L’héritage de Milton Friedman

Ce dimanche 31 juillet, l’économiste Milton Friedman aurait eu 104 ans. Il est toujours d’une grande actualité.

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Milton Friedman (Crédits : The Friedman Foundation for Educational Choice, licence Creative Commons)

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L’héritage de Milton Friedman

Publié le 31 juillet 2016
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Par Jasmin Guénette.

Portrait de Milton Friedman, Wikipedia.
Portrait de Milton Friedman, Wikipedia.

 

Décédé en 2006, Milton Friedman a eu une influence titanesque non seulement sur la science économique, mais aussi sur les politiques publiques. Se décrivant comme un libéral dans le sens classique du terme et non dans le sens d’être libéral avec l’argent des autres, Milton Friedman a mené toute sa vie une campagne intellectuelle qui mettait la liberté des individus au premier plan. Il a gagné le prix Nobel d’économie en 1976.

Formation de Milton Friedman

Né de deux immigrants européens à Brooklyn en 1912, Milton Friedman connut une enfance modeste. Souvent vu comme un enfant précoce et travailleur, il a bénéficié de bourses qui lui ont permis de compléter ses études universitaires.

Son passage à l’Université de Chicago eut sur lui un impact important. Friedman y retournera pour passer près de 30 ans à enseigner et développer une école de pensée économique, la «Chicago School of Economics». Ses efforts ont joué un rôle déterminant pour discréditer les idées de John Maynard Keynes en faveur de l’intervention de l’État dans l’économie. Friedman était à la tête d’un groupe de professeurs qui transformeront l’étude de l’économie. Parmi ceux-ci, il y a Gary Becker, George Stigler et Robert Lucas Jr. Chacun finira par obtenir un prix Nobel.

Après la Deuxième Guerre mondiale, Friedman s’est joint à d’autres intellectuels tels Karl Popper et F.A. Hayek pour fonder la Société du Mont-Pèlerin. Ce groupe se réunit toujours annuellement et a pour but de promouvoir les idées libérales classiques.

La défense du capitalisme

Son engagement dans l’arène publique atteint une visibilité importante lorsqu’il défend le système capitaliste lors de son passage à la populaire émission de télé The Phil Donohue Show. Il y souligne combien il est absurde de croire que les individus qui composent les gouvernements sont des sortes d’anges altruistes qui travaillent uniquement pour l’intérêt de la société, plutôt que pour leur propre intérêt. Ceci est aussi pertinent maintenant qu’en 1979. Les plus de 2 millions de visionnages que l’échange a récoltés sur YouTube en sont la preuve.

Friedman a poursuivi d’autres projets télévisés. La chaîne de télévision PBS a notamment lancé une série de 10 émissions intitulée Free to Choose (La liberté du choix), portant sur des sujets tels que le libre marché, la protection du consommateur et les inégalités. En 1980, il collabore avec son épouse, Rose Director, pour en tirer un livre du même nom. Cet ouvrage s’ajoute à la liste de livres que Friedman a publiés pour rejoindre un public général.

Les inégalités à l’école publique

Un des chapitres porte sur la question des écoles publiques. Reconnaissant l’éducation comme une fonction gouvernementale justifiée, Friedman condamne malgré tout les inégalités créées par le système en place, car, si vous vivez dans un quartier riche, l’école sera de bien meilleure qualité que si vous vivez dans un quartier pauvre. Il propose un système de bons d’études : les parents de chaque enfant recevraient une somme d’argent du gouvernement pouvant être utilisée pour payer les droits de l’école de leur choix, publique ou privée. Ainsi, la concurrence entre établissements augmenterait, et motiverait les écoles à améliorer la qualité de leur programme afin d’attirer les élèves. Plusieurs programmes de ce type ont été mis en place aux États-Unis et les résultats sont encourageants.

L’abolition de la conscription

Friedman a toujours maintenu que son plus grand accomplissement sur la scène publique a été d’avoir joué un rôle important dans l’abolition de la conscription. Vers la fin des années 1960, pendant la guerre du Vietnam, le débat faisait fureur aux États-Unis. Le général Westmoreland se désolant à l’idée d’avoir une armée de mercenaires, Friedman lui répondit : « Préférez-vous une armée d’esclaves ? » La conscription était, selon lui, une insulte à la liberté et la dignité des individus.

Avec la montée du sentiment protectionniste et étatiste en Europe et aux États-Unis, les idées libérales sont de plus en plus remises en question. En ce jour où nous commémorons la naissance d’un tel ami de la liberté, assurons-nous que son héritage intellectuel demeure bien vivant.

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  • La première fois que j’ai entendu parler de M. Friedman, c’était dans la « stratégie du choc ». Inutile de dire qu’il y est dépeint comme un démon absolu.
    Depuis bien sûr j’en ai lu et vu beaucoup à son sujet et à chaque fois je vois à quel point il était brillant et regarder ses interventions, souriant, avec des exposés d’une clarté saisissante est toujours un regal. A mille lieux de cet image de vautour, « parrain » des Chicago Boys que beaucoup ont gardé de lui.

  • Les commentaires sont fermés.

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