Une nouvelle ère pour la Fed et le dollar ?

Sur quoi va déboucher la première hausse des taux directeurs américains en 10 ans par Janet Yellen ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
dollars-401(K)2012(CC BY-SA 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Une nouvelle ère pour la Fed et le dollar ?

Publié le 29 décembre 2015
- A +

Par Simone Wapler.

Voici donc Janet Yellen relevant ses taux directeurs. Le mouvement le plus planifié et attendu de l’histoire financière moderne s’est produit.

Selon moi, l’histoire financière moderne commence à la fin des accords de n, soit 1971.

Nous sommes à un tournant de l’histoire.

Depuis cette date, toute monnaie n’est que dette qu’aucun actif ne garantit, si ce n’est la capacité des contribuables d’une zone monétaire à en payer les intérêts.

Depuis cette date, les Etats-Unis payent leurs importations en exportant leur dette libellée en dollar.

Dans la première décennie de cette nouvelle ère, de 1971 à 1980, les Etats-Unis et le monde connurent une forte inflation. Les fournisseurs de pétrole eurent en effet le réflexe d’augmenter violemment leurs prix, estimant que le deal « pétrole contre dettes en dollar » n’était pas à leur avantage. L’ordre fut rétabli lorsque Volker, le président de la Fed de l’époque, fixa les taux directeur à 20% en juin 1981. Les Etats-Unis le pouvaient car ils étaient encore peu endettés.

Depuis 1981, les taux directeurs – qui fixent le prix que payent les banques commerciales pour pouvoir créer leur monnaie (crédit) – baissent.

Taux d'intérêt américain (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)
Taux d’intérêt américain (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)

Depuis 1981, les bons du Trésor à 10 ans (les bons du Trésor constituent les réserves monétaires des fournisseurs étrangers des Etats-Unis) rapportent de moins en moins.

Rendement des US Government Bonds à 10 ans (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)
Rendement des US Government Bonds à 10 ans (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)

Depuis 1981, la dette des Etats-Unis augmente.

Dette publique américaine en pourcentage du PIB (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)
Dette publique américaine en pourcentage du PIB (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)

Les étrangers empilent de la dette américaine qui rapporte moins ; mais comme ils en ont plus, tout va bien.

Jusqu’au moment où la Fed touche le 0.

Si la dette rapporte 0, les créanciers peuvent en empiler un tas infini (∞ en mathématiques), ils ne touchent plus rien. Ils échangent de la marchandise contre rien.

La Fed est-elle en train de renverser la vapeur ? Allons-nous vers un cycle hausse des taux directeurs, hausse du rendement de la dette américaine et baisse de l’endettement américain ?

NON.

Parce que ce n’est plus possible, que les choses sont allées trop loin : pour rembourser la dette, il faudrait un enrichissement considérable – une véritable croissance – désormais hors de portée.

Nous entrons bien dans une phase de déflation.

Souvenez-vous « crédit = monnaie ».

Des mauvaises dettes sont en ce moment même, en cours de destruction. Il s’agit de crédits subprime accordés aux entreprises des secteurs de l’énergie et des matières premières, les obligations à haut rendement (high yield ou junk bonds). Nous vous en avons tellement souvent parlé que ceci n’est pas une surprise pour vous.

Moins de crédit = moins de monnaie.

Le Fed limite le crédit (monnaie) alors que l’économie mondiale ralentit. Voici ce qui se voit dans l’usine du monde, la Chine.

Consommation de matières premières en Chine (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)
Consommation de matières premières en Chine (Crédits Simone Wapler, tous droits réservés)

Les prix vont baisser. D’autres mauvais emprunteurs seront à leur tour contraints de faire défaut.

En première ligne, se trouvent les emprunteurs étrangers qui se sont endettés en dollars.

La prochaine grande étape sera la fuite en avant, le décollage des helicopters money, un QE non pas pour les banques, mais pour les consommateurs.

Ceci signera la mort du dollar et le début de l’inflation non contrôlée.

Ce sera la résurrection de l’or et de l’argent.

Pour plus d’analyses et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

 

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • Ah la fameuse mort du dollar, la crise tout ça…ça fait longtemps qu’on nous le prédit, surtout en 2009.
    Ces gens ont eu totalement tort.

    C’est marrant Contrepoints parfois : Si les taux baissent et qu’il y a QE c’est la cata mais si le QE prend fin et que les taux remontent c’est aussi une cata ! BREF : LA FED SE FERA DESCENDRE PEU IMPORTE CE QU’ELLE FAIT !

    Un peu de sérieux 5 minutes. Tout se passera bien, la Fed a très bien joué son coup et a fait ce qu’il fallait, ce fut courageux et réfléchi. La fin du QE a été planifiée méticuleusement et rien ne s’est passé, il en est de même pour la hausse des taux.

    Bref, bravo la FED qui ne cesse de faire mentir les oiseaux de mauvaise augure grâce à un mix de courage et de prudence d’un personnel très qualifié. Le dollar est aujourd’hui plus fort que jamais, à l’opposé de ceux qui voyaient sa mort en 2009.

    ?

    • Bien vu akashi

      Au vu du dollars index il serait pas impossible que l’année 2016 soit l’année du dollars s’il casse sa résistance mensuelle.

    • J’avoue ne pas bien comprendre non plus ces lubies hétérodoxes qui me donnent parfois l’impression d’être en train de lire les pages de l’horoscope.

      • Je me demande si madame Wappler n’a pas des actions dans l’or ….

        • Non, mais elle a des actions dans une société qui vend du conseil sur l’or. Et cet article est une jolie pub.

          Après, j’ai rien contre la pub. Mais celle-ci est tout de même particulièrement mauvaise.

          Ce sera la résurrection de l’or et de l’argent ? Les prix vont baisser ? Peut-on savoir QUAND ? (je suppose qu’il faut s’abonner à leur lettre à 1500 boules).

          Sans cette information, ce genre de prévision n’a aucune crédibilité. N’importe quel guignol peut « prévoir » la prochaine crise s’il ne dit pas quand elle est censée arriver.

    • Il n’y a aucune argumentation dans ce que vous racontez.

      Pourquoi ne pas plutôt donner votre explication des graphiques présentés dans l’article ? Voilà qui ferait avancer le débat intelligemment.

    • Bien vu, absolument d’accord.

      Je vous (et tous) engage à faire un tour sur le « site de l’auteur » et à vous faire une idée par vous même.

      Perso, j’ai été assez indigné par la page d’enrôlement à base de centaines d’euros pour des résultats miracle …

      Ces pseudo articles économiques à répétition tous orienté dans le même sens « c’est la fin du monde, les BC font n’importe quoi … » sont peut être à prendre au deuxième ou troisième degré ?

      Le gros problème est que cela entretient un délire chez les « libéraux » qui plutôt de regarder les choses de façon pragmatique et de se mettre d’accord, se lancent dans des combats dogmatiques.

  • Que l’endettement actuel des Etats soit annonciateur de lendemains qui déchantent, c’est une évidence.
    Mais montrer des graphes sur la baisse impressionnante des taux d’intérêt depuis 20 ans sans évoquer l’inflation sous jacente n’est pas très honnête. On peut bien plus surement ruiner les épargnants en leur servant des intérêts élevés avec une inflation galopante.
    Cela fait des années que les publications Agora annonce la hausse de l’or, qui ne cesse de descendre. Ils auront raison un moment ou l’autre, les marchés sont volatils. Mais ça ne justifie pas ces commentaires apocalyptiques qui se terminent toujours par l’inévitable coup de pub : avec nous tout ira mieux mais dépêchez vous demain matin il sera trop tard..

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Charles-Henri Colombier est directeur de la conjoncture du centre de Recherche pour l’Expansion de l’Économie et le Développement des Entreprises (Rexecode). Notre entretien balaye les grandes actualités macro-économiques de la rentrée 2024 : rivalités économiques entre la Chine et les États-Unis, impact réel des sanctions russes, signification de la chute du PMI manufacturier en France, divergences des politiques de la FED et de la BCE...

 

Écarts économiques Chine/États-Unis

Loup Viallet, rédacteur en chef de Contrepoints... Poursuivre la lecture

Les monnaies suivent les civilisations depuis 3000 ans, elles sont des créations humaines, et pourtant elles restent des ovnis. Leur rôle est de permettre l’échange de biens à travers un support capable de « cristalliser » de la valeur dans le temps, une sorte de confiance palpable.

S’il est compliqué de définir une monnaie, c’est parce que nous avons utilisé des centaines de monnaies différentes qui n’ont rien de commun, à part être une monnaie. Et aucune d’entre elles n'entre dans les critères d’Aristote : unité de compte, réserve de... Poursuivre la lecture

Le sommet des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) s'est achevé sur une invitation à rejoindre le groupe adressée aux Émirats, à l'Égypte, à l'Iran, à l'Arabie saoudite, à l'Argentine et à l'Éthiopie.

Le sommet a fait couler beaucoup d'encre quant à l'impact de ce vaste groupe de nations, y compris des spéculations sur la fin du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale si ce groupe est perçu comme une menace pour les États-Unis, ou même pour le Fonds monétaire international.

Plusieurs points doiv... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles