La France pratique l’austérité. Vraiment ?

Pour résoudre le problème du déficit, ajoutons encore plus de déficit !

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Austérité (Crédits : www.SeniorLiving.Org, licence CC-BY 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La France pratique l’austérité. Vraiment ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 22 février 2016
- A +

Par Vladimir Vodarevski

Tighten Your Belt - Austerity-Ken Teegardin(CC BY-SA 2.0)
Tighten Your Belt – Austerity-Ken Teegardin(CC BY-SA 2.0)

 

Le quotidien Les Échos du jeudi 11 février 2016 a consacré une pleine colonne à une tribune de quatre-vingts économistes, en faveur d’une politique dite alternative, publiée par Le Monde. En une seule colonne, on ne relève que des contradictions : contradiction avec les faits, ou contradiction interne. Ce qui m’a dissuadé de lire leur tribune.

Ces « économistes » critiquent l’austérité en France. Mais on se demande quelle austérité. La dépense publique a augmenté (quand on parle de diminution, c’est en fait une diminution de l’augmentation). Le déficit public reste abyssal. D’ailleurs, dans le même numéro des Échos, un article montre les déficits budgétaires en pourcentage du PIB : 7,2% en 2009, 6,8% en 2010, 5,1 en 2011%, 4,8% en 2012, 4,1% en 2013, 3,9% en 2014, 3,8% en 2015. Où est l’austérité ?

La vérité est que le gouvernement français mène une politique keynéso-socialiste. C’est-à-dire basée sur le déficit public, de fortes contraintes sur les entreprises, et une volonté de transformation sociale, comme le montre le soutien à ce qu’il appelle l’économie solidaire et responsable (ce qu’elle n’est pas malgré son appellation). Cette politique ne donne pas les résultats escomptés. Alors, contre toute vraisemblance, dans un jusqu’au boutisme idéologique, on demande encore plus de déficit.

D’autre part, Les Échos citent Christophe Ramaux, maître de conférences à l’université Paris-I, un des coordinateurs de la tribune, qui accuse l’Allemagne d’étrangler l’Europe :

« Il ne faut pas hésiter à risquer d’aboutir à une rupture avec l’Allemagne. L’euro lui bénéficie en lui permettant de dégager des excédents commerciaux en étranglant les pays du sud de l’Europe, dont la France fait partie. »

On remarquera trois choses dans cet extrait. D’abord, une politique mercantiliste tombée en désuétude depuis des siècles. Ensuite, que la France fait partie de l’Europe du sud, cette Europe du chômage, de la crise. Enfin, la désignation d’un bouc émissaire, l’Allemagne, qui pomperait les revenus de l’Europe de Sud. Mais cette affirmation est contredite par les faits, une nouvelle fois.

En effet, comme le montre l’iFRAP, les importations en provenance de l’Union Européenne en Allemagne augmentent. Tandis que la part de ces exportations hors UE augmente. Comme l’écrit l’iFRAP, l’Allemagne fait travailler ses partenaires européens. Il ne tient qu’à la France d’en profiter.

Enfin, Les Échos citent Xavier Timbeau, économiste à l’OFCE :

« Nous faisons l’analyse que le risque d’éclatement de la zone euro est réel. Certains d’entre nous le voient d’un bon œil, d’autres pas. Mais il faut rappeler à l’Allemagne qu’elle a beaucoup à perdre en cas de disparition de l’euro, notamment en ce qui concerne son épargne investie dans d’autres pays européens ».

On remarque dans cette citation une menace envers l’Allemagne. Celle-ci est clairement désignée comme bouc émissaire. En même temps, cette citation est contradictoire : elle accuse l’Allemagne des maux de la France, mais reconnaît qu’elle finance l’Europe. Ce financement, compte tenu des règles de Bâle, concerne aussi la dette d’État. Sans le vouloir, cet économiste souligne le rôle de l’Allemagne dans le financement de l’Europe. Par quoi veut-il remplacer ce financement ? La planche à billets et ses conséquences néfastes ?

Cet article n’incite pas à lire la tribune en question. Tout est contredit par les faits, ou se contredit. Cependant, c’est la pensée dominante en France. Il suffit d’augmenter encore plus les déficits, pour que tout aille pour le mieux, sans efforts. Ou de faire payer l’Allemagne. Un bouc émissaire, pour expliquer les problèmes du pays. Mais se remettre en question, se demander si le jusqu’au boutisme keynéso-socialiste doit être remis en cause, c’est hors de question.

A lire aussi :

Sur le web

Voir les commentaires (19)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (19)
  • Ce qui est écrit est d’une exactitude saisissante….et surtout mieux exposé que je n’aurais su le faire.

    Quels moyens existent-ils pour vulgariser cette pensée dans le pays socialo-communiste qu’est la France ? Proche de zéro au pays des aveugles et des indigents en terme de compréhension des schémas économiques qui gouvernent le monde.

    Bienheureux Allemands !

    • Je vais tenter votre vulgarisation:

      Les allemands bossent tant mieux pour eux. Il ne nous empêchent pas d’en faire autant.

      L’euro fort (non dévalué par la planche à billet) profite aux importateurs qui font venir des produits hors UE, et nuit aux exportateur qui vendent en dehors de l’UE (on eut vous expliquer pourquoi si voulez) . Dire que l’euro fort profite à l’Allemagne c’est dire une ânerie. C’est exactement le contraire de la réalité.

      Dire que l’Euro fort nuit aux pays du sud pour se financer c’est oublier le fait que personne ne nous force à nous endetter, et que quand on le fait c’est souvent avec de l’argent allemand parce qu’ils nous prêtent volontiers.

      Les allemands ont tout intérêt à ce que nous allions bien. Les politiques français ont tout intérêt à ce que nous allions mal: ca leur donne des raisons de vous tondre. Donc quand des économistes qui vivent de l’Etat vous disent qu’il faut que les riches payent plus d’impôt, en fait ils veulent dire que tout le monde va payer plus d’impôts. Et si vous croyez en réchapper, vous vous trompez: Vous etes plus facile à taxer que les super riches. les super riches peuvent partir facilement. Pas vous;
      Faire du déficit va augmenter vos impôts ou ceux de vos enfants (qui ne pourront donc plus payer votre retraite). S’endette c’est s’appauvrir. Le déficit appauvrit tout le monde sauf les politiques et les hauts fonctionnaires.

      • Oui… Et non. Tout est relatif. Un euro fort profite à l’automobile allemande. Qui exporte des produits haut de gamme, donc qui dégage des marges élevées. Le ralentissement des économies BRICS certes impacte le phénomène, mais la demande aux US est forte. En Europe aussi.

  • De plus en plus, « Les Echos » montre sa soumission au Pouvoir. Ses articles ne sont pas critiques. Notamment lors de la COP21, ce journal n’a pas émis le moindre doute sur le bien-fondé des affirmations apocalyptiques des tenants du réchauffement climatique anthropique (dû aux activités humaines).

  • ce n’est pas à cause de l’allemagne que mon pouvoir d’achat dégringole mais bel et bien à cause de la gouinfrerie de l’état français toujours à court d’argent ;

  • L’austérité en France ne consiste pas en une diminution des dépenses publiques mais en en une diminution de la croissance des dépenses publiques. Et ce, en partant du principe que les promesses faites par Hollande et Valls soient respectés (ce dont je ne suis pas sûr).

    http://www.huffingtonpost.fr/2015/09/29/budget-2016-austerite-depenses-publiques-impots_n_8214000.html

  • La france est l’un des pays les plus socialistes d’europe, il suffit de regarder les chiffres (dépenses publiques à plus de 57%, la fonction publique représente pres de 7 millions de personnes dans la fonction publique (http://www.observatoiredessubventions.com/2010/combien-de-fonctionnaires-en-france/
    ), 73 au rang des libertés économiques selon Heritage Foundation après le Cap-Vert, le Kazakhstan ou encore la Jamaïque, l’un des plus haut taux d’imposition ( la France a un taux d’imposition total moyen de 64,7% principalement constitué (51,7%) de charges sociales, le 2 plus fort taux d’imposition en europe),….. certains partis de gauche dans le reste de l’europe (spd, …) sont plus libéral que l’ump. la france est championne du monde en dépenses sociales. la france possède 60 code et est ultraréglementé (plus de 500000 lois et décrets). Le code du travail s’est plus de 1700 pages etplus de 10 000 articles. le pire s’est que le nombre de fonctionnaires augmentent. http://www.lepoint.fr/economie/les-fonctionnaires-sont-toujours-plus-nombreux-18-12-2014-1890940_28.php
    En 33 années, la France a fini par appliquer à peu près tous les points du programme du parti communiste de 1981. http://h16free.com/2014/04/01/30201-il-y-a-33-ans-deja

  • On peut toujours taper sur l’Etat Français ; ils ne sont certes pas très bon, mais la France se situe à peu près dans la moyenne de la zone Euro.
    Le problème de la dette, c’est qu’elle est à peu près totalement inévitable. Si l’Etat rembourse sa dette, la quantité de monnaie en circulation diminue d’autant. Sachant que la dette publique est à peu près au niveau de la quantité de monnaie en circulation, on peu imaginer que le remboursement de cette dette supprimera le dernier Euro en circulation. Et je ne compte pas la dette privée qui est à un niveau nettement plus élevé que la dette publique. On se plaint qu’il n’y a pas assez de monnaie pour irriguer l’économie, mais si la France rembourse sa dette, ce sera pire. On peut toujours réduire le train de vie de l’Etat, mais on ne peut pas réduire la dette de la France.
    Le vrai fautif, c’est le fonctionnement de l’Euro. Tout Euro qui circule est une contrepartie d’une dette, or le cycle de remboursement d’une dette est trop court par rapport au cycle d’un investissement et on se retrouve fatalement avec une réduction de la monnaie en circulation avant que les investissements ne soient productifs.
    La solution passe par la modification des règles de fonctionnement de l’Euro (ou de la monnaie si l’Euro disparait dans la prochaine crise financière). Le cycle de suppression de la monnaie doit suivre le cycle de l’utilisation de la monnaie. Les cycles restent courts pour les prêts, mais la monnaie peut être également créée en contrepartie d’investissements. Dans ce cas, il n’y a pas d’intérêts parce que la somme des investissements produira plus de richesse que la valeur de ce qui a été créé et le cycle de destruction de la monnaie suit le cycle de l’investissement. La destruction de la monnaie peut être fait par l’impôt si l‘investissement ne produit pas directement des liquidités comme par exemple l’investissement dans l’éducation ou la santé.

    • Et revoilà l’argent dette.. le totem des alter-économistes (dits horrifiés/indignés).
      Cela faisait longtemps.

      • Avec ce genre d’argument d’autorité on ne ne va pas beaucoup avancer.
        Je ne peux pas répondre à des arguments que vous ne présentez pas, mais l’erreur la plus courante consiste à considérer la masse monétaire infinie face au volume du prêt et donc que le prêt n’a pas de conséquences sur la masse monétaire. C’est vrai en micro-économie, mais plus du tout en macro-économie. Ce n’est pas de l’alter-économie, c’est des maths.

        • J’ai très bien compris le mécanisme de création monétaire, mais la présentation fallacieuse du coté inévitable de la dette des états par icelle est régulièrement invalidée par les faits.
          JF Revel a très bien décrit ce mécanisme dans la grande parade.
          La ‘pensée’ socialiste est imperméable aux faits.

          • Ainsi donc vous préférez apprendre l’économie d’un philosophe !
            Si vous voulez comprendre quelque chose, je vous conseille plutôt de lire « l’imposture économique » de Steve Keen. C’est un économiste australien et ce qu’il dit va bien au delà des problèmes franco-français.
            Vous tenez absolument à me situer à gauche, mais si vous aviez lu les économistes atterrés, vous sauriez que ce que je préconise est bien différent. Que la gauche fasse une présentation fallacieuse de la dette, je veux bien, car ils n’y ont rien compris, mais encore une fois, il s’agit ici de mathématiques et rien de plus.
            De toutes façons, vous allez bientôt être fixé, car la prochaine crise financière n’attend plus qu’un déclencheur comme la faillite d’une grande banque. 2000, 2008, 2016, quelle régularité ! Et les économistes mainstream qui nous répètent sans arrêt que tout est en équilibre et que ces crises sont impossibles.

            • « Si l’Etat rembourse sa dette, la quantité de monnaie en circulation diminue d’autant.  »
              NON,
              Vu de l’épargnant qui a aujourd’hui de l’assurance-vie ou un autre produit investit en obligation d’état, le remboursement c’est un simple remplacement de ses titres par un compte courant d’égale valeur.
              Çà ne change strictement rien à la quantité de monnaie en circulation, ça ne fait que changer son type, du type « M4 » (celui des bons du trésor) au type « M1 » ou « M0 » ( Cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_mon%C3%A9taire )
              Il ne restera plus à l’épargnant qu’a décider de ce qu’il fait de cet argent : le dépenser, l’investir ailleurs, ou le laisser dormir sur un compte (que la banque se chargera de faire fructifier à sa place mais pour son propre compte) … en tout cas a priori rien de grave pour l’économie

              • L’épargne est de moins en moins utilisée pour prêter de la monnaie. Aujourd’hui, quand on va voir son banquier pour faire un emprunt, celui-ci va créer la monnaie scripturale nécessaire à l’emprunt. Il ne va même pas vérifier le niveau de ses réserves puisque l’emprunt va être viré sur le compte de l’emprunteur et donc revenir dans les réserves. Le niveau des réserves sera vérifié la nuit lors des opérations de compensation. Si les réserves passent en-dessous des montants exigés par Bâle III, le banquier a 15 jour pour demander des liquidités à la banque centrale. Aujourd’hui un banquier peut prêter jusqu’à 9 fois environ (effet de levier) le montant de ses réserves dont une grande partie est constitué de monnaie fiducière émise par la banque centrale. Autrement dit, l’épargne ne pèse pas lourd face à la dette. M3 est à peut près au même niveau que la dette publique et la dette privée est encore supérieure à la dette publique. Le banquier crée la monnaie scripturale de ses prêts et détruit cette monnaie lors du remboursement. Si la France rembourse ses dettes, il restera donc l’épargne qui a été utilisée pour cela, soit pas grand chose.

    • La dette c’est vraiment magique 😀

  • L’austérité, c’est aussi les impôts élevés. J’espère qu’ils entendent cela lorsqu’il la critique sans quoi ils sont aveugles.

  • Que disent les keynésiens devant de tels chiffres ? https://pbs.twimg.com/media/CcxUDTAW8AEENt5.jpg

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Mercredi 17 janvier dernier, le président argentin Javier Milei a prononcé un discours enflammé et disruptif au Forum économique mondial de Davos. Son éloge de la croissance et des entrepreneurs, tout comme sa mise en garde contre les dangers du socialisme ont déjà fait couler beaucoup d'encre. En réalité, l'économiste n'a fait que reprendre, à quelques expressions près, le contenu d'une conférence TED donnée en 2019 à San Nicolás, au cours de laquelle il expliquait comment, tout au long de l'histoire, le capitalisme s'était avéré supérieur a... Poursuivre la lecture

Oliver Faure, premier secrétaire du Parti socialiste a pris la plume car il a un rêve, qu’il estime révolutionnaire et qu’il souhaitait partager avec l’ensemble de la population : réaliser une plus grande égalité réelle entre les Français. Pour atteindre cet objectif impératif, il a une méthode qu’il présente comme originale : distribuer aux citoyens des aides supplémentaires, en euros sonnants et trébuchants, qu’il fera abondamment financer par une augmentation de la fiscalité pesant sur les plus riches et contrôler par une administration pl... Poursuivre la lecture

Et si une révolution libérale était en maturation en Amérique latine ?

C’est une perspective à ne pas négliger, eu égard à l’actualité politique de trois pays qui, ayant chacun à leurs manières subi les affres du socialisme, pourraient s’apprêter à écrire une nouvelle page de leur histoire en portant au pouvoir des libéraux.

En Équateur, c’est chose faite avec l’élection de Daniel Noboa. Au Venezuela, la présidentielle de 2024 pourrait faire émerger Maria Corina Machado, une centriste libérale, tête de file de l’opposition à Nic... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles