La tyrannie de l’impudeur, d’Ivan Rioufol

Un essai d’Ivan Rioufol salutaire, plein d’une profondeur rafraîchissante, qui nous sort d’une médiocrité ambiante à laquelle on finit par s’accoutumer si on n’y prend garde.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La tyrannie de l’impudeur, d’Ivan Rioufol

Publié le 7 juillet 2016
- A +

En cette époque caractérisée parfois par le paraître, l’affichage sans limite de sa vie privée et un certain manque de pudeur, voici un petit livre qui mérite de ressortir de l’oubli dans lequel il est sans doute tombé.

Le règne des apparences et de la spontanéité glorifiée

La tyrannie de l'impudeur ivan rioufolUn petit ouvrage court, mais puissant. Un cri de révolte contre la tyrannie de l’impudeur sous toutes ses formes.

De l’exhibition à l’amour exagéré de soi-même et au besoin de paraître, en passant par le manque de discrétion, voire de modestie, sous toutes leurs formes, l’auteur passe en revue les multiples occasions de s’insurger contre des dérives qui se retrouvent aujourd’hui à tous les échelons de la société, allant jusqu’à imposer leurs lois.

La société actuelle souffre ainsi des affres du manque de retenue, de l’insolence, de l’impatience ou du manque d’humilité, pour préférer le règne des apparences, de la médiacratie, de la spontanéité et de l’outrance.

C’est ainsi que la légèreté, la grossièreté, la provocation et le superficiel remplacent la retenue, l’humilité, l’interrogation et la réflexion pour préférer la recherche du plaisir immédiat, l’excès, le culte du corps et en définitive… l’imposture.

Plus de place au doute, à la modestie et au désintéressement. L’anecdotique, l’égocentrique et le prétentieux règnent en maître. Le minimalisme est promu au rang de création dans le domaine des arts, même s’il ne met en avant que des éléments qui pourraient être jugés futiles, voire vulgaires.

Et Ivan Roufiol passe en revue l’ensemble des causes qui, de l’école à la vie de tous les jours, ont fondé, depuis le tournant de 1968, le culte du «Tout se vaut » et celui de la transparence, au mépris de la profondeur, une société où fausse pudeur et désinvolture se renforcent mutuellement pour combiner leurs effets ravageurs et contribuer ainsi à décrédibiliser toujours davantage la recherche de la vérité, en relativisant tout. Effets d’annonce, égalitarisme et sur-dimensionnement de l’ego encensent la médiocrité et découragent la créativité.

Le besoin de sens

Cependant, dans la troisième et dernière partie de l’ouvrage, l’auteur lance un message d’espoir, affirmant que le manque de repères, de modèles et de vision induisent un besoin de sens, d’explication, que la redécouverte des valeurs, du respect, de la modestie et de l’effort jusque là décriés devraient permettre de retrouver. Un éloge de la lenteur, de l’attente, de la patience, de la morale et des convictions, que les intellectuels sont de plus en plus nombreux à tenter de réhabiliter, devant la révolte qui se prépare contre le jeunisme, le spectacle permanent et toutes les superficialités qui prédominent à l’excès.

Un essai salutaire, nullement « réactionnaire », au sens que lui donnent les bien-pensants. Au contraire, plein d’une profondeur rafraîchissante, qui nous sort d’une médiocrité ambiante à laquelle on finit par s’accoutumer si l’on n’y prend garde.

Voir les commentaires (2)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (2)
  • Salauds de gens qui veulent tous être adulé comme moi, la star médiatique !!! Ne savent ils pas qu’il s’agit d’un privilège réservé aux gens de bon goût ?

  • « Un essai salutaire, nullement « réactionnaire », au sens que lui donnent les bien-pensants. »

    Juste une remarque pour rappeler que le « bien pensant » d’hier n’est pas le bien pensant d’aujourd’hui ou de demain. On fini par croire que la bien « pensance » est né en 1968, mais il en existait une avant et n’oublions pas que si les thèses défendues par ce livre (à raison je crois) deviennent la pensée majoritaire (y a encore du boulot…) alors elle sera ipso facto la nouvelle « bien pensance »

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Article disponible en podcast ici.

Jadis, seuls les criminels se retrouvaient sur écoute. La traque du citoyen par les bureaucrates était une exception. Les surveillances de masse étaient réservées aux régimes totalitaires, impensables dans nos démocraties.

Or depuis le 11 septembre, nos gouvernements nous considèrent tous comme des potentiels criminels qu’il faut espionner constamment. Et toute comparaison aux régimes totalitaires fera glousser nos fonctionnaires devant une telle allusion.

J’ai déjà longuement commenté... Poursuivre la lecture

L'auteur : Yoann Nabat est enseignant-chercheur en droit privé et sciences criminelles à l'Université de Bordeaux

Dans quelle mesure les différentes générations sont-elles plus ou moins sensibles à la notion de surveillance ? Un regard sur les personnes nées au tournant des années 1980 et 1990 montre que ces dernières abandonnent probablement plus facilement une part de contrôle sur les données personnelles, et n’ont sans doute pas eu totalement conscience de leur grande valeur.

Peut-être qu’à l’approche des Jeux olympiques de ... Poursuivre la lecture

L’Internet est mort, tout du moins est-il en voie de disparition, pour le meilleur et pour le pire.

Il est établi que des États ont opté pour le Splinternet. Ils ont en effet décidé de formater des intranets nationaux qui « n’altèrent » pas la saine pensée de leurs compatriotes, à l’instar de l’Iran, de la Russie, de la Chine… Si vous ne concevez pas la chose, imaginez dès lors - pour les utilisateurs de ces pays - un Internet partitionné comme le serait un disque dur ; un « Internet » entre les mains de dirigeants qui donnent accès au... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles