Renault-Nissan : l’État, un encombrant actionnaire

Bercy n’a jamais cessé de mettre son nez dans les affaires du constructeur français Renault-Nissan.

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Renault-Nissan : l’État, un encombrant actionnaire

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 novembre 2015
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Par Cathy Préaux
Un article de l’ALEPS

logo Renault (Tous droits réservés)C’est un conflit actuel, mais un débat récurrent. Le conflit oppose le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, et le PDG de l’Alliance Renault-Nissan Carlos Ghosn. L’Alliance a pour substrat juridique la prise de participation de Renault dans Nissan (43,4 % du capital) et de Nissan dans Renault (15%), où le reste des actions est possédé et par l’État français (19,7 %) et par les actionnaires privés (62 %). C’est du temps où Renault était dirigé par Louis Schweitzer que Nissan a été choisi comme partenaire. Renault mettait de l’argent au pot, Nissan apportait un réseau mondial que Renault n’avait pas.

Mais Bercy n’a jamais cessé de mettre son nez dans les affaires du constructeur français et dans la gestion de Carlos Ghosn, pourtant efficace. Il y a six mois, s’appuyant sur une innovation du droit français des sociétés, Bercy a acheté assez d’actions de Renault pour doubler ses droits de vote aux assemblées de la firme. Désormais, avec deux fois 19,7 % Bercy prétend être le maître de Renault. Carlos Ghosn ne l’entend pas ainsi, ni les actionnaires de Nissan, ni les autres administrateurs de Renault. Jeudi dernier, le Conseil d’Administration de Renault a soutenu Carlos Ghosn contre Macron.

Le débat est ancien : qu’est-ce que l’État vient faire dans la gestion de sociétés privées ? La question se pose depuis que l’on a pratiqué, en France, comme en Angleterre par exemple, des pseudo-privatisations. L’État cède la propriété des entreprises, mais s’attribue soit un droit de veto (« golden share » anglaises, ou « noyaux durs de Monsieur Balladur) soit un droit de regard (commissaires au conseil) soit un droit de gestion : c’est le cas de Renault.

Le fond du problème c’est que l’État est un actionnaire peu soucieux de rentabilité. À Bercy règne encore la nostalgie de ces bonnes vieilles entreprises (Régie Renault) nationalisées, déficitaires, « vitrines sociales » faisant une large part aux syndicats et aux comités d’entreprise. Entre public et privé, contrairement à ce que l’on dit, il ne saurait y avoir de partenariat durable : le couple n’est pas assorti. Le capitalisme d’État se refuse à être capitaliste, il demeure toujours étatiste.

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  • « l’état est un actionnaire peu soucieux de rentabilité » : que nenni, sous couvert de gestion pseudo passive, l’état est un actionnaire des plus rapaces du point de vue des dividendes. il suffit de regarder le pay-out ratio des entreprises où l’état a une participation non négligeable pour constater qu’année après année, la distribution de dividendes se fait toujours au maximum, quitte à hypothéquer l’avenir de ces entreprises : c’est typiquement le cas d’Orange, Engie, etc.

    et au cas d’espèce que l’état via Macron s’agite pour montrer ses gros bras, c’est typiquement le contraire de ce qu’il faut faire, ça effraie, à juste titre, les autres actionnaires.

    c’est typiquement ce qui avait fait échouer la fusion Renault-Volvo au début des années 90 quand le gouvernement français, pourtant de droite, avait réussi à effrayer les Suédois.

    quand à la loi sur mesure permettant de doubler les droits de vote de l’état, comment dire ?

    • « quand à la loi sur mesure permettant de doubler les droits de vote de l’état, comment dire ? »

      Je propose : on est jamais mieux servi que par soi même.

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