Primaires : l’impossible unité des gauches

La primaire à gauche est-elle condamnée par l’impossible unité des gauches ?

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Primaires : l’impossible unité des gauches

Publié le 29 juin 2016
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Par Guillaume Richard-Sadowski.
Un article de Trop Libre

Primaires : l'impossible unité des gauches
By: Rémi NoyonCC BY 2.0

La primaire de gauche aura donc bien lieu les 22 et 29 janvier 2017. Selon la décision du Conseil national du Parti socialiste : « faute de soutien des Verts et du PCF à une primaire de toute la gauche, le Parti socialiste décide d’organiser une primaire ouverte aux acteurs de la Belle Alliance populaire (PS, PRG, écologistes pro-gouvernement) et à tous ceux qui soutiendraient la démarche ».

Une primaire avec « Monsieur le président de la République »

Ces derniers temps, l’entourage du président de la République et celui du Premier ministre laissaient entendre que François Hollande était le candidat naturel du Parti socialiste et qu’en tant que tel, il était hors de question de prévoir une quelconque primaire. Alors que Manuel Valls affirmait le 16 janvier 2016 : « Je pense que le président de la République sortant n’a pas à se soumettre à une primaire, qui ne concernera d’ailleurs pas toute la gauche. », il n’hésite pas à revenir sur sa position en faisant l’éloge de la primaire : « Qu’y a-t-il de dévalorisant à retourner devant les Français, à défendre ses idées, à expliquer son action ? C’est cela, la démocratie ! » Ce changement de position peut s’expliquer par la cote de popularité de François Hollande qui peine à entrer dans une perspective positive. Comment se légitimer à nouveau quand 80% de l’opinion publique ne veut plus de François Hollande ? La primaire représente le seul recours pouvant lui permettre de conforter sa prochaine candidature malgré une impopularité constante. C’est aussi l’occasion pour lui d’espérer réussir une prouesse politique très ambitieuse : unir le Parti socialiste pour se préparer à la prochaine élection présidentielle.

Le schisme d’EELV

Le Parti EELV ne participera pas à cette primaire en raison de l’importance de son « projet écologiste pour les Françaises et les Français en 2016 et 2017 » comme l’a souligné son secrétaire national David Cormand. Celui-ci estime par ailleurs qu’il s’agit d’« une affaire qui concerne avant tout le PS ». Si le parti est aujourd’hui totalement hostile envers le gouvernement, c’est en raison de l’habileté du chef de l’exécutif qui a su semer la zizanie au sein du groupe EELV. Aujourd’hui, EELV est fondamentalement divisé entre les écologistes de gouvernement et les écologistes frondeurs, rendant son poids politique quasiment dérisoire.

« L’insoumission » du Front de Gauche

Pour Jean-Luc Mélenchon il est hors de question de participer à une primaire qui conduit à « diviser la gauche » et à opérer « un glissement vers le centre ». Mobiliser toute la gauche dans une primaire obligerait inexorablement le candidat vainqueur à trouver des reports de voix dans une nouvelle alliance entre le premier et le deuxième tour de l’élection présidentielle, en l’occurrence avec le centre droit. La position de la gauche radicale est frontalement opposée à toute forme d’alliance avec une gauche ou une droite libérale et laisse donc le monopole du discours de « la gauche de la gauche » aux frondeurs lors de cette primaire. Cette « fronde » est quant à elle divisée et n’a jamais su faire émerger un leader parmi ses ténors. On observe donc que cette primaire surgit dans un contexte où le parti socialiste est totalement éparpillé façon puzzle. Cette situation offre un terreau plutôt favorable pour celui  qui souhaite tenter une réélection.

Une primaire en or pour François Hollande

Le mouvement « Belle Alliance Populaire » lancé par Jean-Christophe Cambadélis représente ce nouvel élan de gauche qui ambitionne de désigner le futur candidat ou candidate incontesté(e) de la gauche. Officiellement, ce mouvement se dit démocrate, radical, écologiste, socialiste et citoyen, mais rassemble finalement tous ceux qui, à gauche, ont intérêt à voir François Hollande réélu. Cette primaire « de gouvernement » est d’ailleurs l’opportunité de limiter à son maximum les candidatures pour l’élection présidentielle, notamment chez les frondeurs. Quant à la candidature d’Emmanuel Macron, elle reste difficile à envisager compte tenu de l’enjeu majeur de celle-ci qui consiste à conquérir l’aile gauche de Hollande. Emmanuel Macron n’est donc aucunement dans un terrain qui lui est favorable. Parce qu’il n’est pas membre du parti, « ça le met hors-jeu, il ne peut pas participer », estime le frondeur Laurent Baumel.

 « La Belle Alliance Populaire »

Le terme « Eh oh la gauche » initié par Stéphane Le Foll avait pour vocation d’unir la gauche et de rappeler l’importance du clivage gauche et droite. Après avoir opéré une politique timidement libérale, l’unité du Parti socialiste pour les prochaines élections doit nécessairement passer par une réconciliation avec l’électorat de l’aile gauche du parti. Bien que moqué par l’opinion publique, le positionnement du gouvernement annonçait déjà une volonté gouvernementale de refonder le Parti socialiste à l’approche de l’élection présidentielle. Jean-Marie Le Guen estimait « que la gauche, même si elle a du mal à l’expliciter, est en train de se transformer ». Avec l’annonce du mouvement « Belle Alliance Populaire », par Jean-Christophe Cambadélis, le Parti ambitionne de « bâtir l’unité de la gauche, des démocrates, des écologistes réformistes pour rassembler la France, contre ceux qui veulent la détruire en rompant l’unité de la République et en détruisant notre modèle social. »

Après onze ans passés à la tête du Parti socialiste François Hollande connaît bien la gauche et en acceptant l’idée de cette primaire ouverte aux partis de gouvernement, il est possible que ce soit un véritable coup de génie pour une récidive électorale. Un pari risqué quand on sait que la primaire débute le 22 janvier 2017, soit 5 ans jour pour jour après le discours du Bourget, qui lui vaut encore aujourd’hui d’être rejeté par une partie de son propre camp.

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