Le climat délétère du débat écologique

Il ne devrait y avoir ni pensée manichéenne ni censure dans le débat public, mais de la prudence dans les conséquences à tirer de ce bilan mitigé.

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Luca Rossato-Non conforme11 (CC BY-NC-ND 2.0)

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Le climat délétère du débat écologique

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 14 décembre 2015
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Par Édouard de Lestrange

Luca Rossato-Non conforme11 (CC BY-NC-ND 2.0)
Luca Rossato-Non conforme11 (CC BY-NC-ND 2.0)

 

Quelques éléments de réflexion sur le débat écologique actuel. Il s’agit de ne pas se tromper de débat, justement : c’est la politique qui occupe davantage les communs de mortels que nous sommes, généralement profanes sur les questions scientifiques et donc peu à même d’aborder le fond du débat scientifique.

Quelques remarques, néanmoins, sur le débat scientifique : force est de constater qu’il n’est pas clos aujourd’hui, et que le « consensus » si souvent mis en exergue ne justifie en rien le musellement des scientifiques « climato-réalistes » (pour le dire plus positivement). Déplorons la pensée quasi unique dès qu’il s’agit de parler de climat. Car s’il est bien un domaine où la majorité n’a jamais fait office de preuve, c’est bien le domaine scientifique (on croirait, sinon, encore, que la Terre est plate et que le Soleil en fait le tour).

Je ne prétends bien sûr pas détenir la vérité sur le réchauffement du climat (et non climatique, au passage) en tant que tel, seulement je refuse de ne pas écouter ceux qui, tout aussi légitimes ou aux parcours non moins honorables (puisque cela compte) que d’autres, en contestent l’exactitude, sinon carrément l’existence. On trouve ainsi des avis divergents au sein même de l’Académie des Sciences, et il est regrettable que les minoritaires soient discrédités dès qu’ils tentent d’exprimer leurs points de vue. Le consensus ne justifie pas le boycott des avis divergents qui, qu’on le veuille ou non, sont une réalité dont le déni quasi systématique n’est pas acceptable, voire alimente, à mon sens, un degré de suspicion à l’égard du « Camp du Bien ». Plusieurs arguments méritent au moins réflexion.

D’abord, la question des outils de mesure du réchauffement se pose – le GIEC lui-même a pu admettre ses erreurs sur une période (courte, certes, mais tout de même) de 17 ans. Ensuite, si réchauffement du climat il y a, la nature anthropique de celui-ci n’est pas non plus scientifiquement démontrée et, en tout cas, fait encore débat, ainsi que l’illustre, par exemple, cet article de Forbes :

« For example, among those meteorologists who believe global warming is happening, only a modest majority (59%) believe humans are the primary cause. More importantly, only 38% of respondents who believe global warming is occurring say it will be very harmful during the next 100 years. »

Quant au lien de causalité entre émission de CO2 et réchauffement du climat, certains estiment que le second entraîne une hausse de la première. Par ailleurs, sur la banquise d’été qui fond, on peut également lire que les causes seraient à chercher ailleurs. Le débat scientifique est et doit rester encore ouvert, et il ne doit pas être instrumentalisé, comme c’est très souvent le cas, dans le débat politique.

En effet, le débat scientifique du réchauffement tombe facilement entre les mains du débat politique, qui a une fâcheuse tendance à verser dans le réchauffisme (à tendance alarmiste, donc), ce « phénomène social qui s’est construit à partir du réchauffement, et qui comprend une explication, des projections de catastrophes, la désignation d’un coupable, le CO2, promu au statut d’ennemi public n°1, la mise en œuvre de politiques révolutionnaires » (cf. cet article du Figaro). Comme le note l’éditorialiste de Contrepoints H16, « l’aspect politique (attaché à une facture de plus en plus longue) des mouvements écologistes n’échappe plus à personne ».

Mais là encore, la pensée unique, que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier de « fascisme vert », va bon train, contribuant à la création d’un climat – sans jeu de mots – malsain et aux antipodes des sacro-saints principes de libertés d’expression et de démocratie, pourtant brandis pour un oui, pour un non, par ces mêmes personnes qui pratiquent la censure verte. Il suffit d’observer le traitement de Philippe Verdier sur France 2 ou encore la réaction totalement disproportionnée, sur iTélé, de ce professeur à SiencesPo, François Gemenne, qui, au bord d’une crise de nerfs propice à l’émission de CO2 , prône littéralement et sans complexe la censure face à son contradicteur, un scientifique calme et non violent. Et que dire de cette liste des « hors-la-loi de la COP » disponible en ligne ?

Outre le fait que les débats scientifiques sont largement récupérés par les politiques (ainsi, aux USA, le gouvernement allouerait largement plus de fonds aux pro-climat), la question des conséquences à en tirer sur le plan, plus pragmatique, de l’économie, est cruciale. On entend déjà l’argument du « mieux vaut essayer de réduire la pollution ou d’améliorer nos modes de consommation d’énergie que de ne rien faire ; on a tout à gagner », façon Arnold Schwarzenegger récemment.

Difficile de ne pas tomber d’accord sur la finalité, encore faudrait-il que le premier point soit résolu, mais admettons le principe de prudence – plutôt, soit dit en passant, que de précaution – mais celle-ci ne doit pas occulter la question centrale des moyens mis en œuvre par la classe dirigeante : or là encore, ceux-ci sont, trop souvent, et non pas systématiquement (exit en effet la pensée binaire !) pas ou peu efficaces, voire contre-productifs : ainsi l’affaire des portiques écotaxe qui coûta a minima quelques 800 millions d’euros, ainsi le scandale de la corruption du juteux marché de l’éolienne mais aussi les externalités négatives causées par celles-ci, ainsi la question de l’efficacité et du coût des énergies renouvelables.

Bref, tout ceci pour dire que premièrement le constat initial et complexe du réchauffement du climat fait toujours débat et que, à ce seul titre, il ne devrait y avoir ni pensée manichéenne ni autant de « censure » dans le débat public ; deuxièmement, il faut faire montre de prudence avec les conséquences à tirer d’un réchauffement ambiant, en particulier à l’aune du bilan encore très mitigé des politiques écologiques.

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  • « Quelques remarques, néanmoins, sur le débat scientifique : force est de constater qu’il n’est pas clos aujourd’hui »

    Comment un débat scientifique pourrait-il être clos ? La science n’est que progression de la connaissance et débat d’idée. Rien n’est jamais certain ni figé. C’est la politique qui a besoin et fait état de certitudes. Et le fait de prétendre que le débat scientifique est clos ne fait que montrer l’ingérence de la politique dans la science, et l’existence d’un biais qui en fausse les conclusions.

    Quant à « governator » qui roule en « Hummer » à hydrogène, il est le symbole du boboïsme qui est à la base de la politique écologique actuelle.

  • De l’idéologie au totalitarisme il n’y a qu’un pas…. Donnez le pouvoir à ces hystériques et ils vous couperont quelques têtes.

    A lire le dernier ouvrage de Remi Prud’homme, l’idéologie climatique, c’est tout à fait édifiant.

    Et pourtant on devrait être vacciné : ils nous refont « l’opium des intellectuels » dénoncé en son temps par Aron…

  • Le meilleur contre argument des verts est lhistronique Cécile Duflot cette harpie sans vergogne voudrait museler l’ensemble des français
    Ayant cultivé mon jardin, je me suis toujours considéré comme un écologiste de droite

  • (…)réchauffement du climat (et non climatique, au passage)(…)

    pourquoi pas « climatique » ?

  • Les énergies renouvelables ne le sont pas: elles n’existeront plus quand on aura épuisé les réserves des mines de terres rares (indium, yttrium. néodyme, …). Par ailleurs, elles sont intermittentes, donc incapables de suivre en temps réel les fluctuations de la demande. Si elles n’étaient pas largement subventionnées, aux frais des ménages et des entreprises, elles n’existeraient pas.

    Voir: http://dropcanvas.com/ip48g

  • Chaque fois qu’une « science » est devenue officielle, il a été prouvé par la suite qu’elle était fausse. La « science du GIEC », qui est une science intergouvernementale (IPCC-Intergovernmental Panel on Climate Change), donc officielle, est par conséquent fausse. Elle est à la source du climatisme, qui est une idéologie, et, comme toute idéologie, elle est très dangereuse, d’autant plus qu’elle se situe au niveau mondial, a infiltré toutes les strates de nos sociétés et muselé les voix des climato-réalistes.

  • Il y a une forte tendance de recherche de repères idéologiques.
    Une fois un dogme accepté il n’est plus tolérable qu’on essaye de le réfuter.
    Ça ne concerne pas seulement le climat, mais ce sujet-là en est une manifestation hélas spectaculaire.
    Voir une réflexion à ce sujet: http://wp.me/p4uV7N-JS

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