Fiscalité : les Belges, les plus taxés d’Europe ?

Plusieurs méthodes mesurent la pression fiscale qui pèse sur les Belges et convergent pour souligner son ampleur exceptionnelle.

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Fiscalité : les Belges, les plus taxés d’Europe ?

Publié le 21 mars 2016
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Par Drieu Godefridi.

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Il ne se passe plus un mois sans que ne surgisse un nouveau classement sur le degré d’enfer fiscal vécu par les Européens, et que ne renaissent les controverses sur la question de savoir si, de tous les peuples de la Gaule, les Belges sont en effet les plus taxés. Les « fact-checkers » de la RTBF (service public belge) se sont fait une spécialité de démontrer que non, les Belges ne sont pas les plus taxés et d’ailleurs, embrayent des journalistes français du Monde ou de Libé, ces classement n’ont guère de sens, car ils ne tiennent pas compte des services que nous « recevons » de l’État.

Qu’en est-il ? Commençons par constater que la volonté d’évaluer, de façon comparée, le degré de pression fiscale, est parfaitement légitime. À l’heure où la plupart des politiques ne jurent plus que par le « pouvoir d’achat réel » du citoyen, il n’est pas contestable que le degré de pression fiscale est un facteur pertinent, voire déterminant.

Pourtant, les chiffres divergent. Sans vous assommer de détails, constatons que, selon Eurostat (« Fiscalité dans les États membres de l’UE », janvier 2016,) le pourcentage de prélèvements obligatoires, en Belgique, se situe aux alentours de 47%, de 55% selon le classement « taxing wages 2015 » de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et même de 60% selon le rapport annuel « Fardeau social et fiscal de l’employé moyen au sein de l’UE » de l’institut belgo-français Molinari (juillet 2014). Qui croire ? Comment expliquer ces divergences ?

En réalité, ces divergences sont méthodologiques. Ainsi Eurostat se limite-t-il à rapporter les recettes globales de l’État au PIB ? L’OCDE mesure en revanche, non pas la pression fiscale globale, mais la pression fiscale sur les salaires. De même, Molinari mesure la pression fiscale sur le « salaire moyen ».

Ainsi tout s’éclaire : le travail étant plus taxé en Belgique que d’autres facteurs, il est normal que la pression fiscale globale (Eurostat) paraisse plus faible que lorsque l’on mesure la seule pression fiscale sur les salaires. La différence entre l’OCDE et la classement Molinari s’explique quant à elle par le fait que Molinari prend également en compte la TVA moyenne payée par tout salarié, ce que ne fait pas l’OCDE.

Quel est le classement le plus légitime ? Ils le sont tous les trois, à condition de bien voir qu’ils ne mesurent pas exactement la même chose. S’il fallait n’en choisir qu’un, lequel retiendrions-nous ?

Celui des trois classements qui rend le mieux compte de la réalité vécue par le travailleur belge est le classement Molinari. Son mérite est de prendre en compte le point de vue « interne » du travailleur belge : à la fin, quel est le pourcentage de mes revenus qui revient à l’État ? 60% en moyenne, ce qui est en effet un record absolu, non seulement pour la « Gaule », mais pour le monde. Prendre en compte la TVA est légitime, car aucun citoyen n’y échappe. Encore Molinari ne prend-t-il pas en compte d’autres taxes, auxquelles on peut théoriquement échapper : droits de timbre, enlèvement des immondices, etc.

Quant à l’argument de nos collègues français sur la non-prise en compte des services reçus de l’État, il est sans objet : il s’agit là de deux réalités distinctes — au sens cartésien — et le fait qu’on puisse les « croiser » ne nous dispense pas de les mesurer séparément.

Cet article est paru dans le quotidien L’Écho en date du 19 mars 2016.

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  • Il faudrait faire le rapprochement entre cet article et le débat sur le prélèvement de l’impôt à la source par l’employeur, qui existe en Belgique depuis toujours. Le contribuable belge fait bien une déclaration rectificative, mais il ne se rend pas compte des augmentations. Il n’y a que quelques impôts existant en France et pas en Belgique qui expliquent l’intérêt pour les riches Français de s’exiler fiscalement en Belgique : il faut tout de même y être domicilié.

  • Français résidant en Belgique, je confirme évidemment que la belgique taxe (vraiment) beaucoup.

    Cependant il y’a aussi une différence qui me chiffone très régulièrement dans ce genre de calcul: c’est la prise en compte des impots locaux.
    En belgique, l’impot local étant calculé à partir du montant total d’impot sur le revenu, il est facilement intégré au calcul et prélevé à la source.
    En France par contre, le calcul est d’une part beaucoup plus louche, et surtout les impots locaux sont payés séparément avec la taxe audiovisuelle.

    Du coup, à chaque fois que je vois ce genre de comparaison je me demande si les impots locaux sont pris en compte et si oui comment sont-ils évalués?
    A priori le rapport de l’institut Molinari ne les prend pas en compte, mais au vu des chiffres belges je me demande s’ils ne sont pas intégrés à l’impot sur le revenu. Si c’est le cas, la France passerait très certainement en tête dans tout ses classements.

    Au final, je trouve que l’imposition en Belgique est plus claire qu’en France, même si peu de Belges se rendent vraiment compte du montant qu’il paie au final. En effet, la plupart pense avoir droit à une augmentation (sous-entendu payé par l’employeur) lorsqu’ils ont un enfant alors qu’il s’agit d’une réduction d’impot.

    • @ Martin. Le prélèvement à la source en Belgique (appelé précompte professionnel) est beaucoup moins transparent qu’il en a l’air. En réalité, il ne tient compte, en ce qui concerne les déductions et réductions, que de quelques éléments : personnes à charge, quotient conjugal éventuel.. Il ne tient aucunement compte de gros éléments de réduction telles les rentes alimentaires payées pour conjoint séparé ou enfants, déductibilités pour pension complémentaire, déduction pour crédit immobilier etc… Ce qui a pour fâcheuse conséquence que le contribuable, souvent, paie trop de précompte professionnel, et que le Trésor lui est redevable de remboursements. Les revenus professionnels sont perçus en N0 et bien sûr le précompte itou, la déclaration est à remettre au fisc pour le 30 juin de l’année N+1… Le remboursement arrivera au mieux le 30 octobre de N+1 et au pire le 30 juin de N+2. Donc, tous les contribuables créditeurs de l’Etat sont des prêteurs (sans intérêts of course !) à titre gratuit…
      Concernant les additionnels locaux, ce n’est de fait pas très clair dans l’étude en question. Pour faire court, les additionnels communaux sont transparents (mais très variables, de 0% à 11%), mais les dotations aux régions se font par partage des recettes selon des clés complexes. Mais des matières sont maintenant tout à fait régionalisées, et les régions ont maintenant quelques pouvoirs de taxation… Ceci est une autre histoire, de celles qui n’ajoutent rien « in fine » à la simplification…

  • “Aujourd’hui, au regard de nos voisins européens, notre désavantage fiscal compétitif détourne à leur profit l’épargne des investisseurs, français comme étrangers, et ouvre sur le risque d’une dévitalisation de notre économie par l’exode de nos talents entrepreneuriaux.” Pour approfondir cette question, la Fondation pour l’innovation politique vous invite à consulter la note « La compétitivité passe aussi par la fiscalité » (http://urlink.fr/dqq), issue d’une discussion entre Aldo Cardoso, Michel Didier, Bertrand Jacquillat, Dominique Reynié et Grégoire Sentilhes.

  • Mais quel autre point commun ont la Belgique et la France ?

    • à Consolideur:

      L’amour de la Liberté. L’amour de la langue française (pour les Wallons et les francophones bruxellois, bien sûr. L’amour de la culture, du patrimoine et …l’amour de la France!

      • L’amour de la France ? Moui mais pas celui des frouzes ! Sinon la Belgique, c’est l’autre enfer socialiste du continent, en pire à cause des chicailleries linguistiques qui compliquent tout…

  • Même les serfs du Moyen Age ne payaient pas autant d’impôts en proportion de leurs revenus. La corvée, c’était un jour de travail par semaine au profit du seigneur, pas 56 % comme aujourd’hui. La seule question intéressante n’est pas de savoir à quel niveau vont finir les impôts, mais combien de temps encore avant que le système ne s’écroule sous son propre poids ?

    • 56%, vous êtes bien bon et optimiste. Avec le hors bilan, les 60% sont largement enfoncés ❗

    • Et on s’en rend encore mieux compte quand on s’échappe de ce pays. J’ai compté qu’en Belgique je payais a peu près 70% de mon revenu en impôts et taxes de toute sorte en tenant compte de la TVA, taxes sur les carburants, multiples taxes sur les factures d’énergie et telecoms, taxe auto etc. Quand aux « services reçus en échange » laissez moi rire, j’ai l’impression de recevoir d’avantage aux USA pour les 18% de taxes que je paie presque de gaité de coeur par comparaison à l’enfer fiscal à la Belge…

  • que ce soit la France ou la Belgique c’est une honte cette spoliation légale !

  • Les commentaires sont fermés.

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