L’Union Européenne est-elle encore pertinente pour le Royaume-Uni ?

Les avantages de l’appartenance à l’Union Européenne pour le Royaume-Uni sont probablement surévalués. Un regard britannique.

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Brexit (Crédits : Jeff Djevdet, licence CC-BY 2.0)

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L’Union Européenne est-elle encore pertinente pour le Royaume-Uni ?

Publié le 21 avril 2016
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Par Richard North, depuis le Royaume-Uni.
Un article d’EUReferendum.com

Brexit (Crédits : Jeff Djevdet, licence CC-BY 2.0)
Brexit (Crédits : Jeff Djevdet, licence CC-BY 2.0)

Christopher Booker adopte une perspective intéressante dans sa chronique du 16 avril, revenant sur ce dépliant effrayant du gouvernement britannique. Il n’y a qu’une seule phrase dans ce dépliant, écrit-il, qui n’appelle pas à une rectification des faits. Mais une en particulier recèle un glissement gigantesque à propos de la manière dont nous sommes gouvernés, ce qu’on a du mal à remarquer dans cette campagne.

Il s’agit d’une référence à la façon dont, à partir de l’année prochaine, « les frais d’itinérance (roaming) seront supprimés à travers l’U.E », permettant aux utilisateurs de téléphones mobiles de gagner « jusqu’à 38 pence par minute d’appel », l’une des manières dont l’Union Européenne est censée améliorer nos vies.

En se basant fortement sur EUReferendum, Christopher Booker nous dit qu’il est vrai qu’il a été initialement demandé à l’U.E. d’abolir les frais d’itinérance, et ce par un organisme mondial appelé International Telephone Users Group (INTUG, Groupement international des utilisateurs de téléphones), dès 1999. Cependant, de manière habituelle, l’U.E. a traîné les pieds, si bien que l’INTUG a finalement contacté un autre organisme mondial, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

L’OCDE a impliqué un troisième organisme mondial, l’Union internationale des télécommunications, qui a utilisé les règles d’un quatrième, l’Organisation mondiale du commerce, pour veiller à ce que d’ci 2013 les frais d’itinérances soient abolis partout dans le monde, l’Union Européenne étant en bout de file.

Ainsi, nous dit Booker, ce que personne ne voit, bien que cela devrait être très pertinent pour ce référendum, est l’ampleur ahurissante avec laquelle l’élaboration de nos lois a été déplacée au niveau mondial. Ce processus est allé à des dizaines d’organisations mystérieuses qui ensuite distribuent leurs décisions pour qu’elles soient mises en œuvres par d’autres organismes à l’échelon régional, telle l’Union Européenne.

L’un après l’autre, ces groupes faisant campagne pour « Rester » dans l’U.E. ont prétendu que toutes sortes de bénéfices étaient attribuables au statut de membre de l’Union Européenne. Mais la réalité est que nous ne devons à l’Union qu’une fraction des choses qui lui est attribuée. Au contraire, une grande partie de ce nous voyons provient de ce réseau de gouvernance mondiale rapidement émergeant.

Il y a eu beaucoup de discussion par exemple sur la façon dont l’U.E. joue un rôle clef pour mettre fin à l’évasion fiscale à grande échelle des sociétés multinationales, nous rappelle Christopher Booker. Mais la raison pour laquelle ces sociétés ont pu la pratiquer pendant si longtemps est que l’U.E. a inscrit dans son traité le droit à la libre-circulation des capitaux, initialement prévue par l’OCDE.

C’est aussi un sujet que nous avons abordé sur ce site, spécialement lorsque cela est devenu un embarrassant scandale international et a été repris par le G20, qui agit maintenant avec la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement pour changer les règles. Dès lors, si des mesures sont enfin déployées pour résoudre ce problème, nous dit Christopher Booker, cela est entièrement le résultat de notre nouveau système de gouvernement mondial, dans lequel l’U.E. est seulement un acteur subordonné. Fait intéressant, même l’OMC est impliquée.

Un autre domaine a fait surface lorsque la campagne Stronger in Europe (NdT : pro intégration européenne) a affirmé que, même si nous devions quitter l’Union, les personnes handicapées perdront en quelque sorte leur droits. Pourtant, comme nous l’avons rapidement fait remarquer, les droits des handicapés sont inscrits dans la loi pour l’égalité de  2010 (Equality Act), transcrivant dans le droit britannique la Convention des Nations unies sur les droits des personnes handicapées qui, comme le propre site de l’U.E. l’indique clairement, est juridiquement contraignant pour tous les États membres.

C’est encore un autre domaine où les agences mondiales sont actives qui a été manqué par la BBC, trop occupée à se moquer des règlements de l’U.E. fixant les normes de commercialisation nécessaire pour les fruits et légumes, tels les choux, concombres et bananes.

Le point qu’ils voulaient établir était que Bruxelles a finalement reconnu que ces règles étaient toutes « un peu stupides », et donc qu’ils allaient « très judicieusement » les abroger. Mais ce que la BBC n’a pas réussi à nous dire, est la raison pour laquelle elles ont tous été mis au rebut  et ont été remplacées par de nouvelles normes édictées par a Commission économique pour l’Europe des Nations-Unis (CEE-ONU), basée, non pas à Bruxelles, mais à Genève.

À bien des égards la CEE-ONU prend maintenant bien davantage part que Bruxelles à l’élaboration de nos lois, et à propos de tout, des normes de commercialisation jusqu’à la conception des véhicules. L’une des raisons pour laquelle l’U.E. est en mesure de se vanter qu’elle a réduit ses dizaines de milliers de directives et règlements est tout simplement le résultat de leur remplacement par de nouvelles règles venues d’instances supérieures comme la CEE-ONU, l’Organisation internationale de normalisation, l’Organisation maritime internationale, et des dizaines d’autres, de nombreuses également basées à Genève.

Il y a deux ans, durant la semaine où David Cameron a prononcé son discours devant Bloomberg annonçant le référendum, Christopher Booker a commencé a écrire à propos de tout ceci sous le titre Oublier Bruxelles : nous sommes maintenant dirigés par les géants de Genève.

Mais les mantras répétés ad nauseam des deux côtés de cette campagne sont si limités qu’aucun d’entre eux n’a remarqué combien était profonde la révolution dans la manière dont le monde est gouverné depuis 1945.

Les implications de ceci, nous dit Christopher Booker, sont immenses. Il est temps que nous réalisions que l’U.E. elle-même est devenue non pertinente. Mais il y a au moins une lueur d’espoir au bout de ce long tunnel : Roland Smith écrit, dans un article publié par l’Institut Adam Smith « Comment les régulateurs mondiaux tuent la valeur de l’adhésion à l’U.E ». Cela ressemble au thème soulevé par Christopher Booker, et à ce que nous répétons longuement dans Flexit.

Quand les partisans de quitter l’Union se réveilleront finalement, ils pourront peut-être se rendre compte que ce processus de mondialisation est l’un de nos plus forts atouts. Nous n’avons plus besoin d’intermédiaire lorsque nous pouvons traiter directement.

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  • Le suzerain de Londres envisagerait de se placer sous la protection de l’empereur de New York plutôt que de faire allégeance au roitelet de Bruxelles ?

    • Comment dire de toute façon L’U.E est sous domination américaine. A votre avis pourquoi Obama veut t-ils que l’UK reste dans l’U.E et pourquoi la plupart des pays européens – y comprit la France – on intégré l’OTAN ?

  • Le dépliant est marrant : on croirait du Valls.

    • @MichelO: Je ne lis ni n’écoute ce personnage suffisamment pour faire une telle comparaison.
      Par contre, j’ai ressenti un « déjà-vu » lors de la lecture de la dernière page, comme en 2005… : Emploi, puissance économique, protection (sociale, terrorisme, … et même le Gros truc méchant au Nord-est ).

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