responsabilité et pour continuer à lui laisser le monopole de la collecte?? Lactalis est la société qui paie le moins cher le lait aux producteurs (Danone et les autres paient 10 à 30 euros de plus la tonne de lait), ces mêmes producteurs qui, à cause des normes sanitaires, ne peuvent plus désormais vendre directement le lait aux consommateurs et sont obligés de passer par des laiteries.

        Remettons de la concurrence au niveau des laiteries face aux producteurs, revoyons le système des subventions et des SAFER ainsi que l’éducation agricole (d’un niveau assez nul en gestion…), baissons la fiscalité sur les exploitations et protégeons les contre le dumping extra-européen, ça ira déjà beaucoup mieux. On ne peut appliquer les règles du marché libre à un secteur complètement règlementé, ça n’a pas de sens…

        • Lactalis n’est pas responsable de l’évolution des cours mondiaux du prix du lait. Quand votre seuil de rentabilité est au-dessus du prix de vente, soit vous arrivez à baisser votre seuil soit vous faites autre chose. Les agriculteurs néo-zélandais sont soumis aux mêmes contraintes et ne réclament pas pour autant un retour à l’agriculture subventionnée qu’ils ont connue il y a 30 ans.
          Rendre Lactatils responsable de la situation est bien pratique pour certains…

        • je peux vous rejoindre sur plusieurs points , lactalis peut tirer avantage d’une situation qu’il n’a pas créée…mais ce serait comme reprocher aux conseillers fiscaux de tirer profit de la complexité fiscale… l’agriculture est pourrie par l’étatisme. La transition sera difficile pour certains.

          Lacatlis fait des choses illégales? il y a des lois pour ça…
          Lactalis se débrouille au mieux avec ce monde kafkaien? On fait tous ça!
          Les agriculteurs français ont un problème de compétitivité au moins sur un lait de qualité industrielle , c’est en partie à cause de l’etat et en ^partie d’eux m^me qui ont poussé au cul pour obtenir des lois protectrices et des prix garantis qui finissent toujours par vous revenir dans la figure; j’habite dans une région laitière et je suis fils de producteurs laitier, il y a un problème d’état d’esprit.

  • Le lait permet de fabriquer plein de produits et pour moi ce n’est point fini!Il n’y a pas que la consommation de lait liquide qui il faut le rappeler il y a 40 ans était UHT,en tétrapak carton ou stérilisé, car les fermes étaient peu hygiéniques , et le lait se conservait mal: une seule entreprise qui s’appelle Candia ,une société de Sodiaal maintenant, produisait du lait frais pasteurisé haute qualité comme celui de maintenant, cette entreprise est d’ailleurs très orientée vers la créativité avec des laits Bio, du lait délactosé! On se fait des gorges chaudes avec le lactose que ne supportent point de plus en plus de personnes: celles ci viennent des pays de la méditerranée, qui sont nombreuses à ne pas avoir la lactase qui permet de digérer le lait!Le yaourt français qui est le seul au monde à avoir une législation qui impose une quantité d’au moins 10 millions de bactéries par gramme et donc de ce fait sans lactose, est la solution , d’où son déploiement de leader dans le monde!La population de ces régions est très prolifique en France.La montée en gammes des produits français est claire mais insuffisante pour l’extérieur et pas assez valorisée!Par ailleurs il faudra peut-être vendre le lait à transformer sortie des fermes avec des qualités spécifiques beaucoup plus que maintenant pour créer des produits sains, gastronomiques et adaptés aux vies nouvelles du monde!

  • Oui mais les producteurs Bio ne connaissent pas la crise .Ils produisent moins ,travaillent moins et mieux ,et gagnent davantage .la FNSEA est -elle au courant ?

    • Oui, mais avec force d’aides, de crédit d’impots. On est dans un système de bulle qui va exploser un jour car l’offre lait bio augmente vite.

      • En termes de crédit d’impôt, Lactalis n’a rien à envier : ses propriétaires n’ont pas fini de rembourser les droits de succession (120 millions d’€) depuis la mort de Michel Besnier le 11 juin 2000. Ils ont eu droit à un répit jusqu’au 28 mai 2017. C’est pas mal, ça comme crédit, non ?

        • ouais, super affaire, et je vous propose la même, toute proportion gardée : je décide que vous devez me verser 12 000 euros, mais je vous accorde un crédit et je vous laisse me payer en 17 annuités.
          C’est pas mal, ça comme crédit, non ? dites moi merci.

        • Quel crédit? Si l’Etat avait exigé le paiement immédiat des droits de succession, les héritiers auraient du vendre et probablement à des acheteurs étrangers qui auraient eu tout loisir à modifier la structure de Besnier pour ne garder que ce qui est rentable et rapatrier (légalement) les bénéfices à l’étranger. Conséquences pour l’Etat: du chômage en plus et des rentrées fiscales en moins. Un parasite efficace suce le sang de sa victime sans la tuer. L’Etat n’est pas un parasite dénué d’intelligence.

        • Lajos K: ses propriétaires n’ont pas fini de rembourser les droits de succession

          Pourquoi des droits de succession ?

          Quand vous achetez un bien, l’état vous a déjà piqué 50% de votre argent au moins (TVA, charge sur le producteur)
          Ce bien est à vous, vous en êtes propriétaire, vous en faite ce que vous voulez y compris le donner à qui vous voulez quand vous voulez non ?

          Par quel miracle trouvez-vous normal le pillage final des morts par l’état qui les a déjà rackettés toute leur vie ?

  • Laisser faire, c’est laisser faire Lactalis. L’interventionnisme est nécessaire car un producteur de lait n’a pas le choix de son client ; la lait est un produit périssable, et les industriels se sont découpés le territoire. Cela donne un poids démesuré au client (Lactalis et les autres) face au fournisseur (les éleveurs). Il est donc nécessaire de ne pas « laisser faire » au contraire. Ou alors on prend effectivement la piste allemande, mais ce sera l’adieu de l’élevage en particulier et de l’agriculture familiale en général.

    • On a aussi dit adieu au silex.

    • ouais, yakafokon, quoi. Mais concrètement ? Expliquez nous donc QUI et COMMENT ne « laissera pas faire » pour un résultat soi-disant meilleur que maintenant ?
      L’interventionnisme résout-il le problème du producteur qui n’a pas le choix de son client ? non.
      Le lait va-t-il cesser d’être un produit périssable ? non. Il l’est même de plus en plus, car l’interventionniste a rendu impossible, interdit, la transformation du lait en fromage à la ferme avec ses exigences normatives délirantes, qui interdirait aujourd’hui l’invention des fromages français.
      Le poids des acheteurs (Lactalis et les autres) face au fournisseur (les éleveurs) va-t-il se réduire en cas d’intervention ? non, c’est même le contraire, l’interventionniste écoute plus volontiers le « champion national » que l’éleveur.
      Les industriels se sont découpé le territoire ? non, c’est l’administration qui l’a fait pour eux, avec les quotas, en fermant les petites laiteries et les petites fermes « pas aux normes » et en redistribuant les quotas aux « jeunes qui s’installent » et qui étaient forcément préalablement choisis par Lactalis et les autres.
      Etc.
      Vous pensez que Lactalis est un problème ? vous avez raison… mais attendez un peu de voir les solutions du gouvernement français … Et vous pourrez dire adieu non seulement à l’élevage en particulier et à l’agriculture familiale en général, mais à toute la filière de production laitière en France. Profitez bien de votre camembert avant qu’il s’appelle « Präsident » ou « President » (en Allemand ou Hollandais dans le texte).

    • Lajos K: L’interventionnisme est nécessaire

      Pour corriger les problèmes que l’interventionnisme précédent à créé…
      Cette fois, ça va forcément bien tourner ?

      Merci d’être passé.

  • Je pense que cet article est mauvais, contreproductif.

    Je suis libéral, non pas parce que je pense que le marché fonctionne parfaitement, mais parce nous avons tous expérimenté que toutes les « solutions » qui prétendent améliorer le fonctionnement du marché ne font que tout empirer, au profit d’une caste de parasites.

    Défendre Lactalis ? très peu pour moi. Ce ne sont pas les scrupules qui les étouffent, et comme tous les agents économiques, si ils peuvent se faire du profit au détriment des éleveurs, et bien ils le feront … c’est quasiment leur métier, le métier de TOUS les acteurs économique : acheter le moins cher possible, et vendre le plus cher possible la qualité tout juste suffisante.
    Simplement, tout prétendu remède « politique » ne fera qu’empirer les choses, pas les améliorer.

    Bref : Vous pensez que Lactalis est un problème ? vous avez raison… mais attendez un peu de voir les solutions du gouvernement et de l’administration !

    • Pour ma part j’ai choisi. Je boycotte Lactalis et j’essaie toujours d’acheter français dans la mesure du possible. Et l’article ne parle pas des charges qui plombent les entreprises françaises de l’agriculture à l’entreprise et sont responsables au moins en partie de notre manque de compétivité !

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Xavier Hollandts est professeur associé à la KEDGE Business School. Docteur et HDR en sciences de gestion, il enseigne l’entrepreneuriat et la stratégie. Spécialiste des questions agricoles, il intervient régulièrement sur ces sujets dans les médias. Ses travaux académiques ont notamment été publiés dans Corporate Governance, Journal of Institutional Economics, Managerial and Decision Economics, ou la Revue Économique.

 

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