Le pacte de stabilité parmi les victimes du vendredi 13

Évidemment la croissance ne sera pas au rendez-vous, mais ce sera la faute au terrorisme.

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François Hollande (Crédits : Mathieu Delmestre/Parti socialiste, licence CC-BY-NC-ND 2.0, via Flickr)

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Le pacte de stabilité parmi les victimes du vendredi 13

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 3 décembre 2015
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Par Jacques Garello.

François Hollande (Crédits : Mathieu Delmestre/Parti socialiste, licence CC-BY-NC-ND 2.0, via Flickr)
François Hollande (Crédits : Mathieu Delmestre/Parti socialiste, licence CC-BY-NC-ND 2.0, via Flickr)

 

« Dans ces circonstances, je considère que le pacte de sécurité l’emporte sur le pacte de stabilité ». En annonçant « un surcroît de dépenses publiques » devant le Congrès, François Hollande a averti les Français, mais aussi Bruxelles, que les engagements de rigueur budgétaire pris par la France ne seront pas tenus. On peut légitimement se demander si le Président n’a pas pris prétexte des attentats pour annoncer que la barre des 3% du PIB fixée pour le déficit en 2016 sera loin d’être respectée. En effet, le « pacte de sécurité » n’est pas à ce point coûteux et, en fait, on pourrait comprendre soit que le gouvernement socialiste veut rompre avec les quelques signes extérieurs de rigueur dans une année pré-électorale, soit qu’il entend relancer la croissance, comme les Américains l’ont fait dans un réflexe de peur après le 11 septembre 2001.

Le coût du pacte de sécurité

Quel pourrait être le « surcroît de dépenses publiques » lié à la sécurité ? Il s’agit essentiellement de suspendre les économies prévues sur le budget de la défense et de créer des emplois nouveaux dans la fonction publique. Il est vrai que si la France décide d’intensifier et d’accélérer ses interventions en Syrie, cela se traduira automatiquement par une hausse des coûts : la guerre coûte toujours cher. Mais, en revanche, que représente le renforcement des effectifs des ministères concernés ? Il s’agit de recruter 2.500 personnes pour la justice, 1.000 dans les douanes, et 5.000 dans la police (« pour retrouver les effectifs de 2007 », le Président rejetant au passage la responsabilité du manque de policiers sur son prédécesseur). La masse salariale correspondante n’est pas considérable, sans doute autour de 700 millions d’euros, charges sociales comprises, mais le coût d’un emploi créé, lui, est sans doute très supérieur, pour tenir compte du recrutement et de la formation de ces nouveaux fonctionnaires, de l’équipement qui accompagne nécessairement un supplément de personnel. Donc l’ordre de grandeur est certainement de quelque 2 à 3 milliards d’euros. De plus, il est annoncé que ces effectifs seront augmentés sur une période de deux ans. Les dépenses envisagées sont donc a priori très inférieures à ce que représente le recrutement de 60.000 fonctionnaires de l’Éducation Nationale, objectif affiché par le gouvernement d’ici 2017, qui est réalisé aujourd’hui à moitié.

Les rallonges budgétaires

En fait, toute projection sérieuse est peu crédible, parce que les débats sur la loi de finances en cours au Parlement seront l’occasion de rompre avec « l’austérité » tellement décriée par la classe politique, notamment à gauche. C’est un atout électoral inattendu et précieux : en rognant sur les maigres restrictions envisagées qui ont mécontenté la clientèle de gauche, en rétablissant quelques allègements fiscaux dont la suppression a mécontenté les classes moyennes, les socialistes vont essayer de se rendre populaires. Ils feront tout pour effacer l’image imprimée par les lois Macron étiquetées ultra-libérales. Ils se retrouveront sur leur terrain favori : celui de la démagogie, déguisée en justice sociale. Ce sera la revanche de Sapin sur Macron.

Terrorisme et croissance

Après le 11 septembre 2011, George W. Bush et le président de la Fed Alan Greenspan ont cédé à la peur. Ils ont craint qu’une vague de pessimisme freine consommation et investissement (toujours une approche keynésienne de la croissance) et ils ont recouru à la médecine keynésienne habituelle. Le « quantitative easing » a fait son apparition et n’a cessé de guider la politique monétaire depuis lors. La peur est mauvaise conseillère : la relance des crédits immobiliers avec les subprimes a déclenché la crise de 2008. Ensuite, le G 20 a pris la même direction, recommandant des déficits financés par des créations monétaires : les taux d’intérêt sont progressivement devenus négatifs, et le sont toujours.

La France de François Hollande bénéficie de la complicité de la Banque Centrale Européenne. Elle peut continuer à s’endetter tant que le service de la dette ne coûte que de minimes milliards. Si les gouvernements français successifs se sont exposés aux mesures punitives de Bruxelles, ils obtiennent aujourd’hui une absolution pour leurs péchés budgétaires, d’autant plus que Mario Draghi entend ne pas suivre la Fed si elle s’avisait de hausser les taux. Le gendarme Junker devra faire profil bas et témoigner son indulgence et sa solidarité à l’égard des pauvres Français. Évidemment la croissance ne sera pas au rendez-vous, mais ce sera la faute au terrorisme. Dans ces conditions, le principe de stabilité devait nécessairement sauter.


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  • Ce qui est consternant c’est de voir que nombre de Français suivent aveuglément ces dirigeants incompétents en tous domaines :

    * déclaration de guerre au terrorisme dès 2013, au Mali où au demeurant seulement quelques mois suffiraient selon notre docte président pour résoudre le problème. Cela fait bientôt 2 ans et on y est pour perpète…avec les brillants résultats que l’on sait suite à nos engagements supplémentaires en Centrafrique, en Irak et en Syrie, en terme de renforcement de notre sécurité : attentats de janvier et du 13 novembre. Bilan : 147 morts et de nombreux blessés.

    * économie à genoux : 600 000 chômeurs en plus en 3 ans sans compter les futurs sans emplois (150 000 emplois d’avenir -rigolez pas sur l’appellation – !) dans les années à venir. Au total 750 000 personnes à la rue en terme de travail. C’est fort, très très fort….Et la fête va continuer avec toutes les mesures mortifères prises à l’encontre de ceux qui créent de la richesse.

    * finances en berne : -déficit budgétaire plus important (dès lors que les recettes depuis trois ans ont galopé plus vite) même si il est affiché un peu en recul. Trompe l’œil que beaucoup n’ont pas compris.
    – endettement qui est passé de 1789 milliards d’euros à fin juin 2012 à 2105 milliards à fin juin 2015. Soit en 3 ans 316 milliards supplémentaires.
    On note bien que comme le dit l’éminent Sapin que les finances sont mieux gérées. En effet quand l’endettement s’envole, la maîtrise des finances publiques est évidente !

    Mais quand donc certains Français se réveilleront ? Je crois savoir que lorsque nous allons être contraints de rogner, car il le faudra bien, sur les subsides aux fonctionnaires hyper protégés et aux assistés sociaux, là il va y avoir révolte. Et c’est bien normal…en effet comment imaginer un seul instant qu’on puisse solliciter, aux fins de redressement des finances publiques, ces 2 catégories dont les vertus sont incontestables ? Mais malheureusement les autres, ceux qui ne bénéficient pas de la manne publique, ceux qui produisent de la richesse, vont aussi en prendre plein le museau !

    L’écroulement de l’édifice France se profile, nous sommes les Grecs de demain matin !

  • « le Président rejetant au passage la responsabilité du manque de policiers sur son prédécesseur » – ce qui est pour le moins outrancier. Certes Sarkozy a supprimé des postes de policier.
    Mais Hollande aussi ! au moins 2.000 en trois ans.

    De manière plus générale, ce nouveau coup porté à nos finances publiques est inutile et surtout désastreux pour notre souveraineté.

    Inutile, d’une part parce que, comme le montre l’article, les coûts ne sont pas si élevés. Inutile aussi car le problème vient surtout du fonctionnement de la Justice.

    Désastreux. il est aberrant que les Français n’aient pas encore compris que quand on est endetté jusqu’au trognon on perd toute marge de manoeuvre en terme de souveraineté (et donc de liberté et de sécurité). A qui emprunte-t-on, à qui brade-t-on les « bijoux de famille » pour tenir nos engagements.
    Bien souvent à des Etats qui financent nos pires ennemis.

  • Si on ajoute qu’Hollande et d’autres ont dit que le terrorisme est la faute du réchauffement climatique (sécheresse en Irak/Syrie qui n’a bien sûr rien à voir avec la destruction de tous les réseaux d’irrigation ?!?!) on déduit que le manque de croissance chez nous est due au « réchauffement climatique ».

    Chez nous seulement parce qu’en Angleterre le chômage est à 5% et il est à 6% en Allemagne…

    Comprenne qui peut.

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