Il y a 135 ans, la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Et aujourd’hui ?

La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse a 135 ans. Comment se porte-t-elle aujourd’hui ?

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Il y a 135 ans, la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Et aujourd’hui ?

Publié le 29 juillet 2016
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Il y a tout juste 135 ans, la loi du 29 juillet 1881 fondait la liberté de la presse et la liberté d’expression en France. Cette loi sur la liberté de la presse, d’inspiration libérale, inspirée par l’article 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789, supprime une censure de la presse et de la librairie établie sous l’Empire (décret du 5 février 1810).

C’est la fameuse loi que vous voyez sur les murs des écoles ou des mairies.

Une liberté de la presse bien mal en point en France

Pourtant, bien rares sont nos confrères qui en parlent aujourd’hui dans le reste de la presse. Une triste constatation alors que l’état d’urgence, encore prolongé, mettait jusqu’à il y a quelques mois cette liberté de la presse entre parenthèses. Pendant près d’un an en France, le pouvoir avait le droit, sans aucun contrepouvoir, de contrôler totalement les médias et de les faire fermer. La loi autorisait même les perquisitions administratives des bureaux de journalistes, magistrats et élus comme l’avait dénoncé RSF.

En outre, même si elle reste formellement reconnue dans le pays, la liberté de la presse s’use singulièrement en France par manque d’utilisation, comme le dit l’adage. Ainsi du droit au blasphème ou à la caricature des religions, sur lequel les principaux médias sont désormais nombreux à s’autocensurer sous la menace.

On ne peut aussi que noter avec inquiétude la concentration de l’actionnariat des journaux entre les mains de quelques grands patrons, phénomène porteur de lourds risques potentiels sur l’indépendance des journalistes

Les subventions à la presse comme moyen de museler les journalistes

presse subventionnée rené le honzecEn outre, le système de subventions massives dans lequel les journaux français se sont laissés enfermer entrave lourdement tout exercice réel de la liberté de la presse.

Qui peut sérieusement croire que des entreprises dont 20% du chiffre d’affaires provient de subventions étatiques vont critiquer la main qui les nourrit ?

Même nos confrères de l’Opinion, au positionnement plutôt libéral, tentent eux aussi d’avoir leur part du gâteau des subventions et se plaignent d’en avoir moins que les autres, en soulignant que le pouvoir socialiste en place les empêche volontairement d’y avoir accès pour des raisons idéologiques. L’usage politique de la subvention pour brider la presse, c’est déjà le cas aujourd’hui !

Qui veut une presse réellement libre devrait plaider pour la fin immédiate des subventions à la presse, comme nous le faisons à Contrepoints, en refusant toute subvention à la presse, et toute subvention tout court.

Un positionnement difficile financièrement et qui n’est tenable que grâce à vos dons généreux. N’hésitez plus pour donner !

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  • Peut il y avoir une loi sur la liberté de presse et d’expression ?

  • L’art de la synthèse permet d’en finir simplement et radicalement avec les attentats. C’est tellement vrai: il suffit de ne plus jamais en parler ,ni des morts et des djihadistes… Car, en fin de compte, c’est cette liberté de la presse la vraie coupable qui dissuade la Nation de se ranger sans gémir derrière son chef bien aimé… « Gémir, prier, pleurer est également lâche »…Vive la censure, qui oblige à parler d’autres choses… Mr Cazeneuve s’efforce avec constance et raison de cacher la vérité, même s’il le fait très mal…car seule la vérité est choquante, alors que le mensonge n’a aucun écho dès lors que l’on sait que c’est un mensonge…

    • Je modulerais le propos : le rôle de la presse est bien de rendre compte, et pour certains médias le rôle pourrait même aller jusqu’à analyser, expliquer, « traiter » le sujet. Avec tous les partis-pris possibles, ça ne me gêne pas plus que ça.
      Ne pas parler des attentats, de l’islam, des banlieues, du djihâd, du curieux ministère de l’égalité réelle, de la police et de ses éventuelles violences ou des exactions de certains manifestants n’est pas de la presse, c’est de la censure, et je crains que ce ne soit néfaste par nature.
      Mais on doit pouvoir traiter de tout ça sans radoter, sans créer de toutes pièces des tensions sociétales ou des clivages de population par manque de discernement. On doit pouvoir traiter d’un attentat sans en rajouter dans le,mélodrame, la pseudo-analyse et les explications qui tournent en boucle durant des semaines.
      À croire que quand il y a un attentat, rien ne se passe nulle part ailleurs de notable. Si c’était le cas, alors le fonds du probleme n’est pas la presse aux ordres potentiels du Pouvoir. Si c’était vrai qu’il ne se passe en temps normal pas grand chose, au point de pouvoir débloquer une large part de temps d’antenne ou de surface de papier en un claquement de doigts en cas d’attentat, alors la meilleure explication est … qu’il y a trop de médias, trop de journalistes, trop d’analystes. Et que comme pour les hommes et femmes politiques professionnels, leur seule raison d’être n’est pas d’informer, mais de rester en place…
      Ma conclusion : oui, notre societe serait moins mortifère, moins sensible aux mouvements délictueux de certaines grandes centrales syndicales, aux incompétences de nombreux politiques, aux conséquences d’un attentat ou d’une catastrophe naturelle si les médias avaient réellement un sens de la mesure et des responsabilités…

  • La Presse a vendu son âme pour des subventions. Il n’y a plus de presse libre en France, il n’y a que des laquais.

  • Une question : la concentration des médias aux mains de quelques homme de pouvoir peut-elle apporter une certaine forme d’indépendance ? Un peu comme la frontière d’un état fort qui protège plus ses habitants que les petites frontières historiques des régions qui le composent. Il peut y avoir perte d’une certaine diversité d’opinion, mais en contrepartie je le dis qu’il peut y avoir gain de liberté d’expression…

    • Si cette concentration s’opère par le biais d’un marché libre c’est que l’offre d’information en question correspond à la demande du marché solvable. Donc il n’y a pas de raison d’empêcher cette concentration ni de penser que la parole sera moins libre. Il faut juste s’assurer de ne pas avoir de barrière légale à l’entrée de ce marché. Par ailleurs à l’heure d’internet, il fort peu probable de voir naître acteurs dominants sur le marché des médias dont la position ne serait pas attaquée en permanence. Je pense que votre hypothèse correspond plus à la situation qu’on pouvait trouver au XXeme siècle qu’a la situation actuelle où l’information est de surcroit peu limitée par les frontières justement.

      Votre question très intéressante mais il me semble qu’une réponse juste sera forcément extrêmement complexe. Quelque part vous posez un sacré colle avec cette question.

  • Il me semble que les subsides accordés à la Presse le sont, à l’origine toutefois, pour une question de diversité de l’opinion. Il fallait soutenir des journaux écrits sur du papier, dont l’impression, la distribution et la commercialisation jusque dans les petites localités du pays est fort coûteuse. Les Provinciaux aussi ont droit à une information de qualité et diversifiée. C’est pour qu’une égalité réelle existe entre tous les citoyens en cette matière que les journaux ont été subsidiés et restent subsidiés. Seuls des journaux édités par des groupes financiers puissants auraient subsistés si l’Etat n’avait pas pris en charge des aides à la Presse. A-t-on tiré les conséquences du fait qu’aujourd’hui, avec internet, ces frais d’impression et de distribution de journaux en papier n’existent plus ? Certes, tenir un organe d’information reste coûteux, Mediapart et les autres le savent bien, et les journaux en papier sont encore largement appréciés. Mais les subsides qui à l’origine se justifiaient pour que tout le monde ait accès à la presse, ne se justifient plus aujourd’hui. Ces subsides servent maintenant à payer – soudoyer ? – les journalistes. Ce n’est plus acceptable.

    • « Les Provinciaux aussi ont droit à une information de qualité et diversifiée. »

      L’idée que l’information est un droit est discutable. L’information a une valeur et elle est le droit de ceux qui veulent se la payer. Vivre à la campagne est un choix qui implique d’être un peu moins au contact de l’information qu’en ville. Le droit à l’information doit se limiter à ne pas créer d’entrave. L’idée que la collectivité doive payer des impôts pour informer les ruraux me semble profondément liberticide. L’impôt c’est encore et toujours de l’argent récolté sous la menace des armes. Dire que les ruraux ont droit à l’information et se servir de cet argument pour justifier l’extorsion violente d’argent à cette fin revient à dire que la fin justifie les moyens. C’est mettre le doigt dans l’engrenage du clientélisme et du despotisme.

      « Seuls des journaux édités par des groupes financiers puissants auraient subsistés si l’Etat n’avait pas pris en charge des aides à la Presse. »

      Ce qui veut dire que les citoyens ne sont pas consentants pour payer de leur plein gré le véritable prix (ou tout du moins le coût de production et de disctribution) de cette information, et que l’Etat par le biais des impôts, force les citoyens à acheter un produit qu’ils ne désirent pas. C’est une démarche profondément infantilisante je trouve. Par ailleurs, la presse existait avant les subventions. Les gazettes locales étaient plus diversifiées avant les subventions. Les subventions sont par ailleurs toujours allées aux plus grand organes de presse plutôt qu’aux petits canards locaux puisqu’elles sont justement attribuées en fonction des ventes. Les subventions ont abouties à une plus grande concentration de la presse qu’autre chose.

      Non seulement Internet a mis un final à la soit disante légitimité des subventions à la presse mais celles ci ont de tout temps été largement questionnables.

      Presse subventionnée, presse vendue!

      • Je suis assez d’accord avec vous, et j’exprimais seulement la justification des subsides à la presse telle qu’on me l’avait enseignée sans aucunement l’approuver (Sur le choix d’être rural plutôt qu’urbain : aujourd’hui c’est surtout un choix, oui, mais pas vraiment dans la France encore paysanne de l’après-guerre). Je rejoins complètement votre conclusion : ces subsides doivent être supprimés et ne peuvent certainement plus se justifier.

  • Pour que je redonne des sous à contrepoints il faudrait commencer par calmer le modératreur qui confond « éthique » avec un parasite canin et « liberté d’expression » avec une marque de parfum.

    Pas mal de personne s’en plaignent, ça taille encore plus sévèrement et arbitrairement que sur Libé, c’est vraiment un comble pour un média libéral.

    Je rappelle à la personne qui s’en occupe qu’un espace d’expression publique n’est pas dans l’esprit un « espace privé » (et encore moins le sien) et qu’interdire l’expression est anti-libéral au possible. Le libéralisme prône de laisser s’exprimer les opinions et de les combattre avec des mots, contrepoint devrait donner l’exemple.

    Le comble c’est que ça taille à l’encontre de contributeurs libéraux. Dans les ruines des commentaires qui restent des messages anti-libéraux voir insultant pour le libéralisme passent la rampe sans problème. J’ose espérer que ce n’est que le fait d’un modétrateur sans éthique et que cette situation pourra se régler rapidement.

    Sinon ce serait dingue, même les libéraux n’arriveraient pas a être libéraux en France dès qu’ils ont une once de pouvoir !??

  • Les commentaires sont fermés.

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