Gaz de schiste : ni cet excès d’honneur, ni cette indignité

Quelles seront les conséquences de l’exportation des surplus de gaz de schiste américains en Europe ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Puits de gaz de schiste (Crédits : Beyond Coal and Gas, licence Créative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Gaz de schiste : ni cet excès d’honneur, ni cette indignité

Publié le 7 avril 2016
- A +

Par Thierry Weil.
Un article de The Conversation

Puits de gaz de schiste (Crédits : Beyond Coal and Gas, licence Créative Commons)
Puits de gaz de schiste (Crédits : Beyond Coal and Gas, licence Créative Commons)

Le gaz de schiste est présenté par certains économistes comme une manne miraculeuse stupidement boudée en France par quelques obscurantistes, tandis que certains écologistes y voient une menace de catastrophes majeures.

Pourtant, l’arrivée fin mars en Norvège du premier bateau exportant du gaz de schiste américain en Europe (ou plus exactement de l’éthane issu de gaz de schiste) devrait permettre de dépasser cette opposition caricaturale et de prendre en compte différentes dimensions du débat.

 

Dépasser les clivages

L’accès de l’Europe à une source de gaz bon marché est une aubaine économique, géopolitique et environnementale. L’importation de gaz américain limite l’écart des prix du gaz entre les deux continents et nous permet de bénéficier d’une énergie meilleur marché. Elle rend l’Europe moins dépendante des pressions politiques de fournisseurs peu respectueux des droits de l’Homme ou de l’intégrité des pays voisins. Le gaz est l’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre ; or tant que les énergies renouvelables et nucléaires ne couvrent pas la consommation européenne, autant avoir recours à la moins nuisible des énergies fossiles.

L’exploitation de gaz de schiste européen dans les zones densément peuplées n’est probablement pas rentable. Les contraintes d’une exploitation écologiquement responsable en Europe, dans des zones densément peuplées, entraînent un surcoût qui n’est probablement pas beaucoup moins élevé que le coût du transport intercontinental. Le rôle du gaz de schiste dans la reprise économique américaine a été grossièrement exagéré, certaines prédictions sur les bénéfices d’une exploitation en France le sont aussi.

L’énergie bon marché rend nécessaire la mise en place d’une taxation du carbone (ou d’un mécanisme équivalent) pour accélérer l’indispensable transition énergétique.

 

Le gaz américain arrive en Europe et les prix s’effondrent

Ce n’est pas une surprise, puisque les autorisations d’exportation ont été accordées par le gouvernement américain dès 2014 et que les investissements nécessaires dans des installations de liquéfaction et d’injection ont été engagés depuis trois ans.

Pourtant, ceux qui appellent à exploiter au plus vite les gaz de schistes européens raisonnent souvent comme si les prix du gaz dans les deux régions ne devaient pas être affectés par cette possibilité de commerce entre elles. Le coût de transport par unité de gaz (MBtu, unité anglaise représentant environ 305 mètres cubes de gaz ou 0,3 kWh) serait compris entre 2,4 et 5 dollars (en ajoutant la liquéfaction, le transport et la regazéification). Ce n’est pas négligeable car le prix du gaz aux États-Unis oscillait ces dernières années entre 3 et 6 dollars. Mais cela entraînera à la baisse les prix européens, plutôt aux alentours de 9 à 12 dollars jusqu’en 2014, tandis qu’ils étaient plutôt de 16 dollars au Japon depuis l’accident de Fukushima.

Avec les énormes surcapacités américaines et l’anticipation des exportations d’Amérique vers le reste du monde, les cours sont aujourd’hui tombés à moins de 2 dollars aux États-Unis (cours au hub de liquéfaction Henry en Louisiane) et moins de 5 dollars en Europe (prix spot du gaz russe livré à la frontière allemande). Les analystes considèrent que Gazprom, Statoil ou Sonatrach sont encore rentables à un prix livré en Allemagne de 3,8 dollars. Le prix du gaz en Europe varierait donc entre 4 et 8 dollars/MBtu, surtout si les fournisseurs traditionnels de l’Europe tentent de limiter le développement des importations américaines.

Si elle n’est pas immédiatement répercutée dans les prix de vente, une baisse générale du coût de l’énergie apporte une bouffée d’oxygène bienvenue aux entreprises qui peuvent reconstituer leurs marges et donc leur capacité d’investissement. Nos entreprises ont ainsi bénéficié depuis un an des baisses de charge liée au CICE, d’un effet de change favorable par rapport au dollar et d’une énergie bon marché.

Notre dépendance énergétique nous obligeait à ménager la susceptibilité de nos grands fournisseurs d’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de Russie, au prix d’accommodements avec les principes européens sur les droits de l’Homme ou le droit international. La diversification de nos fournisseurs allège nos contraintes et renforce notre pouvoir de négociation. La sécurité du détroit d’Ormuz n’est plus un objectif stratégique pour l’Occident.

 

Exploiter le gaz de schiste en France coûterait plus qu’en importer

Le prix de 2 dollars aux États-Unis vient de leur énorme surcapacité et du fait que stocker du gaz a un coût.

La plupart des gisements actuels perdent leur rentabilité lorsque les prix descendent au-dessous de 5 dollars et beaucoup de puits sont gelés en attendant des jours meilleurs. Les puits américains sont souvent situés dans des zones peu peuplées et le propriétaire du sol a un intérêt direct à leur exploitation, de sorte qu’il en tolère facilement les nuisances. Une réglementation laxiste a entraîné beaucoup d’incidents (dans un peu moins de 1 % des forages) conduisant certains États à imposer un moratoire sur la fracturation hydraulique (L’État de New York dès 2010, le Québec et la France en 2011 et beaucoup d’autres depuis). Les préoccupations environnementales portent notamment sur la consommation d’eau, le retraitement des eaux contaminées re-extraites et leur réinjection, le risque de pollution des aquifères voisins, de fuites de gaz, d’induction de micro-séismes, de nuisances liées aux transports induits.

Un rapport conjoint des académies des sciences et d’ingénierie britanniques fait le point sur les connaissances disponibles, puis prescrit les mesures à mettre en place pour que les procédures d’autorisation et de contrôle de l’exploitation d’un gisement garantissent la sécurité. Ainsi, les inconvénients liés à l’exploitation des gaz de schiste, là où elle serait autorisée, seraient comparables à ceux des autres sources d’énergie, dont aucune, à part les économies d’énergie, n’est exempte de contraintes, de risques et de nuisances.

Les mesures préconisées pour assurer la sécurité des riverains et de l’environnement ont cependant un coût, notamment lorsque le gisement est situé dans une zone densément peuplée comme la Brie. Ce coût est probablement supérieur à celui lié à l’importation de gaz étranger (je n’ai pas trouvé de chiffrage robuste et celui-ci dépend du contexte précis de chaque exploitation).

Certes, les États-Unis sont moins insensibles que par le passé aux nuisances de l’exploitation des gaz de schiste et on peut espérer que la réglementation y deviendra plus stricte, mais leur capacité de production est telle, avec une proportion importante dans des zones peu peuplées où les nuisances sont plus facilement tolérées, que les prix américains devraient rester durablement bas.

Compte tenu du surcoût d’une production propre en Europe et du fait que le gisement européen reste modeste par rapport à la consommation du continent même dans les estimations les plus optimistes, l’ancien président de Total, Christophe de Margerie, avait prévenu qu’il ne fallait pas espérer qu’une exploitation des gaz de schiste européens ait un impact important sur le prix du gaz en Europe.

 

L’impact économique surestimé d’une exploitation en France

D’autres raisons poussent néanmoins à envisager l’exploitation des gaz de schiste européens.

En effet, s’il est plus confortable de négocier avec de nombreux fournisseurs que de dépendre d’un monopole ou d’un cartel, il l’est encore plus d’être indépendant, ne serait-ce que pour l’équilibre de notre balance commerciale. Certains attribuent de plus un effet d’entraînement économique très important au développement de l’exploitation locale des gaz de schiste. Une étude de La Fabrique de l’industrie a cependant montré que l’impact des gaz de schiste sur le rebond impressionnant de l’économie américaine avait été très surestimé.

Ses bénéfices portaient surtout sur l’industrie extractive, ses fournisseurs (Vallourec, Technip, la Compagnie Générale de Géophysique et leurs homologues étrangers), sur la chimie de première transformation qui utilise le gaz comme matière première et sur les exploitants de centrales à gaz. Les autres secteurs économiques n’étaient que modérément affectés, d’autant que la division par deux des prix du gaz ne s’est pas répercutée sur celui de l’électricité aux États-Unis, certes déjà bien moins élevé qu’en Europe. 92 % de l’emploi de l’industrie manufacturière américaine est situé dans des secteurs pour lesquels la baisse des coûts de production liée aux pétroles et gaz de schiste est inférieure à 1 %.

 

Le peak oil reporté aux calendes grecques

La découverte d’hydrocarbures non conventionnels augmente largement et durablement les réserves exploitables, bien réparties sur diverses zones géographiques, ce qui rend une entente des producteurs moins facile. Avec la situation géopolitique et économique actuelle, ceci a contribué à faire chuter drastiquement le prix du pétrole et du gaz et les incitations économiques aux économies d’énergie.

La baisse du prix du gaz par rapport aux autres énergies fossiles est en soi une bonne nouvelle. En effet, tant que les énergies renouvelables et nucléaires ne couvriront pas la consommation européenne, il faudra avoir recours à des énergies fossiles ; or le gaz est moins nuisible que le pétrole et surtout le charbon. À pouvoir combustible égal, il émet aujourd’hui quatre fois moins de gaz à effet de serre que le charbon. Or des pays comme l’Allemagne qui ferme ses centrales nucléaires ou le Danemark dont le parc éolien ne produit que lorsqu’il y a beaucoup de vent consomment énormément de charbon. Le charbon étant plus facile à transporter que le gaz, l’autosuffisance énergétique américaine s’est d’abord traduite par l’arrivée en Europe de charbon bon marché, poussant un groupe comme Engie à mettre sous cocon des centrales à gaz beaucoup plus propres mais économiquement moins rentables que les centrales à charbon.

La chute du prix des énergies fossiles ne rend donc que plus urgente – mais aussi plus facile – la mise en place d’une taxe sur le carbone émis. Une telle taxe est réclamée par beaucoup d’industriels, y compris les compagnies pétrolières européennes, qui souhaitent une règle du jeu claire encourageant l’investissement dans la transition énergétique et des procédés plus sobres. Faute d’accord mondial sur une telle taxe et son montant, elle ne peut cependant être mise en place qu’accompagnée de mécanismes évitant que les entreprises des pays vertueux ne subissent une concurrence biaisée de la part de producteurs qui ne seraient pas assujettis à la taxe, comme nous le discutons dans un autre article.

 

Le transport international des gaz de schiste

En résumé, l’exportation des surplus de gaz américains a plusieurs conséquences.

Elle permet à l’industrie européenne de bénéficier d’approvisionnement en gaz bon marché et de mieux négocier avec ses fournisseurs historiques (Russie, Algérie, Qatar).

Elle rend moins attractive l’exploitation d’éventuels gisements européens.

Elle permet de substituer une énergie fossile à d’autres dont les émissions de gaz à effet de serre sont bien plus importantes.

Du fait des prix peu élevés des énergies fossiles, elle risque de contribuer à décourager l’investissement dans des procédés sobres, rendant d’autant plus urgentes des mesures volontaristes de soutien à la transition énergétique, et notamment l’instauration d’une forme de taxe sur le carbone émis.

 

Thierry Weil est membre de l’Académie des technologies, Professeur au centre d’économie industrielle, Mines ParisTech – PSL.

Sur le web – CC-BY-ND 4.0

Voir les commentaires (10)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (10)
  • « rendant d’autant plus urgentes des mesures volontaristes de soutien à la transition énergétique »

    L’art d’interpréter les faits en fonction des conclusions recherchées …

    Pour moi, ces changements montrent au contraire le ridicule des politiques volontaristes (et de l’auteur par la même occasion). Les calculs sur la pérennité des ressources, sur les contraintes géopolitiques changent, ce qui montre que les précédents étaient faux. L’urgence climatique est de moins en moins reconnue par les scientifiques « réchauffistes » eux-mêmes. Mais cet article fait l’impasse sur la remise en cause du but pour en conclure qu’on ne va pas assez loin dans les politiques volontaristes.

    Encore un bel exemple de fuite en avant. Attention : ne pas savoir s’adapter est LA cause de disparition des entreprises, des civilisations, de espèces, et non pas les évènements extérieurs ou la modification inévitable des conditions de vie.

    • +1
      « accélérer l’indispensable transition énergétique » est absurde :
      la transition énergétique, c’est le passage d’un régime où on consomme ce qu’on a déjà en réserve à un régime où on consomme ce qu’on produit. « accélérer » cette transition est complétement idiot, au contraire l’homme intelligent fait tout pour retarder le moment où il sera obligé de produire parce qu’il n’aura plus de réserve

  • « elle permet à l’industrie européenne de bénéficier d’approvisionnement en gaz bon marché et de mieux négocier avec ses fournisseurs historiques (Russie, Algérie, Qatar) »

    Certes, mais elle ne substitue pas, elle ne remplace pas.
    Quid si la surcapacité s’effondre du fait de la fin des investissements ? Quid si les américains se contentent de n’exporter que les surplus ?
    A une époque, les contrats gaziers se faisaient encore sur le long terme. Il peut être tentant de diviser l’approvisionnement des historiques par 2. Mais alors, comment gérer le risque entre 2 crises ? Après tout, le gaz de schiste est américain uniquement.
    Si on s’assure par des approvisionnements multiples ou du stockage, on compense les gains par d’autres coûts.

    Donc, le gain du prix du gaz bon marché est trompeur sur le moyen terme. On tombe plutôt dans la politique géostratégique, art dans lequel les Européens jouent très « perso » et sous influence.
    Au contraire, on risque de faire peser une menace de plus sur tout un pan industriel fort consommateur d’électricité. Sauf à mener une politique volontariste mais éloignée des logiques de transition verte…

  • « L’énergie bon marché rend nécessaire la mise en place d’une taxation du carbone […] pour accélérer l’indispensable transition énergétique »
    Là, j’ai d’abord pensé que c’était de l’ironie, mais non, il semble que c’est écrit par un marchand de chandelles, alors j’ai arrêté de lire.

  • A l’auteur de l’article.
    OK pour la connaissance du domaine, des informations fournies,etc..
    Mais en ce qui concerne la taxe carbone …
    Je pourrais éventuellement être pour…
    Mais a une seule condition : que cette taxe soit votée par une majorité de français (européens, etc).. mais
    de manière transparente (nom, adresse , etc) ET que tous ces gens, qui sont « irréprochables », des exemples pour
    les autres payent 3 fois plus que les autres pour nous montrer a nous les irresponsables comment se comporter..
    de manière responsable !!
    Cette affirmation est valable pour tous les démagos très ingénieux avec l’argent et les taxes des autres parmi lesquels
    les politiques ont une place de choix.

  • Il est écrit dans cet article : « le gaz est l’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre ».

    Attention, cette phrase est imprécise et démontre une méconnaissance de la chimie la plus élémentaire :
    -Si le gaz est de l’éthane, sa combustion génèrera du CO2;
    -Si le gaz est du méthane, sa combustion génèrera également du CO2.

    Quant à savoir si le CO2 est un gaz à effet de serre, ceci est une autre histoire…

    • « Quant à savoir si le CO2 est un gaz à effet de serre, ceci est une autre histoire… »

      Cette phrase démontre une méconnaissance de la chimie et de la physique les plus élémentaires !

  • Il y a une erreur sur les unités. Le prix indiqué en KWh est délirant, plus besoin de taxe carbone.
    A ce sujet, nouvelle taxe dans un monde ouverte = sehr gross délire…

  • Pour ce qui est de savoir si l’exploitation du gaz de schiste en France est rentable ne pourrait on laisser le marché en décider c’est à dire essayer ? J’adore les raisonnements sur la comète concluant à la pertinence de l’interdiction « puisque ce n’est pas rentable »! Comme le remarque un autre commentateur, c’est le type même de la pétition de « marchand de chandelles »…

  • Article: « dépendante des pressions politiques de fournisseurs peu respectueux des droits de l’Homme ou de l’intégrité des pays voisins »

    Ooh là, je vous arrête tout de suite.
    Un dirigeant d’un de ces pays à tout de même la légion d’honneur !
    Héros de la France ce n’est pas rien quand même.

    (Caution: 100% cynisme inside)

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles