Qu’est-ce que la « loi des débouchés » ?

Pour Jean-Baptiste Say, la cause des surproductions sectorielles est l’intervention publique.

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Qu’est-ce que la « loi des débouchés » ?

Publié le 13 mars 2016
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Par Marius-Joseph Marchetti

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AdamRozanas(CC BY-NC-ND 2.0)

 

La loi des débouchés ou « loi de Say », est une loi énoncée par l’économiste et entrepreneur français Jean-Baptiste Say. Cette loi stipule, en quelques mots, que les produits s’échangent contre des produits : que la monnaie, le “numéraire”, n’est qu’un intermédiaire aux échanges, et que si les marchands cherchent à obtenir du numéraire, de l’argent, en vendant leurs produits, ce n’est que dans le but d’obtenir d’autres produits en échange ; et qu’alors tout produit supplémentaire créé ouvre par son existence même un débouché à d’autres produits, à condition qu’il ait une utilité recherchée par les consommateurs. Ceci étant, une crise de surproduction ne peut se produire du fait des nouveaux débouchés.

Ainsi, comme le précisent un certain nombre de personnalités politiques et économiques, les crises ne sont pas dues à une insuffisance de la demande effective, à une difficulté à écouler les marchandises, mais au contraire, à un problème au niveau de la production, et c’est pour cela que Say déclare que si certains produits n’arrivent pas à s’écouler, c’est parce qu’on en empêche d’autres d’être produits ; et c’est pour cela qu’il faut mettre le moins d’obstacles possible entre le producteur et le consommateur (lui-même producteur) et limiter le nombre d’interventions de l’État dans l’économie et le poids des impôts.

Voilà le meilleur résumé que nous pourrions en faire, cependant, nous ne pouvons guère nous en contenter. Débutons donc en nous attardant sur ce premier point.

Les produits s’échangent contre des produits

Pour l’économiste Jean-Baptiste Say, les produits s’échangent contre des produits, ou, exprimé par nos contemporains et notamment par Keynes, l’offre crée sa propre demande. C’est ainsi que Say déclare dans son Cours d’économie politique, dans sa Lettre à Malthus, que

« c’est donc bien réellement avec leurs produits qu’ils font leurs achats ; il leur est donc impossible d’acheter, de quelque objet que ce puisse être, pour une valeur plus considérable que celle qu’ils ont produite, soit par eux-mêmes, soit par le moyen de leurs capitaux et de leurs terres. »

Toute nouvelle production ouvre des débouchés aux produits

Toute production ouvre dès sa création des débouchés aux produits. Nous ne pouvons acheter des biens de consommation tant que nous n’avons pas produit des biens, matériels ou immatériels, auparavant :

« Puisque chacun de nous ne peut acheter les produits des autres qu’avec ses propres produits ; puisque la valeur que nous pouvons acheter a la valeur que nous pouvons produire, les hommes achèteront d’autant plus qu’ils produiront davantage. De là cette autre conclusion que vous refusez d’admettre, que si certaines marchandises ne se vendent pas, c’est parce que d’autres ne se produisent pas ; et que c’est la production seule qui ouvre des débouchés aux produits. »

Dans sa Lettre à Malthus, Say critique l’ouvrage de Malthus et sa conception de la population, en expliquant que la loi des débouchés qui produit davantage est plus peuplé et mieux approvisionné, et que la liberté de produire permet de résoudre le problème soulevé par Malthus :

« L’un produit une chose qu’il échange avec une autre produite par son voisin. Ayant plus de quoi s’entretenir, la population s’est accrue ; et, malgré cela, tout le monde a été mieux pourvu. C’est la faculté de produire qui fait la différence d’un pays à un désert ; et un pays est d’autant plus avancé, d’autant plus peuplé, d’autant mieux approvisionné, qu’il produit davantage. »

L’utilité comme condition pour les débouchés

Cependant, pour que les produits, matériels et immatériels, ouvrent des débouchés aux autres produits et puissent s’échanger, il faut qu’il possède une utilité aux yeux de l’autre partie, qu’ils possèdent une valeur échangeable ; sans cela on ne retire aucun revenu des produits, comme l’indique Say lorsqu’il critique Sismondi dans sa Lettre à Malthus :

« Vous voyez bien que ces revenus n’existent qu’autant que le produit a une valeur échangeable, et qu’il ne peut avoir une telle valeur que tant qu’en vertu du besoin qu’on en a dans l’état actuel de la société. »

Ainsi, Say se décharge de toute prétention “algébrique”, en tenant compte des goûts des consommateurs, et il conteste les fausses accusations de Sismondi à son intention. Il déclare ainsi :

« Le besoin qu’on a des choses, dépend de la nature physique et morale de l’homme, du climat qu’il habite, des moeurs et de la législation de son pays. Il a des besoins du corps, des besoins de l’esprit et de l’âme, des besoins pour lui-même, d’autres pour sa famille, d’autres encore comme membre de la société. Une peau d’ours et un renne sont des objets de première nécessité pour un Lapon ; tandis que le nom même en est inconnu au lazzarone de Naples. »

Les crises ne sont pas dues à une insuffisance de la demande

Le problème des crises ne provient pas d’une insuffisance de la demande effective. Le problème ne vient pas du fait qu’il n’y a pas assez de consommateurs et trop de producteurs. Or comme le soulève Say, « les producteurs sont en même temps consommateurs », car avec le fruit de leur produit, ils achètent de nouveaux produits, ce qui endigue toute possibilité de crise résultant d’une insuffisance de la demande. C’est « avec le fermage, les intérêts, les salaires, qui forment les profits résultant de cette production, que les producteurs achètent les objets de leur consommations. » C’est pour cela que Say s’exprime ainsi plus loin :

« Ce qui est vrai d’un État nouveau, dira-t-on, ne l’est pas d’un État ancien. Il y avait en Amérique de la place pour de nouveaux producteurs et de nouveaux consommateurs ; mais dans un pays où il y a déjà plus de producteurs qu’il n’en faut, ce sont des consommateurs seuls qui sont nécessaires. Permettez-moi de répondre que les seuls vrais consommateurs sont ceux qui produisent de leur côté, parce que seuls ils peuvent acheter le produit des autres ; et que les consommateurs stériles ne peuvent rien acheter, si ce n’est au moyen des valeurs créées par les producteurs. »

La monnaie, simple intermédiaire dans les échanges

Ainsi, chez Jean-Baptiste Say comme chez les classiques en général, la monnaie n’est qu’un intermédiaire aux échanges. Nous ne cherchons à obtenir de la monnaie en échange de notre production que parce que nous savons que nous pourrons en échange obtenir des produits de cette même monnaie. Ainsi, nous n’achetons pas des biens avec de la monnaie, même en réalité avec les biens que nous avons produits pour en avoir. La monnaie ne permet donc que de réduire le nombre de prix relatif dans l’économie en comparaison de la situation de troc :

« Tous ceux qui depuis Adam Smith se sont occupés d’économie politique, conviennent que nous n’achetons pas, dans la réalité, les objets de notre consommation avec le numéraire, avec l’agent de la circulation, au moyen duquel nous les payons. Il faut qu’auparavant nous ayons acheté ce numéraire lui-même par la vente de nos produits. Pour un entrepreneur de mines, l’argent est un produit dont il achète ce qui lui est nécessaire ; pour tous ceux entre les mains de qui cet argent passe ensuite, il n’est que le prix des produits qu’ils ont créé eux-mêmes par le moyen de leur fonds de terres, de leurs capitaux, de leur industrie. En les vendant ils échangent d’abord ensuite cet argent leurs produits contre de l’argent ; ils échangent ensuite cet argent contre des objets de consommation. »

L’impossibilité de surproduction générale

Pour Jean-Baptiste Say, une crise de surproduction générale (et non sectorielle du coup, s’entend) n’est pas, car selon lui, si il a une trop forte production dans un secteur en particulier, c’est dû au fait qu’il y a une sous-production dans des domaines adjacents :

« J’ai avancé que, s’il y a un engorgement, une surabondance de plusieurs sortes de marchandises, c’est parce que d’autres marchandises ne sont pas produites en quantité suffisante pour pouvoir être échangées avec les premières ; que si leurs producteurs pouvaient en faire davantage, pouvaient en faire d’autres, les premières alors trouveraient l’écoulement qui leur manque ; en un mot, qu’il n’y a trop de produits en certains genres, que parce qu’il n’y en pas assez dans d’autres ; et vous prétendez qu’il peut y avoir une quantité surabondante dans tous les genres à la fois. »

La cause des surproductions sectorielles, l’intervention publique

Comme dit juste auparavant, pour Jean-Baptiste Say, ce n’est pas une insuffisance de la demande, mais une insuffisance de l’offre dans certains secteurs en réalité qui entraîne une offre trop abondante ne s’écoulant pas dans d’autres secteurs. La cause de ce malheur public est précisément la « chose publique », l’intervention de l’État dans l’économie, qui entrave certaines productions, en subventionne d’autres, les réglementent, créent des patentes.

Pour faire en sorte que nous ne connaissions pas de crise de production sectorielle il faut que l’État se charge d’intervenir le moins possible dans l’économie :

« Le Brésil, pays vaste et favorisé de la nature, pourrait absorber cent fois les marchandises anglaises qui s’y engorgent et ne s’y vendent pas ; mais il faudrait que le Brésil produisit tout ce qu’il peut produire ; et comment ce pauvre Brésil y réussirait-il ? Tous les efforts des citoyens y sont paralysés par l’administration. Une branche d’industrie promet-elle des bénéfices, le pouvoir s’en empare et la tue. Quelqu’un trouve-t-il une pierre précieuse, on la lui prend. Le bel encouragement pour en chercher d’autres, et s’en servir à acheter les marchandises d’Europe. »

Pour Say, les douanes sont également en cause et sont également une intervention néfaste de l’État dans l’économie, car les bannières douanières limitent artificiellement l’offre, ainsi que la concurrence entre producteurs, faisant hausser le prix de denrées qui sont indispensables aux producteurs du pays dit protégé :

« De son côté, le gouvernement anglais repousse, par le moyen de ses douanes et des droits d’entrée, les produits que les Anglais pourraient rapporter de leurs échanges à l’étranger, même les denrées alimentaires dont leurs fabriques ont tant besoin ; et cela parce qu’il faut que les fermiers anglais puissent vendre leurs blés au-dessus de quatre-vingts shilings le quarter, afin d’être en état d’acquitter des contributions exagérées. Toutes ces nations se plaignent d’un état de souffrance où elles se sont mises par leur propre faute. »

Pour Jean-Baptiste Say, les emplois publics sont une fausse solution pour résoudre le chômage par exemple, dans cette même optique de crise sectorielle. Les emplois publics ne peuvent pas être utiles à la réduction du chômage car ils ne découlent pas d’une production souhaitée, d’une « préférence démontrée » (concept cher à Murray Rothbard), et c’est pour cela « quand la liberté existe, la production la plus nécessaire [est réalisée] ; parce qu’étant la plus demandée, c’est dès lors celle qui donne à ses entrepreneurs le plus de profits. » Say en veut pour preuve qu’au temps de la reine Elisabeth, celle-ci n’a nullement endigué le chômage et a accru la pauvreté :

« Il est probable que, dès le temps de la reine Elisabeth, où l’Angleterre n’avait pas la moitié de la population qu’elle renferme aujourd’hui, on trouvait déjà qu’elle avait plus de bras que d’ouvrage ; je n’en veux pour preuve que cette loi même faite alors en faveur des pauvres et dont les suites sont une des plaies de l’Angleterre. Son principal objet est de fournir de l’ouvrage aux malheureux qui ne trouvent pas d’emploi. Ils n’avaient pas d’emploi dans un pays qui a pu en fournir à une quantité d’ouvriers double ou triple ! »

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  • Bonjour,

    Et le crédit, et donc les banques qu’est-ce qu’on en fait … sinon par voie de conséquences, l’inflation ?

  • La loi de Say fonctionne assez bien dans une économie de troc mais elle trop « statique » pour permettre de comprendre le fonctionnement de l’économie réelle dans laquelle nous vivons.

    Impossible de s’enrichir

    La première citation : «  c’est donc bien réellement avec leurs produits qu’ils font leurs achats ; il leur est donc impossible d’acheter, de quelque objet que ce puisse être, pour une valeur plus considérable que celle qu’ils ont produite, soit par eux-mêmes, soit par le moyen de leurs capitaux et de leurs terres. » montre clairement que si un individu s’enrichit il ne peut le faire qu’en volant et non pas dans un échange volontaire. Alfred vend à Marius une marchandise M contre une somme d’argent A, avec cet argent il achète à Paul une marchandise M’ qui aura donc la même valeur que A. Il ne s’est pas enrichi sauf à avoir une curieuse conception de l’enrichissement, une conception différente de celle usuelle. Prenons un chef d’entreprise, quel est sont but ? Il commence avec une somme d’argent A (avec laquelle il va acheter des machines, des matières premères, payer les premiers salaires de ses employés), son but c’est de vendre les marchandises produites pour obtenir une somme d’argent A’ supérieure à A (c’est à dire faire un profit). La loi de Say est violée !

    Oubli du crédit

    Dans nos économies monétaires, les échanges marchands (en tout cas la quasi-totalité) se font contre de la monnaie. Say évacue la question en expliquant que la monnaie utilisée pour un échange provient d’un échange de sa production fait précédemment qui a permis d’en acquérir, ce qui lui permet de maintenir sa loi en faisant de la monnaie un simple « voile ». Mais en réalité, dans nos é4conomies, la monnaie provient certes des échanges qu’on a pu faire précédemment mais également du crédit et lorsque je parle de crédit je ne parle pas du crédit adossé à l’épargne (car là encore la loi de Say marcherait) mais du crédit non couvert par l’épargne. Et là, la loi de Say est violée : on n’échange plus des marchandises contre des marchandises ni des marchandises contre de la monnaie acquise par la vente d’autres marchandises mais contre de la monnaie créée « ex-nihilo ». On peut déplorer cela, mais c’est porter un jugement normatif et non pas descriptif du fonctionnement de l’économie réelle. Pour synthétiser, dans l’économie réelle, la loi de Say ne s’applique pas.

    Oubli du phénomène spéculatif

    Bien entendu, on peut échanger des biens pour augmenter sa satisfaction, mais on peut échanger des biens non pas parce que ceux-ci ont une utilité pour nous, mais pour thésauriser, en pariant sur la hausse de la valeur des biens achetés pour les revendre dans le futur. Là encore Say oublie cet aspect de nos économies.

    Les crises peuvent être provoquées par une baisse de la demande

    Comme il a été dit plus haut, les échanges se font entre des marchandises déjà produites mais également grâce à du crédit non couvert par l’épargne. Ce qui rend caduc le raisonnement de Say : un resserrement du crédit peut entraîner une crise, une demande trop faible pour les marchandises produites.

    Possibilité de l’existence des crises de surproduction globale

    Imaginons une économie dans laquelle il n’existe que deux marchés :un marché du blé et un marché des engins agricoles (tous les autres biens sont en abondance). La loi de Say nous dit que si la demande en blé devient plus faible que l’offre, c’est à dire si la production n’arrive pas à être écoulée, c’est parce qu’il n’y a pas assez de machines agricoles produites. Pour régler cette crise, il faudrait donc que la production en machines agricoles augmente. Cela paraît assez curieux. En effet, on voit mal pourquoi un agriculteur qui constate que les gens mangent moins de blé, qu’il n’arrive pas à vendre sa marchandise, irait acheter de nouvelles machines, on aurait plutôt tendance à penser que si la demande en blé diminue, la demande en machine agricole diminuera ou au minimum n’augmentera pas. On aura donc bien une crise de surproduction globale et non pas sectorielle.

    • Bonjour seagat

      C’est bien, c’est en gros le copié-collé de votre post du 4 mars..

      J’attends tjs les réponses de mon post.

      • Bonjour, je réponds (j’ai mis la me chose sur l’autre article).

        (a) A propos de mon exemple sur le blé et les machines agricoles. Bien entendu, on peut toujours ajouter des hypothèses supplémentaires « ad hoc ». Mais ce qui importe dans mon exemple c’est que la loi de Say peut être violée sans faire appel pour l’expliquer à une quelconque intervention étatique. Si la loi de Say était respectée, la baisse de demande en blé devrait être compensée par une hausse de la demande en machine agricole, or il semble illogique que cela se passe ainsi. Mon exemple n’est bien sûr pas réaliste (comme quasiment tous les exemples en économie notamment classique et néoclassique), il montre juste les limites de la loi de Say.

        (b) Lorsque je parle de crédit non couvert par l’épargne, je fais référence au système des réserves fractionnaires. Une formulation plus précise aurait été : « crédit non TOTALEMENT couvert par l’épargne ». Vous avez donc raison lorsque vous dites qu’une création monétaire est tout de même adossée à un bien ou une épargne existante, mais pas totalement. Il y a donc une partie qui est créée « ex-nihilo ». D’autre part, on peut très bien imaginer une création monétaire, un crédit sans aucune garantie, d’un point de vue purement économique rien ne l’empêche, les outils sont là. Ce qui l’empêche, c’est la coutume et les lois. Mais même si vous emprunter 100 000 euros à votre banquier en gageant votre maison qui est estimée à 100 000 euros, il y a tout de même création monétaire puisque vous ne vendez pas votre maison. Ainsi, vous obtenez 100 000 euros mais vous pouvez aussi ensuite votre maison à quelqu’un d’autre et en obtenir 100 000 de plus ! Il y a bien eu création monétaire puisque si vous aviez juste vendu votre maison à la banque vous n’auriez eu que 100 000.

        • Bon votre exemple du blé et des machines agricoles est une fiction.

          Quant au crédit non couvert par l’épargne, vous confondez les obligations prudentielles réglementaires imposées aux organismes de prêt (réserves fractionnaires) et l’obtention d’un prêt sur gage (comme il est habituel pour un particulier).

          Vous dites: « Say évacue la question en expliquant que la monnaie utilisée pour un échange provient d’un échange de sa production fait précédemment qui a permis d’en acquérir, », un prêt sur gage est bien un échange sur un bien réel (une usine, une maison, une clientèle).

          Seul l’état peut obtenir un prêt sans création antérieure de bien. D’ailleurs l’article le dit bien: » La cause de ce malheur public est précisément la « chose publique », l’intervention de l’État dans l’économie, qui entrave certaines productions, ».

          D’autre part dire que toute monnaie provient d’une dette, est excessif. Une monnaie circule entre plusieurs acteurs sans aucune création (masse monétaire x vitesse de circulation=quantité d’argent qui circule).

          • Je n’a jamais prétendu que mon exemple était autre chose qu’une fiction, une expérience de pensée ayant pour but de montrer qu’un des corollaires théoriques de la loi de Say (l’absence de crise de surproduction globale) était faux. mais c’est encore plus clair lorsqu’on regarde les faits et notamment les périodes de dépression économique.

            le système des réserves fractionnaires et le prêt à un particulier procède du même principe. Lorsqu’une banque vous fait un crédit, elle vous demande une garantie mais en général cette garantie ne couvre pas la totalité du prêt. Sinon, les banques ne subiraient jamais de pertes ! Elles n’auraient pas besoin non plus de réserves fractionnaires pour pouvoir octroyer des crédits puisque la totalité serait couverte.

            Un prêt sur gage n’est pas un échange de monnaie contre un bien puisque vous êtes toujours propriétaire du bien gagé que vous pouvez d’ailleurs revendre. Sinon le prêt ne serait pas différent de la vente d’un bien.

            • C’est donc une robinsonnade.

              Un prêt sur gage nécessite le dépot d’un bien en garantie et donc il est impossible de le revendre.

              Toujours est-il que votre démonstration de la fausseté de la loi de Say en raison de la création monétaire ex nihilo (alias crédit banquaire) est une fiction, un banquier vous ouvre un crédit devant non pas votre bonne mine, mais plutot par l’épaisseur de votre fortune (alias on ne prête qu’au riche).

              Nous avons donc bien un bien contre un autre bien.

              PS « Elles n’auraient pas besoin non plus de réserves fractionnaires pour pouvoir octroyer des crédits puisque la totalité serait couverte. » m’a l’air un peu confus.

              PS’ bien entendu seul l’état obtient des crédits sans contrepartie, mais par la contrainte (alias une offre qu’il ne pourra pas refuser dixit Don Corleone)

              • Vous avez complètement raison, c’est une robinsonnade comme en raffolent les économistes orthodoxes ou encore Rothbard (si on ne veut pas le classer dans les orthodoxes) et dont Marx se moque. Mais cette Robinsonnade se généralise facilement (et n’est plus une robinsonnade) si on échange da « marché du blé » par marché des biens de consommation et « marché des machines agricoles » par marché des biens de production. C’est d’ailleurs exactement ce que fait Keynes.

              • mauvaise manip. Je continue ma réponse, dsl. Vous confondez le prêt bancaire et le prêt du prêteur sur gage dans la ruelle sombre !

                Lorsque vous allez chez un prêteur sur gage vous ne disposez plus de votre bien en effet, mais pas dans le cas d’un prêt bancaire. Un chef d’entreprise alors qu’il a un crédit en cours peut très bien vendre son entreprise, ses machines, etc dont une partie était le gage du prêt bancaire.

                La vente à découvert est un cas limite de ce fonctionnement ! Vous vendez des biens dont vous n’êtes même pas encore propriétaire !

                Encore une fois, si votre raisonnement était juste les banques n’aurait jamais à subir de perte à cause de prêts non remboursés. Est-ce le cas ?

                La réalité est qu’une banque prête de l’argent ex-nihilo, elle demande une garantie qui ne couvre pas le prêt et c’est aussi pour cela qu’elle demande un intérêt (pourquoi sinon ? il serait bien bête de demander un prêt avec une garantie pour rembourser davantage, autant vendre directement, vous voyez bien qu’il y a une différence entre vente et prêt ! )

                Qu’est-ce qu’une réserve fractionnaire (ce qui est important ici c’est l’adjectif « fractionnaire »), c’est quand vous pouvez prêter 100 alors que vous ne disposez de 60 (par exemple). Si une banque prêtait à un particulier en échange d’une garantie qui couvre le crédit, dans son bilan, elle a prêté 100 contre un bien de même valeur c’est à dire de 100, dans son bilan comptable, elle ne prête pas plus que ce dont elle dispose.

                • La banque ne prête pas d’argent ex-nihilo, elle vous fait crédit. Vous confondez prêt (prêter un livre par exemple) et créditer un compte.
                  Je peux faire crédit à qqu’un, je ne crée pas de l’argent ex-nihilo. Juste que le paiement se fera plus tard, à un terme convenu.

                  • Vous jouez un peu sur les mots là.

                    Une banque dispose pour 100 en pièces et billets (base monétaire). Elle sait que seulement 50% des transactions se font avec cette base monétaire, le reste se fait par chèque, virement, CB. Elle peut donc prêter , un crédit (choisissez le terme que vous préférez) à une entreprise 200 ou 150.

                    • Non non les banques n’ont pas des pièces ou des billets dans leur coffre comme couverture comme vous semblez le croire.

                      Lisez l’excellent article sur wikiberal sur les réserves fractionnaires pour vous ouvrir les yeux:
                      « Il ne faut en fait pas confondre deux choses : la création monétaire ex nihilo, qui est le fait du monopole d’émission de la banque centrale, source de toutes les bulles spéculatives et d’une inflation continuelle ; et le système des réserves fractionnaires, qui selon un certain nombre d’économistes libéraux fonctionne de façon satisfaisante. On a tendance à confondre ces deux choses, parce qu’elles ont une certaine similarité, alors que l’une des créations monétaires ne s’appuie sur rien (sinon de la dette pure, avec, pour la dette publique, la « perspective » de pouvoir rembourser grâce aux impôts futurs), et que l’autre s’appuie sur des actifs réels en collatéral. »

                      Vous m’avez tjs pas indiqué la fraction de création monétaire sur la masse monétaire en circulation.
                      A vu de nez cette création monétaire (qui n’est pas une) doit être grosso merdo équivalente au taux de croissance, donc des chiures de mouches( qq pour cent).

                      Cordialement.

                    • D’abord, je vous déconseille wikibéral, site trop idéologique. Je suis navré mais c’est bien à votre banque que vous retirez billets et pièces….

                      J’ai une nouvelle fois l’impression que vous jouez sur les mots. Si c’est le terme « ex-nihilo » qui vous pose problème, oubliez le: cela signifie simplement que la somme des crédits, prêts est supérieur au montant de l’épargne.

                      Bon reprenons.

                      C’est quoi le principe des réserves fractionnaires ? C’est simplement le fait qu’une banque peut prêter davantage de monnaie que ce dont elle dispose. Une manière très simple de s’en apercevoir c’est de regarder la somme des pièces et billets en circulation (la base monétaire) et de comparer avec la somme des comptes courants. S’il y a égalité, cela irait dans votre sens, mais ce n’est pas le cas.

                      Si vous voulez connaître la part de création monétaire, vous pouvez regarder le rapport entre les agrégats monétaires : par exemple (M1-M0)/M1 ou (M2-M0)/M2, cela vous donnera le rapport.

                      Ca c’est le principe du système des réserves fractionnaires.

                      Imaginons maintenant qu’une banque octroie un prêt, un crédit d’un montant m (choisissez ce que vous préférez) d’un montant supérieur au montant des dépôts M. Elle le gage sur la maison du débiteur qui vaut m. Avec cet argent, le débiteur va acheter des biens, du matériel, etc. la masse monétaire sera de M+m. Imaginons que le débiteur est dans l’incapacité de rembourser et que sa maison brûle dans un incendie. La masse monétaire restera inchangée : M+m. Si pour vous cela correspond à la loi de Say, cela ne me pose pas de problème, c’est une interprétation divergente de cette loi.

                      Pour moi, la loi de Say n’aurait pas permis cela car la banque ne disposait pas d’assez d’argent pour acheter la maison du débiteur. Il aurait d’abord fallu que le montant des dépôts en banque soit supérieur au montant du prêt pour qu’elle fasse un prêt.

                      Choisissez quelle interprétation de la loi de Say vous préférez.

  • Et pourquoi l’intervention publique est-elle néfaste ? Parce qu’elle est faite par des fonctionnaires pour qui c’est un jeu d’apprenti sorcier ou de corruption dont les résultats ne représentent pas un enjeu personnel. A-t-on déjà vu un fonctionnaire perdre son emploi ou sa prime parce que ses décisions ont conduit une ou des entreprises à la faillite ? Alors qu’un entrepreneur privé met son sort sur la table quand il aligne ses paris ou ses décisions.

  • La loi de Say ne fonctionne que dans un « arrêt sur image » de l’économie excluant le rôle du crédit et le désir d’accumulation de certains acteurs.

    Je cite l’économiste Steve Keen dans « l’imposture économique » :
    « La loi de Say et la loi de Valras envisagent un monde dans lequel les marchandises sont achetées uniquement grâce aux recettes de la ventes d’autres marchandises et dans lequel les marchandises constituent les seules choses que l’on peut vendre et acheter. […] le monde dans lequel nous vivons est un monde où les biens sont achetés par les recettes obtenues par la vente d’autres biens, mais aussi par le crédit […] La demande agrégée est dès lors l’offre agrégée plus la variation de la dette par laquelle la demande agrégée est augmentée tant du côté des marchandises que du côté des actifs. […] [Les lois de Say et de Valras] ne sont pertinentes que dans un monde d’échange pur ou de production d’un bien unique […] mais elles ne le sont pas pour le monde capitaliste en croissance dans lequel nous vivons (normalement).
    L’ignorance du crédit est au fondement de l’argumentation néoclassique ( et autrichienne) selon laquelle les déséquilibres généraux et les dépressions sont impossible »

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[caption id="attachment_218127" align="alignleft" width="230"] J-B Say, domaine public.[/caption]

Jean-Baptiste Say est né à Lyon en 1767. Il est issu d’une vieille famille protestante du sud de la France, qui s’est installée à Genève puis à Paris. À l’âge de quinze ans, au plus fort de la Révolution française, il est fortement influencé par l’autobiographie de Benjamin Franklin, ses principes d’économie, d’éducation et de vie morale. Il passe également deux ans à Londres, où ... Poursuivre la lecture

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Pourquoi les libéraux sont contre la guerre

Au point de vue utilitaire, la guerre est ruineuse : c’est proprement « une industrie qui ne paie pas ses frais » (Yves Guyot, L’économie de l’effort, 1896, p. 49).

Elle implique des destructions, des crises commerciales, des dettes publiques, qui ruinent les existences, découragent les initiatives et ra... Poursuivre la lecture

David Ricardo est mort le 11 septembre 1823, il y a deux siècles exactement. Jean-Baptiste Say en personne lui consacra alors un article nécrologique :

« Cet homme éclairé, cet excellent citoyen, est mort dans la force de l'âge, au bout de cinq jours de maladie, à la suite d'une tumeur dans l'oreille. » [1. Les Tablettes universelles, 27 septembre 1823, p. 23-26]

Moins connu qu'Adam Smith, Ricardo reste associé à la fameuse histoire du vin portugais échangé contre du drap anglais démontrant les vertus du libre-échange. Mais le c... Poursuivre la lecture

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