D’où provient la valeur des bitcoins ?

Si les bitcoins ont de la valeur, c’est qu’ils sont rares et utiles. Petite explication.

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bitcoin (Crédits Duncan Rawlinson, licence Creative Commons)

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D’où provient la valeur des bitcoins ?

Publié le 13 novembre 2015
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Par Benoît Moreau.

bitcoin (Crédits Duncan Rawlinson, licence Creative Commons)
bitcoin (Crédits Duncan Rawlinson, licence Creative Commons)

Comprendre d’où provient la valeur des bitcoins c’est comprendre une règle simple mais essentielle : « pour avoir de la valeur, un objet doit être utile et rare » (John Moser). Bitcoin n’échappe pas à cette règle.

Ces deux conditions sont cumulatives :

  • La rareté seule ne suffit pas, les poissons à trois yeux sont rares pourtant personne ne se bat pour les manger.
  • Tout comme une grande utilité ne justifie pas forcément une grande cherté : l’oxygène est indispensable à la vie, pourtant, tant qu’il est abondant et facile d’accès, il est gratuit. Sous l’eau en revanche, là où il est rare et où il faut l’emmener en bouteille, il redevient payant.

Enfin il faut savoir que l’utilité que chacun accorde à un bien ou un service lui est propre. C’est une estimation subjective qui variera au gré des préférences et des besoins de chacun. Libre à vous d’apprécier la cornemuse, les escargots ou les monochromes de Pierre Soulages, mais ce n’est probablement pas le cas de tout le monde.

C’est ce que les économistes de l’école autrichienne appellent la conception subjective de la valeur.

Par conséquent, il est très difficile de donner un juste prix du bitcoin : pour certains il ne vaudra rien et même à 10 centimes d’euro l’unité ils n’en achèteraient pas ; pour d’autres en revanche qui croient à son potentiel à long terme, même à 1 000 € l’unité ils ne vendraient pas leurs précieux bitcoins.

C’est ce que l’écrivain américain Charles Dudley Warner (1829-1900) résumait ainsi :

« Il n’existe pas de valeur absolue dans ce monde. Vous ne pouvez estimer que ce qu’une chose vaut pour vous »

Néanmoins nous pouvons affirmer avec certitude ceci : tant que les bitcoins seront à la fois rares et utiles, ils auront de la valeur !

Il est donc fort intéressant de se pencher un instant sur ces deux qualités :

Les bitcoins sont rares

Les bitcoins sont émis selon une fonction de production décroissante jusqu’à ce qu’une quantité maximale de 21 millions de bitcoins ait été atteinte aux alentours de 2140.

Courbe d'émission des bitcoins
Courbe d’émission des bitcoins

Cette règle d’émission est publique, elle est inscrite dans le code source du protocole Bitcoin et tous les utilisateurs de Bitcoin veillent à ce qu’elle soit correctement appliquée.
L’intérêt principal de ce schéma de production à la fois limité et prévisible est de proposer une monnaie digitale protégée contre les changements intempestifs de politique monétaire : une monnaie numérique immunisée à long terme contre l’inflation, à l’image des métaux précieux.
Par ailleurs, cette architecture de Bitcoin, à la fois open-source et participative, est particulièrement robuste. Des milliers d’individus, dont de nombreux spécialistes, auditent le réseau en permanence et de fait il n’existe absolument aucun faux bitcoin en circulation.
Les bitcoins sont donc relativement rares et le resteront. Actuellement, il y en a environ 14 millions en circulation.

Les bitcoins sont utiles

Tout en gardant à l’esprit qu’au final cette appréciation est personnelle, l’utilité de Bitcoin repose principalement sur deux facteurs : d’une part sur les caractéristiques intrinsèques de Bitcoin, toutes ces qualités qui rendent cette innovation unique et susceptible d’intéresser un large public, et d’autre part sur l’effet réseau, à savoir que c’est aussi le taux d’adoption des bitcoins qui détermine l’usage qu’on peut en faire et par conséquent leur utilité. En clair, si personne n’accepte les bitcoins, les bitcoins ne vous serviront pas à grand-chose, inversement plus ils seront acceptés, plus ils vous seront utiles.

Ces deux aspects étant de la plus haute importance, je les développerai chacun dans un article à la suite de cette série.

Lire aussi : Contrôle de la monnaie : l’angoisse de Satoshi, inventeur du Bitcoin

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  • Effectivement, la rareté est le moteur principal du Bitcoin, du moins tant que les utilisateurs seront persuadés que les règles du Bitcoin ne changeront pas.

    Il existe une autre source pour la valeur d’une monnaie, ce sont les contreparties lors de la création. Pour le Bitcoin, ces contreparties n’existent pas ou plutôt, elle n’existent plus car déjà consommées. Les Bitcoins sont émis en contrepartie de la puissance informatique nécessaire pour gérer les chaînes de sécurité. C’est à la fois une force et une grande faiblesse.
    C’est une force parce que cette puissance s’est retrouvée spontanément disponible et c’est une faiblesse parce que la puissance nécessaire à cette gestion est en croissance plus forte que le nombre de bitcoin émis. Il peut donc se trouver un moment où les propriétaires de ces ordinateurs trouveront que le jeu ne vaut plus la chandelle et abandonneront ce business. Alors que les premiers ont gagné une fortune, aujourd’hui, l’attribution de bitcoins se fait maintenant par un tirage au sort. Les créateurs travaillent sur l’optimisation du processus, mais nous ne savons pas si ce sera suffisant. Le bitcoin pourrait alors se retrouver dans la situation d’une bulle qui explose.

    Reste tout de même que le Bitcoin a ouvert la voie à une technologie prometteuse. Utilisée avec des contreparties moins virtuelles, il serait possible de créer des monnaies beaucoup plus efficace économiquement que le $ ou l’€. Le problème reste que les banques centrales ont encore un monopole et pourraient faire pression sur les contreparties si celles-ci deviennent visible. Les nombreuses monnaies locales ne sont tolérées que parce que la contrepartie est justement l’Euro.

    Seule la Suisse a ouvert la brèche avec le Franc Wir qui existe maintenant depuis plus de 80 ans et dont la contrepartie n’est pas le Franc Suisse mais de l’immobilier d’entreprises. Les transactions pour 10% du PIB Suisse sont faites au moins partiellement avec des Francs WIR. L’Etat Suisse n’a pas à s’en plaindre.

    • La contrepartie de l’euro c’est le papier ?

      Sinon pour que les transactions sur le bitcoin soient intéressantes pour ceux qui les prennent en charge il y a il me semble dans le protocole la possibilité de les rétribuer. Ca sera toujours moins cher que la commission carte bancaire.

      • La contrepartie de l’Euro, ce sont les dettes puisque la circulation monétaire en Euro se fait quasi-exclusivement par la création de dettes. La valeur de l’Euro repose sur l’idée que les dettes seront remboursées. Vu que les dettes sur la zone Euro représentent maintenant plus du double de la monnaie en circulation, la valeur de l’Euro repose plutôt sur l’idée que les emprunteurs ont encore des actifs de valeur supérieure à la valeur de leur dette. Comme, avec ce système, l’augmentation des dettes est le seul moyen de faire fonctionner l’économie, nous sommes plutôt face à une énorme pyramide de Ponzi.

        Pour les Bitcoins, faire payer les plateformes par une taxe sur la transaction n’est possible dans la durée que si la longueur des chaînes de sécurité cesse de s’allonger. Sinon, il arrivera toujours un moment où plus rien ne permettra de financer la plateforme.

  • Tout d’abord, remarquons que plus une société est riche plus la valeur des marchandises dans cette société est faible. Cela peut paraître paradoxal mais un rapide exemple devrait convaincre. Imaginons une société A pré-industrielle, sous-développée, dans laquelle recueillir des fruits, produire du pain demande un grand travail, est soumis aux aléas météorologiques. Imaginons maintenant une société B très industrialisée, robotisée, dans laquelle il est très facile en temps, en énergie physique, sans trop s’occuper des aléas météorologiques, de recueillir des fruits, de produire du pain. Il semble clair que la valeur d’une baguette de pain ou d’une corbeille de fruit sera supérieure dans la société A par rapport à la valeur de ces biens dans la société B pourtant plus riche que A. Partant de là, on pourrait donc se dire que si la monnaie est une marchandise comme les autres, le fait qu’elle perde de sa valeur est le signe que la société s’enrichit….

    Bien évidemment la monnaie n’est pas une marchandise comme une autre. La monnaie est ce qui permet d’exprimer la valeur d’échange des marchandises, c’est-à-dire en valeur monétaire. Aussi il semble assez curieux de chercher à copier ce qui s’applique aux marchandises à la monnaie. En effet, quel sens cela a-t-il de parler de la valeur de la monnaie si on cherche à l’évaluer comme la valeur des marchandises, en termes monétaires ? Quelle est la valeur monétaire de 10 euros ? Voilà une question qui est absurde, non ? Certains ont essayé d’employer une forme de réciprocité. Je m’explique. Si avec 10 unités monétaires vous pouvez acheter un bien A (ou 10 biens A’), cela signifie donc que 1 unité monétaire VAUT 1/10 de A (ou 1 A’). Idem si avec 20 UM vous pouvez acheter un bien B (ou 20 biens B’), cela signifie que 1 unité monétaire vaut 1/20 de B ou 1 B’. Déjà là, on devrait être interloqué car on a deux évaluations de la valeur de la monnaie, alors que réciproquement on a une unique évaluation monétaire des biens A et B qui permet de les comparer. Comment peut-on parler de valeur de la monnaie si aucune unité de mesure n’est établie ? Pour les biens, c’est facile puisque l’unité de mesure c’est précisément la monnaie. mais pour la monnaie ?

    Imaginons que la valeur de A reste la même (1A=10UM) mais que la valeur de B augmente (1B=30UM). On a là une contradiction. Si on en croit la mesure A, la valeur de la monnaie est restée la même, alors que si on en croit la mesure B, la valeur de la monnaie a diminué. Que choisir ?

    Le problème de la valeur de la monnaie n’est pas tant la question de la subjectivité que la question de l’homologie entre valeur de la monnaie et valeur d’une marchandise. La valeur d’une marchandise est uniquement liée (en tout cas dans la théorie orthodoxe) au désir de l’individu. Dans le cas de la monnaie, la valeur dépend non pas de ce que pense l’individu de la monnaie mais de ce qu’il pense que pensent les autres de la monnaie. En effet, si les autres individus n’acceptent pas la monnaie ou estiment qu’elle n’a pas de valeur, lui-même estimera que celle-ci n’ a pas de valeur. On est en plein mimétisme, ce que vous abordez à la fin de votre article et qui sera sans doute le sujet des prochains. Ainsi, ce qui fait la valeur de la monnaie ce n’est pas tant la rareté ni même l’utilité mais le mimétisme, la croyance en ce que les autres estiment être sa valeur.

    Maintenant, pour en venir plus particulièrement au bitcoin, ce qui me pose problème avec cette monnaie ou pseudo-monnaie c’est qu’elle interdit le crédit. Comprenons-nous bien, elle n’interdit pas à un individu A qui possède n bitcoins de prêter m bitcoins (avec m<=n) à un individu B, mais elle interdit le crédit ex-nihilo, la création monétaire sans laquelle le profit monétaire global, la croissance capitaliste globale en économie capitaliste est impossible (sans crédit ex-nihilo, une entreprise peut toujours faire des profits mais cela sera alors compensé par une perte pour une autre, un jeu à somme nulle).

    • Vous avez raison. Bastiat a clairement repéré cela : il n’y a de la valeur que lorsque des obstacles se dressent devant la satisfaction de nos besoins. Dans ce cas, nous valorisons les efforts fournis par d’autres personnes qui produisent les biens qui répondent à nos besoins. Si nous étions capables de satisfaire seuls nos besoins, nous n’aurions pas à valoriser les efforts des autres et nous en serions plus riches. Pour lui, la richesse provient de l’utilité des choses, non de leur valeur. Il serait en effet contradictoire de confondre richesses et obstacles. Toujours d’après Bastiat, la valeur naît de l’échange.

      Je ne suis plus d’accord avec vous quand vous dites que la valeur de la monnaie n’est pas liée à son utilité. L’utilité de la monnaie réside dans sa capacité à nous procurer d’autres biens. Dans l’échange, elle nous permet d’estimer la valeur d’un bien : sans monnaie (troc) on compare une marchandise avec une autre mais comme elle facilite les échanges, on utilise la monnaie comme étalon.

      Les prix sont donc des taux d’échange :
      – si j’échange 1 pomme contre 2 oranges, 1 pomme vaut 2 oranges et 1 orange vaut 0.5 pomme.
      – si j’échange 1 kilo d’orange contre 4 €, 1 kilo d’orange vaut 4 € et 1 € = 250 grammes d’orange.

      La valeur de la monnaie correspond à son pouvoir d’achat : la quantité de biens et de services qu’elle permet d’obtenir. Si nous pensons que les autres ne l’accepteront pas en échange de leurs biens, celle-ci perdra de la valeur… car elle sera alors moins utile.

    • @L.S7
      « la création monétaire sans laquelle le profit monétaire global, la croissance capitaliste globale en économie capitaliste est impossible (sans crédit ex-nihilo, une entreprise peut toujours faire des profits mais cela sera alors compensé par une perte pour une autre, un jeu à somme nulle). »
      Cette phrase est tout simplement fausse. L’économie peut parfaitement fonctionner sans création monétaire. La notion de « croissance capitaliste globale » est vide de sens

      « Le profit, au sens large, est le gain dérivé de l’action ; c’est l’accroissement de satisfaction (la diminution de la gêne) qui en résulte ; c’est la différence entre la valeur plus élevée attachée au résultat atteint et la valeur plus faible attachée aux sacrifices consentis pour sa réalisation ; autrement dit, le résultat moins les coûts. Faire un profit est invariablement l’objectif recherché par toute action. Si une action échoue à atteindre les fins cherchées, le résultat ou bien ne dépasse pas les coûts, ou est moindre que les coûts. Dans ce dernier cas le résultat signifie une perte, une diminution de la satisfaction.
      Nous ne pouvons même pas penser à une situation où les gens agissent sans l’intention d’atteindre un profit psychique et où leurs actions ne résultent ni en un profit psychique ni en une perte psychique. Dans la construction imaginaire d’une économie en rotation uniforme, il n’y a ni profits monétaires ni pertes monétaires. Mais chaque individu dérive un profit psychique de ses actions, sans quoi il n’agirait pas du tout. [Ludwig von Mises, L’Action Humaine, XV,8]

      • La création monétaire est nécessaire à la croissance capitaliste, à l’existence du profit monétaire. La preuve est si triviale que je m’étonne qu’il existe encore des personnes qui le nient.

        Prenons une société dans laquelle il n’y a que deux entreprises, A fournissant du bois, B une autre travaillant le bois pour fabriquer des objets, des outils. Les consommateurs se fourniront aussi bien chez A (par exemple pour se chauffer) que chez B (pour obtenir des meubles), de même, l’entreprise A achètera des biens chez B (des outils par exemple) et B achètera du bois chez A.

        Appelons Ca, la consommation de biens A par les consommateurs, Ia la consommation de biens A par l’entreprise B, Cb la consommation de biens B par les consommateurs, Ib la consommation de biens B par l’entreprise A, Sa, les salaires versés par l’entreprise A, Sb les salaires versés par l’entreprise B.

        Définissons le profit comme la différence entre recettes et dépenses (définition certes grossière mais qui sera suffisante).

        Pa (profit de l’entreprise A) = Ca+Ia-Sa-Ib
        Pb (profit de l’entreprise B) = Cb+Ib-Sb-Ia

        Le profit global P=Pa+Pb=Ca+Cb-Sa-Sb

        Si on pose C=Ca+Cb et S=Sa+Sb, on a alors C=S (on suppose qu’il n’y a pas d’épargne, que tous le salaire est consommé). Et donc P=0. Pour que le profit monétaire soit positif, il est nécessaire d’injecter de la monnaie dans le circuit économique (que cette création soit le fait d’agents publics ou privés).

        Maintenant si vous estimez qu’une entreprise peut être profitable tout en ayant une perte plutôt qu’un bénéfice….

        • « on suppose qu’il n’y a pas d’épargne, que tous le salaire est consommé »

          C’est justement ça l’erreur. Dans le monde réel, ça n’est pas vrai, donc toute conclusion d’un raisonnement qui part de cette hypothèse est faux, quelles que soient les mathématiques qu’on utilise.
          C’est l’erreur habituelle des économistes néoclassiques : démontrer par exemple que l’économie est en équilibre en partant de l’hypothèse … que l’économie est en équilibre !

          • Vous faites erreur. faux n’implique pas nécessairement faux. Revoyez les règles de logique si vous les invoquez. Si vous voulez je peux ôtez cette hypothèse, cela signifiera que C est inférieur à S ce qui conduire à un profit négatif…. L’avez-vous compris ?

            • Mon dieu. C’est n’importe quoi.

            • Un profit négatif…

            • Il faut remettre votre raisonnement à l’endroit. Vous avez construit un (petit) modèle de l’économie et vous vous en servez pour démontrer que, avec les hypothèses constitutives de ce modèle, la création monétaire est nécessaire à la croissance. Ça prouve une seule chose : que votre modèle est faux (disons insuffisant pour être gentil). La structure logique du raisonnement n’est pas en cause, mais simplement le modèle de départ, qui est construit pour conduire à la conclusion désirée.

              • … ce qui est le cas de (presque) tous les modèles utilisés par les économistes « mainstream », si ça peut vous consoler…

              • non je peux mettre en plus l’hypothèse qu’existe une épargne (E) ,cela signifie donc que C+E=S, il ne faut pas avoir grande connaissance mathématiques pour comprendre que cela implique que C<S, cela implique donc d'après mon raisonnement qu'il n'existe même pas de profit, mais une perte….

                • Votre vision macro et comptable du profit vous empêche de le concevoir comme le mobile de tout effort humain. C’est là que se situe le désaccord.
                  Je crois aussi que cette vision vous empêche d’intégrer un paramettre essentiel de l’activité économique : le temps. Votre modèle est statique alors que l’économie est dynamique : les individus, les entreprises… incrivent leurs actions dans le temps.
                  C’est uniquement à la fin de chaque processus de production que l’on peut juger de sa rentabilité. Tout ce que l’on peut dire et observer c’est qu’à terme, certaines productions sont profitables et d’autres non.

                  Alors que vous parlez de profit monétaire, je crois que vous oubliez que la monnaie n’est que le moyen qui nous permet d’estimer les profit et les pertes, c’est à dire de réaliser une comptabilité. Mais cela ne change rien au fait que le profit est d’abord une différence positive entre le revenu et le coût avec ou sans monnaie.

                  • MODÉRATION CONTREPOINTS

                    Message supprimé.
                    L.S7 : banni pour usurpation de pseudonyme d’un autre commentateur (Ilmryn).

                    • C’est simple, nous avons une conception différente de l’économie. Vous trouverez ici bcp de commentateurs qui pensent l’économie à partir d’une réflexion sur les principes de l’action humaine (voir évidemment Mises et la praxéologie). C’est mon cas. De cette réflexion, découle une série de principes simples qui sont toujours au départ de ma compréhension du phénomène économique.

                      La recherche du profit en est un. Je considère que Robinson coupant du bois réalise un profit s’il estime que le résultat de son action lui apporte un accroissement de bien être par rapport à sa situation initiale. Il effectue un calcul économique en comparant le résultat obtenu avec l’effort fournit.

                      Dans une économie plus développée l’échange progresse et la monnaie apparaît. Elle facilite les échanges et le calcul économique. Je le répète, les entreprises font une comptabilité en utilisant l’unité monétaire mais ils ne sont pas les seuls. Nous faisons tous cela, nous utilisons l’unité monétaire au quotidien pour comparer, choisir, consommer… Pour évaluer le profit qui est le mobile de nos efforts.
                      La monnaie est l’instrument de l’acteur, non de l’économiste. Celui-ci risque de se leurer en l’utilisant pour donner une définition objective du profit dans le cadre d’une vision macro de l’économie.
                      Le profit est d’abord la perception subjective d’une amélioration du bien être.

                    • MODÉRATION CONTREPOINTS

                      Message supprimé.
                      L.S7 : banni pour usurpation de pseudonyme d’un autre commentateur (Ilmryn).

                    • Même réponse qu’un peu plus loin (j’avais commencé par là). Les idées que vous prêtez aux « autrichiens » sont exactement l’inverse des idées qu’ils professent;
                      Lisez par exemple Mises http://www.amazon.fr/Abr%C3%A9g%C3%A9-LAction-humaine-trait%C3%A9-d%C3%A9conomie/dp/2251390375/
                      (avec mes excuses pour l’autopromotion)

                    • « >>MODÉRATION CONTREPOINTS
                      L.S7 : banni pour usurpation de pseudonyme d’un autre commentateur (Ilmryn). »

                      Merci : )

        • A la réflexion, je pense que notre désaccord vient de ce que vous parlez de profit MONETAIRE et de croissance CAPITALISTE, deux notions dont je ne connais pas le sens et dont je ne vois pas l’utilité.

          Ce que je dis, c’est que la croissance tout court, qui consiste par définition a produire de plus en plus de richesses REELLES avec les mêmes ressources REELLES, n’a même pas besoin de monnaie, sans parler de croissance de la « masse monétaire ». La possibilité d’échanges indirects, qui est la seule vraie fonction de la monnaie (n’en déplaise à Aristote), permet de faciliter et d’accélèrer la croissance, mais il suffit pour ça qu’il existe de tels moyens, et il n’est pas nécessaire d’en créer en permanence.

          • je ne pense pas qu’il existe d’autre profit que monétaire en tout cas dans le langage économique. lorsque je parle de croissance capitaliste je veux simplement signifier l’existence d’un profit monétaire qui correspond à une accumulation capitalistique.

            Bien entendu on peut imaginer une société où les richesses augmentent sans création monétaire et même sans monnaie. Par exemple Robinson sur une île qui va couper du bois pour construire des outils qui lui permettront d’obtenir davantage de poissons, de mais, etc. On peut même imaginer un Robinson et un Vendredi, l’un produisant du blé, l’autre fabriquant des outils. Robinson, pour se procurer des outils auprès de Vendredi devra épargner une quantité de blé suffisante pour obtenir suffisamment d’outils pour améliorer sa production. Mais cela pourra prendre du temps, puisqu’il doit tout de même en garder pour se nourrir. Cela prendra du temps, la croissance économique existera mais sera lente. On voit que ce type d’économie amonétaire ne correspond pas à l’économie dans laquelle nous vivons. On peut désirer retourner à l’état de Robinson, mais il est certain que dans ce cas ce serait un retour en arrière.

            Tandis que si Robinson signait un engagement à Vendredi en lui promettant de lui fournir telle quantité de blé le mois suivant en échange d’outils, la croissance sera bien plus rapide. Or qu’est-ce cela sinon faire crédit non adossé à l’épargne ?

            • Eh bin, bravo ! Nous y voilà !

              Laissons de côté (pour un autre débat ?) la question de savoir pourquoi il faudrait distinguer la croissance capitaliste de la croissance tout court, ou l’économie capitaliste de l’économie tout court.

              Je me suis retenu d’écrire votre deuxième paragraphe, mais j’aurais pu. Il reste à compléter le troisième : si Robinson signe un engagement à Vendredi en lui promettant de lui fournir telle quantité de blé le mois suivant en échange d’outils, il n’y a pas besoin de monnaie pour ça, et encore moins de création de nouvelle monnaie. CQFD.

              • l’économie capitaliste est une économie monétaire. Lorsqu’on parle de capital, on parle en terme monétaire. Il ne faut pas confondre capital et biens de production, ou dit autrement capital économique et capital physique. C’est pour cela que je distingue croissance capitaliste et croissance. Dès que la monnaie entre en jeu, tout change.

                Bien entendu qu’il n’y a pas besoin de monnaie pour que Robinson signe un accord avec Vendredi, mais cela signifie également que c’est un crédit ex-nihilo, non adossé à l’épargne. Ce qui ressemble beaucoup à la création monétaire. Dans une société à moins de 3 personnes, la monnaie n’a pas grand intérêt. Je veux simplement montrer que même avec deux personnes il y a deux économies possibles : l’une où c’est l’épargne qui fait le crédit et une autre où c’est le crédit qui fait l’épargne, pour reprendre des formulations biens connues.

                L’hypothèse amonétaire est signalé par moi dès le début de mes robinsonnades, je trouve curieux que vous l’utilisiez contre mon raisonnement qui la suppose. En fait, je ne comprends pas bien ce que vous voulez montrer. Le fait que puisse exister une économie sans monnaie ? Mais c’est justement ce que je fais. Le fait qu’il puisse exister une croissance non monétaire,c’est encore ce que je dis. je dis seulement qu’elle est mins efficace et rapide. Le fait que puisse exister un profit non monétaire ? Là je dois dire que je vois mal où est le profit dans mes exemples. Sauf si on considère que Robinson qui reçoit des outils en échange de blé fait un profit et que Vendredi fait un profit en échangeant des outils contre du blé, ce qui donne un sens complètement différent au terme profit et surtout qui montre qu’une entreprise peut avoir un bilan comptable nul (et je pense même négatif) et faire tout de même des profits. Votre raisonnement est assez curieux.

                Je comprends bien que vous utilisez la signification de profit selon Mises, Rothbard, Nozick, entre autres, qui ont toujours refusé (comme d’ailleurs les philosophes/économistes classiques, mis à part Marx) de voir le rôle de la monnaie et de considérer que l’économie moderne est une économie de troc, mais cette conception du profit tombe finalement dans la pétition de principe qui se résume ainsi : tout échange dans un système libre conduit à un profit pour les deux parties. Preuve : s’il n’y avait pas profit ils n’échangeraient pas. C’est la contraposée de la proposition qui précède… D’ailleurs si cela était vrai comment pourrait-il exister des entreprises déficitaires puisque tout échange est un profit ? C’est là qu’on voit que leur conception du profit est complètement différente de la conception usuelle. Mais lorsqu’on connaît l’idéologie sous-jacente à leur penseé, on comprend pourquoi.

                • correction : « et qui ont toujours vu l’économie moderne comme une économie de troc » au lieu de  » et de considérer que l’économie moderne est une économie de troc »

                  • Bon, inutile d’aller beaucoup plus loin. En effet, j’utilise les mots dans le sens que leur donnent les économistes classiques et leurs continuateurs les « autrichiens », et non selon la conception que vous appelez « usuelle » qui prévaut depuis un siècle, et que je considère comme un tissu d’erreurs.

                    A part ça, dire que Mises, Rothbard (et Menger, et Hayek) « refusent de voir le rôle de la monnaie », ça c’est une monstrueuse erreur que seuls peuvent commettre ceux qui ne les ont jamais lus et croient encore à ce que leur en ont dit leurs profs.

                    • les auteurs autrichiens comme d’ailleurs les néoclassiques veulent « neutraliser » la monnaie car elle est justement un phénomène qui n’est pas explicable par leurs théories. L’individualisme méthodologique qui les caractérise les empêche de la penser. Comme souvent au lieu de regarder ce qui est ils préfèrent regarder ce qui doit être. ironiquement ils sont en plein constructivisme….

                      je suis navré mais je ne vois pas qui de sensé pourrait penser qu’une entreprise fait du profit alors que ces recettes sont inférieures à ses dépenses et cela malgré le « subjectivisme »….

                    • votre premier paragraphe est faux et archi-faux. Il prouve seulement que vous n’avez pas lu les auteurs autrichiens, ou si vous les avez lus que vous ne les avez pas compris. La réalité est l’exact inverse de ce que vous écrivez.
                      sur le deuxième par contre, je suis bien d’accord avec vous, si on se limite au profit « monétaire ». Mais comme le dit H.F.Y, ya pas que ça dans la vie…

                    • le profit monétaire n’est pas tout. je ne puis qu’être d’accord, mais c’est tout de même le but des entreprises en économie capitaliste.

                      Concernant les Autrichiens, peut-être me suis-je mal fait comprendre. Je n’ai jamais dit qu’ils ne s’étaient pas intéressé et réfléchi au rôle de la monnaie. je dis que leur théorie est inadaptée à la réalité, notamment leur théorie des cycles, du malinvestissement qui utilisent le mythe du multiplicateur monétaire c’est à dire la croyance selon laquelle la création monétaire des banques privées dépend de la création monétaire par les banques centrales. La causalité serait en fait plutôt inverse.

                      Leur proposition de banques libres, de concurrence monétaire montre également qu’ils n’ont pas compris qu’il est dans la nature de la monnaie de devenir monopolistique : idéal-typiquement, une bonne monnaie est une monnaie monopolistique, au sens où c’est le seul moyen de paiement utilisé. Cette proposition illustre bien leur impossibilité de penser le fait monétaire. La monnaie n’est pas une marchandise comme les autres, le phénomène monétaire doit être distingué du phénomène marchand, c’est cela qui pose problème aux Autrichiens, qui ne peuvent dépasser le marché.

                    • Arrêtons là car nous sommes en t(train de déborder largement du cadre du billet d’origine.
                      Mais je pense de plus en plus que vous avez très mal lu les autrichiens. Ce sont eux sont fondamentalement réalistes, et ce sont les néoclassiques qui ont inventé des modèles irréalistes dans le seul but de leur appliquer un traitement mathématique (comme vous).

                    • pour moi les Autrichiens et les néoclassiques sont simplement des cousins assez proches qui diffèrent sur certains points, notamment la place des mathématiques. Je ne suis proche ni des uns ni des autres. Selon moi ils sont davantage dans l’idéologie que dans la science économique. un point pour les néoclassiques tout de même : leur utilisation des mathématiques, points positifs pour les Autrichiens : la question du rôle de l’entrepreneur oublié par quasiment toutes les autres écoles et la question de l’incertitude traitée également par les keynésiens (pas les néo-keynésiens)

                    • C’est bien ce que je pensais. Lisez mieux (ou lisez tout court) Menger et Mises avant d’en parler.

                • « D’ailleurs si cela était vrai comment pourrait-il exister des entreprises déficitaires puisque tout échange est un profit ? »

                  Encore une fois le profit est le mobile de nos efforts. Ce que disent les classiques c’est que l’échange a lieu lorsque les deux parties PENSENT réaliser un profit. Ils ne disent jamais que l’homme est efficient. Le résultat de ses choix débouche soit sur un profit, soit sur une perte. L’erreur est possible.

                  Par ailleurs je conçois qu’un individu puisse réaliser une perte tout en réalisant un gain monétaire. Je crois que la monnaie ne permet pas de rendre compte de tout ce que les individus prennent en compte lors d’un échange. Le revenu du travail par exemple, n’est pas constitué uniquement d’une contrepartie monétaire. Un enseignant prend également en compte la satisfaction obtenue grâce aux spécificités de son établissement (élève, collègues, renommée, localisation…)
                  Pourquoi devrions-nous ne considérer que l’aspect monétaire du phénomène économique ? Nous ne faisons pas de compta nat là…

                  • « Ce que disent les classiques c’est que l’échange a lieu lorsque les deux parties PENSENT réaliser un profit. »
                    Certes mais moi je parle du profit effectivement réalisé ou non. pensez-vous qu’une entreprise déficitaire peut tout de même avoir fait un profit ? Toute la question est là. Si vous considérez que oui, alors en effet, tout mon raisonnement ne tient plus, mais vous utilisez alors le terme « profit » dans un sens assez curieux car je vois mal le manager d’une entreprise aller à l’AG des actionnaires et leur expliquer qu’ils ont fait un profit alors que l’entreprise affiche des pertes….

                    Si non, mon raisonnement est valide.

                    • « pensez-vous qu’une entreprise déficitaire peut tout de même avoir fait un profit ? »
                      Ne déformez pas mes exemples pour les réutiliser à votre sauce. Ai-je dis cela? J’ai simplement voulu attirer votre attention sur le fait que ni l’existence ni la quantité de monnaie ne sont des conditions nécessaires à la réalisation d’un profit. J’ai essayé de vous montrer que votre vision du profit est restrictive car ce n’est pas un phénomène qui découle de ce que vous appelez la « croissance capitaliste » mais de l’action humaine. J’ai également tenté de vous montrer les limites d’une vision macro car je pense qu’elle ne nous permet pas de rendre compte de la réalité du phénomène économique.
                      Il faut croire qu’on n’obtient pas toujours satisfaction de ses efforts…
                      Lire de Fillieule « Une autre hétérodoxie » pour se frotter à la rigueur conceptuelle autrichienne.

                    • je ne déforme rien du tout, je pose une question à mon sens fondamentale. Qu’est-ce que le profit ? Si vous considérez que le profit est non monétaire, cela signifie qu’une entreprise peut faire un profit tout en étant déficitaire monétairement (recettes inférieures aux dépenses), dans ce cas dites-le haut et fort. Sinon cela signifie qu’il y a profit lorsque les recettes sont supérieures aux dépenses et dans ce cas ma démonstration est imparable. Depuis le début, ce n’est pas sur ma démonstration que vous ergotez mais sur le profit. Choisissez votre définition mais assumez les conséquences de celle-ci, si absurdes soient-elles.

                    • « Choisissez votre définition mais assumez les conséquences de celle-ci, si absurdes soient-elles. »

                      Je ne change pas ma définition. Celle-ci me permet d’affirmer sans contradiction ce qui suit :
                      1) le revenu peut être non monétaire : le bien être ressenti après un footing par exemple. S’il y a profit, il correspond à la différence entre la sensation de bien être et l’effort du footing.
                      2) le revenu peut avoir une partie monétaire et une partie en nature (mon exemple de l’enseignant). S’il y a profit, il correspond à l’ensemble du revenu (monnaie + nature) moins l’effort du travail. Ici, nous sommes incapables de saisir tous les éléments que l’acteur prend en compte mais seule ma définition,plus large, peut les accepter.
                      3) le revenu est uniquement monétaire. C’est votre exemple des dividendes perçus par des actionnaires.
                      Deux précisions cependant :
                      a) comme vous le dites avec raison, les actionnaires attendent nécessairement un revenu sous forme monétaire.
                      b) mais rien n’empêche à un actionnaire de retirer de l’actionnariat une contrepartie non monétaire… une position sociale par exemple…

                      Comme prendre en compte b) nous renvoie à 2), nous allons faire l’hypothèse que le revenu des actionnaires est strictement monétaire. Dans cette situation, s’il y a profit c’est que les dividendes reçus et attendus sont plus importants que le capital investi. Mais qui estime le profit monétaire ainsi réalisé si ce n’est l’investisseur lui même qui éprouve personnellement de la satisfaction ? Nous pouvons nous représenter le profit réalisé en estimant nous même le gain monétaire réalisé par l’actionnaire… Nous pouvons produire des tonnes de statistiques sur le montant des dividendes perçus… Mais jamais nous ne pourrons éprouver de satisfaction à la place d’un autre… le profit est bien un élément subjectif qui sous-tend l’action et lorsqu’il est réalisé, son appréciation reste subjective.

                      4) Si des gens fournissent un effort dans le cadre d’une entreprise dans le but de réaliser un profit strictement monétaire, nous n’allons pas qualifier une éventuelle perte monétaire de profit.

                      5) Enfin, je vous invite à réfléchir au cas de ceux qui acceptent d’acheter des obligations à taux négatif… Comme quoi…

                    • @ H.F.T :

                      J’aurais tendance à rejoindre la position de llmryn. Il me semble que vous ne dissociez pas ce que Bastiat appelait l’utilité gratuite et l’utilité onéreuse.
                      Pour comprendre ce qui motive les hommes dans leurs échanges, il va de soi qu’il faut prendre en compte l’utilité gratuite (l’intérêt non monétaire que les parties prennent à l’échange), mais ce que l’on entend usuellement par « profit » relève du gain monétaire, et non de la satisfaction physique (satisfaction de la faim ou de la soif, par exemple) ou spirituelle (le plaisir pris à une pièce de théâtre, un film, une discussion…). Ces prises d’intérêts relèvent de l’échange non marchand, contrairement aux premiers (qui relèvent de l’étude du phénomène monétaire).

            • @ llmryn :

              Tandis que si Robinson signait un engagement à Vendredi en lui promettant de lui fournir telle quantité de blé le mois suivant en échange d’outils, la croissance sera bien plus rapide. Or qu’est-ce cela sinon faire crédit non adossé à l’épargne ?

              Si un troisième larron rentre dans cette économie, cette reconnaissance de dette que fait Robinson à Vendredi, une fois mise par écrit, n’est-elle point analogue au processus de création de monnaie scripturale ?

              • Vous êtes au cœur du problème, ce qui au passage nous ramène à Bitcoin.

                Si vous estimez que toute reconnaissance de dette, quel qu’en soit l’émetteur, équivaut à une création de monnaie scripturale, alors vous acceptez que n’importe qui ait le pouvoir et le droit de créer de la monnaie. Mais cette monnaie n’est que potentielle tant qu’un tiers (le troisième larron dont vous parlez) n’a pas accepté cette reconnaissance de dette de Robinson en échange d’un service qu’il a rendu à Vendredi. Autrement dit, ce qui fait que quelque chose est une monnaie, c’est que des gens l’acceptent en échange d’un service ou d’un bien. Donc tout et n’importe quoi est plus ou moins une monnaie,, et il n’y a pas de différence de nature entre la monnaie et les autres biens, et c’est le marché qui décide en continu de la « moneyness » de chaque bien. C’est la base de la position de Hayek et de l’école dite de la banque libre (à laquelle personnellement je me rattache).

                Mais ce n’est évidemment pas la conception courante de la monnaie, et je ne crois pas que ce soit celle dont se réclame Ilmryn.

              • « Il me semble que vous ne dissociez pas ce que Bastiat appelait l’utilité gratuite et l’utilité onéreuse. »

                Cela n’est pas nécessaire pour comprendre le concept de profit. Dans les harmonies économiques, Bastiat n’a pas encore expliqué cela lorsqu’il écrit : « besoin, effort, satisfaction, voilà l’homme du point de vue économique ». Il montre en effet dès les premières pages que l’économie politique doit se fonder sur l’action humaine dont le mobile est la quête de satisfaction (la recherche de profit). Il insiste notamment sur le fait que le besoin et la satisfaction sont subjectifs.

                « il va de soi qu’il faut prendre en compte l’utilité gratuite (l’intérêt non monétaire que les parties prennent à l’échange). »

                Ce n’est pas ce que Bastiat entend par utilité gratuite. Pour lui il s’agit de la part de l’utilité totale d’un bien qui est produite par la nature (la contribution du soleil dans la production de tomates par exemple). Elle est gratuite car les forces de la nature sont gratuites, elles ne font jamais l’objet d’un échange.

                L’utilité onéreuse constitue l’autre part de l’utilité totale d’un bien. Elle est onéreuse car sa production nécessite un effort humain (travail nécessaire à la production de tomates…). Cela n’a rien à voir avec l’utilisation de la monnaie, c’est uniquement parce que sa production nécessite un sacrifice. Et ce sont uniquement ces efforts humains qui font l’objet d’un échange : je n’achète pas les tomates mais seulement les efforts humains nécessaires à la production de tomates.

        • Dis donc L.S.7, ce serait gentil de troller avec un autre pseudo que le mien

  • Je ne pense pas que la monnaie ait réellement de la valeur. Il y a une valeur qui s’échange sur les marchés et une valeur subjectif bien décrit par Charles Dudley Warner. Le fait que l’Euro semble avoir de la valeur c’est parce que aujourd’hui, l’Euro s’échange contre absolument tout. La propriété principale d’une monnaie c’est la confiance. C’est parce que l’on fait confiance aux institutions que l’Euro fonctionne.

    Plutôt que de parler de valeur, je préférerais parler d’innovation avec la mise en pratique de la profondeur de Bennett. En effet, la Blockchain de Bitcoin permet de mettre de la valeur dans une chaîne de caractères comme une sorte de cadenas ce qui permet la création d’une monnaie purement numérique tel que Bitcoin.

    De plus, il faut bien comprendre que la monnaie numérique n’est que la première application du protocole Bitcoin. Avoir des bitcoins, l’unité de compte, c’est aussi avoir un actif financier numérique qui permet les Entreprises distribuées de façon autonomes (color coin) ou bien l’emprunt en p2p et la voix d’un vote électronique infalsifiable.

    Enfin, je ne suis pas d’accord sur le fait qu’il n’y a aucun faux bitcoins en circulation. Bitcoin était encore très vulnérable aux attaques goldfingers en 2014. D’ailleurs, Satoshi l’avait bien expliquer lors de son message du 5 décembre 2010: « Le projet doit se développer graduellement afin que le système se renforce au fure-et-a-mesure. » Il estimait Bitcoin encore en Beta. Sans compter les erreurs de malléabilitées toujours d’actualité: https://github.com/bitcoin/bips/blob/master/bip-0062.mediawiki

    • La valeur est subjective, c’est l’estime que l’on a de l’utilité d’un bien. Le prix est une valeur objective, il correspond à ce que les membres d’une société sont prêts à donner pour se procurer une marchandise. C’est le résultat des jugements de valeur individuels.

      La valeur d’une monnaie ne dépend pas des institutions mais de son utilité. Pourquoi demandons-nous des Euros? Pour les vendre contre d’autres marchandises. Une monnaie fonctionne parce que nous sommes convaincus que des producteurs seront prêts à les accepter.
      Le problème c’est que l’euro est un monopole et comme tout monopole, il restreint le développement des alternatives. Le succès du bitcoin (et donc son utilité) provient notamment de la perte de confiance envers ces monnaies monopolisées.

    • Mon message consistait simplement à dire que la valeur des bitcoins, à l’image de toute valeur, est subjective (merci les autrichiens). Que l’on comptabilise cette valeur en euros, ou en pizzas ne change rien à cette observation.

      Cette valorisation subjective des choses (monnaie y compris) découle simplement du fait que l’utilité que l’on retire d’une chose est très subjective.

      Ma grand-mère pour qui l’informatique et internet représentent le diable a peu de chance d’estimer Bitcoin d’une grande utilité. Je doute qu’elle valorise très haut cette abstraction.
      En revanche je suis prêt à parier qu’un développeur Argentin ou Vénézuélien confronté tous les jours à une inflation à 2 chiffres et à un contrôle des changes carabiné aura une opinion très différente de celle de ma grand-mère vis à vis de l’utilité de Bitcoin.

      Voilà pourquoi je m’hérisse chaque fois que j’entends que Bitcoin (ou même l’euro) a une valeur intrinsèque égale à zéro… Il n’y a pas de telle chose qu’une valeur intrinsèque, la valeur est subjective et la valorisation des bitcoins, ces 0 et ces 1 issus d’un protocole open-source écrit par un anonyme, en est l’illustration parfaite.

      Sur votre second point je suis d’accord avec vous, Bitcoin ne se résume pas entièrement à son unité de compte le bitcoin. Tout comme vous, je suis heureux que cette technologie permette l’avènement des contrats intelligents, ouvre le champ des emprunts P2P etc.

      Néanmoins je suis aussi de ceux qui estiment qu’une monnaie saine est à la base d’une société saine, à ce titre l’aspect monétaire de Bitcoin me parait tout sauf négligeable.

      Enfin je maintiens qu’il n’existe absolument aucun faux bitcoins en circulation, je m’explique : actuellement sur les 14,9 millions de bitcoins en circulation (http://www.coindesk.com/data/bitcoin/) tous ont été émis conformément au protocole open-source Bitcoin et n’importe qui peut le vérifier grâce à la blockchain. C’est d’ailleurs autour de cette vérification permanente de la source d’émission des bitcoins que fonctionne le système Bitcoin : avant de transmettre la moindre transaction Bitcoin, chaque noeud du réseau Bitcoin remonte systématiquement toute la chaîne des transactions Bitcoin dans laquelle sont impliqués les bitcoins en cours de transfert pour vérifier qu’à l’origine ces bitcoins ont bien été émis correctement et qu’ils appartiennent bien à celui qui prétend les transférer.
      De la sorte il n’existe pas un seul bitcoin qui aurait été émis en contrebande sans respecter le protocole Bitcoin et qui viendrait se confondre (plus ou moins grossièrement) avec les 14,9 millions de bitcoins légitimes.

      J’entendais par-là faire une petite comparaison avec le système actuel, dans lequel au côté des euros « légitimes » émis par les banques centrales et commerciales circulent des millions d’euros contrefaits.

      à ce propos, vis à vis de vos remarques plus techniques :

      – le problème de malléabilité des transactions ne permet pas de générer des faux bitcoins. C’est une attaque qui consiste à faire croire à quelqu’un (une bourse d’échange en général) q’un virement de bitcoins n’a pas eu lieu, (alors que la transaction a bien été validée) et de la sorte demander un second paiement (qui ne pourra être effectué qu’avec des bitcoins différents des premiers). Il n’y a donc pas de création ex-nihilo de bitcoins avec cette attaque, et surtout il est possible de s’en protéger efficacement. Elle n’affecte que les acteurs qui ne vérifie pas correctement les transactions Bitcoin (par exemple l’infâme équipe de MtGox)

      – Quant à l’attaque goldfingers, elle n’a jamais été mise en oeuvre, certainement pour la raison qu’elle demande plusieurs centaines de millions d’euros d’investissement à perte ! Enfin l’objectif pratique de cette attaque est de pouvoir dépenser deux fois les même bitcoins. En revanche elle ne permet pas de contrevenir aux règles de création des bitcoins et d’émettre discrètement des faux bitcoins ex-nihilo comme dans le cas du faux monnayage d’euros.

      Par contre dans l’esprit général de votre dernière remarque, à savoir que le protocole Bitcoin peut (et doit) encore être améliorer, je vous rejoins complètement.
      Dans ce sens je pense que la nature open-source de Bitcoin est le meilleur gage qui puisse être donné.

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