En attendant la Loi Santé, et si on dénigrait les médecins ?

À quelques jours du vote de la Loi Santé, la stratégie pour la faire adopter serait-elle de monter les patients contre leurs médecins ?

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Marisol Touraine - Crédit photo Photo Mathieu Delmestre - Parti Socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

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En attendant la Loi Santé, et si on dénigrait les médecins ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 30 octobre 2015
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Par Phoebe Ann Moses

Marisol Touraine - Crédit photo Photo Mathieu Delmestre - Parti Socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)
Marisol Touraine – Crédit photo Photo Mathieu Delmestre – Parti Socialiste (CC BY-NC-ND 2.0)

 

La Loi Santé repassera devant l’Assemblée Nationale à la mi-novembre. En attendant le vote fatidique, curieusement, plusieurs informations « sortent » dans les médias, et Marisol Touraine, que l’on n’avait plus entendue depuis quelques mois, sort de son silence. Pour, encore une fois, dénigrer les médecins et les chirurgiens.

Le fameux toucher vaginal sur les patientes endormies refait la une et ce n’est pas un hasard : pour bien monter les patients contre leurs médecins, quoi de mieux que leur faire avaler qu’ils sont des pigeons, ou plutôt des cobayes, quand ils sont au bloc opératoire ? Par la même occasion, si ces patients très remontés pouvaient prendre parti contre le corps médical lors des derniers débats sur la Loi de Santé, on ferait d’une pierre deux coups.

Marisol Touraine, qui sait si bien s’offusquer dès qu’on évoque l’anatomie de la partie inférieure du corps humain, a repris son cheval de bataille : les médecins profiteraient d’une situation de vulnérabilité des patientes endormies, pour les tripoter. Enfin, elle ne dit pas « tripoter », bien sûr, mais l’idée est bien là : en une circonstance précise (au bloc opératoire), celui qui a le savoir et le pouvoir (forcément, on est endormi !), aurait des gestes inappropriés.

Il faudrait, encore une fois hélas, rappeler à Marisol Touraine qu’en CHU, les futurs médecins sont en train d’apprendre leur métier et que, comme il ne s’agit pas d’un emploi de bureau qui consiste à tenir un stylo, ils mettent parfois leurs doigts là où potentiellement plus tard, dans le cadre de leur pratique, ils risquent de découvrir un problème de santé. Il faudrait rappeler à Marisol Touraine, que si des mannequins existent pour s’entraîner, cela ne remplace jamais le vivant. Que toucher le corps humain ne veut pas dire qu’on est pervers.

Avec une telle suspicion qu’on laisse volontairement planer sur le corps médical, aucune femme n’acceptera plus de laisser un médecin palper ses seins à la recherche du nodule fatal, au cas où ce serait un geste déplacé. Mais au moins l’honneur sera sauf. On mourra, mais dans le respect de la personne.

Remarquez aussi que dans la même semaine, il a été question des arrêts de travail qui, lorsqu’ils sont « trop » longs, entraînent des difficultés pour le patient à réintégrer son entreprise, ou même à retrouver du travail. Mais qui fait donc les arrêts de travail ?

Nos médecins sont donc dans le collimateur du ministère, qui pointe vers eux son doigt accusateur. En tout bien tout honneur, bien entendu.

À lire aussi : Loi santé, ce qui vous attend

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  • je veux bien me faire tripotter si ça me sauve la vie ; mais allez expliquer ça à des gens sans cervelle…..au moins , les toubibs , chirurgiens et même les vétérinaires sont utiles , EUX ……

  • Les medecins ont leur part de responsabilité dans la gestion de notre systeme de santé.

    Pour info, L’absence de garantie de ne pas retrouver son corps dans des soirées d’étudiants en médecine est un des freins au don d’organe

    • Hein ?!?!?!? Mais tu prends quoi comme drogue toi ?

    • Ce ne sont que des fantasmes, liés à quelques faits divers qui datent du siècle dernier. Personne ne fait ça, et les étudiants n’apprécient pas spécialement le contact avec les cadavres, comme tout un chacun. Par ailleurs le don de corps et d’organes sont 2 choses bien différentes, on voit bien là le manque d’information du public…

    • Vous voulez rire?? Des organes en soirée médecine? Ce sont les fantasmes saugrenus de personnes qui veulent légitimer leur refus egoïste du don d’organe, je n’ai en tout cas jamais vu ce type de pratique. Par ailleurs, quand on connaît un tant soit peu le système du don d’organe, on sait qu’au moment où le don est validé par l’agence de bio médecine, chaque organe a déjà un preneur, et l’équipe de prélèvement/greffe ne va pas aller s’amuser à se lever à 2h du matin, faire 500km, prélever un foie et l’amener en soirée…

  • les statistiques montrent que les gens démotivés, malades, et fatigués ont plus de difficultés au travail qu’un cadre dynamique , sain et plein d’entrain……super le scoop repris en boucle par les médias !

    quand au dénigrement des médecins libéraux , ce n’est pas nouveau.
    Il faut dire que la plupart du temps les ministres concernés sont issus du service public hospitalier.

  • Les journalistes vérifient leurs sources. Quand cela vient de l’AFP ou du Ministère de la Santé, c’est OK, non ?

    • C’est de l’humour ?

      Dès qu’on connaît un peu sérieusement un sujet on se rend compte à quel point la presse même celle dite sérieuse ne vérifie rien, se contente des injonctions de l’air du temps, d’agences de communication ou d’officines à visées idéologiques (je traduis : à visée de prise de pouvoir ).
      La presse est en pleine faillite morale et intellectuelle, il faut apprendre à s’en passer et à chercher par soi-même. ..

  • Le problème du toucher vaginal n’apparaissait pas trop dans nos media mais se voyait pas mal dans les réseaux sociaux. Il porte surtout sur le non consentement de la patiente plus que sur l’acte lui même qui peut avoir ses raisons (pas toutes indiquées ici). Cela dit, sondage personnel effectué auprès d’un service hospitalier, notre actuel ministre de la santé n’a vraiment pas la côte. Tu m’étonnes.

  • Je ne lui souhaite de passer au bloc dans un avenir proche… Quoique!!! 😉

  • Peut-être est-ce son frère qui lui a soufflé l’idée?

    Fonctionnaire à l’AP-HP avec consultation privée conventionné en secteur II à 150 euros la consultation soit presque 6 fois le tarif opposable…

    http://ameli-direct.ameli.fr/professionnels-de-sante/recherche-3/fiche-detaillee-B7c1lzQ3NzW7-49b69d191d1644d70e48f5640d774650.html

    Etonnant, non?

  • Bonjour,
    Vous dénoncer l’instrumentalisation de cette affaire par le ministre de la santé. Il est possible que vous ayez raison. Il n’en reste pas moins que les faits sont là.
    Ce qui est mis en cause ce n’est pas le geste qu’il faut bien apprendre même si aujourd’hui il existe des outils de simulation qui doivent réduire le nombre d’exercices sur des personnes. Ce qui est mis en cause
    c’est l’absence de consentement explicite de la personne sur laquelle ces gestes sont pratiqués.
    Le soignant est au service de la personne soignée et ce n’est pas l’inverse.
    Enfin, nous sommes dans un état de droit. Le consentement explicite c’est la loi alors on l’applique d’autant plus que c’est bien le minimum du respect que l’on doit à la personne soignée.
    Eh oui, elle peut refuser. Et ce d’autant plus que les faits aujourd’hui avérés et qui ces derniers temps avaient été contestés, niés par des professionnels de santé (étudiants, médecins, professeurs, …) conduisent à la destruction de toute relation de confiance.

    • Si vous croyez que, lorsque la médecine aura été entièrement collectivisée et fonctionnarisée, on vous demandera votre consentement pour un quelconque toucher, vous vous fourrez le doigt dans l’oeil si profondément que vous rejoignez un orifice naturel que nous ne nommerons pas. Quand la médecine ressemblera à, disons, France Télévision dans le domaine audiovisuel, la quantité et la qualité des soins que vous recevrez dépendront étroitement de votre proximité avec le pouvoir en place. Le respect à la personne soignée que vous réclamez ne sera plus alors qu’un lointain souvenir, de même que l’indépendance des journalistes des TV publiques n’est déjà plus qu’un fantasme.

      • Madame ou monsieur,
        Je ne vois pas en quoi l’application de la loi qui date de 13 ans et rend obligatoire l’obtention du consentement explicite de la personne soignée avant de procéder à un acte médical conduirait à la collectivisation et à la fonctionnarisation de la médecine. Il ne faut pas prendre des arguments qui n’en sont pas pour défendre sa cause. La préservation d’une médecine libérale en France est primordiale mais elle ne doit pas se faire en soumettant la personne soignée au pouvoir des médecins puisque vous semblez lier ces deux thèmes dans votre intervention ce que je ne comprends pas.

        • « Madame ou monsieur » : ça dépend des jours…

          Le « pouvoir des médecins » est infiniment préférable au pouvoir de l’Etat. Pourquoi ? Les médecins, eux, sont en concurrence, du moins tant que la médecine n’est pas étatisée.

    • « nous sommes dans un état de droit. »

      A 58 % de dépenses publiques, nous sommes dans un Etat communiste.

  • Quelle est la proportion de patients exposés à un toucher rectal ou vaginal sans leur consentement ? Il me semble que pour monter les patients contre les médecins, il faudrait ratisser plus large.

    • « Quelle est la proportion de patients exposés à un toucher rectal ou vaginal sans leur consentement ? »

      46 % pour ceux assujettis à l’impôt sur le revenu.

      • Dans le cas du consentement involontaire à l’impôt, on sort du délicat champ médical pour faire dans le toucher rectal au trépan de chantier sociaio-républicain, suivi de l’excavatrice à godets fiscaux.

    • La quantité de personne à qui on dit « bonjour, je dois vérifier que vous n’avez pas un CANCER »

      Mais sinon, oui, on pourrait apprendre sur des simulateurs… et au premier patient, ça va faire drôle…
      Le simulateur est la meilleure chose pour que la médecine devienne encore plus impersonnelle et froide.
      On ne parle pas à un mannequin, on ne lui demande pas son avis, et ça risque de se ressentir au moment de l’examen.

  • Voici ce qui vient d’être publié : « L’Ordre des médecins condamne la pratique de touchers pelviens sans consentement du patient. Il a également rappelé la disponibilité d’outils de formation par simulation » (http://www.pourquoidocteur.fr/Femme/12666-Toucher-pelvien-l-Ordre-des-medecins-condamne-des-pratiques-inacceptables).
    Maintenant que nous en sommes là, ce qui aurait du être la position tenue immédiatement, comment l’Ordre des médecins va-t-il intervenir vis-à-vis des étudiants, médecins, professeurs qui manifestement ont pratiqué jusqu’à présent ces actes sans consentement et qui de plus affichent ouvertement une position « anti-consentement » (voir notamment certaines des réactions sur « http://tvsousag.tumblr.com/ » ou encore des interventions de professionnels de santé dans la presse) ?

    • Bah, Paul Franchouille, il n’y a qu’à faire une loi comme pour le don d’organe, tel que l’Etat sait si bien en faire pour notre bien à tous dans notre respect le plus total: tu es par défaut consentant sauf si tu t’es inscrit avant sur une liste. Problème réglé.

    • Paul France: « et qui de plus affichent ouvertement une position « anti-consentement » »

      Il n’y a pas que le toucher pelvien qui est en cause. On ne compte pas moins de 16 parties érogènes chez l’homme.

      En fait, les consultations par guichet grillagé interposé s’imposent pour éviter toutes les atteintes libidineuses des médecins concupiscents, des dérogations ministérielles pourraient être accordées pour les cas les plus critiques.

      Et il n ‘y a pas que les médecins ou les étudiants qui sont de gros porcs ; les aides à l’enfance pédophiles, les kinésithérapeutes érotomanes, les esthéticiens lubriques… Seule une bureaucratie de fer pourra contrôler, si ce n’est rééduquer toute cette population déviante.

    • bonjour Paul france

      Tout cela est pathétique. On a l’impression d’une polémique créé à partir d’hypothétiques dérapages de qq fac de médecine, repris par les média tjs avides de news croustillante qui font fantasmer le publique.

      Ces pratiques, si elles existent sont évidement condamnables, mais font partie comme l’explique l’article des manoeuvres habituelles des lobbies.

  • MST, c’est pas la meuf qui n’a jamais travaillé et qui a une relation plus que malsaine avec son père ?

  • Je suis très opposé à MST et à sa loi santé. (Je suis médecin et oui elle dénigre les médecins).
    Mais cet article est à gerber en tentant de justifier l’injustifuable.
    Les TV sur patientes endormies, sans nécessité pour la patiente et sans son consentement sont, selon moi, totalement indéfendables…
    On a pas besoin d’ennemis quand on a des amis pareils à cette « journaliste »…

    • Paim: « On a pas besoin d’ennemis quand on a des amis pareils à cette « journaliste » »

      Que vaut votre parole quand on sait que vous faites partie de ce corps médical lubrique et dissolu auquel personne ne devrait accorder sa confiance ?

  • Que le gouvernement soit cohérent : si le TV exige le consentement explicite, alors qu’il le soit aussi pour le don d’organe.

    • Je ne signerai pas un chèque en blanc aux équipes médicales pour un prélèvement d’organes sur mon corps. Si l’amendement qui prévoit que le prélèvement pourra désormais se faire sans l’accord des proches est voté alors je m’inscrirai immédiatement sur le registre national des refus et j’indiquerai à mes proches mon souhait qu’ils en fassent autant.

  • Je trouve votre billet très malhonnête. Il ne s’agit pas d’interdire les TV ou les TR, mais simplement de demander avant ! C’est si difficile à comprendre ? On ne vous soupçonne pas d’y prendre votre pied, on vous signifie que c’est notre corps et que c’est la moindre des choses de demander la permission. Vous prenez vraiment les femmes pour des connes en affirmant que nous n’accepterons plus d’être examinées…

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Marisol Touraine (Crédits Philippe Grangeaud-Parti socialiste, licence Creative Commons)
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