Comment réformer la France ? Trois exemples étrangers à suivre

Les gouvernements d’Italie, d’Espagne et de Roumanie n’ont pas reculé devant les protestations sociales. Et s’ils inspiraient nos dirigeants ?

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Comment réformer la France ? Trois exemples étrangers à suivre

Publié le 27 mai 2016
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Par Nicolas Lecaussin.
Un article de l’IREF-Europe

Matteo Renzi
Matteo Renzi By: Università Ca’ Foscari VeneziaCC BY 2.0

La crise économique et financière de 2008 a ébranlé ces trois pays, surtout l’Espagne et la Roumanie. L’impact a été très dur avec une importante baisse du PIB et une hausse de chômage impressionnante. En Espagne par exemple, le taux de chômage est passé de 10 % en 2008 à 25 % en 2011. Le PIB par habitant en Italie a tellement chuté entre 2008 et 2009 qu’il est descendu au niveau de celui de 1998. En Roumanie, le PIB a connu une baisse de presque 8 % entre 2008 et 2010 après plusieurs années de croissance.

Un autre point commun entre ces trois pays c’est qu’aujourd’hui ils affichent une croissance économique insolente. La Roumanie connaît la plus forte croissance du PIB de tous les pays membres de l’UE : + 4.3 %. L’Espagne c’est plus 2.5 % de croissance du PIB par an tandis qu’en Italie, la courbe du chômage baisse régulièrement depuis environ trois ans.

Comment réformer la France ? Réduire les dépenses publiques, assouplir le Code du travail

Enfin – et c’est là le troisième point commun – ces pays ont fait de très importantes et douloureuses réformes sociales et économiques. En 2009, la Roumanie a baissé les salaires des fonctionnaires de 25 % mais elle a décidé de maintenir une flat tax à 16 % tout en continuant le processus de privatisation de l’économie et la mise en place d’un pilier retraite par capitalisation. Aujourd’hui, en plus de la croissance économique retrouvée, le pays annonce une assez forte hausse du pouvoir d’achat : + 25 % par rapport à la fin des années 1990. De même, une certaine fierté industrielle a été retrouvée surtout grâce à l’industrie automobile : en 2015, la Dacia Logan a été la voiture la plus vendue en France dans sa catégorie.

L’Espagne a supprimé, dès 2009,  30 Mds d’euros dans ses dépenses publiques, tout en baissant les impôts (l’IS de 30 à 25 % et l’IR de 52 % à 45 %pour la tranche la plus haute). Autant l’Espagne que l’Italie ont réformé le marché du travail en le rendant plus flexible. Aucun des deux pays n’a reculé – comme le fait en ce moment le gouvernement français – devant les protestations des syndicats ou des organisations de jeunes. Ils ont tenu bon et les résultats se font sentir : malgré un taux encore trop élevé, le chômage baisse pour la deuxième année consécutive en Espagne et le pays annonce la création de 500 000 emplois nets en 2015. En Italie, le taux de chômage a baissé de presque 14 % en 2012 à moins de 11 % en avril 2016, un niveau qu’elle n’avait plus connu depuis le milieu des années 1990. Il est vrai, le Premier ministre Matteo Renzi n’a pas reculé lorsqu’il s’est agi de changer le Code du travail en le rendant plus souple…

Trois pays ou trois exemples qui montrent qu’en temps de crise économique il faut agir et implanter des réformes même si elles sont dures. Et surtout qu’il faut faire face aux protestations.

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  • « Comment réformer la France… » vaste sujet…
    Au plan fiscal: il est évident qu’il faut prendre des mesures urgentes au moins pour endiguer l’autodestruction de notre pays causée par la multiplicité et l’importance des prélèvements fiscaux et sociaux sur les entreprises. Il faut engager un processus de réindustrialisation de la France.
    Au plan institutionnel: il faudrait endiguer les méfaits du jacobinisme outrancier qui a pour effet de concentrer le pouvoir politique et économique au profit d’un petit nombre d’imposteurs.
    Il faut évoluer vers un système libéral sur le modèle de la confédération helvétique, en transférant plus de pouvoirs aux entités administratives régionales avec, notamment, le pouvoir de fixer les taux des impositions des entreprises comme cela se pratique dans les cantons suisses.
    Il faut remplacer l’élection du roi de France par une présidence de république à laquelle chacun des présidents de régions pourrait accéder.
    Il faut évoluer vers une démocratie directe en donnant le pouvoir aux français.

  • salaire des fonctionnaires…ils n’y toucheront pas , c’est leur électorat ; baisse des prestations sociales , trop de familles vivent de ces prestations , ils n’y toucheront pas , c’est leur électorat ; du coup , ils se retourneront vers les mêmes : français moyen , chefs d’entreprises , là ou ils estiment qu’il y a encore de l’argent à tirer…..le changement , c’est pas pour maintenant ….

  • Conduire une voiture lorsque la limite d’adhérence des pneus est dépassée ne s’improvise pas. On se retrouve dans cette situation lorsque la vitesse est trop importante par rapport à l’état du sol, ce seuil de vitesse pouvant être très bas, par exemple sur la neige. La caractéristique du système qu’on désire alors contrôler change de nature pour un systémicien : l’ordre du système augmente, les commandes sont couplées. Le conducteur qui n’a jamais été confronté à ces situations est habitué à des commandes découplées : j’accélère ou je freine pour gérer ma vitesse, je tourne le volant pour contrôler ma trajectoire. Au delà de la limite d’adhérence, tout change, les effets des commandes sont couplés : je dois combiner correctement des actions sur la direction, l’accélérateur, le frein, avec des situations complexes : par exemple je dois contrebraquer, accélérer et freiner légèrement en même temps sur une traction avant. Cela demande un apprentissage, faute de quoi la sortie de route est assurée. Evidemment, pour un non initié, voir un conducteur expérimenté se tirer de ces situations tient du prodige incompréhensible : je me souvient de la réflexion d’une passagère dans mon véhicule qui, après une série de virages sur la neige, me demandait comment il se faisait que je tournais le volant à droite pour prendre les virages à gauche et vice-versa…

    Que se passe t-il dans une économie ? La même chose. Lorsque tout va bien, que les impôts rentrent bien, que la dette publique est faible, n’importe quelle ménagère capable d’équilibrer son budget familial pourrait remplacer les plus hautes autorités de l’état et gérer le pays. Lorsque, comme dans la situation française actuelle, tous les indicateurs sont au rouge, la commande du système exige des actions complexes, lesquelles peuvent sembler à première vue contraires aux effets recherchés. Exemple : j’améliore la possibilité pour les entreprises de licencier leurs salariés en vue de créer de l’emploi. Le noeud de la crise actuelle est là : le pékin qui braille dans la rue, pensant que le gouvernement est devenu fou, a viré à droite pour défendre les capitalistes, etc… n’a pas pris conscience du fait que la situation est tellement dégradée que seul un pilotage professionnel, à savoir en prenant en compte enfin les conseils des experts, peut éviter la sortie de route. Et bien sur, la complexité de l’élaboration d’une commande est alors telle qu’un non professionnel de l’économie ne peut plus comprendre ce qui se passe.

    Les exemples dans l’histoire ne manquent pas de gouvernements, malheureusement le plus souvent de gauche et bien intentionnés envers ceux qui les avaient portés au pouvoir, qui n’ont pas pris la mesure de la situation qu’ils ont trouvée ou qu’ils ont créée en croyant bien faire, et ont amené leur pays au chaos ou à l’anarchie. L’exemple le plus frappant est évidemment le Chili d’Allende. Le Venezuela de Chavez est bien parti pour suivre le même chemin. Est ce cela que veulent les français qui demandent l’abrogation de la loi El Khomry ? N’y a-t-il pas un moment où il faut savoir reconnaître son niveau d’incompétence ?

  • Le sujet est intéressant, mais les comparaisons inopérantes parce que les trois pays européens cités dans l’article ont l’incomparable avantage de ne pas avoir de machine à fabriquer des fonctionnaires comme l’ENA.
    Cette singularité française explique que la plupart des dirigeants (Giscard d’Estaing, Chirac, Juppé, Fabius, Jospin, de Villepin, Hollande, Macron) qui se sont succédé ces 40 dernières années sortent de l’ENA n’ont pas aucune expérience de l’économie de marché, et sont formatés (qu’ils le veuillent ou pas) à réagir de la même façon devant les mêmes problèmes.
    Pour réformer la France, la première mesure à prendre est : détruire l’ENA.
    Si cela n’est pas fait, les réformes seront impossibles à moins d’un mouvement violent, comme le pays en a connu dans le passé, et de nombreux morts parmi les élites auto proclamées.

  • Pour réformer il faut déjà supprimer les points de blocage : le premier est que la majorité des députés est fonctionnaire et garde donc tous les privilèges associés. Il faut donc déjà rendre incompatible le statut de fonctionnaire et celui d’élu, comme dans tous les pays développés du monde , sinon ils sont juge et partie. Ensuite, il faut s’attaquer aux privilèges ( mais comme disait Chirac derrière chaque niche il y a un chien qui mord).

  • A mon avis deux grandes réformes sont indispensables si nous voulons sortir la FRANCE de l’ornière ou elle est tombée.

    1- Choisir comme MAURICE ALLAIS (NOBEL) l’impôt sur le capital fixe (biens inscrits au cadastre) à la place et pour une collecte identique, des multiples impôts sur le capital circulant. Ce dernier libéré de toute imposition va investir pour relancer en force la croissance, l’autre sur les biens fixés au sol ne profite qu’à des rentiers qui immobilisent les forces de la nation.

    2- La suppression des charges sociales qui pèsent sur les producteurs (ce sont eux qui utilisent le capital circulant) en reportant les charges vers la consommation tout en gardant des prix identiques : le moins des entreprises permet de vendre moins cher aux commerçants et donc possiblement à prix égal aux consommateurs. De plus le travail au noir disparaît.

  • Selon Erwan Le Noan et Matthieu Montjotin, auteurs de la note « Gouverner pour réformer : éléments de méthode » ; les réformes ont échoué à cause de l’absence de véritable méthode pour les conduire. La réforme n’a rien de magique. Elle relève d’un travail technique et stratégique en amont des élections. Seuls les dirigeants politiques ayant obtenu un mandat clair grâce à un travail de pédagogie et d’expertise pourront mener à bien les réformes. Seuls ceux qui ont travaillé et réfléchi à la manière de les réaliser concrètement, en pratique, réussiront leurs mandats. » Retrouvez leur note sur le site de la Fondation pour l’innovation politique : http://goo.gl/1KMA9o

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Un article d'Alain Mathieu

 

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