Société collaborative : ce qu’attendent les Français

Où en est-on de la société collaborative ? Si la civic tech peine à trouver son public, le crowdfunding est en plein essor. Qu’en conclure ?

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Crowdfunding By: Simon Cunningham - CC BY 2.0

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Société collaborative : ce qu’attendent les Français

Publié le 9 juin 2016
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Par Farid Gueham.
Un article de Trop Libre

Crowdfunding
Crowdfunding By: Simon Cunningham – CC BY 2.0

Ils s’appellent Laure Haag, Andy K. Rain et Jean-Sébastien Alègre, de jeunes entrepreneurs respectivement fondateurs de « O’Zetik »« Student Box », et « Mon drive local ». Ils ont choisi d’entreprendre autrement, avec une certaine éthique, dans le respect des circuits courts, ou dans l’engagement du commerce solidaire et durable.

Comme des milliers de Français, ils ont fait confiance au financement participatif pour lancer leurs startups. Et ceux qui n’entreprennent pas sont là aussi. Ils participent à leur façon, en finançant des projets qui leur ressemblent et auxquels ils ont envie de croire. C’est un peu les visages de tous ces Français en quête de sens, qui apparaissent sur l’instantané que nous présente l’étude de l’institut TNS Sofres du 31 mai dernier « Les Français et la nouvelle société collaborative ».

Des conclusions révélatrices d’une tendance de fond, bien au-delà de l’effet de mode : les Français demandent plus de participation, même si les pratiques collaboratives restent encore inégalement répandues et adoptées. Quel est le potentiel de cette société collaborative encore émergente, et saura-t-il répondre aux attentes de Français déçus par les politiques publiques et un débat citoyen au point mort ? Ce baromètre réalisé en partenariat avec Monabanq auprès de 1005 personnes, apporte quelques éléments de réponses sur le sujet.

Un panorama transversal des déclinaisons participatives dans la société.

L’étude décrypte la demande de participation des français à travers cinq secteurs : la consommation collaborative, les circuits courts, le partage de savoirs, le financement participatif et la démocratie participative.
article Farid Gueham

 

Mais entre l’intérêt et la pratique, le décalage est profond.

La participation et l’échange intéressent des Français, demandeurs de changement : selon les résultats de l’enquête, 80 % déclarent être intéressés par les circuits courts, 76 % par le partage de savoirs, 75 % par la consommation collaborative, 62 % par la démocratie participative et 60 % par le crowdfunding.

Mais lorsqu’il est question des usages concrets de cette société collaborative, les différents niveaux de pratiques révèlent de vraies inégalités : si 61 % des sondés connaissent au moins un proche qui utilise les circuits courts, ils ne sont que 52 % à répondre positivement à la même question pour le partage de savoirs, 45 % pour la consommation collaborative, et seulement 37 % pour le crowdfunding. Enfin, la démocratie participative peine encore à s’affirmer dans les usages grands publics.

Afin de s’enraciner dans les usages populaires, la « Civic tech » a du chemin à faire.

Un défi colossal pour l’ensemble des plateformes de civic tech, qui ne manquent pas d’imagination et d’inventivité afin de séduire des Français déçus par la politique. La « Civic tech » séduit essentiellement les jeunes, les chiffres sont d’ailleurs encourageants pour la tranche des 18-24 ans. En revanche, une requête est unanime et intergénérationnelle : 70 % des Français jugent leurs institutions trop fermées et demandent plus d’inclusion et une meilleure prise en compte de leurs avis dans le débat public.

« Civic tech » à la traîne, mais « crowdfunding » en pleine essor : que faut-il en conclure ?

La raison de cette croissance à double vitesse des secteurs révèle qu’au-delà des logiques économiques et de l’intérêt financier, c’est la valeur « partage » qui reste le dénominateur commun des initiatives collaboratives. L’argent n’est pas la motivation principale des sondés. Pour 40% d’entre eux, le collaboratif c’est, avant tout, le partage et la solidarité quand seulement 7 % du panel évoque le souhait de faire des économies. L’étude nous donne également des indices sur les thématiques et les secteurs dans lesquels les Français souhaitent s’impliquer à l’avenir.

En tête des priorités, on retrouve la préservation de l’environnement et le développement durable. 47 % des sondés évoquent la lutte contre les déchets et le gaspillage lorsque 41 % se déclarent en faveur d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Autre sujet phare, la lutte contre les exclusions et la pauvreté. De quoi ajouter de l’optimisme et un nouveau souffle dans le renouveau social autour de schémas participatifs et collaboratifs.

Plus qu’une tendance française, un engouement global.

Dans sa tribune pour le magazine Forbes, Mike Montgomery, directeur exécutif de « CALinnovates », analyse la tendance  sur le territoire américain, et plus spécifiquement dans  l’État de Californie.  « Au cours de la dernière décennie, l’administration était considérée comme un fléau, opposé au monde de la tech . Mais la bureaucratie a évolué, assez lentement. Les Etats ont de moins en moins de ressources et convaincre les collectivités de dépenser plus, relève du bras de fer. Les fonds d’investissement recommandaient d’ailleurs aux entrepreneurs de se cantonner au secteur privé ou les budgets sont plus importants et la base de consommateurs plus diversifiée ». Mais cela commence à changer. La Civic Tech est aujourd’hui un vivier d’investissements.

Les gouvernements se réveillent et prennent conscience qu’ils doivent prendre le virage technologique du XXIe siècle. Fini les rapports papiers et l’information cachée dans un document poussiéreux, sortis d’une imprimante baveuse en fin de course. « Les citoyens exigent toujours plus de transparence de la part d’élus qui ne leur donnent pas assez de visibilité sur les investissements et la dépense de leurs impôts » précise Mike Montgomery. Un regard croisé intéressant entre la France et les États-Unis : la Civic Tech serait donc une chance pour des citoyens qui veulent faire entendre leurs voix, mais aussi pour des collectivités et un secteur public pragmatiques, pressurisés par des contraintes budgétaires toujours plus fortes et qui voient dans le secteur collaboratif de nouvelles sources de financement, conciliable avec une recherche de  valeurs et de sens de l’action publique.

Pour aller plus loin :

« Les Français de plus en plus adeptes de l’économie collaborative », Les Échos.

« L’épineuse problématique de la régulation de l’économie collaborative », Les Échos.

« Un guide veut prouver que l’économie collaborative ce n’est pas que Blablacar et Airbnb », 20 minutes.

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  • Le crowdfunding en plein essor ! Depuis 2008, date de ses débuts, il représente 0.2 % des financements à l’économie. Plein essor si on veut. A ce rythme là, il va falloir 4 siècles pour qu’il couvre la totalité des besoins de financement.

    Comme quoi, on peut faire prendre des vessies pour des lanternes !

  •  » des collectivités et un secteur public pragmatiques, pressurisés par des contraintes budgétaires »… Avec 96% de dette sur PIB visant les 100% à brève échéance, il est bienvenu de parler de « pragmatisme », de « contraintes » (manque « insupportables ») et surtout de trouver de l’argent à jeter aux cochons…

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