Captain America : une overdose de super-héros

Civil War, le dernier Captain America, aurait probablement gagné à avoir une trame scénaristique plus claire et moins ambitieuse, tout en donnant plus de développement à certains personnages secondaires.

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Captain America : une overdose de super-héros

Publié le 12 mai 2016
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Par Aurélien Chartier.

Il y a 8 ans, Iron Man lançait une nouvelle saga de films de super-héros dans l’univers Marvel dont probablement peu de gens se doutaient qu’elle engendrerait autant de films. Si dans un premier temps, chacun de ces super-héros a droit à son propre film, ils se retrouvent bien vite englobés dans une histoire plus globale dont on annonce la culmination avec les Infinity Wars en 2018 et 2019.

On notera donc la feuille de route plutôt chargée de Marvel sur les prochaines années. D’ici là, cet épisode de Captain America ressemble davantage à un film des Avengers vu la présence de quasiment tous les super-héros, Hulk et Thor étant les seuls à manquer à l’appel. Pour les remplacer, ce film introduit Ant-Man (qui avait eu droit à son propre film d’introduction l’an dernier), Black Panther et un nouveau et très jeune Spider-Man.

Casting surchargé pour Civil War

Ce casting de folie se révèle rapidement être un des principaux problèmes du film. Si Chris Evans (Captain America) et Robert Downey Jr. (Iron Man) ont droit à un temps d’apparition à l’écran conséquent, c’est loin d’être le cas de tous les autres super-héros. Si on comprend la volonté marketing de mettre autant de stars possibles dans un film, cela se fait au détriment du développement de certains personnages.

Par exemple, le personnage d’Elizabeth Olsen (Scarlet Witch) fait face à un dilemme personnel après avoir causé la mort de nombreux innocents par accident, mais celui-ci passe rapidement au second plan. Le film qui dure déjà 2h30 aurait probablement gagné à être découpé en deux parties qui auraient pu développer plus en détail différent aspects du scénario.

Comme le précédent Captain America qui explorait le thème de la surveillance de masse, ce nouvel opus explore un thème cher aux libéraux avec les Avengers qui se retrouvent sous la menace de devenir des criminels s’ils ne se soumettent pas au bon vouloir de l’ONU. Étrangement, Iron Man qui déclarait avoir « privatisé la paix mondiale » dans Iron Man 2 se soumet sans broncher à devoir prendre des ordres.

C’est donc à Captain America, un ancien agent du gouvernement, que revient le rôle de se méfier de l’obéissance à des bureaucrates, qui font bien souvent passer leurs propres intérêts en priorité. Chacun des super-héros va se retrouver à suivre l’un de ces camps, mais pour la plupart d’entre eux, il s’agit juste de suivre leur ami plutôt que d’une réelle réflexion. On regrettera ici l’absence de Thor, personnage plus indépendant et qui aurait pu permettre d’avoir un angle scénaristique plus original.

Captain America, un message libéral ?

Toutefois, il serait hâtif de considérer le message de ce Captain America comme libéral. Si l’idée d’avoir des super-héros obéissant à des politiciens n’est évidemment pas réjouissante, on peut se poser la question de la légitimité d’un groupe de vigilantes qui opère sans aucune limite autour du monde et ne semble avoir de compte à rendre à personne. Leur façon d’opérer telle qu’elle est présentée dans ce film dresse un parallèle avec certaines missions secrètes de la CIA. Difficile de savoir si ce parallèle est volontaire, mais il est quand même incompréhensible de voir les Avengers détruire des villes entières dans chaque film sans jamais devoir faire face à leurs responsabilités. Le super-villain Ultron du dernier film des Avengers était même créé par Tony Stark et Bruce Banner.

L’intérêt principal du film reste les scènes d’action dont un très long combat entre les deux factions de super-héros à l’aéroport de Leipzig et une course-poursuite haletante. Les amateurs de films d’action seront comblés par le côté spectaculaire et parfaitement orchestré de ces scènes. Civil War continue à avoir un ton relativement sombre dans la lignée de Winter Soldier, mais sait aussi se permettre quelques touches d’humour judicieuses et bien jaugées.

Ces points positifs sont malheureusement contrebalancés par un défaut récurrent des films Marvel, à savoir un ennemi sans vrai relief et qui semble toujours avoir un coup d’avance sur les héros du film sans que ce ne soit très réaliste. Au final, Civil War aurait probablement gagné à avoir une trame scénaristique plus claire et moins ambitieuse, tout en donnant plus de développement à certains personnages secondaires.

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  • Il est vrai pour les libéraux que ce film a de quoi leur parler car il montre deux facettes défendues par eux : liberté contre responsabilité. Il est dommage d’ailleurs que le trame et le conflit en découlant aient glissé finalement sur la traque du soldat de l’hiver plus que sur cette problématique, qui était plus intéressante. A noter que si on peut suivre Captain America qui poursuit la vérité et ne peut le faire en s’encombrant d’une hiérarchie/bureaucratie/interdiction, il s’avère vite que son discours est plutôt creux et n’appelle pas à la synthèse : « oui, on a détruit des villes et des vies, mais on fait le bien », « oui il a tué ces personnes, mais il faut lui pardonner », avec cette idée que les super-soldats ne peuvent souffrir aucune critique. Le symbole de l’Amérique libre se montre curieusement froid et corporatiste, là où le mégalo IronMan est plus humain, mis face à ses responsabilités, admet ses erreurs (il brave les interdits en apprenant le complot) et se remet en cause.

    • Moui… dans le premier Avenger l’état était plutôt favorable à la bombe atomique sur New-York hein. Là nous avons Scarlet witch qui envoie donc une explosion dans un immeuble, plutôt que de le laisser au sol sur un marché faire beaucoup plus de victimes (donc oui, des gens importants sont morts plutôt que des petites gens).
      Ceci est anecdotique, dans la mesure ou les films font justement en sorte que tous les héros soient considérés comme parfaits, même quand ils ne sont pas d’accord entre eux. Ca pose quand-même de sacrés problèmes d’avoir des scénarios aussi lisses que ça. Je pense qu’on aurait pu aller beaucoup plus loin dans le questionnement, sur le libéralisme justement (j’ai du mal à voir comment Captain America met de côté la responsabilité individuelle puisqu’au contraire il dit qu’il est nécessaire de la convoquer à tout moment : c’est la responsabilité collective qu’il repousse… ce faisant on pourrait lui rétorquer qu’il est une cible à toutes les manipulations puisqu’il ne met pas en perspectives les événements… bref).

      Mais le pire dans ce film c’est l’ambiance de bagarre de cour de récré… on se retrouve donc avec Spiderman et Antman par exemple qui s’associent chacun à un camp, sans raison, pour le plaisir de se bagarrer avec d’autres qui sont par ailleurs des potes, démolissant un aéroport sans qu’on sache trop comment ça pourrait être la marque de la prise en charge d’une responsabilité quelconque justement. Mais tout le monde est digne de l’école maternelle : black-panther, le militaire là joué par William Hurt… alors il y aurait bien le père de Black Panther si il était dans un calcul politique à plusieurs bandes, une lutte d’influence ou l’histoire des avengers ne serait qu’une récupération politique pour suivre de vrais objectifs politiques. Mais justement, de la politique il n’y en a pas, tout l’effort du film c’est de nous faire rentrer dans la tête que cette histoire est très importante tout en surtout éliminant absolument tout clivage politique… là ou Age of Ultron avait été un peu léger et ou le spectateur se rendait compte qu’il n’y avait pas de raison particulière à regarder cette action. La réussite de Civil War c’est de réussir à nous faire croire que nous avons une raison de regarder ce film alors qu’il n’est pas moins gratuit que les précédents.
      C’est bien dommage d’ailleurs, parce qu’il y aurait eu beaucoup de choses à dire justement, autour de Civil War mais en général de ce cycle fabriqué par Marvel autour de Infinity War et Infinity Gauntlet. Pourtant nous sommes plus proches dans le contenu du cinéma américain des années 90 (là ou en est restée la production française d’ailleurs) que dans celui des années 2000. D’ailleurs est-ce la crise de 2008 qui explique l’écroulement de complexité des discours dans les blockbusters ? Le public doit-il être rassuré et pacifié par le vide ? Je m’interroge sur ce virage à 180° qui est forcément une stratégie marketing consciente.

  • Tout à fait d’accord, casting surchargé, scénario qui mériterait amplement d’être développé car il y avait du potentiel. Concernant le thème politique du film, j’y ai vu aussi des super-héros qui devaient faire face à de super responsabilités. On veut sauver le monder et le rendre plus libre ? Très bien. Mais est que ca se fait au détriment de la vie des autres, de la souveraineté politique d’un pays, au dépend de la société ? Et lorsqu’il y a tragiquement des victimes ? Il faut aussi faire face aux conséquences de ses actes et en assumer la responsabilité. Des innocent meurent lors de ses batailles super-héroïques (certes les super-vilains ont commencé) mais quelle est le degré de responsabilité des Héros, auraient-ils plus consciencieusement l’éviter ?
    J’étais plutôt du côté d’Ironman. On a pas carte blanche. On est pas plus habilité que n’importe quel bureaucrate de savoir ce qui est bon ou mal pour autrui. Lors de l’affrontement de masse entre copains, ce sont quand même Captain America et ses acolytes qui ravagent un aéroport (heureusement évacué). Remboursera–il les millions d’euros de dégâts aux Berlinois, compagnie aériennes et simples propriétaires de voitures ?
    Si on ne veut pas se soumettre à une autorité administrative internationale, il faut savoir s’imposer soi-même des limites à ce qu’on ait en droit de faire lorsqu’on veut protéger la liberté.

  • Civil War aurait du faire l’objet d’un crossover, comme dans sa version papier, et aurait du succéder aux événements d’un Captain America 3 qui place les bases du film. Ici on est perdu entre 2 scénarios qui s’entremêlent.
    Le développement des personnages n’est pas nécessaire : tous les anciens ont déjà eu leur propre film ou sont bien sont connus depuis plus de 5 ans ; La Sorcière Rouge et Vision sont un peu mis en avant dans cet opus puisqu’ils sont assez nouveaux, mais ça suffit, ils ne sont pas au centre de l’histoire de toute façon. Black Panther est très bien développé, peut-être trop présent même pour un nouveau personnage qui aura son propre film ; Spiderman arrive comme un cheveu sur la soupe, il est là pour faire du fan service, on le sait, mais son entrée es trop mise en scène, alors qu’il est juste là pour se prendre des marrons en fin de compte.
    L’absence de Thor est logique, les lois qui régissent dur une planète qui n’est pas la sienne ne le concernent pas, et sa simple présence aurait créé un déséquilibre de force bien trop important : *SPOIL* dans le comic Iron Man a cloné Thor pour l’avoir à ses côté dans la bataille. Sauf que le clone s’emballe un peu et tue un super héros, ce qui ne fait que créer encore plus de tensions entre Captain America et Stark *SPOIL*.
    Le point de vue original est celui de Vision, qui a du mal à se décider, choisissant un cheminement rationnel, il ne pense pas avec ses regrets, sa conviction, il est l’incarnation physique d’une Pierre de l’Infini, et sa décision rappelle le mode d’action du Tribunal Vivant, un être omnipotent et omniprésent de l’Univers Marvel capable de sacrifier 100 personnes pour en sauver 1000.

    Le interpellait vraiment le lecteur en lui proposant de choisir entre sa sécurité ou sa liberté, puisque le registration act demandait aux super-héros de se recenser s’ils voulaient continuer à exercer, sinon ils deviendrait hors la loi ; cette loi poussait le vice puisqu’elle était prête à blanchir les super-vilains acceptant d’aider les autorités à capturer les héros non déclarés.
    Ici il s’agit de responsabilisation, la position de Steve Rogers est compréhensible, mais ne se défend pas : on cherche juste à lui poser des limites en tant que héro, pas en tant que citoyen, en encadrant son équipe. J’irais davantage dans le camp Stark en ce qui concerne le film, alors que dans le comic la question ne se posait pas, puisqu’il avait pour seul argument « ça ne me fait pas plaisir de vous arrêter, mais c’est la loi, donc je la respecte ».

    • Vision est dans une approche collective, une responsabilité certes mais une responsabilité collective, avec une autorité centrale… développer véritablement son approche aurait presque montré un côté socialiste, ce que ne voulait pas la production du film. Tout leur effort est de nous faire croire qu’il y a des enjeux et des clivages profonds tout en maintenant le consensus le plus large et à faire en sorte qu’on comprenne que c’est « pour de faux » et que les héros sont quand-même tous du même côté.

  • Pas d’accord pour dire que c’est surchargé, la plupart on eu droit à un spinoff et c’est assez bien géré je trouve cette masse de super-héros, le fait que Spider-Man arrive comme un cheveux sur la soupe participe à l’effet comique sans entrer dans le burlesque.

    La position de captain america est un peu mal développée. Il est sceptique probablement à cause des événements du shield, il y a aussi la crainte de ne pas avoir son mot à dire sur les missions qui seront confiés.
    Également il dit que les avengers devraient être responsable eux-même des dégâts causés et non une autorité supérieure.
    Ce qui laisse penser qu’il ne rejette aucunement le concept de responsabilité mais que c’est un désaccord sur la manière de répondre à celle-là.

    Quand à Tony Stark, vu sa culpabilité, le fait de décharger sa responsabilité sur une autorité supérieure à lui l’aiderait d’une certaine manière à sentir moins la responsabilité. Cette responsabilité semblant représenter un poids trop important pour lui.

    Je penche légèrement du côté du capitaine.

  • Nous aimons les super héros dans la fiction car autour de nous les infra héros pullulent…

  • C’est de la merde.

  • Je trouve bien commode l’astuce scénaristique de l’absence de Thor et de Hulk qui aurait, il est vrai, flanqué par terre la trame du scénario en cinq minutes:
    – Thor en tant que roi ou au moins prince du multivers n’aurait certainement pas admis que sur terre ses actions soient entravées par quelques bureaucrates locaux ;
    – Hulk est incontrôlable par nature et aurait donc dû être le premier prisonnier du camp loyaliste (bonne chance…)

    Par ailleurs, on blâme les héros mais jamais les villains, c’est un peu simpliste (comme s’ils s’étaient amusé à détruire des villes pour rigoler alors qu’ils se battaient simplement pour sauver le monde sans choisir le lieu de l’affrontement). Enfin, Stark le playboy rebelle cynique qui devient le valet de l’ONU alors que Captain America le soldat-né devient le rebelle indépendant? Même s’ils ont leurs raisons, le choix des capitaines d’équipe reste un peu étrange.

    Ces réserves mises à part, j’ai apprécié un film avec une trame scénaristique qui, si elle n’est pas parfaite, représente tout de même un bel effort.

    • À l’exception de Ultron qui est purement la faute de Stark et de Banner, les autres destructions ne peuvent effectivement pas toutes être mises sur le dos des Avenger 😀
      Je suppose que Tony s’en sort sans trop de casse car personne à l’exception des Avengers ne sait que c’est de sa faute 😀

    • Tu mets sur le dos de la non-perfection de la trame le fait que le méchant mise tout sur l’affrontement final entre Captain America et Iron Man sans avoir rien fait pour qu’il ait lieu ? Rappelons que si Iron Man se retrouve rejoindre Captain America c’est purement par hasard… bref… tant pis, les scènes s’enchaînent pour rien, mais on a de très bons acteurs qui doivent sortir de bons dialogues qui nous font oublié que le scénario n’est pas juste imparfait mais complètement incohérent.

      Pour Thor et Hulk… nous avons l’impression que leur absence n’a pas de sens, mais on va vite savoir qu’ils ont des aventures inattendues de leur côté. Pour parer à l’impression d’absence pratique et fabriquée, je pense que les personnages présent auraient pu justement trouver leur absence scandaleuse… il aurait été possible de mettre un peu de mystère autour. Mais justement la production a décidé, pour l’instant, qu’il n’y aurait absolument aucun mystère dans ses films. C’est quand-même vraiment très très bas de plafond, et je pense que l’overdose vient de là, de voir un peu toujours le même film.

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