La planche à billets lutte-t-elle contre la pauvreté ?

L’idée de créer et de doper la demande en émettant de l’argent n’a rien de nouveau. Mais cette expansion est peine perdue. Jean-Baptiste Say l’a expliqué il y a plus de cent ans.

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La planche à billets lutte-t-elle contre la pauvreté ?

Publié le 8 juillet 2016
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Par Bill Bonner.

La planche à billets lutte-t-elle contre la pauvreté ?
By: Michael MuellerCC BY 2.0

L’économiste Jean-Baptiste Say a démontré, il y a plus d’un siècle, que la demande réelle ne peut venir que de la production et non pas de l’augmentation de la masse monétaire. Si la planche à billets pouvait éradiquer la pauvreté, depuis le temps, cela se saurait.

L’idée de créer et de doper la demande en émettant de l’argent n’a rien de nouveau. C’est de loin la façon la plus simple de stimuler la croissance de la demande. Vous émettez de l’argent, ou vous stimulez le crédit. L’économie digère ce nouveau pouvoir d’achat et le confond avec la demande réelle. Les ventes augmentent. Les prix augmentent. Et l’expansion suit.

Mais cette expansion est peine perdue. Jean-Baptiste Say l’a expliqué il y a plus de cent ans. La loi de Say énonce que la demande réelle ne peut venir que de la production, et non d’une planche à billets ou de l’expansion du crédit.

Ce n’est pas quelque chose que l’on a appelé ” la bonne idée de Say “, ou ” la suggestion de Say “, mais bien ” la Loi de Say “, car elle est semblable à la Loi de la gravité. Vous pouvez faire comme si elle n’existait pas. Vous pouvez l’ignorer (pendant un temps). Mais comme toutes les lois de la nature, elle finit par avoir le dernier mot.

L’endettement ne peut augmenter la demande car il s’agit simplement d’un accord entre personnes.

L’épargnant transfère son épargne à quelqu’un d’autre. Il n’y a pas d’augmentation de la demande, simplement un transfert d’une personne à une autre… ou d’une période vers une autre.

Produire plus pour gagner plus

Afin d’augmenter le pouvoir d’achat réel, la production réelle doit augmenter. Les gens doivent produire plus. Et gagner plus.

La demande provient des revenus réels, et la productivité est, plus ou moins, le moteur des revenus. L’investissement de capitaux est le moteur de la productivité. Lorsque vous dépensez moins que ce que vous produisez, vous créez du capital. Mais en décourageant l’épargne, cette masse d’argent de substitution supprime l’investissement de capitaux, l’innovation et la productivité.

À la place, cet argent sert uniquement à gagner encore plus d’argent, en passant outre tout ce processus d’épargne, d’investissement, de croissance de la productivité et des revenus qui, normalement, fait progresser l’économie.

Les rachats d’actions, les fusions-acquisitions, les carry-trades… les ventes aux enchères d’œuvres d’art.

Une demande stimulée de façon artificielle, puisant dans des taux d’intérêt bas ou de l’argent fraîchement imprimé, fait baisser la demande réelle, en fait. Cette demande réelle exige un processus fastidieux fait d’épargne et d’investissements affectés à de nouvelles capacités de production.

L’argent facile décourage les investissements à long terme. Aux États-Unis, la croissance déçoit et a ralenti au premier trimestre. Le niveau des investissements corporels, en déclin, constitue encore l’un des problèmes les plus importants. Au lieu d’investir en vue de produire plus de richesses, on a recours au crédit pas cher afin de spéculer, de faire grimper le cours des actions et de produire des gains rapides et faciles. En manque d’investissements réels, la productivité décline véritablement… entraînant avec elle la demande réelle.

La fausse demande ne stimule pas la demande réelle : elle l’élimine

Ou, comme Hans Hermann Hoppe l’a déclaré lors d’un débat avec le chroniqueur du New York Times, Paul Krugman, en 2013 : ” Si l’émission d’argent pouvait vraiment rendre les gens plus riches, alors dites-moi, M. Krugman, pourquoi la pauvreté existe-t-elle encore ? “

La pauvreté existe toujours. Selon nos observations, elle sévit énormément partout.

Et si notre analyse est correcte, elle va sévir encore plus. Les politiques actuelles réduisant la formation de capitaux réels ainsi que la demande, et encourageant la spéculation, de plus en plus de gens de la classe moyenne vont dégringoler de quelques échelons, sur l’échelle bien confortable de la classe moyenne.

Vous avez peut-être également remarqué que les dernières données relatives à l’inflation n’augurent rien de bon pour les foyers à faibles revenus. Elles montrent une augmentation annuelle des prix de 2,8%. Cela signifie que la demande en faveur du crédit progresse aux niveaux les plus bas de la classe moyenne.

Au sommet, l’argent est devenu impalpable… pas cher… presque irréel. Les banques centrales tapotent les touches de leurs ordinateurs. D’énormes sommes d’argent liquide, sous forme numérique, dévalent les réseaux à la vitesse de la lumière… et débarquent dans les ordinateurs portables et iPhones par des moyens que nous ne comprenons même pas encore.

C’est ça ” l’argent de substitution “, personne ne l’a gagné. Personne ne l’a épargné. Et personne ne l’a prêté à un emprunteur solvable. S’il est perdu, à qui va-t-il vraiment manquer ?

Je ne sais pas. Mais plus les banques centrales émettent ce type d’argent, plus les gens se situant au bas de la classe moyenne ont besoin de l’ancien type d’argent. Et plus nous désirons ardemment trouver des entreprises qui ont les pieds sur terre et ne s’évanouiront pas en fumée lors de la prochaine tempête.

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À lire aussi : Les relances ne fonctionnent pas, à cause des gens

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  • Exact. Les banques centrales détruisent l’économie en réduisant les taux à zéro. Elles roulent pour les Etats endettés, pas pour les épargnants ou les consommateurs.

  • Très vicieux de mettre « pauvreté » dans le titre, mais totalement « Agora »

    Produire, oui, mais produire quoi ? De l’armement, de l’alcool, des gadgets, des places de supporteurs de mec surpayés tapant dans un ballon ?

    Libérer raisonnablement en respectant le vital environnement, un maximum de nos concitoyens du souci de l’avoir, pour qu’ils aient du temps pour réfléchir à l’être , aux réalités spirituelles dans le sens le moins religion du terme .

    Vive l’environomie, i-e une stratégie économique soumise aux réalités environnementales incontournables si nous voulons laisser aux générations non encore nées une planète viable, ce qui est un devoir éthique.

    L’ultra-pronucléaire président d’EDF Marcel Boiteux (toujours vivant) avait créé vers 1975 le néologisme « écolonomie » , mais vu la mauvaise image qu’ont lamentablement donnée les parlementaires éGologistes, mieux vaut opter pour « environomie »

    • Je suis sans doute doté d’un esprit étroit, mais avec la meilleure volonté je ne vois pas en quoi ce galimatias a le moindre rapport avec le sujet de cet article. Peut être si l’on établit un rapport entre dialectique et production de fausse monnaie.

      • Prenez le temps de relire, SVP, même si vous ne devez pas être le seul

        Produire pour produire, à condition qu’il y ait effectivement acheteurs disposant d’argent, si possible non emprunté, n’est pas une fin en soi.

        Augmenter le pouvoir d’achat du superflu et du luxe ?

        Encore faut-il produire éthique et enviro-défendable dans l’intérêt des générations futures.

        Après moi le déluge ?

        • Parce que vous savez ce qui est superflu et ce qui ne l’est pas ?

          • « Il y a le vital, le simplement normal (déjà quelque peu subjectif), le superflu (bien plus subjectif encore) et le luxe (sans commentaire). Et il y a près de deux   milliards de Terriens qui ne disposent pas du vital,  alors/parce que quelques millions de Terriens n’appellent pas le superflu par son nom »

             L’avenir raisonnable devrait être la décroissance de la consommation suicidaire et souvent égocentrique des uns et la croissance de l’éco-consommation vitale, puis normale  légitime des autres. Une stratégie défendue par un président et un premier ministre ayant avant tout de l’intelligence du cœur, ce qui n’est pas évident à trouver. .

    • « pour qu’ils aient du temps pour réfléchir à l’être »

      Remarque typique de celui qui n’a probablement jamais crevé de faim.

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