Espagne : les conservateurs négocient une coalition avec les libéraux de Ciudadanos

Ciudadanos, parti profondément libéral, est désormais incontournable en Espagne. Le PP de Mariano Rajoy négocie une alliance avec Ciudadanos pour rester au pouvoir. Retour sur notre analyse de ce mouvement politique, parue initialement en décembre 2015.

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Albert Rivera credits Contando Estrelas ((CC BY-SA 2.0) )

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Espagne : les conservateurs négocient une coalition avec les libéraux de Ciudadanos

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 août 2016
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Par Olivier Saez.

Espagne : les conservateurs négocient une coalition avec les libéraux de Ciudadanos
Albert Rivera credits Contando Estrelas ((CC BY-SA 2.0) )

Dimanche 20 décembre 2015, les Espagnols étaient appelés à élire et renouveler leurs 350 députés et 208 sénateurs. Une participation légèrement en hausse par rapport à 2011 et l’irruption définitive dans le jeu institutionnel de deux partis politiques nouveaux – Podemos et Ciudadanos – ont symbolisé le désir d’un profond renouvellement des pratiques politiques.

La jeune démocratie espagnole sort renforcée sur la forme. Sur le fond la percée de Podemos est inquiétante car ce parti devient un allié potentiel pour une coalition avec le PSOE. En effet, sont proposés, entre autres, plus d’emplois publics, plus de dépense publique, une augmentation des impôts, le renfort des syndicats, l’augmentation du salaire minimum, la constitution d’une banque publique.

Lundi 21 décembre, commencent les négociations visant à constituer un gouvernement dans un contexte politique tout à fait inédit. Quelques conclusions provisoires peuvent être d’ores et déjà tirées.

Politiquement, rien ne sera plus comme avant. Le monopole traditionnel des partis historiques – PP et PSOE – vole en éclats. Ils obtiennent à eux deux tout juste 50%, très loin des chiffres historiques tandis que Podemos obtient 21% et Ciudadanos 14%. En nombre de députés, ces partis totalisent 123, 90, 69 et 40 députés respectivement. La majorité absolue est loin, à 176.

– Les nouveaux entrants font une entrée remarquée et remarquable au Congrès. Podemos avait déjà 4 députés mais Ciudadanos n’était pas du tout représenté. Aussi font-ils beaucoup de mal aux partis périphériques. Par exemple, au Pays Basque, Podemos devient le 1er parti (en nombre de voix) devant le Parti Nationaliste Basque. Autre exemple, à Madrid, le PSOE s’effondre et obtient la 4ème place !

Dimanche soir, pas de majorité absolue comme l’indiquaient les sondages mais avec une réalité loin des scénarios évoqués pendant la campagne. Aucun parti ni même aucune coalition évidente ne permettent d’atteindre la majorité absolue au Congrès. Mariano Rajoy a clairement expliqué qu’il allait chercher à constituer une majorité au Congrès. Ses réserves de voix semblent très limitées : Ciudadanos a déjà clairement refusé toute possibilité de discussion. Le scénario le plus plausible au soir de l’élection, même si loin d’être évident, est un accord de gauche PSOE – Podemos.

– Ciudadanos, parti profondément libéral et incontournable en Espagne. Malgré un résultat final légèrement en deçà des estimations de vote, Ciudadanos devient un parti de stature nationale. Celui-ci couronne une campagne électorale au cours de laquelle ce parti a déjà changé la façon de faire de la politique sur le fond comme sur la forme. Tel que détaillé dans notre récente note [1], Ciudadanos porte le changement des idées, au service des citoyens. Il existe une certaine éthique de l’engagement politique, nouvelle en Espagne et en Europe.

La France ferait bien de regarder ce qu’il se passe de l’autre côté des Pyrénées.


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Lire sur Contrepoints notre dossier Élections législatives en Espagne

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  • Moué, leur score m’a déçu…estimé devant Podemos il a fini loin derrière, mais espérons que leur ascension continue…

    • Pas lors de tous dernières sondages. En effet, le score de Cs m’a décu mais cela aurait pu être pire. Le scénario du pire aurait été que la gauche ait une majorité au parlement ce qui n’est pas le cas ici.
      C’s a fait bcp moins bien que dans les sondages mais cela reste un score admirable pour un nouveau parti. De plus, avec les coalitions, tout dépent des négociations. En négociant bien, Cs peut obtenir bcp plus que son poids électeur. Aujourd’hui, Cs se trouve en position de faiseur de roi ce qui lui donne une importance bcp plus grande que son poids électoral.

  • Euh…. 14 % et « incontournable » ? Comme vous le dites : aucune coalition n’est possible. Alors ?

    Bref, beaucoup de bruit pour rien.

    La nouvelle n’est pas ce pathétique 14 %, monté en épingle, mais le fait que l’Espagne est devenue ingouvernable, et que le bloc « gauche » demeure fort, quoi qu’on en dise.

    Rajoy était un petit marquis minable, un truqueur n’arrêtant pas de claironner « la reprise, elle est là », mimant son ami Hollande, et ayant versé dans les « affaires » de corruption… Bref… Comme le bon vieux PSOE d’antan.

    En clair : l’UMPS dans toute sa splendeur, de ce côté ci des Pyrénées.

    Et au final, un « rejet » identique.

    Les peuples en ont marre des UMPS bruxelloises. Chaque scrutin le démontre désormais. Regardez le Portugal peu de temps avant.

    • « Les peuples en ont marre des UMPS bruxelloises. Chaque scrutin le démontre désormais. Regardez le Portugal peu de temps avant » Vous prenez les scrutins qui vous arrangent. On pourrait parler de l’Irlande ou de Chypre qui ont peut être vu une érosion des partis traditionnels mais ceux ci restent en tête avec une majorité de voix pour eux. Au Portugal, le gouvernement ne remets pas en cause Bruxelles. Ils savent que sans l’UE, il seraient dans la merde

      « Rajoy était un petit marquis minable, » J’aimes pas trop Rajoy mais il est bien mieux que son prédecesseur socialiste qui a ruiné l’Espagne. Rajoy a contribué à redresser l’Espagne. Maintenant, je crois qu’il ferait bien de partr et de laisser quelqu’un d’autre à la tête du PP.

  • En effet, C’s est incoutournable car la gauche n’a pas de majorité au parlement.
    Le bloc de droite au niveau national est devant le bloc de gauche (PP+C’s = 163 sièges / PSOE+Podemos+IU = 161 sièges /) à cela il faut ajouter les régionalistes (15 sièges pour les régionalistes de droite) autrement dit la droite a la majorité au parlement (178 sièges alors que la majorité est à 176).
    Cependant, le PP n’a quasiment pas de chances d’alliances (impossible de s’allier aux partis régionales étant donné l’idéologie nationaliste du PP et Cs a déja dit refusé toute alliance avec le PP) ce qui veut dire que le scénario le plus probable c’est une alliance PSOE PODEMOS C’s ce qui sera très dur à mettre en oeuvre car dans une même alliance, il y aurait un parti de gauche radical (podemos) et un parti libéral de centre droit (Cs) qui idéologiquement est bcp plus proche du PP que de la gauche. L’autre alliance possible mais très peu probable s’est une alliance PP PSOE (seule chance pour le PP de rester au pouvoir). Les partis régionalistes sont pour ainsi dire hors course, il n’y a quasiment aucune chance de s’allier avec de tels partis.

  • Comme quoi tout n’est pas foutu !

    CS ne peut que se radicaliser et ainsi gagner des voix : il fait en moindre la même erreur de jeunesse que les partis libéraux Français, mais avec un cran de « centrisme consensuel » en moins et assume d’être politiquement incorrect sur certains sujets.

    Et ca marche !

    La montée de CS se passera en opposition à celle de Podemos, qui est malgré ce qu’on en dit, un parti du passé, d’une idéologie qui a perdu et qui ne tient pas la route une seule seconde devant la réalité, comme l’a démontré l’expérience grecque.

    • Podemos un parti du Passé ? une idéologie perdu? Sans doute, on a vu ses applications.

      Pourtant c’est le systeme capitaliste/libéral qui engendre les crises si on se base sur des faits actuels. De meme que la social démocratie d’ailleurs.
      Ne font-ils pas aussi parti du passé? N’ont-ils pas perdu? Mais comme on dit, ce sont les systemes les moins pire…
      J’aimerais un jour pouvoir voter pour un parti qui propose autre chose que du  » moins pire ». Qui sait un jour peut-etre.

      En tout cas, je jalouse les espagnols, car ils ont au moins des nouvelles offres politiques jeunes et dynamiques.

      • Qu’est ce qu’il ne faut pas lire…
        Ce sont les états, les taxes, les récifal réglementations, et l’abus et monnaie fiat qui causent les crises…

      • Le système capitaliste/libéral ça n’existe pas. Le capitalisme est une invention des socialistes pour réguler le marché et le taxer.

  • « Ciudadanos, parti profondément libéral et incontournable en Espagne?? »
    Ciudadanos n’est pas libéral, il est un parti socialiste, comme les socialistes de Danemark ou les laboristes, mais aussi statiste qu’eux. Ne vous trompez.
    « Ciudadanos no es liberal: es un partido que está construyéndose para ser una socialdemocracia seria equiparable a las europeas.  » – Juan Ramón Rallo.
    C’est vraie que le partit socialiste ou Podemos sont pires, ou même les nationalistes (ces sont très dangereux pour les libertés individuelles).

    • Vous êtes un jusque boutiste. Pour vous un parti doit avoir un programme à 100% libéral. Le programme n’est pas totalement libéral mais il va dans le bon sens. C’est de loin le meilleur parti en Espagne. Votre stratégie désert la cause libérale car avec vous, le libéralisme reste tjs marginale

      • Tout à fait d’accord pour condamner ceux qui font la fine bouche concernant le programme de Ciudadanos.
        Sur un autre forum libéral quelqu’un dénigrait leur proposition de contrat de travail sous prétexte que c’était un contrat de travail encadré par la loi , et donc pas totalement libre entre employeur et salarié.
        Les gens qui attendent des réformes libérales, ne se rendent pas compte qu’en exigeant de telles choses, on ouvrirait la porte au retour de l’esclavagisme.
        Or le liberalisme combat l’esclavagisme.
        Un contrat de travail sans aucun garde-fou de l’état, c’est inévitablement un retour à l’esclavagisme.

        •  » Sur un autre forum libéral quelqu’un dénigrait leur proposition de contrat de travail sous prétexte que c’était un contrat de travail encadré par la loi , et donc pas totalement libre entre employeur et salarié.  »

          Surtout qu’encadrer par la loi ne veut pas forcement dire  » contrats pas totalement libre « . Cela veut aussi dire qu’en cas de litige entre un employé et un employeur devant un juge; la loi ( l’état ) garanti que c’est le contrat de travail qui fait foi.

          D.J

  • et nous citoyens ça vous parle?

  • un vent de renouveau pour l’espagne on attend cela en france.

  • Ciudadanos n’est pas un parti libéral, il est peu être moins socialiste (et encore) que la partit de Rajoy, mais il ne se définit que secondairement sur l’économie.

    Son grand combat c’est l’unitarisme, soit conserver dogmatiquement les frontières de l’Espagne sans droit d’inventaire.

    Après je sais que de nombreux libéreaux de nos jours s’imagine lutter contre l’Etatisme en écrasant un Etat par une entité toujours plus haute. In fine ils imaginent peut être qu’un gouvernement mondial sera forcement libéral puisqu’ayant detruit les pouvoirs des Etats (comme si au passage il n’allait pas lui même les prendre et les renforcer), on comprend que dans cette vision tout desir d’indépendance est vue comme liberticide pour ses gens là.

    La liberté ne s’est en genéral pas faites ainsi: Island, USA, Andorre, Saint-Marin ex…

    Je conseil le livre de David Gordon « Sécession et liberté ».

  • « Ciudadanos, parti profondément libéral » Lol. Vous connaissez pas grand chose à l’Epagne c’est un parti social libéral. Ce n’est pas un parti libéral. Il suffit de voir le positions de ce parti sur l’état providence. Sans doute est ce le moins pire des partis espagnols mais cela ne veut pas dire que c’est un bon parti qui est libéral.

    • Non mais là on parle de GL, le think tank de Koenig, le même type qui appelle de ses voeux l’affranchissement des citoyens au travers de l’Etat. Pas très étonnant en somme.

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