Après le brexit, la réunification de l’Irlande ?

Alors que le Royaume Uni a voté pour sortir de l’Union Européenne, l’Irlande du Nord et l’Écosse ont majoritairement exprimé leur désir d’y rester. Le Brexit va-t-il déclencher un premier pas vers la réunion des deux Irlande ?

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Après le brexit, la réunification de l’Irlande ?

Publié le 20 juillet 2016
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Par Bastien Cueff.
Un article de Trop Libre

By: Sean MacEnteeCC BY 2.0

Les électeurs du Royaume-Uni ont fait leur choix, ils veulent quitter l’Union Européenne. La majorité des électeurs a voté pour le Brexit mais une approche régionale permet de saisir les différences entre le résultat global du vote et les voix exprimées par chaque pays. Ainsi l’Irlande du Nord et l’Écosse ont voté en faveur du « Bremain » dans l’UE. Et ces résultats inquiètent notamment sur les conséquences pour l’île d’Irlande. Quelles craintes et quelles solutions pour ce territoire qui il y a peu était en guerre civile ?

La République d’Irlande craint les effets négatifs sur le commerce

La première question soulevée par le Brexit en République d’Irlande est évidemment celle de la future relation commerciale avec le Royaume-Uni. Clairement on ne se dirigera pas vers un arrêt de la zone de libre-échange établie entre les deux entités, les enjeux sont trop importants. Environ 15% des exportations irlandaises sont destinées au Royaume-Uni dont un peu moins de la moitié est constituée de biens alimentaires issus de l’agriculture. Chaque année, un milliard d’euros de biens et services sont exportés depuis l’Eire vers le Royaume-Uni.

Mais outre le commerce, les variations et l’état de la Livre sterling pourraient coûter trois milliards d’euros de manque à gagner pour l’Irlande. Les biens exportés coûtant plus cher à l’achat et surtout un pouvoir d’achat réduit pour les consommateurs britanniques vont avoir des effets néfastes sur la consommation.

La délicate problématique de la frontière avec l’Ulster ressurgie

L’Irlande du Nord pourrait devoir également rétablir les contrôles aux frontières, notamment avec la République d’Irlande. Ce serait un signe politique très fort car la frontière ouverte est un symbole de paix et de cheminement vers l’unité de l’île. Beaucoup pensent que le processus de paix pourrait être déstabilisé, la période des « Troubles » n’étant pas si lointaine. Sur ce point bon nombre de Nord-Irlandais sont conscients du travail de l’UE en faveur de cette paix : entre 1995 et 2016, l’UE a financé jusqu’à un milliards trois cents millions d’euros de projets de collaborations et d’apaisement entre Catholiques et Protestants (programme « PEACE »). En outre, l’Irlande du Nord devait bénéficier de la PAC sur le mandat 2014-2020 à hauteur de deux millions et demi d’euros. Une aide importante pour un pays dont le PIB est de quarante milliards d’euros (en 2015 en parité pouvoir d’achat).

Le Brexit fait rêver l’Irlande du Nord d’indépendance et d’unification

Les différences de vote entre les pays composant le Royaume-Uni et le climat politique lancé par le référendum d’indépendance écossais confortent les dirigeants dans leur envie d’interroger le peuple sur une potentielle indépendance. L’Irlande du Nord n’échappe pas à cette tendance. Ayant le sentiment de subir le choix de quitter l’UE, la classe politique nord-irlandaise a ouvert la porte à la possibilité d’un référendum pour l’indépendance, un retour dans l’UE et l’unification de l’île.

Le vice Premier-ministre Martin McGuinness (Sinn Fein) a même appelé à l’organisation d’un référendum sur l’unification des deux Irlande.  Il a déclaré : « Je crois vraiment que compte tenu du vote qui s’explique par le choix des électeurs anglais et qui nous entraîne, nous et l’Écosse, hors de l’UE, nous avons le droit de tester l’opinion. »

Le Sinn Fein, branche politique de l’IRA, est soutenu majoritairement par les Catholiques et profite de l’absence des partis britanniques dans le paysage politique nord-irlandais. En effet, les partis traditionnels anglais ne sont pas ou très peu représentés en Irlande du Nord, laissant un vide politique favorable à l’indépendance. C’est sur cet espace vide que le Sinn Fein capitalise en faveur de l’unification depuis la fin de la guerre civile.

Le retour dans l’UE au programme du Sinn Fein

On pourrait d’ici quelques années assister à un réel renversement de la situation en Irlande du Nord. En effet, démographiquement la population catholique va dépasser la population protestante et faire basculer le vote en faveur de l’unification. De plus si le Sinn Fein a toujours critiqué les politiques d’austérité de l’UE, il n’a jamais remis en question la participation de l’Ulster à l’UE, les objectifs défendus par celle-ci et son existence.

L’Irlande a réussi depuis les années 1990 à progresser sur le chemin de la paix entre l’Eire et l’Ulster, entre Catholiques et Protestants, entre républicains et unionistes. Il serait terrible pour elle et l’Europe de perdre une paix si durement gagnée.

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  • La réunification est inéluctable. Mais en faire un objectif aujourd’hui est encore trop incertain. Reste a espérer que les passions seront contenues, ce serait effectivement une catastrophe. L’Irlande du Nord est vraiment un cas a part pour de multiples raisons, un menu a la carte risque d’être la meilleure solution, ne serait ce que pour tenir compte de la frontière terrestre.
    Quid du sentiment européen en République Irlandaise? Quelle est la progression des eurosceptiques?

    Suis je le seul a être indisposé par ces argumentaires basés sur les subventions EU?
    Evidemment, en tant que libéral, je m’en méfie par définition, mais en tant que contribuable Anglais, le double think me saute aux yeux. Que ce soit le Pays de Galles, l’Irlande du Nord ou l’Ecosse, ces subventions ne sont aujourd’hui possibles QUE de par la contribution du RU a l’EU.
    Je caricature: l’EU ne fait que s’approprier les sous des Anglais, et se donner le beau role.
    C’est d’ailleurs encore un aspect fâcheux de la campagne Bremain/Brexit. Outre les chiffres fantaisistes sur la contribution net du RU, a aucun moment n’a t’il été évoqué comment et si ces aides allaient perdurer. Le rapatriement a Westminster va t’il de soit? Rien n’est moins sur mais cela fera bien évidemment partie des négociations entre Westminster et les régions concernées. Imaginons que les transfers de charge se fassent. Beaucoup de Brexiter ont quand même voté avec leur portefeuille et risquent d’être fort déçus si c’est un jeu a somme nulle.
    Bref, si vous parlez de subventions, de grace, n’oubliez pas de parler de taxes.

  • L’UE a permis le divorce en douceur de la tchécoslovaquie. Cela persistera .

  • En outre, l’Irlande du Nord devait bénéficier de la PAC sur le mandat 2014-2020 à hauteur de deux milliards et demi d’euros. Une aide importante pour un pays dont le PIB est de quarante milliards d’euros (en 2015 en parité pouvoir d’achat).

    Sauf erreur de ma part ❓

  • Bon, pas trop étonnant que l’auteur, fédéraliste européen, militant pour plus d’administration extra-territoriale et anti-subsidiarité, rédige un article pro-réunification et exprime son idée à lui de ce qui est mieux pour les autres plutôt que regarder la réalité du terrain et les intérêts individuels des parties.

    Si l’Europe reste neutre, la réunification ne se fera pas, quand bien même le Sinn Fein a retourné sa veste depuis le traité de Lisbonne, car l’Irlande devra subventionner le Nord pour remplacer les subsides de l’UK (£11Mds).

    Suite au Brexit, l’UK a pris les devants en abaissant le taux de l’IS pour éviter la migration des sièges sociaux en Irlande. Le problème de l’Irlande est déjà de gérer l’après Brexit vu les liens économiques avec son premier client et qui génère déjà des doutes parmi la population sur son niveau de vie à venir, alors il n’est pas nécessaire d’en rajouter avec une hypothétique réunification qui ne ferait qu’en ajouter sur cette incertitude.

    Si l’Europe reste neutre… mais comme tout monstre administratif son but est de s’étendre, mais avec quel argent si son budget est déjà amputé par le Brexit… des promesses de milliards sur 25 ans ?

  • « La majorité des électeurs a voté pour le Brexit mais une approche régionale permet de saisir les différences entre le résultat global du vote et les voix exprimées par chaque pays. »

    Il y a un seul pays ou c’est déroulé le référendum le Royaume-Uni.

    L’Angleterre, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Irlande du nord ne sont pas des pays mais des nations regroupées au sein d’un seul et même pays le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

  • Si on juxtapose la carte zones catholiques/protestantes ont constatent que les zones où le brexit l’a emporté sont des zones majoritairement protestantes…

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