Le Pape François défend l’environnement intégral à l’ONU

C’est la cinquième fois qu’un pape se rend à New York pour prononcer un discours devant l’assemblée générale de l’ONU.

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Pape François Credit Catho Alsace (Creative Commons)

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Le Pape François défend l’environnement intégral à l’ONU

Publié le 25 octobre 2015
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Par Jean-Baptiste Noé

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Pape François Credit Catho Alsace (Creative Commons)

L’ONU commémore ses 70 ans, et c’est la cinquième fois qu’un pape se rend à New York pour prononcer un discours devant l’assemblée générale de l’organisation. Le pape François a repris les thèmes déjà abordés dans son encyclique Laudato si’ en les inscrivant dans une cohérence et un projet global, celui de la défense de l’environnement intégral. Après avoir rendu hommage à l’ONU et aux hommes qui œuvrent en son sein pour la défense de la paix, le pape a rappelé l’existence d’un droit à l’environnement, donc de la nécessaire défense de cet environnement. Il s’agit, bien sûr, de la lutte contre toutes les formes de pollution, contre les dérèglements climatiques et pour la protection d’un cadre de vie harmonieux et juste. François a insisté sur le fait que l’homme n’est pas dissocié de l’environnement, et que le défendre c’est donc aussi défendre l’homme.

Ce qui signifie qu’il ne faut pas gâcher les richesses de la nature. Une nouvelle fois le pape a attaqué la mentalité de la culture du déchet qui rejoint en bien des points les appels contre la culture de mort lancés par Jean-Paul II. La culture du déchet gâche les ressources naturelles, et exclut également l’homme, notamment ceux qui sont les plus faibles et les plus démunis. Les jeunes, qui sont privés d’avenir, les personnes âgées, jugées inutiles et dont l’inutilité supposée justifierait leur exclusion.

Défense de la maison commune

Cette reconnaissance et cette protection de ce droit à l’environnement amènent à défendre la maison commune. Le pape a fait usage de cette expression dans Laudato si’ et il la reprend comme élément structurant de son discours. C’est ainsi que l’on débute par l’environnement naturel, pour arriver à l’homme et l’intégrer dans les grands ensembles internationaux. Le pape développe une vision proprement mondiale des problèmes, car même si certains phénomènes touchent des continents en particulier, ils s’inscrivent en fait dans le vaste mouvement de la mondialisation, dont il veut éviter qu’elle devienne le lieu d’une indifférence caractérisée.

C’est en cela qu’il faut comprendre sa charge contre les narcotrafics. La lutte contre la mafia est une constante des interpellations du pape, et il œuvre beaucoup en Italie pour cela. Ici, à l’ONU, il rappelle que le crime organisé et la traite des hommes sont une autre face de la mondialisation, celle d’une mondialisation criminelle qui se fait de l’argent sur le sang des pauvres. Les narcotrafics ne concernent pas que l’Amérique latine, car les réseaux complexes viennent jusqu’en Europe, en passant par les États-Unis.

Respect de la nature de l’homme

De même, il relance un appel à éradiquer les armes nucléaires. C’est une constante de la diplomatie pontificale depuis Jean XXIII, portée à l’ONU par les diplomates du Saint-Siège. Le pape demande à ce que les traités de non-prolifération soient appliqués, et que le nucléaire cesse d’être un danger pour l’humanité. Pour cela il faut du volontarisme et des actes, et non pas seulement des traités et des bonnes paroles. Le pape exhorte au courage et à l’action pour ne pas se contenter de dresser des agendas, des protocoles et des vœux pieux. Les organisations internationales ne doivent pas être que des lieux de palabres, mais aussi d’action et de réalisation.

Enfin, poursuivant sa défense de l’environnement intégral et de la maison commune, il appelle à respecter la nature de l’homme. En cela il reprend les grandes idées du discours de Benoît XVI au Bundestag en 2011. Reconnaître la différence naturelle entre l’homme et la femme, à l’encontre de ce que théorise l’idéologie du gender, respecter la sacralité de la vie, ce qui suppose d’accepter la transcendance. La foi apparaît ainsi comme une nécessité de la sauvegarde de la maison commune.

Respecter la nature de l’homme c’est également lutter contre la fragmentation du monde. Le pape fait remarquer que cette mondialisation qui est censée unir et rapprocher les êtres, crée au contraire des murs et des séparations et fragmente les sociétés. En tant que souverain pontife, c’est-à-dire bâtisseur de pont, il se doit d’unir ce qui se fragmente. L’individualisme pousse à agir seul, au mépris des autres, alors que c’est par la solidarité que se construit l’avenir du monde.

Une vision globale de l’homme

La réflexion du pape est profondément géopolitique, car elle se développe sur plusieurs espaces de pensée. Réflexion sur l’environnement, donc sur l’homme ; respect de la nature environnementale, donc respect de la nature humaine. Si l’on doit veiller à l’environnement naturel de l’homme, alors il faut aussi sauvegarder son environnement stratégique et politique, d’où la réflexion concernant la lutte contre les trafics d’êtres humains organisés par les mafias, comme la prostitution, la traite des enfants ou la vente de la drogue, ainsi que la prolifération des armes. Un environnement intégral qui appelle à veiller sur tout l’homme.

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  • Je ne suis pas certain pour chaque passage si GN rapporte les propos du pape ou s’il s’agit de ses commentaires…

    « l’existence d’un droit à l’environnement, »

    L’environnement serait une personne ?

    « l s’agit, bien sûr, de la lutte contre toutes les formes de pollution »

    La question, c’est qu’est-ce qu’on considère comme forme de pollution… Cela comporte un sacré risque de dérive…

    « contre les dérèglements climatiques »

    Si un climat est une machine bien huilée et bien réglée, à un point d’équilibre parfait et devant rester immuable pour l’éternité…
    Ce qui me fait penser à la vision de certains concernant l’équilibre parfait de marché qui doit être réglé par l’État…

    « François a insisté sur le fait que l’homme n’est pas dissocié de l’environnement, et que le défendre c’est donc aussi défendre l’homme. »

    A croire que l’homme n’a jamais fait attention à son environnement avant les écolos…

    « Ce qui signifie qu’il ne faut pas gâcher les richesses de la nature. »

    Ce qui signifie ? Toute activité économique est une transformation de la nature en quelque chose qui convient mieux à l’homme. L’agriculture, l’élevage, la construction, etc, etc… Si on sacrifie une partie de la nature pour avoir quelque chose de meilleur pour l’homme, c’est gâcher ces richesses de la nature ?
    Est-ce que ce qui est naturel est bon et fait de main d’homme mauvais ? L’écologisme est une sorte de naturalisme dogmatique et le retour du mythe du bon sauvage…

    « L’individualisme pousse à agir seul, au mépris des autres, alors que c’est par la solidarité que se construit l’avenir du monde. »

    Si on confond individualisme et égoïsme…
    Quant à la construction de l’avenir du monde, ce n’est pas par solidarité que Ford, Gates, Edison, tous les grands innovateurs ont agi…

    • « Est-ce que ce qui est naturel est bon et fait de main d’homme mauvais ? L’écologisme est une sorte de naturalisme dogmatique et le retour du mythe du bon sauvage… »

      La réponse est dans l’encyclique, et je pense qu’elle vous surprendra, c’est une critique à boulet rouge contre les piliers de l’écologisme : le néo paganisme (« elle ne lui a plus attribué de caractère divin »), l’altermondialisme antilibéral (le retour à la nature ne peut se faire au prix de la liberté et de la responsabilité de l’être humain ) et le marxisme (le mythe moderne du progrès matériel sans limite)

      «78. En même temps, la pensée judéo-chrétienne a démystifié la nature. Sans cesser de l’admirer pour sa splendeur et son immensité, elle ne lui a plus attribué de caractère divin. De cette manière, notre engagement envers elle est davantage mis en exergue. Un retour à la nature ne peut se faire au prix de la liberté et de la responsabilité de l’être humain, qui fait partie du monde avec le devoir de cultiver ses propres capacités pour le protéger et en développer les potentialités. Si nous reconnaissons la valeur et la fragilité de la nature, et en même temps les capacités que le Créateur nous a octroyées, cela nous permet d’en finir aujourd’hui avec le mythe moderne du progrès matériel sans limite. Un monde fragile, avec un être humain à qui Dieu en confie le soin, interpelle notre intelligence pour reconnaître comment nous devrions orienter, cultiver et limiter notre pouvoir. »

      • Il faut juste prendre en compte que quand l’auteur parle de la pensée judéo-chrétienne, ce n’est pas un de ces intello gauchiste qui nous pourri la vie depuis des années et qui considère «la pensée judéo-chrétienne » comme le pire obscurantisme possible responsable des pires ignominies (croisades, inquisitions etc…), mais le Pape.

  • Mes amis chrétiens sont divisés sur l’environnement. Beaucoup sont d’accord avec le pape, sans maîtriser les sources !

  • Moi je dis que ça doit pas être facile d’être catholique et libéral avec un pape pareil….

    • Non, il suffit de lire ses textes et de les placer dans le langage un peu hermétique de l’église et surtout de ne pas prendre pour argent comptant ce que racontent les écolos et les gauchistes qui essaient comme d’habitude de faire un holdup moral sur tout ce qui passe.

    • Cela semble un bon résumé du problème !

  • Et dans la foulée du (présumé) saint père, voici que l’OMS nous assène opportunément une couche d’avertissement à la veille de COP21 … en déclarant nos viandes rouges « coupables d’un accroissement du cancer colo-rectal » ! Risque de 37.000 décès annuels au niveau MONDIAL !!!
    Ont-il comparé le décompte de toutes les autres causes ravageuses c-à-d : les catas naturelles, guerres et terrorisme partout sur terre, la sous-alimentation et/ou malbouffe des pauvres, les SIDA et vénériennes accouplées, le paludisme, les hot-dogs & hamburgers à-la-Mc-DO, … ? RE : non bien sûr. Ce qui leur importe est de justifier de leur existence en ameutant des MEDIAS irresponsables de leurs actes …

    Tout ceci (en compagnie de leurs cousins-coquins de l’ONU et du GIEC) devrait jouer sur de bonnes âmes préalablement attendries afin de radicalement modérer notre consommation de viandes (car CO2 couplé?), puis de ceci et encore de cela. Après diverses vagues d’annonces alarmistes où la PEUR reste leur véhicule d’influence !

    Va t-on empêcher les chinois et les africains de se nourrir, car trop nombreux et désireux de savourer du porc et de la viande de leurs buffles (en privant les animaux carnassiers de ce qui les fait proliférer) ?
    La période d’annonce coïncide singulièrement avec cette COP21 qui nous empoisonne le mental, vous ne trouvez pas ???

  • Les commentaires sont fermés.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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