Professions médicales : impossibles à uberiser ?

Les progrès en robotique et intelligence artificielle vont très probablement obliger les professions médicales à se transformer.

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Laura Smith-doctor visit (CC BY-NC-ND 2.0

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Professions médicales : impossibles à uberiser ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 6 juin 2016
- A +

Par Emmanuel Arnaud.

Laura Smith-doctor visit (CC BY-NC-ND 2.0
Laura Smith-doctor visit (CC BY-NC-ND 2.0)

Les médecins semblent une profession impossible à uberiser : leur diplôme est extrêmement long à acquérir, leur expertise parfois une question de vie ou de mort et le contact humain déterminant dans leur relation avec leur patientèle. Et pourtant, ils ne sont pas à l’abri d’une uberisation, loin s’en faut ! Et voici comment ça pourrait se passer.

Il y a trois étapes clés dans la relation entre offre et demande :

  • la découverte : je regarde les annonces, les photos, les notations, etc.
  • la communication : je contacte l’offreur, je l’informe sur mon besoin, je m’enquiers des modalités, je négocie
  • la transaction : je paye, je note, j’annule, je modifie, je me plains…

Les places de marché ont un objectif : couvrir toute la relation jusqu’à la transaction

La transformation de secteurs en place de marché se fait de manière plus ou moins graduelle selon les secteurs sur ces trois étapes. Leboncoin me permet de découvrir l’offre mais je peux ensuite contacter et payer en dehors du site. Dans plus d’une dizaine de pays où Blablacar opère, je peux découvrir l’offre, contacter, m’engager sur le trajet, mais ne pas payer via le site ni l’application : le paiement se fait de la main à la main. Sur Airbnb ou Uber, je découvre, je communique, je réserve, je paye, et après je note : toute la transaction a lieu via la plateforme.

Les places de marché cherchent à couvrir l’ensemble de la relation jusqu’à la transaction, et ceci pour deux bonnes raisons :

  1. c’est plus simple pour les deux parties, notamment parce que la place de marché joue le rôle de tiers de confiance. Ceci est valable à condition que la place de marché ne soit pas trop gourmande : si elle l’est, ses utilisateurs feront tout pour effectuer la transaction en dehors du site.
  2. c’est plus juteux pour la place de marché qui peut trouver un business model attractif en prenant une commission sur la transaction.

L’ajout récent de la réservation sur TripAdvisor est un exemple d’un site qui avait réussi à se bâtir un empire de la « découverte » et qui malgré cela a évolué pour couvrir la transaction également, afin de pouvoir prendre un pourcentage de chaque réservation d’hôtel, et concurrencer ainsi Booking et Hotels.com.

Quelles transactions pourraient être couvertes dans le domaine médical ?

On voit aujourd’hui une multitude de sites qui vous permettent de prendre des rendez-vous chez notre médecin. La prise de rendez-vous n’est pas la transaction : elle fait partie de la découverte. On peut par exemple comparer la prise de rendez-vous à la réservation de table sur un site comme La Fourchette. C’est une étape importante de la relation, mais la « vraie » transaction c’est commander le repas, comme le proposent aujourd’hui Foodora ou Alloresto.

Dans le cas des médecins, la transaction est donc bien ce qui se passe dans le cabinet médical et qui conduit à un règlement de la part du patient. Là, une évidence s’impose : un certain nombre d’actes nécessitent de se trouver physiquement dans la même pièce que le patient, et parfois avec des équipements impossibles à transporter. On peut donc distinguer entre les actes qui peuvent être réalisés :

  1. à distance sans aucun équipement, ou avec un équipement minime (thermomètre, balance, etc.)
  2. à domicile sans équipement ou avec un équipement facile à transporter
  3. en cabinet médical ou à l’hôpital avec un équipement intransportable
  4. par une machine

Si l’on pense aux kinés ou aux ostéopathes, leurs actes sont des actes de type 2 et 3 : il est toujours nécessaire que le praticien et le patient soient dans la même pièce, et suivant la condition du patient et la nécessité d’équipement ad hoc, les soins sont donnés à domicile ou en cabinet. À l’inverse, on pourrait argumenter que la rééducation avec les orthophonistes pourrait entrer dans la catégorie 1 : c’est pourquoi il y a d’ores et déjà des orthophonistes qui font de la rééducation par Skype. Bien sûr, cela a des inconvénients et ne marche sans doute pas pour tous les praticiens, ni pour tous les patients… mais cela a aussi des avantages, notamment dans les zones de « désert médical » dans les campagnes françaises.

Enfin, des actes de type 4 vont émerger, qui s’appuieront sur les progrès en robotique et en intelligence artificielle, et permettront à des machines de réaliser des actes médicaux mieux que des humains. Par exemple en analyse d’imagerie médicale, où l’on peut donner à une machine des millions de clichés de tumeurs jusqu’à ce qu’elle sache les reconnaître toute seule, et avec plus de fiabilité que des médecins. C’est par exemple le service offert par l’entreprise américaine tomographica, une entreprise américaine proposant une intelligence artificielle spécialisée dans l’analyse des scanners thoraciques. Du côté des robots, ceux-ci arrivent graduellement dans des domaines où leur précision deviendra inégalable, comme en chirurgie.

Uberisation des professions médicales : un scénario crédible ?

Le scénario qui suit est une pure fiction, dont le but est de montrer à quoi pourrait ressembler l’arrivée des places de marché de manière massive dans la médecine, via une multitude d’acteurs.

Janvier 2017 :

  • Les sites Doctolib, Keldoc et mondocteur, etc. totalisent 20% des prises de RDV des médecins généralistes sur les 10 plus grandes villes françaises.
  • La société américaine Teladoc, cotée depuis juillet 2015 et leader mondial de la médecine à distance (téléphone ou vidéo) avec plus de 30 millions de patients américains, décide de se lancer en Europe, en commençant par la France.
  • SOS médecins se dote d’une application.
  • Un médecin indien met au point une application de diagnostic pour les populations rurales d’Inde. Une photo prise au zoom maximum avec la dernière génération de téléphones portables permet de diagnostiquer automatiquement avec 98% de fiabilité plus de 50% des problèmes dermatologiques (grains de beauté cancérigènes, hémorroïdes, psoriasis…)
  • Lancement du blog « orthophonistes sur Skype » par une jeune orthophoniste passionnée, qui souhaite permettre aux praticiens d’échanger des bons tuyaux et des exercices adaptés.

Janvier 2018 :

  • Les sites Doctolib, Keldoc et mondocteur, etc. totalisent 55% des prises de RDV des médecins généralistes sur les 20 plus grandes villes françaises. Le rapport de force avec les médecins joue maintenant en leur faveur, et elles lancent conjointement la notation des médecins par les patients, sur des dimensions comme la compétence, le contact humain, la ponctualité et le confort de la salle d’attente.
  • Teladoc rachète Doctissimo, afin de pouvoir convertir un maximum les lecteurs en patients à distance, et franchit le cap du million de patients inscrits en France
  • Devant le succès de son app, SOS médecins ouvre la possibilité pour eux de proposer leurs visites à domiciles autour de leur cabinet, et introduit une carte pour repérer le médecin le plus proche prêt à se déplacer
  • L’appli indienne débarque en France, de manière virale, car elle applique au marché français les prix indiens
  • Le blog « orthophonistes sur Skype » est transformé en une app qui permet d’avoir de la rééducation par conférence vidéo, avec notation des orthophonistes, paiement sécurisé et assistance pédagogique pour les praticiens. La société lance les blogs « diététiciens sur Skype » et « Psy sur Skype ».

Janvier 2019 :  

  • Teladoc rachète l’un des acteurs de la prise de RDV médicale français, et dispose ainsi d’une base de données qui regroupe près de 30% des patients français. Le cap des 5 millions de patients français sur Teladoc est franchi.
  • SOS médecins introduit un système de notation des médecins, afin de garantir la qualité des prestations, suite à la croissance très grande de sa base de donnée de médecins. La médecine à domicile devient peu à peu la norme, si bien que certains médecins renoncent à avoir un cabinet, qui a de nombreux coûts, pour avoir des patients à 100% via l’app SOS médecins.
  • L’application indienne reçoit le prix Nobel de médecine pour son impact sur les populations défavorisées et rurales dans de nombreux pays en voie de développement. En même temps, les dermatologues européens lancent un mouvement pour faire interdire cette application qui leur a pris une grande partie de leur patientèle
  • « Orthophonistes sur Skype » et les applications « Psys Sur Skype » et « Diététiciens sur Skype » entrent en bourse, pour attaquer ces marchés dix fois plus grands. La clé de leur business model repose sur le fait que les psys et diététiciens en question sont situés en Tunisie et Algérie pour des patients en France. La place de marché peut donc proposer des tarifs très attractifs à la fois pour les praticiens et les patients, tout en ayant une rentabilité forte. La société prévoit à 3 ans de remplacer les orthophonistes par des robots à reconnaissance vocale pour les patients présentant les problèmes les plus courants. Pour les psys, bien sûr, ça prendra plus de temps…

Alors, indépendamment du fait qu’il soit ou non souhaitable, ce scénario paraît-il crédible ?

Sur le web

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  • Il y a un problème : le patient se fait rembourser comment si le toubib ne peut pas passer la carte vitale ?

    Bon ca peut marcher avec un rhume qui dure 7 jour non soigné contre une semaine en allant voir un toubib !

  • A 23 euros la consultation le toubib francais ne risque pas de se faire uberiser.

  • La médecine de confort peut sans doute se faire ubériser. Mais quand vous êtes vraiment malade, en train de dégueuler sur la cuvette des WC, c’est un peu plus difficile d’aller regarder les avis des patients sur internet ! L’ubérisation médicale ne peut passer que par celle des assurances maladie, et on n’en prend pas vraiment le chemin.

  • C’est super mais surtout une aide pour les médecins: la médecine n’est pas un savoir, mais plus un savoir faire et une culture générale permettant de faire le tri dans les informations que reçoivent déjà pas mal de malades.
    Le problème de la responsabilité se posera également: qu’en dise les assureurs ?

    • Il est clair que le problème de la responsabilité est posé avec un correspondant en Algérie ou en Tunisie.

      Quelle influence de « doctissimo » sur les hypocondriaques?

      Le problème qu’il faut savoir accepter et gérer, en médecine, c’est la « vérité statistique »: sue faire d’une vérité à 75 %?

      Et que dire du rôle du contact humain, verbal et non verbal, de l’écoute, du temps passé à comprendre, du cérémonial de l’examen clinique dans la confiance du patient et donc dans sa motivation et sa « croyance » qu’il va aller mieux avec l’aide du traitement prescrit, sans même parler de l’effet « placebo », véritable petit miracle psychique complètement irrationnel comme l’est la « confiance » bien difficile à expliquer?

      Par contre, un renouvellement de prescription ou la rédaction d’un certificat d’une pathologie constatée se « traitent » déjà par un coup de fil.

      Et dans l’article, parler de chirurgie par robot, jusqu’à présent, le robot reste conduit par le chirurgien: il n’a pas de comportement autonome! Un peu comme l’échographie peut pousser plus loin l’examen physique du praticien, surtout en cardiologie, mais c’est bien encore le praticien qui manipule la sonde, cherchant ce qu’il veut voir, la machine calculant distances, volumes, flux et leur vélocité de ce que le cardiologue montre à l’écran.

      Ce sont bien les progrès technologiques qui sont à la base des progrès médicaux, c’est indéniable! Mais du temps passera encore pour que la machine remplace l’homme (ou la femme, évidemment: les doctoresses seront majoritaires dans les futurs diplômés) aux yeux du patient!

  • Mon commentaire colle là aussi …
    Comme tout ce qui concerne le social la destruction systématiquement organisée est en phase d’accomplissement …
    Quel est le projet réel pour la santé publique: nul y compris les girouettes qui gouvernent ne le sait …
    La désertification est la conséquence de l’incurie:
    – des syndicats médicaux qui n’ont jamais (40 ans de MG rurale) su évoluer, innover, projeter à chaque fois 5F et tout rentre dans l’ordre
    – de l’ordre qui n’a pas réagit au numérus clausus parce que moins il y a de convives plus la part est grande …
    – des gouvernements dans lesquels les génies transcendants issu de ENA Sciences Po ignorent ce qu’est une table démographique
    – des gouvernements qui ont fait disparaitre des spécialités médicales du circuit: gynéco médicale pour les femmes (merci pour elles) de l’ophtalmologie alors que la publicité des médias vous serinent l’urgence de consulter en cas de déficit visuel (DMLA, Glaucome) … chez moi délai de 9 mois à 1 an !!!!
    – des gouvernements qui ont provoqué la désertification et qui recherchent roumains et autres médecins …. nous avons même eu la chance d’avoir un médecin roumain qui comprenait à peine le français au SAMU … mais le poste est pourvu, rien à dire
    Tout cela a et aura des conséquences graves … si les débiles supposés nous gouverner font actuellement des économies tout cela se paiera au prix fort dans 10 ou 15 ans … nous aurons la chance de voir diminuer l’espérance de vie comme dans le modèle de tout bon libéral qui se respecte: les USA pays dans lequel les dépenses de santé sont largement supérieures aux nôtres pour un piètre résultat
    Et que dire de la déshumanisation de nos hôpitaux dans lesquels la sacro-sainte rentabilité est érigée en dogme absolu … il paraitrait « ON » y soigne encore des patients …. mais pas pour longtemps,………… ça coûte trop cher.
    Ayez donc la curiosité d’aller voir dans les hôpitaux combien leur coûte les cow boys de la chirurgie ou de l’anesthésie réanimation pour les remplacement de vacances …. c’est la loi de l’offre et de la demande et vous devez vous plier aux exigences financières exorbitantes des ces médecins et là on est loin des salaires des titulaires. C’est se soumettre ou fermer le service …
    Quelle réponse sera apportée à ces patients broyés par cette société entre chômage, stress, dépression, et suicides dont personne n’ose aborder les causes profondes … La réponse à tout ça c’est de supprimer le médecin et de prescrire, pour le plus grand bénéfices de l’industrie pharmaceutique force anxiolytiques ou antidépresseurs sans chercher à comprendre ce qui se passe derrière … et, cerise sur le gâteau, votre smartphone va remplacer le médecin … société bénie dans laquelle plus aucun rapport humain ne sera nécessaire …. le « nirvana »
    Par expérience j’en ai appris beaucoup plus avec mes patients pendant les discussions informelles en fin de consultation que pendant la consultation elle même … l’intelligence artificielle saura, elle, repérer ces choses importantes
    J’en arrive à conclure que la science médicale ne devrait plus être enseignée dans des facultés de médecine mais à ENA ou HEC ….. vous ne pourriez que constater un miracle …. économique du style de 2008 pour les finances ….

    Horreur !!!!! j’ai utilisé au début le mot destruction alors que pour être politiquement correct il fallait lire « réforme »

  • Il va advenir du mot « uberisation » comme de « l’imprimante 3D » : on l’utilise pour tout et n’importe quoi.

    L’uberisation des professions médicales, ce serait que tout un chacun fasse des diagnostics ou soigne à vau l’eau, la guérison n’étant plus l’objectif premier : le coût relatif au résultat (certes, vous avez perdu vos dents,mais cela ne vous a couté que 1€), la méthode (l’influence cosmique prôné par une secte solaire), l’homéopathie (appelé aussi méthode hollandaise – que de l’eau !), pourquoi pas la sorcellerie, etc… Ce serait le retour des guérisseurs et autres rebouteux.

    Or rien de tout cela dans votre scénario où je vois plutôt une libéralisation et une délocalisation des soins, le résultat (guérison) restant égal par ailleurs. Certes, ce serait un grand changement, mais rien de déjà connu depuis 20ans… On appelait çà la globalisation mais il doit être plus classe maintenant de faire la confusion avec l’uberisation.

    • Comme pour les imprimantes 3D où ça tangue pour les utilisations grand public, la raison va revenir rapidement et l’ubérisation se restreindre aux cas où elle apporte un réel progrès.

  • Bravo bravo! Quelles idées fabuleuses!!! Allons-y, supprimons la relation avec le patient et déshumanisons encore un peu plus notre société !!! Et puis un jour, si vous faites un avc et devenez aphasique, vous serez sans doute RA-VI d’être rééduqué par un ordinateur qui sera incapable de réagir à votre souffrance morale et mentale… Et puis comme cela, nous aussi un jour nous cesserons d’être humains…la limite de l’avancée de la technologie n’est-elle pas le point où elle prend le pas sur l’humain?

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