Les Américains riches sont ceux qui ont créé l’emploi

Le fameux 1% n’est pratiquement pas constitué de rentiers, mais d’entrepreneurs performants.

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Statue de la liberté (Crédits : benonrtherun, licence Creative Commons)

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Les Américains riches sont ceux qui ont créé l’emploi

Publié le 20 novembre 2015
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Par Valérie Pascale
Un article d’Emploi 2017

Statue de la liberté (Crédits : benonrtherun, licence Creative Commons)
Statue de la liberté (Crédits : benonrtherun, licence Creative Commons)

 

On sait le florilège dont les économistes égalitaristes comme Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty ont entouré les riches Américains en les accusant d’être des rentiers, des hauts salariés surpayés ou des spéculateurs jouant avec des « hedge funds ». Ces affirmations sans fondement ont été déjà largement désavouées par les monographies sur les milliardaires publiées chaque année par la revue Forbes et qui montrent que pour les 400 Américains les plus riches, 67 % ont tiré leur fortune des entreprises qu’ils ont créées ou développées et que ce pourcentage monterait à 90 % si l’on y incluait leurs parents.

Mais les 400 milliardaires dont la fortune, dans l’enquête 2015, débute vers 1,5 milliard, ne représentent qu’environ 3% de la fortune totale américaine qui dépasse maintenant les 70 trillions.

Les économistes égalitaristes sont généralement sans voix devant ces résultats mais ils se réfugient rapidement dans l’affirmation que ces milliardaires ont hérité d’une entreprise et n’ont fait que la développer, et surtout, que ces résultats ne s’étendent pas aux millionnaires, aux plus de 2 millions de foyers américains qui constituent le 1 % des plus riches, ces accapareurs.

Ceux-là dont le poids économique est 10 fois plus important que le milliardaire de Forbes, ont vu leur part du patrimoine total américain passer de 30 % vers 1980 à plus de 34 % aujourd’hui.

On savait déjà par les travaux de Cagetti et De Nardi, que les deux tiers du patrimoine du 1 % étaient détenus par des entrepreneurs.

Mais l’argument facile était de dire qu’ils s’étaient enrichis en achetant et revendant des terrains, ou par la spéculation financière.

Nous sommes heureux de montrer aujourd’hui que le 1 % est étroitement associé à la création d’emplois aux États-Unis et de pouvoir affirmer qu’ils ont créé plus du quart des emplois existants, les entrepreneurs de toute condition ayant créé leur entreprise étant responsables de près de 60 % de ces emplois.

Ces résultats s’appuient sur un fichier respecté de tous les économistes et qui s’appelle le « Survey of Consumer Finances » (SCF) réalisé tous les trois ans par la Banque Fédérale américaine.

Le fichier SCF et ses résultats

Nous avons découvert la base SCF grâce à l’économiste américain marxiste Richard D. Wolff qui, en commentant les résultats des enquêtes SCF 2010, s’étonnait que 75 % du 1 % les plus riches soient constitués de petits entrepreneurs individuels.

Nous pouvons aujourd’hui confirmer à partir des résultats de l’enquête 2013, que sur les 117 millions d’emplois américains recensés cette année-là, 68,5 millions soit 58 % étaient employés dans des entreprises directement gérées par des entrepreneurs qui les avaient créées, et non pas héritées ou même achetées.

Sur ces 68 millions, 31,6 millions sont le fait d’entrepreneurs que leurs revenus classent dans le 1 %.

Grâce à cette enquête nous savons également que ces entrepreneurs ont investi 234 000 $ par entreprise1 et se retrouvent maintenant avec une valeur estimée par eux pour leur part à 534 000, soit sensiblement un doublement.

Le chiffre d’affaires total des entreprises créées par des entrepreneurs serait de 15,7 trillions, sur lesquels la part du 1 % serait de 12,8 trillions. On sait que le PIB américain 2013 est de 16,8 trillions ; mais ces deux chiffres ne sont pas contradictoires car la valeur ajoutée dans le chiffre d’affaires est généralement de l’ordre de 40 %.

Solidité de nos calculs

La question que tout un chacun pourra se poser concerne la solidité de ces chiffres, et nous nous la sommes bien entendus posée. Ayant toute la série des enquêtes SCF depuis 1989, nous avons pu vérifier que nos chiffres « collaient » avec les quelques enquêtes déjà publiées par les experts officiels et qui portent sur l’année 1989.

Nous invitons tous nos lecteurs à nous adresser leurs critiques ou suggestions, mais jusqu’à présent, ces chiffres nous sont apparus cohérents.

Par exemple, le nombre d’entrepreneurs ayant créé leur entreprise et appartenant au 1 % serait de 770 000 soit un peu plus de 7 % des 10 millions d’entrepreneurs ayant créé leur entreprise et recensés dans l’enquête 2013.

Or, c’est un fait connu, notamment par les études de l’OCDE, le pourcentage d’entreprises à forte croissance qui créent l’essentiel de l’emploi est compris entre 6 et 8 % des entreprises, la plupart des autres entreprises créées n’ayant pas l’ambition de croître au-delà de leur création et de l’emploi du créateur avec, parfois, des membres de sa famille.

Le rôle capital pour l’emploi du 1%

Un des résultats remarquables de ce chiffrage est que le montant mis par l’entrepreneur au départ est beaucoup plus important dans le cas du 1 % que dans le cas général puisqu’il se monte à 1 300 000 $ contre seulement 234 000 en moyenne par entrepreneur.

Mais les emplois créés par un entrepreneur appartenant au 1 % sont de 41 contre seulement 6,7 pour la moyenne.

Le plus étonnant, et nos lecteurs pourront peut-être nous aider sur ce point, c’est que nous n’avons trouvé aucune étude publiée sur internet sur la création d’emplois, tirée de cette enquête SCF, alors qu’elles abondent sur les patrimoines ou l’enrichissement.

Peut-être nous permettront-elles de mesurer l’impact qu’ont eu les changements de taxation sur les plus-values et de montrer, comme nous l’avons déjà rappelé à propos de l’expérience Roosevelt 1936, que taxer trop fortement les plus-values comme le souhaitent les égalitaristes, et comme l’a fait la France, c’est casser la motivation à créer une entreprise, et casser l’emploi qui s’y rattache.

Les chiffres de l’enquête 2013 démontrent en eux-mêmes déjà le rôle capital qu’ont ceux qui deviennent riches sur la croissance de l’emploi et la nécessité pour créer des entreprises ayant beaucoup d’employés d’investir massivement. Nous laissons ceux qui croient encore au succès du capitalisme d’État le démontrer avec les résultats de l’ANVAR, OSÉO ou maintenant la BPI.

Nous rappelons que c’est parce que les Américains ont créé 50 millions d’emplois de plus entre 1980 et 2010 qu’ils ont pu accueillir 30 millions d’immigrés dont 15 très pauvres et peu éduqués.

C’est le même challenge auquel l’Europe est aujourd’hui confrontée.

  1.  À comparer avec une moyenne française autour de 60.000 € et des subventions du programme d’incitation gouvernemental ACCRE autour de 3.000 €.
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  • Concernant l’ACCRE en France, je pense que le montant est nettement supérieur à 3000€, dans la mesure où son montant correspond grosso modo à 15 mois de pension chômage, qui est l’alternative.

    Pour le reste, oui, l’entrepreneur est probablement le seul espoir pour la France comme ailleurs. Mais son succès passe par l’épargne privée, qui est massacrée ou fléchée n’importe comment.

    • Pour avoir bénéficié de l’ACCRE et vu que j’ai monté mon entreprise en sortie d’études (donc sans droit aux allocations chômage), je peux donc dire avec certitude que les 3000€ sont réalistes, puisque le seul gain est la réduction des cotisations au RSI (RAM+Organic à l’époque). Une réduction pas monstrueuse d’ailleurs.

      Et pour les chômeurs, je ne vois pas pourquoi il faudrait compter leur indemnité chômage puisqu’ils y ont cotisé et que la somme qu’ils auraient du toucher est divisée par deux s’ils la prennent d’un coup pour former un capital !

      Finalement, le gain le plus inattendu et qui devrait être pris en compte, c’est que l’on peut déduire 25% de son capital de ses impôts à payer.

  • Son succès passe bien sur par l’argent disponible de l’acheteur.

    Il faut acheter Francais pour faire tourner localement l’économie c’est pas en achetant le dernier iphones/android/pc chinois comme je vois faire beaucoup que l’argent va être disponible …

    Il est préférable de faire travailler son voisin que le petit chinois du coin de l’asie …

    Il sont ou vos articles là dessus =) ?

  • dire que les riches créent des emplois est totalement faux , les riches empêchent la création de plus d’emplois en captant une grande part des possibilités d’investissements et d’inventivité des..salariés…il faut plus de petites entreprises avec des patrons non millionnaires et moins d’entreprises de milliardaires …pas très libéral mais le culte du patron-dieu créateur de salariés a assez duré d’ailleurs son but n’a jamais été de créer des emplois mais du pouvoir !.

    • Le but d’une entreprise n’est pas de créer de l’emploi mais de la richesse. Du coup que ce soit les riches ou les pauvres qui créent de l’emploi, on s’en fout. Le tout est que la liberté d’entreprendre ne soit pas bridée par des réglementations aussi obsolètes que stupides. On peut dire de même pour la fiscalité.

      « les riches empêchent la création de plus d’emplois en captant une grande part des possibilités d’investissements et d’inventivité des..salariés »
      –> des exemples?

      Le libéral n’est pas pour le patron, il est pour l’individu. Au passage, le salarié est un entrepreneur comme les autres, proposant ses services contre rémunération.

      • « les riches empêchent la création de plus d’emplois en captant une grande part des possibilités d’investissements et d’inventivité des..salariés »
        un milliardaire égal 1000 millionnaires…qui des 2 groupes impliquera le plus de salariés dans sa vie de tous les jours , qui des 2 groupes aura le plus d’idées et d’inventivité ?
        en fait , un milliardaire ne crée que des emplois de millionnaires tandis que le millionnaire créera des emplois de smicards….mais que vaut le cerveau d’un homme sans autre ambition que de rester au sommet de la pyramide a coté de mille cerveaux voulant décrocher la lune , et il leurs en faudra des smicards pour arriver a leurs fins car la richesse vient toujours du bas !

        • Et le milliardaire il en fait quoi de son fric?
          Quand il le consomme il fait marcher les entreprises. Quand il ne consomme pas, il le redistribue, à travers soit l’épargne, soit l’utilise comme un business angel, soit le remet dans l’entreprise. Dans tous les cas, il est un maillon de l’économie.
          D’ailleurs, il est intéressant de constater que fiscalité et réglementation oblige, il y a plus de riches héritiers en France qu’aux usa quand on prend les 500 premières fortunes.
          Bref, je ne taperai pas sur les milliardaires parce qu’ils sont plus riches que je ne le serai jamais. Je leur dirai bravo, pour avoir créer Google, Facebook, des boites de jeux vidéos, du loisir, des services que j’utilise tous les jours.

          Après tout le monde ne peut pas être milliardaire car tout le monde n’est pas inventif et compétent pour faire ressortir un service rentable qui plait à beaucoup de monde.
          Et oui la richesse vient d’abord du bas. Mais la richesse comme le boulot ne se partage pas comme un vulgaire gâteau, il se développe à l’infini.

          • le problème des milliardaires ne se pose pas comme cela à mon sens , ce qui me gêne dans l’utilité sociétale du milliardaire au jour d’aujourd’hui , c’est que ces quelques centaines de personnes décident pour les quelques milliards d’autres dans quel secteur les dividendes seront investit , certes pour la plupart de ceux -ci , grâce ou à cause du mécanisme de la cupidité, ils choisiront des secteurs avec forte demande de consommation (genre l’art contemporain , les bouteilles de vin que l’on ouvre jamais , les pieces d’or ou d’argent que l’on ne consomme pas , voir le top , des boites aux lettres . mais d’un autre côté , si on demandait aux consom’acteurs de poser leurs smartphones , de couper leurs télés/pub et de sortir des grandes surfaces pendant 48h … et qu’ensuite on leur demandait dans quel secteur ils souhaiteraient voir avancer prioritairement l’humanité, je doute fortement que leurs réponses soient  » de nouvelles applications, une nouvelle génération de smartphone ou un énième coupé sportif » … peut être bien qu’ils répondraient , la fin de la faim … du cancer , des maladies orphelines, la colonisation de mars … voir imaginons le pire du pire … la fin de l’obsolescence , non c’est trop affreux , continuons les smartphones , il reste encore quelques plages africaines sans monticules plastifiés !

            bref personnellement les milliardaires , je serais pour leurs donner une carte bancaire qui leurs permettent de consommer tout et à volonté jusqu’à la fin de leur vie … par contre pour le choix de la direction que prend l’humanité … l’idée d’utiliser la démocratie à la place du « marché » , je trouve l’idée très novatrice 😉

            ensuite sur la notion de « c’est les milliardaires qui créent l’emploi  » …de 2007(avant crise) à 2015 nous sommes passé de 946 milliardaires à 1826 , et ceux ci sont de plus en plus riche années après années (dites , dans un monde sans croissance … ils viennent de quelles poches ces sous), et malgré cette orgie de nouveaux riches , l’emploi dans le monde occidental est encore loin , très loin d’être revenu au niveau de 2007 , que cela soit en terme de quantité , qu’en terme de qualité …moi, j’ai comme l’impression que le fameux moteur économique « des milliardaires créateurs ex nihilo d’emploi » ne soit qu’une bonne blague , je me demande si la légendaire notion de « conjoncture » ou bien « la demande » qui elle , s’est lamentablement effondrée depuis 2007 , quelle soit privé ou public , ne soit en fin de compte la seule et unique créatrice d’emploi . enfin moi , j’attend toujours  » le million , le million,le million !! » d’emploi de Mr Gattaz . j’imagine qu’il attend la péridurale avant de les accoucher 🙂
            ps: désolé pour la montagne de fautes

      • « que la liberté d’entreprendre ne soit pas bridée par des réglementations aussi obsolètes que stupides. »

        Je crois que c’est la phrase qu’a dites le « libre entrepreneur bucheron » qui abattait le dernier arbre de Rapa Nui il y a quelques centaines d’années .
        Sacré libéraux , ne le prenez pas mal , mais vous êtes tellement « libre penseur » que vos esprits en oublient parfois l’attraction terrestre.

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