L’écologisme mondialisé est-il en sursis ?

La plateforme politique du parti républicain américain concernant l’environnement pourrait signifier la fin de l’écologisme mondialisé. Voilà pourquoi.

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L’écologisme mondialisé est-il en sursis ?

Publié le 30 juillet 2016
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Par Drieu Godefridi.

L’écologisme mondialisé est-il en sursis ?
By: Mark TaylorCC BY 2.0

Prompts à commenter le style des candidats à l’élection présidentielle américaine, beaucoup de commentateurs européens omettent l’essentiel : leur programme.

À cet égard, le Parti républicain vient d’adopter sa “plate-forme” pour les prochaines échéances électorales. Dans le domaine de l’environnement, ce document marque un renversement de paradigme, et je vous propose d’analyser ici le chapitre qui s’y rapporte (pages 17 à 22).

D’abord, un mot du contexte politique et intellectuel américain, très différent de l’européen, même après huit années de présidence Obama.

Tout d’abord, il faut relever le rôle central de l’Agence fédérale américaine de protection de l’environnement (Environmental Protection Agency, EPA), compétente pour adopter des réglementations dans le domaine de la santé et de l’environnement. Ce qu’elle fait d’abondance, en se prévalant notamment des travaux du groupe d’experts de l’ONU sur le climat, le GIEC.

Les responsables de l’agence fédérale EPA sont régulièrement auditionnés par le Congrès des États-Unis. Ces échanges portent, notamment, sur la fiabilité des modèles du GIEC, qui prédisent un net réchauffement climatique en suite de l’accroissement des émissions humaines de CO2 et autres gaz à effet de serre.

Souvent acrimonieux, ces échanges entre élus républicains et fonctionnaires-régulateurs de l’EPA ne peuvent se comprendre, du point de vue européen, que si l’on garde à l’esprit que la soumission intellectuelle de la droite américaine à l’écologisme a toujours été moindre que celle que nous connaissons en Europe.

Le cœur de la doctrine du GIEC questionné

Ainsi les élus du Parti républicain s’étonnent-ils depuis des années de l’exagération grossière des prévisions du GIEC et de la stabilité remarquable des températures depuis 1998 dans le même temps que les émissions humaines de CO2 ne cessaient de croître. C’est le cœur même de la doctrine du GIEC qui se trouve questionné, ce qui est devenu quasiment inconcevable en Europe, où la droite allemande se veut la fille aînée du GIEC, et la droite française son serviteur zélé.

Concrètement, que prévoit le programme du parti républicain ? Un changement radical de perspective, à la fois au plan national et international. Jugez-en : aucune taxe sur le carbone ne sera instaurée ; le Clean Power Plan, conçu par l’Agence fédérale de protection de l’environnement (EPA) et qui se caractérise par son hostilité au charbon, sera abrogé ; les régulations environnementales relèveront désormais de la compétence des États, et non plus du gouvernement fédéral et de son agence ; l’agence EPA sera transformée en simple commission fédérale indépendante et bipartisane, sur le modèle de la Nuclear Regulatory Commission, avec des remparts structurels contre la « politisation de la science ». Cette disqualification de l’EPA et de ses normalisations inspirées par le GIEC change complètement la donne américaine.

Au niveau international, constatant que le GIEC est un mécanisme politique, et non scientifique, dont l’absence de crédibilité se marque dans son intolérance à l’égard des scientifiques en désaccord avec ses conclusions et projections, la plate-forme stipule que l’accord de Paris (COP21) est intégralement rejeté et que le financement du mécanisme de l’ONU sur le climat (UNFCCC, dont le GIEC dépend) doit être arrêté. Qu’un acteur tel que les États-Unis se retire du jeu, et c’est l’ensemble du dispositif environnementaliste mondialisé, sous les auspices du GIEC et de l’UNFCCC, qui s’effondre.

D’un point de vue principiel, la plate-forme affirme encore que la proposition selon laquelle le changement climatique serait le principal enjeu de sécurité nationale marque « le triomphe de l’extrémisme sur le sens commun” et que les problèmes environnementaux doivent être solutionnés par le développement de nouvelles technologies, et non par des réglementations “top-down » qui sacrifient la croissance et l’emploi. Soit l’antithèse parfaite, terme à terme, de la philosophie qui préside à la rédaction des normes européennes dans le domaine de l’énergie et de l’environnement.

Ne nous y trompons pas : ce document est historique. Sa mise en œuvre signerait la fin de l’écologisme mondialisé tel que nous le connaissons.

 

Voir les commentaires (17)

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Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • Nos amis d’Outre-Atlantique ont – mieux que les européens – compris ce qu’est la SUBSIDIARITE.
    Chez nous, les Z-élites se délectent à élaborer une gouvernance en « couches institutionnelles multiples » allant, pour le pire observable, jusqu’aux errements idéologiques dont se rendent coupables des institutions supra. Là l’irresponsabilité règne à plein, inspirée sur des thèses jamais démontrées avec rigueur. ILS « décident », mais ne sont nullement tenu responsables des conséquences de leurs actes de bureaucrates.
    L’ONU et ses innombrables filiales (branches) appartiennent à cette culture du déni.
    Cherchant à côté des onusiens, il se trouve une foultitude d’autres organes.
    A chacun de les déceler, eux et leurs errements juridiques.

    • Oui c’est vrai, la quantité de CO2 n’est pas un problème, la destruction des forêts primaires et quantité de molécules encore inconnue non plus, de même que le continent de plastique dans le pacifique, les surfaces agricoles biologiquement mortes, et j’en passe.

      Le mieux est de ne rien faire, ne surtout pas faire de norme, encore moins d’éduquer et responsabiliser les populations, et de compter sur le progrès technique pour résoudre le problème. Qui c’est, dans quelques années, le progrès aura inventer le pétrole de synthèse, youpi.

      En bref, l’environnement, on verra bien demain, la terre devrait tenir jusqu’à ce que nous mourrions.

      • Et bien, vous voyez! Même vous, vous finissez par avoir confiance dans le progrès et le respect des libertés individuelles. Ce même respect qui permettra au reste de la population mondiale de progresser et de rattraper l’occident en matière de développement. Développement dont l’activisme de tous nos bons écologistes bien-pensants peut avoir pour conséquence les priver (pour leur bien évidemment).

  • Enfin du GBS. Go TRUMP GO

  • Un coup d’arrêt aux délires écolos serait effectivement le bienvenu…

  • Il est de bon ton, ces derniers temps, de dézingué D.Trump ! Mais bon, lorsqu’on connait le parcours sombre et sinueux de son adversaire…le choix est vite fait !

  • c’est vrai que le GIEC a une conduite totalitaire; refusant la critique et procedant par ataque « ad nominem » pour tout ceux qui contestent sa doxa.

    c’est le propre de toutes les organisations tirant leurs subsides de la peur des evenements qu’elles prétendent combatre.

    pour le reste j’avoue être sceptique la terre existe depuis 4.5 milliards d’années

    la vie d’organismes évolués depuis plusieurs centaines de million d’années

    au cours de cette période il y a eu des evenements cataclismique bien pire qu’une legere augmentation du taux de CO2 et gaia est toujours revenue a un équilibre proche de ce que nous connaissons

    cela signifie que la terre dispose d’un arsenal de boucles de retroaction correctrice dont on n’a pas encore mesure les effets

    et puis des projections a 50 ans sont une vaste fumisterie; pendant un tel delai il peut se produire tellement de choses imprevues

    combien d’entre nous sont allé recherché le prediction du rapport meadows des années 1970 ? pas la reedition des annees 2000 ou on a gommé toutes les previsions manifestement erronnées

    • poils a gratter ,

      «  »Ne nous y trompons pas : ce document est historique. Sa mise en œuvre signerait la fin de l’écologisme mondialisé tel que nous le connaissons. » »

      Un très Bon document du Parti Républicain US…

    • Humm… Pour la forme, la Natur est par essence en déséquilibre permanent. C’est juste notre vision à très court terme (une vie humaine, une génération. Une période électorale) qui nous fait croire à un équilibre naturel que le vilain Homme compromettrait.
      Point d’équilibre dans la nature : l’équilibre est même plutôt un mauvais signe… 😉

  • Très bonne nouvelle. Mais que d’argent gaspillé pendant des années!
    Rien que pour cette raison, il faut souhaiter la défaite de Clinton. Car l’écologisme planétaire est un totalitarisme aux conséquences immenses.

  • Pour aller dans le sens des propositions du parti républicain, je conseille (difficile de faire plus clair et pertinent) :

  • Les politiciens US du Parti Républicain ont visiblement pris la peine de se renseigner sur les projections des modèles numériques, et ils ont vu que ces projections divergent de plus en plus des observations. Ils en ont tiré les conclusions, à savoir que les thèses du GIEC sont complètement fausses, et qu’il faut à présent faire le ménage. Quant à nos politiciens, tout comme les techno-bureaucrates de l’UE, qui ont, pour la plupart, une culture scientifique et technologique nulle, soit ils savent que le GIEC a tout faux, mais leur idéologie mortifère les conduit au déni de réalité, soit ils l’ignorent, ce qui confirme leur incompétence et leur manque total de sens critique vis-à-vis de l’ONU et de ses satellites, dont le GIEC/IPCC.

  • Peut-être faudrait-il rappeler que les Autrichiens doivent revoter, avec le choix entre un écologiste et un nationaliste plus ou moins xénophobe (dont les chances augmentent). Je ne m’avancerais pas dire que les uns ou les autres ont raison ou tort, mais je trouve que l’on réduit la politique à peu de chose et surtout à peu de choses positives.

    Si on ne remet pas les pieds sur terre, je pense que l’on va au mur de toutes façons. La faute à la surenchère dans le bourrage des crânes.

  • très bon article quand aux commentaires un vrai régal ! a se demander si les Français ne sont pas plus réalistes ou moins bisounours que de nombreux citoyens Suisses ou peut-être moins dépendants d’ONG qui en Suisse arrivent encore à faire croire au Père Noel

  • Il faut statistiquement 20 ans pour sortir d’un autisme scientifique, rassurant !
    Le projet des republicains arrete la confrontation avec les pays en développement tels que l’inde.
    Il est conforme au rapport dit ‘ de freeman Dyson’ le fameux physicien qui a démontré les erreurs scientifiques des rapports du GIEC…
    L’angélisme wagnérien de la nature a duré

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