Londres : c’est la bourse ou la banque qui fait la loi ?

Cette tradition anglo-saxonne qui explique le dynamisme de la City.

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London crédits Barnyz (CC BY-NC-ND 2.0)

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Londres : c’est la bourse ou la banque qui fait la loi ?

Publié le 9 mars 2016
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Par Jacques Garello

London crédits Barnyz (CC BY-NC-ND 2.0)
London crédits Barnyz (CC BY-NC-ND 2.0)

Les accords de février entre Royaume Uni et Union européenne ont failli buter sur le statut des bourses londoniennes, et en particulier de la plus dynamique d’entre elles la LSE, London Stock Exchange. S’agit-il d’une simple question de concurrence déloyale, les Anglais causant un dommage aux Allemands et Français ? Il faut sans doute aller plus loin, et comparer les mœurs financières des deux côtés du Channel – et de l’Atlantique : la banque ou la bourse ?

Concurrence déloyale

Voilà des années que les places de Paris et Francfort se plaignent des pratiques londoniennes. On dit que François Hollande, qui n’a pas été très pugnace dans les négociations du Brexit, avait cependant un objectif prioritaire : obtenir que la Cité de Londres se plie aux disciplines et contrôles imposés par Bruxelles aux bourses du continent. Il semblerait que la City garde en fait sa belle indépendance.

C’est sans doute que la concurrence n’est pas si déloyale qu’on le dit ; dans les milieux européens on tient pour suspecte toute situation où l’un est plus compétitif que l’autre ; malheur au meilleur ! En particulier la LSE a fait depuis longtemps la preuve de son efficacité. Bourse privée, véritable entreprise (comme les autres bourses de la City), elle ne subit pas les pressions de la classe politique, rien de comparable à notre AMF, Autorité des Marchés Financiers, qui est en liaison permanente avec Bercy et se propose d’accompagner le plan de régulation budgétaire mis en place en 2012. Jouer à la fois sur les cours de la Bourse de Paris et sur les déficits du budget de l’État est un grand écart.

De façon plus générale, alors que les Anglais ont interprété la crise de 2008 comme le fruit des interventions intempestives des administrations et de la classe politique, les Européens continentaux ont entendu renforcer les contrôles publics.

Les bourses et la santé des banques

city rené le honzecLa différence d’esprit et de pratique entre les deux rives du Channel s’exprime notamment à propos des banques. Bien qu’elle ait été révélée par les erreurs des investissements chinois et asiatiques, la crise boursière actuelle se prolonge en Europe, marquée notamment dans deux secteurs : celui de l’énergie, à cause de la baisse du prix du pétrole, et celui des banques. Ce sont les actions des banques qui ont été visées par priorité.

Les banques continentales sont en bien mauvaise passe, leurs actifs sont dépréciés, et certaines d’entre elles n’offrent plus la sécurité minimale que l’épargnant devrait exiger. La puissante Deutsche Bank est en grand danger, tout comme les deux plus grandes banques italiennes (jusqu’à la prestigieuse Monte Pietà di Siena), tout comme les espagnoles engagées dans l’immobilier, voire les banques suisses (UBS et Crédit Suisse).

Comparativement, malgré les craintes inspirées par la RBS (Royal Bank of Scotland), les banques britanniques ont mieux fait leur travail de sélection des risques. Les banques françaises s’en sortent en réduisant drastiquement leurs investissements, et leurs réserves sont maintenant taxées par les taux négatifs (nous l’évoquions la semaine dernière).

Nous sommes persuadés que le « quantitative easing » de la Banque Centrale Européenne s’est fait au détriment du « qualitative easing ». Les crédits bancaires continentaux ont été essentiellement accordés à l’immobilier (Espagne) et surtout aux titres émis par les États : la masse de liquidités a été déversée pour noyer la dette publique.

Tradition anglo-saxonne ?

En fait, le dynamisme de la City vient d’une tradition anglo-saxonne : les financements passent par la bourse plutôt que par les banques. La Bourse est plus vigilante que les banques, et à la LSE on ne se contente pas d’introduire de grandes sociétés, ou de rechercher des fonds d’État, des investisseurs plus modestes ont aussi leur chance, au prix d’une meilleure sélection. Les banques continentales, de leur côté, se tournent plus facilement vers de gros clients, dont l’État et les grandes compagnies, dont la taille se veut rassurante ; en cas de difficulté, on compte sur les interventions publiques pour amortir le choc.

On ne peut cependant systématiser cette opposition tant il est vrai que les bourses européennes et la City sont étroitement liées au réseau américain, les financiers de New York ou Chicago étant partenaires dans des pools comme Euronext. D’autre part, de nouveaux réseaux financiers se créent actuellement, avec le crowdfunding (fonds de participation qui attirent une petite épargne acceptant le risque) ou les business angels (hauts risques sur des startups dans les secteurs de haute technologie où les innovations propulsent la rentabilité vers des sommets). La finance s’affranchirait-elle enfin des réglementations, le marché y reprendrait-il ses droits ?

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