Crise du lait : les ferments du socialisme

En pleine crise du lait, le département américain de l’agriculture soutient les producteurs par l’achat de fromage destiné à l’alimentation des pauvres.

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Vaches-Guy Buchmann(CC BY-NC-ND 2.0)

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Crise du lait : les ferments du socialisme

Publié le 29 août 2016
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Par Matthieu Mistret.

crise du lait
Crise du lait-Vaches-Guy Buchmann(CC BY-NC-ND 2.0)

On a beaucoup entendu parler de la crise du lait en France. Les prix seraient trop bas et les marges des distributeurs trop élevées. Aux États-Unis, la crise du lait sévit aussi. Le Département de l’Agriculture américain (USDA) a trouvé une solution que certains qualifient de surprenante. D’un point de vue libéral, cela va au-delà de la surprise…

L’État achète du fromage

La solution choisie par l’USDA est simple : le département va acheter 11 millions de livres de fromage avec pour objectif de réduire les surplus qui sont à leur niveau maximal depuis 30 ans. Ce fromage sera ensuite redistribué aux banques alimentaires à travers le pays, via le programme d’assistance nutritive de l’USDA. Les revenus des producteurs seront donc soutenus alors qu’ils ont baissé de 35% en deux ans. Le Secrétaire à l’Agriculture, Tom Vilsack, déclare :

« Nous comprenons que les producteurs laitiers connaissent des difficultés en raison des conditions du marché et que les banques alimentaires continuent d’enregistrer une forte demande d’assistance. »

Un amendement à la loi d’ajustement agricole de 1933, issue du New Deal, permet de pratiquer ce genre de manœuvre. Cela fait par ailleurs deux ans que l’USDA fournit des aides aux producteurs dans ce contexte difficile.

Crise du lait : les bonnes intentions

Quand un libéral entend parler du New Deal, il se méfie. Les supposés bienfaits de cette énorme relance par la dépense publique sont très contestésRien de surprenant à ce que les mêmes recettes soient aujourd’hui utilisées par l’administration Obama qui a surpassé le plan de relance des années 1930.

Le cas de la crise du lait ne représente évidemment pas un niveau de dépenses extrêmement élevé. Il est pourtant symptomatique soit d’une certaine incompétence économique de la classe politique, soit d’une trop grande propension à se draper de bonnes intentions pour satisfaire des lobbys. En l’occurrence, le déclenchement de ce plan fait suite à une requête du Congrès, de l’Union Nationale des Fermiers, de L’American Farm Bureau Federation et de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait.

Ainsi, l’USDA justifie sans trop de problème une distorsion de marché par la fourniture de « nourriture fortement protéinée » aux pauvres et par l’aide aux producteurs qui seraient les victimes des conditions de marché elles-mêmes. Le contribuable américain paye donc pour du fromage qu’il n’a pas souhaité acheter et pour nourrir des pauvres qui ne sont pas sortis de leur misère avec l’interventionnisme qui inspire l’action de l’USDA. Ce fromage contient de purs ferments de socialisme…

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  • Quand il s’agit de bouffer tout le monde devient protectionniste.

  • Ces démons que nous avons appelé. New deal. Le livre « Peoples Pottage » 1953, est une démonstration convainquante à ce sujet. Pour Garet Garrett, Roosevelt fut un (socialiste) maître de la propagande et de la stratégie politique a cote duquel les gouvernants actuels sont d’ailleurs des gentils amateurs. Méthodiquement coup après coup, il a réussi de vendre, à la population américaine et aux politiciens du monde, la déresponsabilisation radicale des parlements démocratiques, ce dont  » profite » le système des partis politiques jusqu’à maintenant… Au détriment des citoyens.
    L’action majeure de Roosevelt qui a vraiment changé le monde, fut sa destruction volontaire mais peu spectaculaire de l’étalon or. On cite Nixon, mais bien avant c’est FDR le grand « timonier »… Tout le reste a suivi.

    Or on prononce ce terrible nom déjà trop souvent ces derniers temps en Europe. Au sujet de l’Allemagne elle même : Pour faire tomber l’euro, elle doit d’après BFM, engager un grand programme de rénovation de ses infrastructures (pourquoi pas un barrage) la France, fier de ses propres infrastructures prétend que les « porsches » ne peuvent pas rouler assez vite sur les autoroutes » de nous voisins…

  • voilà des socialistes pragmatiques ,ils font d’une pierre 4 coups: les pauvres mangent, les laitiers survivent, les fromagers aussi et les céréaliers écoulent leur marchandise, c’est dégueu du fromage sans pain ni un coca !

    • Sauf que chez nous on a eu les stocks d’intervention qui ont fait la fortune d’un certain JB Doumeng dit « le milliardaire rouge » qui les achetait une misère pour les revendre en Russie dans les années 80. Il semble que ces stocks d’intervention soient remis au goût du jour au niveau européen. A qui cela profite-t’il vraiment ?

    • Et on a les dindons de la farce: les contribuables 😀
      Sinon ils pourraient être pragmatiques en supprimant l’équivalent de notre PAC et tout ce que cela implique en terme de règlementations débiles et manipulation financières (impôts+subvention).
      Les agriculteurs produiraient ce que les consommateurs souhaiteraient.

      • « Les agriculteurs produiraient ce que les consommateurs souhaiteraient »
        Et que veulent les consommateurs d’ailleurs? des produits « locaux », pas chers, diversifiés…?
        Il faut arrêter de croire que les agriculteurs ne produisent que ce qu’on leur dirait de produire.
        C’est la rémunération finale qui dicte les choix.
        Si les conversions en lait « bio » sont nombreuses, c’est que la rémunération est meilleure pour les producteurs (prix de base élevé + un max de subvention…) malgré des difficultés techniques réelles.
        Le crise laitière est une crise de surproduction assez basique: après une période de prix élevés (rappelez vous, les prix alimentaires allaient être durablement élevés qu’ils disaient) qui a encouragé le développement de la production, retour de baton avec baisse généralisée des prix. l’agriculture européenne, et française en particulier n’a pas encore mis en place les outils nécessaires pour atténuer les effets.

  • LAMENTABLE : un article sur la crise du lait illustré par un troupeau de vaches Charolaises qui , comme chacun devrait le savoir sont des vaches allaitantes = ça ne fait pas sérieux

  • c’est facile de critiquer les américains, mais en France pour protester on vide des cuves de lait sur le goudron….alors un peu d’humilité française ne ferait pas de mal…..

    • L’anecdote nous montre que la crise du lait est mondiale.
      Ensuite, pour ce qui est des solutions il faut conciderer qui la majorité des grands pays subventionnent la production. Le premier qui arrête vera ses producteurs fermer boutique. C’est le cas aussi pour la Nouvelle Zélande.
      On est donc dans un traquenard.

      • L’anecdote nous montre que la crise du lait est mondiale.

        Il y a donc trop de lait produit et plus assez de clients.
        Ce n’est pas en volant l’argent des clients et en forçant d’autres à manger ces produits que la crise peut-être résolue.

  • Comment régler le problème? Voir la Nouvelle Zélande il y a environ 15 ans.

    • Et depuis deux ans les producteurs Neozelandais ferment les uns après les autres.

      • « Et depuis 2 ans les producteurs Neozelandais ferment les un après les autres. » Pourriez-vous citer vos sources? Cela est excessif.
        La fin de l’agriculture subventionnée date de 1984 en NZélande. L’agriculture de ce pays a achevé sa transformation depuis longtemps. Cette mutation s’est réalisée avec peu de casse puisque moins de 1% des établissements agricoles ont du faire appel au fond d’aide mis en place par l’Etat pour accompagner cette révolution. Cela a permis de transformer l’agriculture en une force économique dynamique qui s’adapte rapidement aux évolutions du marché, à la différence de l’agriculture française qui produit là où il y a le plus de subventions (d’où le problème quand celles-ci disparaissent). Comme toute entreprise voulant investir un marché en pleine expansion, l’agriculture NZ s’est rapidement développée pour répondre à la forte demande de produits laitiers. Quand cette demande baisse, il y a surproduction et crise (http://www.pleinchamp.com/elevage/actualites/lait-en-nouvelle-zelande-c-est-aussi-la-crise) comme partout mais de là à tenir vos propos… La NZ n’est pas la France. Les agriculteurs NZ ont une mentalité d’entrepreneurs: ils rebondissent vers une autre production en fonction de la demande du marché. Il ne faut pas confondre « fermeture d’une unité de production laitière » avec une faillite! Il s’agit plutôt d’un changement de production. L’absence de certaines contraintes administratives favorise l’achat, la vente ou l’échange de terres dans ce pays et facilite cette évolution. Aucun d’entre eux ne souhaite revenir à la situation pré1984. De plus, leur faible coût de production du lait fait que ceux qui ont la capacité de rester dans la production laitière, seront les premiers à redevenir grassement bénéficiaires quand beaucoup d’autres (dont les français) auront coulé malgré leurs subventions étatiques.

        • Les agri NZ ont une mentalité d’entrepreneur: c’est indéniable.
          mais en même temps, les producteurs de lait NZ ont eu la chance de voir leur principal concurrent sur la marché mondial, l’Europe , mettre en place le système des quotas (1984), qui a , dans un premier temps, assaini le marché et dans un deuxième temps, laissé les NZ plus tranquilles sur le marché mondial.
          La fin du régime des quotas européens a libéré le potentiel de production européen (+ 10 MT en 4 ans seulement). Les NZ n’imaginaient pas que l’Europe pouvait déséquilibrer les marché à ce niveau.
          La production laitière en Europe à 28, c’est 160 M de tonnes, la France, 25.8 MT et la NZ, 21.9 MT en 2014 (énorme par rapport à sa population).
          http://infos.cniel.com/actualite/economie-laitiere-en-chiffres-2.html

      • Mieux vaut cesser une activité que de produire à pertes.

        • Mieux vaudrait, surtout, permettre de produire moins cher et de faire des profits, sinon on cessera toute activité. L’objectif doit être un prix de revient inférieur à 200 E la tonne, pas de contraindre un acheteur à augmenter ses propres prix de revient.
          Néanmoins, on pourrait aussi éviter de provoquer des boycotts de nos principaux clients en séparant le commerce et la politique.

  • Tout ça est de la faute des Chinois qui ne boivent pas de lait… C’est une conspiration du plus grand pays communiste !
    😉

  • Toute industrie qui se met sous assistance publique est condamné à mourir, alors que sans, elle aurait pût renaître.

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