Ma vie d’expat’ en Bulgarie

Le témoignage de Marc : « La réalité n’a pas du tout correspondu aux prévisions. Elle a été très, très largement supérieure et dans des dimensions que l’on n’aurait jamais pu imaginer. »

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Edward Crompton_Sofia Bulgaria(CC BY-SA 2.0)

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Ma vie d’expat’ en Bulgarie

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 avril 2016
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Une interview par la rédaction de Contrepoints.

Edward Crompton_Sofia Bulgaria(CC BY-SA 2.0)
Edward Crompton_Sofia Bulgaria(CC BY-SA 2.0)

 

Tout d’abord je dois commencer par indiquer que j’ai été fortement marqué par le 1er mai 2004. Si vous ne savez pas à quoi correspond cette date, c’est que vous étiez à l’ouest… en Europe de l’ouest, car ce jour-là, dix pays de la partie est de l’Europe faisaient leur entrée dans l’Union européenne dans une fête gigantesque à l’échelle d’un demi-continent où chacun se sentait uni de Szczecin à Prague en passant par Limassol.

Soirée de tous les malentendus où une ferveur réellement populaire s’exprimait dans le désir légitime de pouvoir vivre juste normalement. Si l’enthousiasme ne retomba pas immédiatement, les premiers doutes apparurent au fil des années et la journée du 1er mai prit avec le recul un sens d’autant plus grotesque que la déception commence à avoir une dimension tsunamiesque. Cette célébration fut le couronnement de la Fête et de la Communication sur le Réel qui lui ne changea que très peu. Pour autant, un esprit apparut ce jour-là et marqua ceux qui le vécurent.

Juan Verni_Sofia(CC BY-ND 2.0)
Juan Verni_Sofia(CC BY-ND 2.0)

J’ai retrouvé par la suite cet esprit dans les soirées étudiantes underground improvisées dans des bunkers désaffectés d’Allemagne de l’est et dans les appartements des années 1930 des petites villes polonaises qui n’en finissaient plus de se lézarder de décennies de non entretien et de ravalement noirâtre issu de toutes sortes de pollutions, où tout le monde était uni par la bière, le basic english et des bribes d’allemand.

C’est lors d’une de ces soirées au fin fond de la Moravie que j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme et qui s’est montrée bien rétive à mes vaines tentatives de lui parler en mauvais tchèque, pour la bonne raison qu’elle était Bulgare.

1400 km plus à l’ouest, un mariage et quelques années plus tard, nous avions donc une vie d’une banalité affligeante en France : des horaires de travail à rallonge, un temps de trajet domicile travail interminable pour un petit logement hors de prix et surtout des carrières bloquées dans des fonctions subalternes, en dépit de très bons diplômes, dans des structures aussi pléthoriques que désorganisées.

 

Pourquoi j’ai quitté la France et je me suis expatrié

La décision de quitter la France m’a pris environ deux ans, car il était clair que recommencer sa vie à zéro à 35 ans équivaut à un départ sans retour. C’est donc armé de nos lettres de démission respectives, de 80 kilos d’excédent de bagage et de l’inébranlable sentiment que « ça va bien se passer » que nous avons débarqué à Sofia, car évidemment nous n’avions aucun plan une fois sur place.

La réalité n’a pas du tout correspondu à ces prévisions grossières. Elle a été très, très largement supérieure et dans des dimensions que l’on n’aurait jamais pu imaginer.

Disons-le tout de suite, émigrer dans un pays où 50 % de la population active a quitté le pays pour des raisons économiques va vous heurter à des questions interminables sur le choix de la Bulgarie, pour finir par un regard persistant d’incompréhension, voire de colère pour les plus jeunes ou pour ceux qui auront sacrifié 10 à 15 ans de leur vie pour envoyer leur enfant à l’Ouest. Quitter un pays où « l’on respire des bulles de champagne dans la rue » pour venir ici est globalement assez incompréhensible pour ceux qui n’ont pas vécu à l’étranger.

Il sera alors utile d’utiliser les préjugés locaux pour couper court à toute discussion stérile en précisant être venu par amour, ce qui sera « tellement romantique et tellement français ».

 

La Bulgarie, paradis pour un entrepreneur ?

Ces considérations mises à part, la Bulgarie est un des meilleurs pays pour créer une entreprise. Des conditions fiscales imbattables avec une flat tax à 10 %, du personnel bien formé et bon marché et surtout ce qui est le plus important, un coût de la vie faible. En effet, on peut vivre à peu près normalement pendant un an avec 5000 à 6000 euros, ce qui fait qu’il est possible de tenir sans client et sans salaire pendant une durée largement plus longue qu’en France, sans avoir à assumer les conséquences d’un emprunt bancaire colossal ou de subventions publiques très consommatrices de temps qui sera perdu pour exercer son vrai métier.

Au final, créer la société aura nécessité 500 euros de frais divers, 2500 euros de capital dont seulement 100 euros auront été réellement dépensés avant de commencer à gagner de l’argent.

Deux ans plus tard, nous avons huit salariés, renforcés par deux à sept freelance selon les semaines, de beaux bénéfices, des bureaux modernes dernier cri, des projets plein la tête et le sentiment que tout est possible, qu’il suffit juste de lever la main pour attraper la lune.

Un tel résultat n’aurait jamais été possible en France.

Trabant Monument (CC BY-NC-ND 2.0)
Trabant Monument (CC BY-NC-ND 2.0)

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  • Quel métier exercez vous ? Ou plus généralement, quel secteur d’activités ?

  • Attendez, on veut en savoir plus ! La suite, la suite 😉

  • La suite ! La suite !

  • « Une émigration française existe donc bel et bien, et doit être appréhendée par les pouvoirs publics dans sa globalité, en tant que phénomène recouvrant divers profils ». Pour en apprendre davantage sur les raisons et sur les coûts de l’émigration des français, la Fondation pour l’innovation politique vous invite à lire la note de Julien Gonzalez « Trop d’émigrés ? Regard sur ceux qui partent » (https://lc.cx/4d2Z)

  • Ce qui est sur, c’est qu’une flat tax a 10% , engendre une dynamique d’enfer.
    Mais, la corruption, hmm…

  • Comme Franck, j’aimerais savoir dans quel domaine vous exercez vos fonctions et quels sont vos compétences, si ce n’est pas indiscret.Je trouve votre initiative très intéressante.

  • Comme Franck et Marie, j’aimerais aussi connaître votre secteur d’activités et vos compétences. J’envisage une initiative similaire mais je cherche encore le domaine porteur dans lequel je pourrais me lancer.
    Bien à vous et bonne continuation !

  • Je suis moi-même expatrié en Bulgarie mais à Ruse dans le nord du pays. J’attends une suite à cet article car je suis aussi très heureux de mon choix, mais tout n’est pas si simple. Marc semble avant tout un excellent entrepreneur, ce qui aide beaucoup.

    Au sujet de la corruption, sachez qu’elle n’existe pas à petite échelle: les taxis sont honnêtes, les gardes frontière avec la Roumanie (dans mon cas) très droits, etc. En revanche il y a certainement des fonds européens qui se perdent, mais vous ne serez pas vraiment concerné au jour le jour.

  • Très joli, tout ça!
    Mais ce ne sont que de vagues généralités qui fleurent bon la propagande pour appâter le chaland..
    Ce témoignage pourrait aussi bien se rapporter au témoignage d’un expatrié vivant au Tatarstan, en Centrafrique ou au Vanuatu, pour y vendre des lacets ou des colliers anti-puces
    Il serait bon que ce type d’article fasse la part belle à de réelle expériences, étayés de documents et chiffres attestant du sérieux des faits relatés.

    • « Au final, créer la société aura nécessité 500 euros de frais divers, 2 500 euros de capital dont seulement 100 euros auront été réellement dépensés avant de commencer à gagner de l’argent.
      Deux ans plus tard, nous avons 8 salariés, renforcés par 2 à 7 freelance selon les semaines, de beaux bénéfices, des bureaux modernes dernier cri,… »

  • Ba ce sont bien des remarques de français : ils attendent un mode opératoire écrit avec un CERFA à compléter pour être certains de ne pas se louper.
    De vrais entrepreneurs !

  • Bonjour, j’ai lu votre article avec beaucoup d’intérêt car exactement dans la même situation que vous avant et exactement les mêmes questions en tête…la Bulgarie est un pays oublié…mais tellement formidable. Je suis curieux de connaître le domaine d’activités dans lequel vous vous êtes lancé. De notre côté nous souhaiterions trouver un projet qui puisse mieux faire connaître la Bulgarie… mais qui permette aussi d’en vivre!

  • Au delà des questions économiques, c’est comment la vie en Bulgarie ?
    Voilà bien un pays dont on ne sait pas grand chose.

    Les gens sont-ils chaleureux ? Quel cadre de vie ? La langue est-elle aussi difficile que le russe, etc.

  • logique!
    L’économie européenne est devenue un grand jeu à somme nulle, dont nous sommes en France les grands perdants.
    Vite le frexit!

  • J’ai habité en Bulgarie entre 91 et 95, j’y habite depuis 2013, ma femme est bulgare, c’est un pays que je connais bien.
    Le témoignage n’est pas inintéressant, mais il est malheureusement très limité.
    Au fond, à le lire, il semble qu’il n’y ait rien de plus passionnant à faire en Bulgarie que de ne pas payer d’impôt. C’est un peu court et fort regrettable, surtout pour un pays qui n’est pas du tout connu en France et, quand il l’est, c’est toujours en mauvaise part. Il y aurait eu plus et mieux à dire que cela.
    Car, enfin, c’est bien beau de ne pas payer d’impôt (surtout vu de France), mais que peut-on y faire ? avec quelle main-d’œuvre ? dans quelle langue ?… sans parler des conditions de vie matérielle et des autres plaisirs de la vie à Sofia ou ailleurs.
    Bref, on aimerait que le dénommé Marc ait envie de développer son témoignage.

  • Les commentaires sont fermés.

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