Montebourg : le PS deviendrait-il libéral ?

Pourquoi Montebourg se trompe quand il accuse de PS de devenir libéral.

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Arnaud Montebourg (Crédits Philippe Grangeaud-Parti Socialiste licence Creative Commons)

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Montebourg : le PS deviendrait-il libéral ?

Publié le 9 février 2016
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Par le Parisien libéral.

Arnaud Montebourg (Crédits Philippe Grangeaud-Parti Socialiste licence Creative Commons)
Arnaud Montebourg (Crédits Philippe Grangeaud-Parti Socialiste licence Creative Commons)

Non, le paysage politico-médiatique français n’en a pas fini avec Arnaud Montebourg. Après tout, pourquoi pas, la liberté d’expression fait partie des valeurs fondamentales du pays, y compris quand on raconte des bêtises des contrevérités.

Ainsi, on apprend que le PS (gouvernemental, au pouvoir) deviendrait libéral.

Sacré Montebourg !

Passons sur la relation que le vice-président développement d’Habitat, anti-libéral donc, doit entretenir avec ses patrons et employeurs.

Non, concentrons nous sur l’analyse de l’ancien ministre de Hollande.

Comment peut-on renvoyer dos à dos les deux formations UMP/ les Républicains et Parti Socialiste, « des partis dirigés par une sorte de bourgeoisie d’État, haut fonctionnarisée, qui mènent exactement les mêmes politiques, en connivence avec Bruxelles » ou évoquer un « sarkhollandisme économique », et ensuite parler de libéralisme au Parti Socialiste ?

Pour le « sarkhollandisme économique », il n’y a pas de surprise. Les libéraux savaient, dès 2012, qu’il n’y aurait pas de changement majeur entre l’étatisme de Nicolas Sarkozy et l’étatisme de Hollande. 

 

 

Tout au plus pouvait-on deviner que François Hollande, poussé par ses hommages au communisme lors de sa campagne électorale en 2012, serait encore plus enclin à se montrer ultra-étatiste et dirigiste.

Quant à dénoncer la « haute bourgeoisie d’État, haut fonctionnarisée, qui mènent exactement les mêmes politiques, en connivence avec Bruxelles », c’est certes noter qu’il importe relativement peu que le pays soit dirigé par l’UMP/Les Républicains ou le PS quand l’administration (et donc le périmètre de l’État) ne change pas, mais pourquoi y associer Bruxelles, quand la France se montre incapable de respecter le traité de Maastricht ou la Convention Européenne des Droits de l’Homme ? Pour un pays soi disant sous la coupe de Bruxelles, que d’écarts vis-a-vis des traités signés par la France et défendus, à l’époque, durant les années 1990, par des gens comme François Hollande ou Manuel Valls !

Les libéraux, monsieur Montebourg, en ont assez d’être insultés par des gens qui, pourtant, ont dû suivre, dans leur cursus universitaire, un cours des idées politiques. Montebourg n’a t-il vraiment  pas lu Frédéric Bastiat, Jean-Baptiste Say ou Turgot ? 

Le libéralisme, c’est quoi ?

Le libéralisme est un ensemble de courants de philosophie politique visant à faire reconnaître la primauté des principes de liberté et de responsabilité individuelle sur l’autorité du souverain (que ce souverain soit un monarque ou le peuple). Le libéralisme est une opposition à la dictature de l’absolutisme du souverain. Le libéralisme est une théorie du droit.

Les valeurs libérales sont la liberté individuelle, la créativité individuelle, la responsabilité individuelle, l’indépendance personnelle, le respect des droits individuels. On définit souvent le libéralisme par ces quelques principes, que l’on retrouve dans la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen :

Actualisé avec les problématiques françaises d’aujourd’hui, le libéralisme a pour priorité la redéfinition du rôle de l’État (limité à ses fonctions régaliennes), la restauration du libre choix de dépense de la part du contribuable (et donc la baisse de la fiscalité), et le respect du préambule de la Constitution et de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (dont la liberté d’opinion par exemple). C’est la base du programme du seul parti libéral en France, le Parti Libéral Démocrate.

Il existe de nombreux auteurs et essayistes français plus contemporains que Locke ou Bastiat, qui permettent de prendre conscience de ce qu’est le libéralisme.

Quelle a été la politique menée par le Parti Socialiste depuis 2012, alors qu’il contrôle l’Elysée, les principaux ministères régaliens et, avant ses défaites électorales récentes, la majorité des collectivités territoriales ?

  • dépense publique : elle a progressé en valeur absolue. Depuis 2012, il y a eu plus d’impôts, plus de dépense publique.
  • périmètre de l’État : aucune mission publique n’a été remise en cause
  • démocratie : les parlementaires n’ont même pas le droit de se prononcer pour ou contre les guerres de Hollande, au Mali ou en Syrie.
  • libertés civiles : la Loppsi est maintenue, la Hadopi aussi, l’extension du champ d’application du secret défense aussi, la Loi Renseignement est passée, ainsi que la Loi de Programmation Militaire

Human Rights Watch, l’Index of Economic Freedom, la Ligue des Droits de l’Homme ou l’association Contribuables Associés sont formels : les libertés reculent en France.
On peut donc logiquement en conclure que puisque les libertés reculent, Valls n’est pas un libéral. C’est un autoritaire.

Oui, on peut placer le Parti socialiste et les Républicains sur le même plan. Mais ce plan n’est certainement pas libéral, Monsieur Montebourg !

Sur le web

Lire sur Contrepoints notre dossier spécial Parti socialiste

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  • Les meubles habitats sont fabriqués en asie. Montebourde a vite oublié le merde in france…

  • Il serait temps d’arrêter d’associer Gaspard Koenig (et Génération Libre) au libéralisme. Son combat acharné (étonnant d’ailleurs qu’il y consacre toute son énergie) pour le RU font de cet homme un simple et banal socialiste comme nous en avons par millions en France.

    • Il serait surtout temps de cesser l’extrémisme de la pureté libéral, consistant à rejeter comme socialiste tous ce qui n’est pas idéalement libéral.
      Le RU, même si je n’approuve pas, serait un progrès libéral par rapport au maquis d’aide actuel, et c’est un combat parfaitement légitime d’un point de vue libéral que de le pousser A LA PLACE de l’existant. Et c’est bien ce que font Gaspard Koenig (et Génération Libre).
      Ce n’est pas parfait, loin de là, mais c’est un progrès.

      • Et où trouverez-vous les 300-400 milliards nécessaires au financement de ce progrès fondé sur l’esclavage ?

        • Chez Super Mario à Francfort : grand spécialiste, s’il en est, de la plomberie monétaire ! 😛

        • dans les 600-700 milliards du système « social » actuel, et la paye de quelques centaines de milliers de fonctionnaires des centaines de bureaucraties spécialisées dans une aide Alakon.
          Ça devrait laisser pas mal de marge, non ?

          • Bizarre, Gaspard Koenig (que vous défendez) chiffre ces dépenses sociales actuelles à 400G€/an, mais étrangement je ne le vois pas chiffrer le coût de son RU.

            • Les différences proviennent des périmètres, dont on peut toujours discuter, selon qu’on inclus (ou pas !) les retraites, la santé, etc. et selon qu’on les conservent dans le vieux système ou dans le nouveau RU.

              • Il n’a jamais été question (en tout cas selon Gaspard Koenig), que le RU remplace le système de santé. Le RU proposé par Gaspard Koenig, qui est le plus « restrictif » de ceux proposé, remplacerait toutes les aides sociales actuelles, mais maintiendrait l’AM nationale. Ce qui chiffre lesdites dépenses remplacées à 400G€/an.
                Personne n’a proposé de remplacer tout le modèle social par un simple RU de 450€/mois. C’est probable que ça ferait des économies, mais ce ne serait pas du tout viable.

      • Je ne suis pas extrémiste, bien au contraire. Dans mon idéologie libéral je serais plutôt proche des « anarcap », mais pourtant je sais intelligemment que des solutions moins radicales pourraient mieux convenir à notre société que ce qui se fait aujourd’hui sans forcément passer à un modèle anarchiste. Je ne reste pas borné à mon idée de « modèle parfait ».
        Le RU n’est en rien libéral, c’est simplement une allocation de plus dont seul le nom change. S’il pouvait être une solution de transition vers une société libérale en faisant des économies au passage je ne dirais pas forcément non. Mais le problème est que selon les calculs, le RU pourrait faire au mieux 50G€ d’économie/an (pour un RU de 450€/mois), sans compter les frais de gestion ni l’hypothétique « immigration sociale »; tandis qu’il coûterait au pire 150G€ de plus par an (pour un RU de 700€/mois comme proposé récemment) sans compter les mêmes frais.
        Donc il est tout à fait pragmatique que cette mesure ne serait en rien économique, créerait encore plus de confusion auprès des individus, et surtout ne servirait à rien!
        En effet, l’argument avancé par ses défenseurs est qu’il permettrait de lutter plus efficacement contre la précarité, mais il n’en est rien, et je suis même sûr qu’il l’aggraverait. La majorité des pauvres (SDF en tête) bénéficient du RSA (plus élevé que le RU), mais pour autant ils n’ont jamais été aussi nombreux et à vivre dans une situation si précaire. Créer un RU inférieur à ce qu’ils touchent les aiderait selon vous? Ouvrez les yeux, et que des personnes isolées de la réalité descendent dans la rue, ils verront quels sont les réels problèmes.
        Quant à Gaspard Koenig, s’il se veut libéral qu’il défende autre chose que le RU, son acharnement médiatique à ce sujet est plus que louche (aurait-il des intérêts privés dans cette mesure?), et décrédibilise une fois de plus les libéraux aux yeux de tous.

        • Comme j’ai dis, je n’approuve pas le RU. Essentiellement parce que
          a) 90% des gens resteront contributeurs net au système, et que donc toute la mécanique RU tournera à vide 90% du temps, d’où rendement déplorable
          b) même pour ceux qui seront bénéficiaires net, la somme prévue sera nettement insuffisante pour se remettre à flot, elle ne soignera donc pas l’exclusion
          Ce qui me choque c’est l’idée de ranger ipso facto un défenseur du RU comme « un simple et banal socialiste ».
          Il y a des socialistes qui défende le RU, mais il y a aussi d’authentique libéraux avec des raisons tout à fait solides, qu’on les trouve convaincantes ou pas. Je trouve bien plus libéral une allocation universelle, à charge pour chacun de s’assurer pour la santé, se loger, faire garder son enfant, se faire transporter, au système actuel de sécu, HLM et APL, crêches, subvention à la SNCF et privilèges de transport…

          • Là je suis d’accord avec vous, mais le fait est que cette allocation ne pourrait pas être viable. Si une aide devait être nécessaire (ce qui n’est pas le cas selon moi), elle devrait se concentrer uniquement sur les plus précaires.
            Il y a en effet des libéraux qui défendent cette mesure, mais ces libéraux sont rares, et leur argumentaire n’est pas très convaincant, ce qui fait que selon moi ils se rapprochent plus d’un socialisme ouvert que du libéralisme.
            Pour Gaspard Koenig par contre je continue de dire qu’il est tout sauf libéral. Il suffit de le lire ou l’écouter. Même s’il peut parfois dire des choses sensées (ça arrive aussi à Macron qui n’est pas libéral), il reste dans un socialisme, ou plutôt le clan des « liberal » américains. Ils portent le nom de libéral, mais restent des démocrates.
            Des intellectuels français défendent mieux le libéralisme tel Damien Thellier et l’insitut Coppet.

            • Koenig est un authentique socialiste : jacobin, anti-société civile, anti-enseignement privé. Il est pour « l’individu par l’Etat » : ça ne vous rappelle rien ? Un indice : cent millions de morts.

  • plutôt que Koenig, il vaudrait mieux citer Pascal Salin …

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